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Que dire de plus de ce hit en puissance d’ores et déjà devenu culte aux yeux des gamers ? GTA III et GTA : Vice City avaient déjà fait sortir le jeu vidéo du cercle des morales à deux sous et son successeur ne fait qu’enfoncer le clou dans des profondeurs encore jamais explorées. Certaines mauvaises langues lui reprocheront toujours sa violence gratuite qui colle davantage à notre actualité et diverses associations militantes trouveront toujours des prétextes pour tenter de boycotter un jeu qui fait sûrement moins de dégâts psychiques que certaines émissions de télé-réalité. Ceux-là n’ont qu’à nous laisser entre gens de mauvaise compagnie car une tuerie de la trempe de GTA : San Andreas, ça ne court pas les rues ou du moins pas assez.
- Politiquement incorrect
- Gameplay transcendant
- La nage, enfin possible
- Trois villes gigantesques
- BO & VO envoûtante
- Espérance de vie infinie
- Jouable à deux !
- Visée perfectible
- Réveille le démon en chacun de nous
Fini les paillettes, le kitsch et les couleurs pastels de Vice City. La chemise hawaïenne, c’est has been et pour rester dans le move, il va falloir adopter la Gangsta attitude. Pour cela, il faut de préférence être noir de peau, bien porter le débardeur et enfiler un jean taille basse laissant entrevoir le caleçon. You know what I mean, dude ?
Mine de rien, ça fait deux ans que GTA : Vice City est sorti sur PS2. Vingt-quatre mois à sillonner les routes ensoleillées de la cité du vice sans jamais s’en lasser. Après avoir écoulé près de 9 millions d’unités de GTA : Vice City dans le monde entier rien que sur PS2, l’équipe de Rockstar North était donc attendue de pied ferme, une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Comment ne pas tomber dans la banalité après avoir transcendé le monde du jeu vidéo en termes de gameplay et d’immersion ? Un projet ambitieux et lourd à porter mais les développeurs y sont parvenus, allant même jusqu’à pousser le vice encore plus loin. Au premier coup d’œil, GTA : San Andreas fait vaguement resucé : un perso en vue à la troisième personne avec des mouvements similaires à celui de Tommy Vercetti, des villes dans lesquelles le joueur est libre de ses déplacements avec des missions aussi diverses que variées. Le concept reste inchangé mais la magie va opérer une fois de plus…
Hey, what’s up nigga ?
Si vous vous attendiez à une révolution graphique, alors GTA : San Andreas vous décevra. Si les personnages ont gagné en finesse avec des contours moins cubiques et des mains qui ne ressemblent plus à des moufles polygonaux, le reste du jeu fait dans l’épuré. Les textures sont plutôt simplistes et on n’échappera pas au vilain clipping qui se dresse à l’horizon, ce qui risque d’énerver les joueurs les moins conciliants. Toutefois, ne crachons pas dans la soupe sans avoir trempé son pain dedans car Rockstar North a pris le temps de cuisiner le jeu avec amour. La réalisation graphique du soft se juge sur son ensemble et l’équipe de Rockstar North a poussé encore plus loin les limites de la PS2. GTA : San Andreas arrive donc en terrain conquis et le joueur n’aura pas trop de mal à retrouver ses marques tant le système de jeu n’a guère changé. Les commandes s’opèrent, à peu de choses près de la même façon et la liberté d’action est ici décuplée. Comme on le disait plus haut, Tommy Vercetti n’est plus. Celui qui fut doublé par un magnifique Ray Liotta a troqué son accent sicilien par le phrasé d’un dénommé Carl Johnson, interprété par un certain Young Maylay. Mais appelez-le CJ (prononcez Ci Jay) si vous souhaitez faire ami-ami avec lui. Son retour dans son quartier natal après cinq ans d’absence passé à Liberty City (notre ville terne et morne de GTA III) est loin d’être festif. Non seulement CJ apprend que sa mère a été assassinée par un gang rival mais en outre, il va devoir se soumettre à un contrôle de police plutôt musclé dès son arrivée à l’aéroport. Maltraité puis dépouillé par ces agents de la paix visiblement corrompus jusqu’à la moelle, CJ est finalement éjecté de la voiture de patrouille comme un malpropre. Un vélo de type BMX se dresse devant lui. Une aubaine pour CJ qui décide de l’enfourcher et retourner au plus vite pour retrouver les membres de sa famille dans le but de leur demander quelques explications.
