Test HITMAN sur PS4 et Xbox One sur PC

A quoi donc a droit le joueur qui investit dès maintenant dans Hitman ? En dehors des fonctionnalités en ligne, sur lesquelles nous reviendrons plus loin, le jeu nous offre pour le moment deux niveaux de didacticiel (riches et très bien fichus) ainsi qu'une véritable mission, "Showstopper", qui correspond donc au premier des sept épisodes prévus. Cela peut paraître peu, mais il faut bien garder à l'esprit la philosophie particulière des Hitman en général, et de celui-ci en particulier. Chaque niveau est un véritable bac à sable, sur lequel vous reviendrez des dizaines de fois si vous désirez en apprécier toutes les subtilités, et découvrir toutes les possibilités qui vous sont offertes. Si vous considérez avoir terminé le jeu une fois votre objectif de mission rempli pour la première fois, vous pouvez d'emblée passer votre chemin, car votre excursion dans la magnifique demeure parisienne qui sert de décor à la mission principale sera de courte durée. En effet, en suivant les aides disponibles, il vous faudra moins d'une heure pour assassiner le milliardaire Viktor Novikov et sa femme Dalia Margolis, tous deux à la tête de la maison de haute-couture Sanguine... et d'un réseau d'espionnage sans scrupules. D'ailleurs, nous vous conseillons vivement de désactiver  certaines aides à l'écran, notamment celles relatives aux opportunités.

NI VU, NI CONNU

Ce système, manifestement destiné à ceux qui n'ont jamais touché à un Hitman de leur vie, simplifie beaucoup trop la tâche du joueur, qui n'a plus qu'à suivre pas par pas différentes étapes d'un chemin prédéfini, sans avoir véritablement à chercher par lui-même ce qu'il faut faire, et comment le faire. Car ce qui fait le sel d'un Hitman, c'est bien entendu de trouver le moyen de rejoindre sa cible, et de l'isoler pour pouvoir l'assassiner discrètement ou, encore mieux, de créer les conditions d'un accident mortel. Oubliez l'orientation action de Hitman Absolution. Même s'il est toujours possible de faire usage d'armes à feu ici, il s'agit généralement d'une mesure de dernier recours, qui fait généralement office de prélude à la défaite. IO interactive renoue avec la recette qui a fait le succès de Blood Money, et nous offre des niveaux gigantesques et extrêmement peuplés, qui incitent à la discrétion et poussent le joueur vers l'infiltration. Sortez un fusil au milieu de la foule (extrêmement dense et gérée avec réalisme), et tous les gardes chercheront immédiatement à vous abattre. Si les mécaniques de combat, y compris à mains nues, sont bien présentes, votre but sera d'éviter au maximum de vous y frotter.

IO interactive renoue avec la recette qui a fait le succès de Blood Money, et nous offre des niveaux gigantesques et extrêmement peuplés, qui incitent à la discrétion et poussent le joueur vers l'infiltration.

Pour cela, rien de mieux que l'assommage de victimes innocentes, dans le but d'enfiler leur tenue. Une fois déguisé en serveur, cuisinier, membre de la sécurité, garde du corps, styliste, cheikh ou mannequin vedette, des endroits qui vous étaient auparavant interdits vous seront désormais accessibles. Rien que ça suffirait à s'amuser déjà pas mal, mais il faut y ajouter les multiples possibilités offertes par le level design (fenêtres ouvertes, gouttières auxquelles grimper, rebords auxquels s'accrocher, chemins détournés, etc.), ainsi que les innombrables manières d'assassiner vos cibles. Vous pourrez au choix les pousser des balcons, les empoisonner, leur tordre le cou, les abattre à distance au silencieux ou au fusil sniper, détacher un lustre au dessus de leur tête et bien d'autres choses encore. Certaines actions ne sont possibles qu'en ayant trouvé auparavant les bons objets, ou en ayant effectué les bonnes actions. Il y a mille et une manières de réussir une même mission, et ce serait un crime que de se contenter d'un seul parcours. Le jeu nous incite d'ailleurs à recommencer via de nombreux défis, dont la liste peut nous mettre sur la voie de certaines solutions. Petite concession au gameplay historiquement hardcore de la série : le mode Instinct qui permet notamment de voir à travers les murs et de mettre en surbrillance les objets interactifs (mais rien ne vous oblige à l'utiliser) et le fait que des événements scriptés se déclenchent sur votre passage, notamment les discussions qui vous donnent des indices précieux sur de nouvelles méthodes d'atteindre vos cibles. Mais étant donné l'immensité du niveau, c'est certainement un mal nécessaire, sans quoi le joueur pourrait errer des heures avant d'avoir la chance de se trouver au bon endroit au bon moment. Et puisque nous évoquons les discussions des PNJ entre eux, sachez qu'elles sont souvent bien écrites et dotées d'un humour qui fait mouche.

