Test Kirby et le monde oublié : plus ouvert mais moins révolutionnaire que prévu
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Tout rond et tout mignon, Kirby déboule avec succès dans son premier véritable monde 3D. Manifestement inspiré par les dernières aventures de Mario, le rondouillard rose ne manque toutefois pas de personnalité. Il est non seulement capable de récupérer les pouvoirs de ses ennemis, comme à l'accoutumée, mais il peut également acquérir désormais la forme et la fonction de certains objets. Les développeurs s'en donnent à cœur joie pour nous proposer des situations toujours variées grâce à cette astuce. Dommage en revanche que les zones soient moins ouvertes que prévu et empêche le jeu de véritablement se rapprocher d'un Super Mario Odyssey. Oui, le jeu appelle un peu plus à l'exploration, mais ça reste au final assez mineur. De fait, le gameplay ne change pas radicalement des précédents Kirby, même s'il est difficile de ne pas se réjouir de certains passages captivants. A ce propos, Les phases de plateformes sont plus divertissantes que jamais, même si la difficulté reste globalement assez basse. Ce point joue également dans la durée de vie du titre, qui peut se terminer en dix heures en ligne droite. Heureusement, les missions secondaires, les objectifs cachés et les figurines à collectionner motivent à atteindre le 100 %. Dans ce cas, ce sont plus de vingt heures que vous passerez dans ce monde oublié, certes, mais drôlement réjouissant.
- La direction artistique toute choupinou
- Les graphismes situés dans le haut du panier de la Switch
- Le transmorphisme qui apporte beaucoup de variété
- Le level design malin, à la hauteur d'un Mario
- Les figurines à collectionner
- Un 100 % tentant et atteignable
- Des zones moins ouvertes que prévu
- Gameplay assez classique au final
- Une ou deux musiques qui peuvent taper sur les nerfs
- Des boss pas bien difficiles
- Se finit en même pas 10h en ligne droite
- Un peu d'aliasing en mode docké
Studio historique s'il en est, HAL Laboratory, Inc a été créé en 1980. En quarante-deux ans, les développeurs japonais ont naturellement eu l'occasion de travailler sur des dizaines de titres et de donner le jour à plusieurs licences importantes. Parmi ces dernières, les deux plus célèbres sont sans conteste possible Super Smash Bros. et Kirby. Aujourd'hui c'est à la petite boule rose que nous allons nous intéresser, à l'occasion de ses dernières aventures en date. Bonne nouvelle : ce monde oublié devrait finalement rester dans les mémoires comme l'un des meilleurs jeux de la série.
Le premier contact avec le jeu s'opère via le choix du niveau de difficulté, les deux disponibles s’intitulant Ouragan et Brise. Le fait que le plus élevé des deux soit proposé en premier n’est pas totalement anodin. Cette aventure de Kirby, comme presque tous les autres, se veut en effet extrêmement accessible et privilégie avant tout le plaisir de jeu. L’affaire est donc entendue : choisissez Ouragan, qui correspond en gros à un mode normal, et gardez le mode Brise pour les enfants. Cette nomenclature étonnante et météorologique est en lien avec le scénario, qui nous présente un Kirby et des Waddle Dees en train de se faire aspirer par un vortex orageux. Les voilà alors transportés de la planète Pop vers une terre inconnue et manifestement abandonnée depuis longtemps. Et ce monde oublié, c'est tout simplement le nôtre. Les voitures rouillées et bâtiments envahis par la végétation ne laissent aucun doute à ce sujet. Nous pouvons d’ailleurs placer un premier mot sur la réussite des différents niveaux du jeu, qui nous proposent d’évoluer entre autres dans un centre commercial, un parc d'attractions ou encore une ville enneigée. N’espérez pas y croiser d’humains, depuis longtemps disparus, les ennemis du jour étant la "Meute des bêtes", menée par les mignons et canins ouafies. Avec leur aide et celles d'oiseaux malintentionnés, les Waddle Dees se retrouvent capturés dans des cages, que notre héros rose va bien entendu devoir retrouver et ouvrir. Malgré ce contexte "menaçant" l'ambiance reste en permanence bon enfant, aidée en cela par une direction artistique absolument adorable. Avec une boule rose comme personnage principal ce n'est guère étonnant, mais les graphismes colorés évitent toute faute de goût, tandis que le design des décors et des créatures s'avèrent suffisamment simple pour être lisible par des enfants et suffisamment détaillé pour ne pas laisser de marbre les adultes. Techniquement il y a également de quoi être satisfait. En dehors d'un poil d'aliasing visible si l'on s'approche un peu trop de l'écran de télévision, on oublierait presque qu'il s'agit d'une exclusivité Switch !