Rockstar North a su combler les quelques failles de l’épisode précédent et ce n’est plus une seule mais trois nouvelles villes qui vous attendent dans ce nouvel opus. San Andreas fait référence à un état complet d’Amérique qui incorpore trois villes d’une envergure encore jamais vu dans un GTA. Los Santos est la première des trois à accueillir notre anti-héros et fait référence à Los Angeles. San Fierro est une réplique de San Francisco avec sa baie et le célèbre Golden Gate Brige. En enfin pour terminer, Las Venturas s’avère être une copie carbone de Las Vegas. Toujours découpées en différents districts, ces trois grandes villes vont nous plonger dans l’ambiance du début des années 90 où la guerre entre les clans fait rage façon Boyz N the Hood. Les emprunts cinématiques ne s’arrêtent pas là, puisque des pointures du grand écran ont prêté leur voix, transcendant une VO déjà divine et appuyés par des dialogues de qualité. On reconnaîtra dans le tas Samuel L. Jackson (qu’on ne présente plus), James Woods (Casino, Nixon, Vampires), Ice T (le rappeur comédien), George Clinton (illustre producteur de musique funk) ou bien encore Chris Penn, le frère de Sean vu déjà dans Reservoir Dogs, Rush Hour ou Starsky & Hutch.
Wesh wesh attitude
Parmi la nouvelle centaine de véhicules disponibles dans le jeu, le vélo fait une entrée fracassante et s’avère être de loin le moyen de transport le plus excitant depuis que la série a franchi le cap de la 3D. A l’instar des autres véhicules, le vélo autorise les gunfights en pleine conduite entre deux figures acrobatiques qui pourront, selon certains critères vous rapporter quelques billets verts. Si les véhicules permettaient jusqu’alors de prendre du temps et de parcourir la ville à la recherche de nouvelles missions ou tout simplement de partir en éclaireur de manière à repérer les lieux, les illuminés de Rockstar North ont eu la merveilleuse idée de proposer des missions facultatives mais pour le moins excitantes. Reprenant sans vergogne aucune le système de jeu de Crazy Taxi, vous allez pouvoir gonfler votre porte-monnaie en exécutant quelques courses en tant que chauffeur de taxi. Comment ça marche ? Et bien, rien de bien compliqué si ce n’est de s’approprier l’un de ces véhicules jaunes où se dresse la fameuse plaque de taxi. Une fois à bord de l’engin, il suffit de presser sur le bouton L3 (le stick analogique gauche) pour faire apparaître les clients désireux de se faire transporter d’un point A à un point B. Et à l’instar du titre de Sega, plus votre conduite sera bonne et plus le pourboire à la fin de la course sera généreux.
Le système est également repris lorsque vous aurez le culot prendre le volant d’un véhicule de Police. En appuyant alors sur le bouton R3, vous allez pouvoir, sirène hurlante, faire régner l’ordre et la justice dans San Andreas en repérant les suspects qui apparaissent en rouge sur votre écran de radar. Autre nouveauté qui concerne les véhicules : l’apparition d’un effet de blur façon Burnout 3, histoire d’accentuer l’effet de vitesse à l’écran. Et mine de rien, ça fonctionne car sur les voies en ligne droite, on a comme l’impression de dompter le bitume et de pouvoir provoquer un accident monstre qui pourrait bien rapporter un max de pognon. Mais ne nous envolons pas dans des idées pour l’instant saugrenues car ce GTA : San Andreas ne propose pas encore cet exercice de style. Toutefois, certaines missions vous proposeront d’affronter les chicanos dans des concours de bolides montés sur supension où le but sera d’appuyer sur le bon bouton au moment opportun. Dans un style équivalent, CJ pourra se prendre pour le John Travolta de Saturday Night Fever et enflammer la piste de danse, histoire d’impressionner la gent féminine. Quant aux voies aériennes et maritimes, elles sont également bien présentes avec la possibilité de survoler la ville aux commandes d’un hélicoptère ou d’un jet privé et même d’aller sillonner les plages environnantes à bord d’un bateau à moteur.
