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Préquelle de choix, Kingdom Hearts : Birth By Sleep offre tout ce que le joueur peut attendre d'un "véritable" épisode et dépasse même largement Kingdom Hearts II en terme de profondeur. Techniquement au top, musicalement enchanteur, le jeu de Square Enix propose également un gameplay très agréable et une richesse rare dans le cadre d'un A-RPG. Bien rythmé, plus centré sur l'histoire principale avec une relégation un peu dommageable des mondes Disney comme simples petites étapes, le titre propose qui plus est une trame intéressante aux rebondissements nombreux et aux finals à la fois épiques et émouvants. Mis à part sa gourmandise matérielle et le peu d'univers traversés, Kingdom Hearts : Birth By Sleep regorge de qualités qui font de lui, non pas un bon Kingdom Hearts, mais un excellent jeu tout simplement.
- Visuellement magnifique
- Une bande-son de grande qualité
- Un scénario intéressant et agréable à suivre
- Un gameplay nerveux et maîtrisé
- Grande richesse du système de jeu
- L'évolution des techniques en combat
- Des boss de fin épiques
- Bonne durée de vie
- De nombreux mini-jeux
- Très gourmand
- Des chargements pénibles sans installation
- Des mondes assez vides et réduits
- L'univers Disney un peu mis de côté
- Le thème de Disney Town qui rend fou
Console visiblement destinée à supporter les préquelles de certaines des plus grandes séries de jeux japonaises, la PSP est aujourd'hui la terre d'accueil de Kingdom Hearts : Birth By Sleep, quelques mois seulement après le passage de Metal Gear Solid : Peace Walker. Si les deux titres n'ont pas grand-chose à voir dans le fond, ils sont tous les deux des réussites techniques et respectent totalement la saga à laquelle ils appartiennent. Reste à savoir si le dernier épisode du cross-over improbable entre Square Enix et Disney montre un niveau de finition équivalent au jeu de Kojima. Tout du moins dans la comparaison avec le meilleur opus de sa mythologie, à savoir ici Kingdom Hearts II.
Directement relié à la fin secrète découverte après le générique de Kingdom Hearts II Final Mix +, (d’ailleurs jamais sorti officiellement hors des frontières de l'archipel nippon), Kingdom Hearts : Birth By Sleep se déroule quelques années avant le premier épisode de la série, alors que Sora est encore un enfant sur Destiny Island. Ventus, Terra et Aqua sont les trois disciples de Maître Eraqus, un porteur de keyblade qui souhaite faire de ses trois apprentis des maîtres à leur tour. Cherchant à leur inculquer l'art de manier la lumière contre les ténèbres, ce dernier organise régulièrement une sorte de rite de passage durant lequel chaque élève doit prouver sa valeur au combat. Une dernière mise à l'épreuve observée par un ancien ami de Eraqus : Maître Xehanort. Il s’agit d’un personnage assez trouble qui va rapidement tenter de manipuler le bon ordre des choses pour son propre intérêt. Bien plus complexe qu'il peut le laisser paraître dans ses premières minutes, le scénario de Kingdom Hearts : Birth By Sleep se divise en trois parties correspondant bien évidemment au trio de personnages principaux mis en avant. Composée d'événements fragmentés, l'histoire se comble avec le point de vue de chacun des protagonistes et s'égraine lentement. Une lenteur qui n'est en aucun cas poussive, laissant simplement le temps au joueur de recouper les différentes informations avant un ultime chapitre servant d'épilogue. Malgré tout, la structure même du jeu reste relativement mécanique. Si les aventures vécues par chacun des trois héros sont totalement différentes, la construction sera en revanche identique : le prologue, une première salve de mondes accessibles, une seconde et un boss final. Un manque de surprise qui n'handicape pas pour autant Kingdom Hearts : Birth By Sleep, qui trouve matière à étonnement dans bien des recoins.