KIRBY, MÉTAMORPHOSE !
En ce qui concerne le gameplay, Kirby reste dans un premier temps fidèle à ses fondamentaux. Le saut peut donc être utilisé pour flotter, tandis qu'aspirer et recracher les ennemis de base permet de bénéficier d'une fonction de tir simple et efficace. Mais lorsque la boule rose avale des ennemis un peu plus puissants, elle acquière alors leur pouvoir principal. C'est ainsi que Kirby peut jongler au fil de ses rencontres entre une épée, un trancheur, des bombes, du feu, de la glace, un marteau, un tromblon ou encore une foreuse. Voilà qui offre pas mal de variété, surtout que la liste ici présentée n'est pas exhaustive. Mais le jeu ne se contente pas de ce principe déjà vu dans les autres épisodes de la saga. Une nouvelle mécanique appelée transmorphisme nous est proposée, afin de varier encore plus les plaisirs. Ce pouvoir spécial permet à Kirby d'adopter la forme et la fonction de certains objets du monde moderne. La voiture permet de filer à toute vitesse, le distributeur de lancer des canettes sur les ennemis et les obstacles, le cône de chantier de percer les sols ou les tuyaux fragiles, le tuyau de rouler sur les ennemis, l'arche métallique de voler tel un deltaplane, l'ampoule d'illuminer les zones sombres, l'élévateur de s'étirer ou se replier, et l'armoire de découvrir des passages secrets en la mettant à terre.
Une fois encore il ne s'agit là que d'un petit aperçu des différentes possibilités, qui se renouvellent régulièrement et nous réservent pas mal de surprises. Toutes ces petites variations de gameplay sont mises à profit pour enrichir l'exploration, pour dénicher des passages secrets ou pour résoudre quelques "énigmes" (le mot est presque un peu fort). Toujours malin, le level design rappelle souvent celui des récents Mario, ce qui n'est évidemment pas un défaut. Et contrairement à Mario Odyssey, le 100 % est ici beaucoup plus tentant, car plus simple à atteindre. Chaque niveau propose quatre objectifs dissimulés, qui se révèlent lorsqu'on commence à les accomplir, guidé par le hasard ou l'intuition. Passer entre les jambes d'un boss, faire s'épanouir cinq tulipes ou découvrir telle ou telle cave peuvent ainsi faire partie des missions cachées. Mais pour inciter les joueurs à persévérer et recommencer, le jeu a également l'intelligence de dévoiler l'un de ces objectifs mystère si jamais ils n'ont pas été tous découverts une fois un niveau terminé.
SUR LA ROUTE DU 100 %
A terme, remplir un maximum de ces objectifs permet de reconstruire plus rapidement le village des Waddle Dees, qui se dote progressivement de nombreux bâtiments dont un cinéma permettant de revisionner les cinématiques, un café à mini-jeux, un Colisée destiné à combattre à nouveau les boss dans des tournois ou encore, et surtout, une armurerie dévolue à l'amélioration des pouvoirs. La puissance de chaque arme peut en effet être augmentée sur trois paliers, ce qui ne se refuse évidemment pas, même si les boss déjà pas bien méchants à la base n'en deviennent que plus faciles à battre. Le manque général de difficulté se ressent dans la durée de vie du jeu, puisqu'on peut voir le bout de l'aventure en seulement dix heures. Mais il serait vraiment bête de se contenter d'enfiler les missions principales sans chercher à côté. Ainsi, des défis secondaires et chronométrés sont disponibles sur la carte. Ils permettent d'acquérir des gemmes rares nécessaires pour l'amélioration des pouvoirs, et ne doivent donc pas être délaissés. L'exploration nous donne également l'occasion de dénicher dans les décors des capsules issues de gashapons et renfermant des figurines relatives à l'aventure en cours. Alors qu'en 2022, certains titres n'auraient pas hésité à cacher des micro-transactions derrière cette mécanique de collection, il est ici possible d'en profiter en toute sérénité. Des distributeurs de "Kinder Surprise japonais" sont même disponibles dans le village, l'achat d'une capsule se faisant tout simplement avec les pièces récoltées dans les niveaux. Il n'y a donc pas grand-chose à reprocher à ce Kirby, en dehors de sa facilité (surtout si on joue à deux en coop), de musiques pas forcément mémorables (dont une ou deux sont même énervantes) et de sa durée de vie un peu juste. Mais rien de tout cela ne vient gâcher le plaisir de parcourir ce monde oublié, aux commandes d'un héros plus polyvalent que jamais.