Show me some respect, man
L’autre clef de voûte de cette simulation de gangsters, c’est sa bande-son. GTA : Vice City comptait près de six heures de musique ou de talk show. Cette nouvelle cuvée gonfle encore plus une traklist déjà bien conséquente et qui joue la carte 90’s à pleins tubes en s’appuyant sur des figures d’anthologie telles que James Brown, Rod Steward, David Bowie, les Ohio Players et leur célèbres Love Rollercoaster (repris par les Red Hot Chili Peppers il y a quelques années), Boys II Men, Dr. Dre, Cypress Hill, Rage Against The Machine, Jane’s Addiction, pour ne citer qu’eux. Bref, il y en aura pour tous les goûts et ceux pour qui le phrasé des rappeurs hip-hop provoque un hérissement de poils, pourront se rabattre sur les riffs de guitare des groupes de hard qui ont illuminé cette période. Entre deux zappings radiophoniques, vous pourrez arpenter les ghettos pour vous faire la main sur des missions pouvant rapporter gros et gagner également en respect. Bastonner un mec à coups de matraque juste devant chez lui, dérober une cargaison dans un entrepôt sécurisé, prendre en filature une racaille qui refuse la confrontation physique ou bien encore exécuter un témoin gênant en pleine campagne. Si la majeure partie des objectifs reste orientée vers de la pure violence gratuite, Rockstar North a décidé de faire partager leur conception de la vie en permettant à CJ de passer du bon temps et par la même occasion de surveiller sa condition physique. Libre à vous d’autoriser CJ à se laisser aller dans les folies alimentaires et de le nourrir à grands renforts d’hamburgers, pizzas ou autres sodas (qui a dit Ludovic Bechtold ?) qui feront de lui un obèse incapable de piquer un sprint sur plus de 100 mètres.
L’autre grande nouveauté présente dans GTA : San Andreas est l’apparition du diplôme de natation. Là où Tommy Vercetti se contentait de faire des bulles dans l’eau, CJ maîtrise le crawl à la perfection. Sans pour autant se prendre pour Jacques Mayol, il pourra également passer la tête sous l’eau pour visiter la faune maritime peu animée. Une jauge bleue apparaîtra alors sur le côté droit de l’écran pour vous donner le niveau en apnée de notre bonhomme. Mais ce GTA : San Andreas se démarque de ses illustres aînés par l’apparition d’un mode deux joueurs qui avait déjà généré de grosses rumeurs ces derniers jours sur le web. Pas la peine de sautiller de joie, ce mode 2 joueurs n’est accessible que sur certaines missions. Le cas échéant, une icône représentée par deux petits bonshommes apparaîtra à l’écran. Dès lors que vous vous positionnerez sur cette icône, un second joueur pourra prendre la manette et diriger un deuxième personnage. Si pour certains objectifs, cette possibilité ne s’avérait pas réellement utile pour le bon fonctionnement du jeu (si ce n’est suivre bêtement sur le même écran le premier joueur ou s’amuser à se tirer dessus), d’autres en revanche offraient l’opportunité de participer véritablement au jeu. Imaginez une mission où le joueur qui contrôle CJ prend le volant d’une voiture et le second joueur aura pour mission d’ouvrir le feu lors d’une course-poursuite. Tout simplement grisant !
Who’s the Boss now ?
Pour clore ce manuel de la parfaite raclure, votre arsenal se montrera généreux. Si l’on peut uniquement trimbaler huit armes à la fois, toutes ont leur potentiel de destruction quelle qu’en soit l’utilisation. Du simple couteau récupéré sur le cadavre d’une prostituée en passant par le fusil à pompe ou le sabre d’un membre de la Triade, chacun trouvera chaussure à son pied. Le seul point noir au tableau dans l’utilisation des armes à feu reste la visée que l’on qualifiera de bancale. Si un véritable effort a été fourni depuis GTA III avec un système de lock indispensable et toujours bien pensé, on peut être déçu de la posture que prend CJ. Les bras ballants, droit comme un piquet, Carl n’est pas crédible une seule seconde lorsqu’il se met à tirer sur le côtés sans jamais tourner le regard vers celui ou celle sur qui il ouvre le feu.
En revanche, notre petite frappe attire notre attention dès lors qu’il jouera les fashion victims en passant la plupart de son temps dans les magasins de fripes. Du t-shirt au boxer en passant aux tongs ou bien encore au chapeau de cow-boy, le choix cornélien de vos tenues vestimentaires reflètera vraisemblablement votre identité. Pour afficher votre bad boy attitude, il sera possible d’aller faire un tour chez un tatoueur professionnel et lui demander de vous marquer la peau sans que cela soit pour autant irréversible, étant donné qu’il sera possible d’effacer au laser votre tatouage si vous étiez lassé de votre dessin. CJ en imposera aussi lorsqu’il se mettra à utiliser ses poings. Non seulement, il adoptera une position adéquate pour le combat (laissant transparaître une hargne physique représentée par une démarche assurée) mais en sus, il pourra prendre du galon en apprenant de nouvelles techniques de combat. Pour cela, il faudra passer du temps dans les salles de gym et augmenter votre masse musculaire. Haltères, poids, vélo, entraînement sur le ring, c’est la base sine qua none pour vous faire respecter dans la rue. CJ sera donc en apprentissage permanent et vous seul lui permettrez d’en faire un homme reconnu parmi ses pairs.