A night in Fantasia
Toujours axé sur le mariage entre l'univers Disney et Final Fantasy, et dans une plus grande mesure Square Enix, Kingdom Hearts : Birth By Sleep renoue avec le principe de petites missions en rapport avec chaque monde traversé. Là où Kingdom Hearts 358/2 Days ne se servait uniquement des planètes Disney comme des décors à placer obligatoirement dans le jeu, contrat oblige, Birth By Sleep fonctionne plus à la Kingdom Hearts II. Que ce soit chez la Belle au Bois Dormant, dans les forêts de Blanche Neige ou au cœur de l'espace en compagnie de Stitch, diverses petites trames donnent l'occasion de venir en aide à ces figures animées bien connues. Des saynètes qui débutent avec l'un des héros, se poursuivent avec un second et s'achèvent lors du passage d'un troisième. Une progression multiple qui permet de revisiter les contes de manière parfois un peu grossière, mais toujours avec le sentiment de vraiment s'impliquer dans le destin de personnages bien connus. Une formule qui fonctionne toujours étonnamment bien, si le joueur adhère évidemment à un concept plutôt improbable sur le papier. Une feuille sur laquelle s'écrit justement l'une des meilleures histoires de la série, contenant toujours des sorties un peu naïves sur l'amitié, très shônen dans l'âme, mais bercée par une ambiance globale bien plus portée sur la tragédie. Kingdom Hearts : Birth By Sleep repose sur un drame et s'y tient du début à la fin, adaptant le propos à la psychologie de chaque héros. Un ensemble cohérent et souvent émouvant qui offre une densité aussi importante, voire supérieure, à celle d'un Kingdom Hearts II qui piétinait davantage. D'autant que le gameplay est à l'avenant de cette amélioration narrative.
La clé de la victoire
Suivant un scénario composé de trois voies, à la base similaires mais aux ramifications différentes, le gameplay offre également des alternatives en fonction du personnage incarné. Terra est en effet un guerrier porté sur la puissance physique dont les compétences magiques sont assez faibles, tandis que Ventus, le plus agile du trio, mise tout sur la vitesse et les coups répétés. Aqua de son côté prend le rôle du mago via une palette de sorts rapidement étendue et une résistance à la magie accrue. Si les différences ont tendance à s'atténuer une fois à haut niveau, l'aspect unique des protagonistes se montre avec fureur lors des affrontements contre des boss bien plus résistants qu’auparavant, surtout lors des premiers pas de Ventus. De fait, chaque personnage oblige à adopter une approche différente face à des ennemis qui eux restent fidèles à leurs habitudes. Une relance de l'intérêt ludique bienvenue qui empêche de ressentir une quelconque lassitude et ce malgré des situations de combat assez souvent similaires. Outre ces particularités liées à la prise en main et aux statistiques pures, les porteurs de Keyblade possèdent des coups spéciaux uniques qui se déclenchent en pressant L et R simultanément. Très efficaces contre les ennemis de base et largement moins contre les boss classiques, ces commandes de tir visé suivent également le style de leur utilisateur et consomment une jauge de concentration. Il vaut mieux donc ne pas miser uniquement sur elles, au risque de prendre des risques qui se payent parfois très rapidement. Autre nouveauté, l'accumulation d'attaques classiques et de coups affiliés au menu de commande peut aboutir à un changement de style pouvant totalement renverser le sens d'un affrontement.
Autre nouveauté, l'accumulation d'attaques classiques et de coups affiliés au menu de commande peut aboutir à un changement de style pouvant totalement renverser le sens d'un affrontement."
Lorsqu'un ennemi subit un enchaînement de coups, une jauge de « style » se remplit et modifie la nature des attaques une fois pleine. En fonction du type de coups qui ont permis de la remplir, cette dernière vous attribuera des bonus différents. Si vous avez privilégié les assauts de glace ou de feu par exemple, votre style se changera respectivement en Poussière de Diamant ou Tempête de Feu et contiendra une sorte de « finish » radical qui se déclenchera au bout d'un certain laps de temps. Il est même possible après plusieurs heures de jeu de continuer à remplir ladite jauge pour faire évoluer une seconde fois un style déjà modifié. Il passe alors à un deuxième niveau encore plus expéditif, à l'image de la Charge Armée d'Aqua. Une montée en puissance assez jouissive qui pousse à varier ses attaques pour obtenir rapidement ce bonus de force. Un système de combat déjà complet qui s'enrichit en plus du système de D-Link qui s'apparente aux invocations de Kingdom Hearts II. A la différence près que le personnage choisi transfère simplement certaines de ses attaques dans votre stock jusqu'à ce que le temps qui lui est imparti se termine. L'avantage majeur étant que cette manipulation vous redonne la totalité de votre barre de vie et peut vous tirer d'un mauvais pas si les adversaires qui vous vont face mettent votre style propre en difficulté. Une bonne idée à laquelle vous n'aurez en revanche pleinement recours qu'à un niveau de difficulté élevé ou contre des ennemis vraiment retors, ce qui ne l'empêche pas d'être une bouée de sauvetage bien sentie. Un gameplay très solide qui s'accompagne d'une grande maîtrise de ses actions malgré une caméra parfois un peu dépassée. Notamment lors de certains combats qui impliquent des changements d'angles très fréquent et rapides. Néanmoins, grâce à un système de lock bien pensé, le confort visuel est bien plus présent que dans les autres épisodes de la série et met de côté l'impression de regarder un personnage qui s'agite sans vraiment comprendre pourquoi. Un souci de contrôle qui se ressent jusque dans la création de vos attaques.