AU NEZ ET À LA BARBE

A peu près jouable offline, c'est en ligne que ce nouveau HITMAN doit en réalité être parcouru. On peut ainsi accéder aux défis (artificiellement bloqués si l'on est hors-ligne) ainsi qu'aux classements,  mais également et surtout aux modes Contrats, Escalade et Cible fugitive. Les contrats sont des missions créées par les joueurs. Il suffit pour cela de lancer une partie en mode création, puis de  désigner des cibles particulières parmi les dizaines voire centaines de personnes présentes dans les niveaux et, enfin, de réussir à les tuer. A charge ensuite aux autres joueurs de réitérer l'exploit, si possible en utilisant les mêmes armes et mêmes costumes que le créateur du Contrat. Le mode "Escalade" comprend des missions créées par IO Interactive. Il s'agit cette fois de réaliser plusieurs parcours sur une même map, chaque étape rajoutant des conditions supplémentaires (tuer untel, puis tuer untel et ouvrir tel coffre, puis tuer untel, ouvrir tel coffre et cacher tous les corps en moins de 90 secondes, etc.). La première mission Escalade disponible se déroule dans la deuxième map du didacticiel (ce qui prouve au passage qu'elle est de grande taille) et on attend avec impatience une Escalade dans la demeure parisienne. A l'heure où nous rédigeons ce test, nous attendons également la disponibilité de la première mission "Cible fugitive", que les développeurs nous promettent pour la semaine à venir. Il s'agira d'un défi disponible uniquement pendant un ou deux jours, où la cible à abattre (spécialement créée pour l'occasion) n'apparaîtra ni sur la mini-map ni dans le mode Instinct. Pour la trouver il faudra enquêter à l'ancienne, en étudiant des photos et des briefings vidéo. Et histoire d'épicer le tout, les sauvegardes seront impossibles. Hardcore et prometteur !

Dans tous les cas, tout fan de HITMAN se doit de jouer à ce nouvel épisode, quitte à patienter un an pour disposer de la version complète.

On le voit, "HITMAN" a été pensé comme un jeu évolutif, qui n'aura de cesse de s'enrichir au fil du temps, que ce soit par la disponibilité de nouveaux épisodes ou par l'arrivée régulière de nouveaux challenges à remplir. Dès lors, il est fort dommage que l'architecture réseau déployée pour l'occasion soit si imparfaite. Le jour du lancement, les serveurs ont par exemple été indisponibles un bon moment. De plus, même quand ils sont accessibles, l'interface du jeu met plusieurs secondes à afficher de simples images miniatures, qu'elle va manifestement chercher en ligne au lieu de les stocker localement. Une idée saugrenue qu'on pourrait accepter si l'affichage était rapide mais, pour le moment, on a plutôt l'impression de se retrouver au siècle dernier, du temps où la moindre page web mettait plusieurs dizaines de secondes à s'afficher. Ajoutez à cela des temps de chargement longuets, et un framerate un peu poussif. Espérons que la nature semi-online et évolutive du jeu permettra au moins aux développeurs de corriger rapidement ces problèmes. Dans tous les cas, tout fan de HITMAN se doit de jouer à ce nouvel épisode, quitte à patienter un an pour disposer de la version complète.