Test Katana ZERO : coupez, rembobinez, du Hotline Miami sauce samouraï sur PC
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Si vous n'êtes pas encore lassés par le combo pixel art + Devolver Digital + esthétique années 80 + univers rétro-futuro-cyberpunko-dystopique, alors vous n'avez aucune raison de passer à côté de Katana Zero. Sa durée de vie relativement modeste est largement compensée par son petit prix, tandis que toutes les autres caractéristiques sont plutôt à porter à son crédit. Le scénario est d'autant plus intéressant qu'il est supporté par des phases de dialogues à choix, les combats au katana tiennent toutes leurs promesses de nervosité, on ne s'ennuie jamais grâce à l'introduction de quelques variations de gameplay, et l'enrobage visuel et musical est de qualité. Devolver a encore visé juste !
- Pixel art de qualité
- Gameplay nerveux
- Scénario intéressant
- Certains dialogues ont des conséquences
- Vendu moins de quinze euros
- Surfe sur un peu trop de tendances
- Pas plus de cinq ou six heures de jeu
- La fin "A suivre"
Si Askiisoft n'est pas le studio indé le plus connu au monde, Katana Zero peut compter sur son éditeur pour faire parler de lui, puisqu'il s'agit de Devolver Digital, désormais totalement incontournable. Ce partenariat n'est guère étonnant, puisque nous allons voir que Katana Zero emprunte beaucoup à Hotline Miami, et rappelle même d'autres jeux signés par l'éditeur texan. Et comme souvent, le résultat est vraiment satisfaisant.
Héros amnésique et torturé, le samouraï que vous incarnez est appelé le Dragon par les médias, qui n'hésitent pas non plus à le présenter comme un tueur en série. Il faut dire que, muni de sa robe de chambre et de son épée, il enchaîne chaque jour les massacres pour le compte d'un mystérieux patron qui lui sert également de psychiatre. Nous ne vous en dirons pas plus sur le scénario, qui se révèle par petites touches tout au long du jeu et entretient en permanence le mystère. Sachez toutefois que Katana Zero fait la part belle aux scènes narratives, et propose même un petit système de dialogues interactifs. Certaines réponses sont sans importance, d'autres permettent d'orienter la discussion dans telle ou telle direction, et d'autres encore ont carrément des conséquences importantes sur la suite. Le meilleur exemple nous est donné par l'échange avec la réceptionniste du deuxième niveau. Selon le déroulement de ce dialogue, la fin de la mission s'effectuera de manière pacifiste ou dans un bain de sang. Nous ne sommes pas non plus dans un jeu de rôles, et les conséquences de ce type restent assez rares, mais on n'en attendait tout de même pas tant de la part d'un jeu d'action. De plus, le système de dialogues permet d'interrompre nos interlocuteurs, et même de leur raccrocher au nez quand ils nous appellent au téléphone. C'est plutôt sympathique, voire rigolo par moments, et cela facilite les speedruns et la rejouabilité générale. Si le jeu n'hésite pas à faire régulièrement preuve d'humour, il aborde malgré tout des thèmes très sérieux, tels que la drogue, la guerre et les syndromes de stress post-traumatiques. Le tout se déroule dans un univers assez noir, qui lorgne du côté du cyberpunk. Autant dire que si l'ambiance est plutôt malsaine dans l'ensemble, pour le joueur c'est un véritable régal, malgré un certain manque d'originalité. Mais nous reviendrons sur ce point un peu plus loin, car il est temps d'aborder la question du gameplay.
"BE KIND, REWIND"
Avec un nom comme Katana Zero, le jeu propose naturellement des combats au sabre. Ces derniers se déroulent sur le principe de la mort immédiate, pour vous comme pour la plupart de vos ennemis. Ces derniers peuvent vous attaquer à mains nues, à l'aide d'armes blanches ou avec des armes à feu. Certains sont même munis de boucliers ou abrités derrière des tourelles automatiques. Pour venir à bout de tout ce beau monde, vous pouvez heureusement compter sur deux capacités spéciales. Le ralentissement du temps permet de mieux appréhender ce qu'il se passe à l'écran, de préparer plus sereinement le prochain tranchage de corps, et même de renvoyer les balles à leur expéditeur en les frappant au bon moment avec le katana. La roulade nous offre quant à elle quelques instants d’invincibilité, et permet donc à la fois d'esquiver les tirs et de passer à travers certains obstacles (rayons lasers, tirs des boss…). L'arsenal est complété par quelques objets à utilisation unique, au rang desquels figurent des couteaux, des cocktails Molotov, des explosifs à déclencher à distance ou encore des canettes générant de la fumée. Extrêmement nerveux, le jeu rentre dans la catégorie des "die & retry" mais évite toute frustration. On peut recommencer chaque séquence très rapidement, et les niveaux sont tous de petite taille. Chaque défaite nous pousse donc à faire immédiatement une nouvelle tentative. Et pour éviter toute lassitude, le jeu n'hésite pas à proposer quelques variations de gameplay de temps à autre (infiltration dans une boîte de nuit, séquence dans un chariot de mine, course à moto…).
Katana Zero puise encore plus franchement dans les années 80, à travers une bande son synthwave et la présence de cassettes VHS et d'effets visuels de rembobinage. Tout cela est très plaisant, mais aboutit à un certain sentiment de déjà-joué.
Les commandes répondent toujours bien, l'action est brutale, les sensations sont bonnes, et les graphismes en pixel art font mouche. Autant de caractéristiques qui rappellent forcément Hotline Miami, qui a clairement été une inspiration majeure pour les développeurs. Le scénario, l'ambiance, la structure des niveaux et les thèmes abordés nous renvoient tous au titre de Dennaton Games. L'influence se ressent même dans l'esthétique générale, qui fait la part belle aux polices tremblantes et aux tons roses. Katana Zero puise encore plus franchement dans les années 80, à travers une bande son synthwave et la présence de cassettes VHS et d'effets visuels de rembobinage. Tout cela est très plaisant, mais aboutit à un certain sentiment de déjà-joué. Tout au long de l'aventure, on pense non seulement à Hotline Miami mais également à Mark of the Ninja, The Red Strings Club, Ruiner ou encore Crossing Souls (tiens, tiens, il y a beaucoup de jeux Devolver dans cette liste...). De plus, avec sa douzaine de petits niveaux, Katana Zero ne possède pas une très grande durée de vie, puisqu'on peut le boucler en cinq heures. Mais heureusement, le prix de vente tient compte de cela, et les développeurs sont en train de travailler sur un contenu téléchargeable gratuit. Il n'empêche que l'histoire a un petit goût d'inachevé, puisqu'elle s'achève sur un message classique mais toujours décevant : "à suivre" !