X-Blade
Disposant de slots qui augmentent en nombre au fil des niveaux et des combats, le tableau de commandes donne la possibilité de définir soi-même le type d'attaque à équiper avant de partir défourailler du Nescient. Un choix qui s'applique également aux compétences passives, comme le saut, le vol plané, le contre, etc., ainsi qu'à la Commande de Tir Visé. Il est donc possible de modifier intégralement sa stratégie afin de tout miser sur tel ou tel élément ou de se concentrer uniquement sur les assauts armés. D'autant que les techniques utilisées sont pour la plupart crées par le joueur. En mixant diverses commandes il est en effet possible d'en générer une troisième, soit "à l'aveugle", soit suivant des recettes découvertes dans divers coffres. Combinées avec un cristal, ces créations se parent également de capacités qui peuvent être apprises définitivement une fois que l'attaque à laquelle elles sont liées atteint son niveau maximum. Un peu à la manière des compétences de Final Fantasy IX. Avec un peu de chance, et surtout de nombreux essais, des commandes spéciales peuvent être révélées, possédant une efficacité bien supérieure au reste de votre stock. Un principe riche et vite addictif qui est secondé par une difficulté très progressive, poussant obligatoirement à se plonger dans ces expérimentations pour espérer s'en sortir dans les dernières heures. Et si le level de vos commandes ne grimpe assez vite au fil des combats, il est toujours possible de jouer à la Chasse aux Commandes, une sorte de jeu de l'oie accessible depuis les points de sauvegarde ou l'Entremonde. Soumis à des règles différentes sur chaque plateau, ce mini-jeu bien conçu permet donc de gagner de l'XP pour ses commandes et ce même en cas de défaite. Même si l'I.A. semble souvent avantagée, les parties restent plutôt amusantes et évitent les classiques phases de leveling en retournant dans des niveaux déjà visités.
Il est donc possible de modifier intégralement sa stratégie afin de tout miser sur tel ou tel élément ou de se concentrer uniquement sur les assauts armés. D'autant que les techniques utilisées sont pour la plupart crées par le joueur."
Au niveau de la redite justement, Kingdom Hearts : Birth By Sleep retombe dans certains travers de ses prédécesseurs, à l'image des différents mondes composés de tableaux assez réduits et vides. Une limitation peut-être liée au support, tant la réalisation graphique se montre exceptionnelle, vampirisant l'ensemble des ressources de la console. Il est d'ailleurs possible, à l'image d'un titre PC, de choisir le type d'affichage (16 ou 32 bits) et de définir la cadence du processeur (222 ou 333 Mhz). Deux alternatives motivées par la relative faiblesse de la batterie de la console de Sony. En effet, avec les réglages maximum, le temps de jeu se limite à une petite heure et demie. Atteignant des sommets visuels techniquement, le jeu sera de toute façon très correct en réduisant les performances, afin de jouer en toute tranquillité loin d'une source d'alimentation. Il est également conseillé d'installer le jeu sur le memory stick dans le but de réduire à quelques longues secondes des chargements interminables à la base. Très exigeant matériellement, le titre de Square Enix récompense toutefois le joueur avec un rendu d'une grande finesse, des effets dans tous les sens et une fluidité rarement mise en défaut face à des vagues de Nescients parfois impressionnantes. Animé par une bande-son magistrale et maîtrisée de bout en bout par une Yoko Shimomura qui ne cesse de gagner en force mélodique, Kingdom Hearts : Birth By Sleep est un excellent titre qui aura encore du mal à rallier à sa cause les détracteurs de la série, mais qui s'impose comme un vrai titre ambitieux qui s'est donné les moyens de l'être. Loin d'un simple spin-off, le jeu de Square Enix est une sorte de Kingdom Hearts III masqué. Ce qui colle bien à son thème.