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Avec Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter, Ubisoft confirme la position prise par la série qui se veut dorénavant plus accessible pour le grand public. Certains crieront au scandale tandis que d’autres se lanceront avec joie et curiosité dans cette nouvelle aventure de laquelle on ne sort pas indemne, quelque soit les a priori et autres préjugés. Premier jeu à démontrer toute la puissance de la Xbox 360, Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter possède également des arguments de choc côté gameplay pour devenir un incontournable de la console. Certains parlent même de killer app’. Ils n’ont pas tout à fait tort...
- Une réalisation à l'épreuve des balles
- Des effets pyrotechniques somptueux
- La sensation de gigantisme
- La cross-com
- Une immersion totale
- Durée de vie honorable
- VF de qualité
- La campagne inédite en co-op
- Multijoueur solide quoiqu'un peu confus
- Une aide à la visée trop prononcée
- Encore des bugs d’affichage
- Un léger clipping par moments
- Des co-équipiers parfois bêtes
- Peut-être l'orientation trop arcade
Grand absent du lancement de la Xbox 360 sur nos terres, Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter est, après plusieurs reports, enfin disposé à franchir le cap de la next gen’. Déterminé à s’imposer comme la nouvelle référence du jeu d’action-tactique sur consoles, le titre d’Ubisoft a également l’intention de devenir pour un petit moment le porte-étandard graphique de la dernière pouliche de Microsoft. Sommes-nous en face de la première killer app’ de la console ? Il y de grandes chances pour que ça soit le cas.
Un lever de soleil sur Mexico City, une vue aérienne depuis un Black Hawk de l’armée américaine, une reprise de "All along the watchtower" de Jimi Hendrix, avouez que la séquence d’ouverture de Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter a plutôt la classe. Dans le rôle du capitaine Scott Mitchell, le joueur se retrouve à nouveau à la tête des Ghost Recon, le commando d’élite mais aussi la grande fierté de l’armée des Etats-Unis. Nous sommes en 2013 et nos soldats du futur font désormais corps avec la science pour être les meilleurs fantassins du globe terrestre. Equipé de l’Intelligent Warfighter System, plus communément appelé I.W.S. dans le jargon militaire, nos hommes de terrain disposent d’une série de dispositifs de communication par satellite et d'éléments de survie, le tout réuni dans une simple combinaison de combat. Si, à l’heure actuelle, cette composition relève de l’imagination débordante du romancier américain à succès Tom Clancy, l’armée américaine s’est sérieusement penchée sur la question et compte bien faire évoluer ses outils pour rendre encore plus performants les recrues qui évoluent en terrain ennemi. L’intérêt principal de cette combinaison réside dans la possibilité de repérer un ennemi d’un simple coup d’œil grâce à un détecteur qui permet également de dissocier cible, civil ou coéquipier, minimisant ainsi les risques de bavure. Et c’est autour de cet axe que tourne le gameplay de Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter.
We got a Black Hawk down
Ce qui devait être une simple mission de reconnaissance vire subitement au sauvetage diplomatique, puisque deux chefs d’état viennent de faire l’objet d’un kidnapping inattendu par des rebelles menés de front par un certain Carlos Ontibero. Parachuté sur place en catastrophe, Scott Mitchell doit alors se rendre le plus rapidement possible au point de rendez-vous où l’attend ses trois co-équipiers. Assez loin des premiers rebelles et donc à l’abri des tirs ennemis, le joueur peut ainsi se familiariser avec les commandes du jeu. Pas simple à manier de prime abord – notamment l’utilisation du zoom pour les armes à lunettes – la maniabilité de ce qui pourrait bien être le soldat du futur se révèle être assez intuitif, dès lors que l’on aura compris les subtilités de certains mouvements. Les équipes en charge du développement ont pensé à tout et compte tenu des nombreuses possibilités de déplacement que gère la manette, on a comme le sentiment qu’ils n’ont même pas réussi à caser toutes leurs folles idées. Parmi celles-ci, on saluera bien fort la possibilité de déplacer la caméra de la droite vers la gauche donnant le sentiment de changer son fusil d'épaule, d’exécuter une glissade sur les genoux, de faire un plongeon de la dernière chance ou bien encore de tirer aveuglément lorsque l’on s’adosse à un élément du décor. Ce qui peut paraître comme un simple gimmick aux premiers abords peuvent se révéler être des atouts de survie lorsque le feu ennemi devient trop nourri. Mais comme énoncé quelques 1500 signes plus haut, l’intérêt premier de Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter se situe au niveau de l’apparition du multi-fenêtrage, appelé également cross-com. Ce qui semble être un fluet détail de la part de Mathieu Buxtorf, membre éminent de l’équipe de développement chez Ubisoft Montreuil, se révèle être le cœur même du nouveau gameplay de la série. En effet, grâce aux trois processeurs de la Xbox 360, chaque fenêtre apparaissant à l’écran est gérée de manière indépendante, ce qui permet notamment d’obtenir un nombre de détails conséquent pour chaque hublot.
Guerrilla radio
L’utilisation de la cross-com se fait entièrement par le biais de la croix directionnelle. Assez confuses et pas très bien expliquées dans le jeu, les fonctionnalités de cette cross-com permettant de garder un œil permanent sur ses co-équipiers en switchant d’un soldat à un autre via les touches droite et gauche. S’il est possible de donner des ordres, on reste néanmoins dans ce qu’il y a de plus basique : "Rejoignez" et "Regroupement". Il est également possible d’envoyer ses hommes attaquer une cible bien précise mais rien de bien plus profond en termes de choix tactique. Cela va de pair avec l’orientation résolument plus grand public vers laquelle lorgne la série depuis Ghost Recon 2. Toutefois par défaut, nos compagnons de guerre sont affûtés d’une intelligence artificielle assez honorable quoiqu’un peu confuse par moments. En effet, si ces derniers n’hésitent pas à prendre eux-mêmes leurs dispositions, il faudra parfois les recadrer pour leur éviter de rester trop longtemps à découvert ou de se mettre dans la ligne de mire, choses qu'ils semblent plutôt apprécier. L’aide se traduira parfois par la présence de chars ou de blindés qui nous épauleront lors de missions trop périlleuses pour l’infanterie. De la même manière que nos co-équipiers, il est possible de leur assigner des ordres (déplacement et tir) pour éliminer les rebelles trop coriaces. Mais ce n’est pas tout, outre les Team Mates, un autre élément tout aussi important apportera encore plus de profondeur au gameplay du jeu : le drone. Ce petit engin qui survolera les alentours depuis les hauteurs permettra aux hommes au sol de repérer les différents ennemis qui nous entourent. Attention toutefois à ne pas trop l’exposer, celui-ci peut aisément se faire abattre par l’ennemi, vous obligeant par la suite à évoluer à découvert. Le cas échéant, mieux vaut faire passer son drone en mode supérieur pour le mettre à l’abri des tirs trop vicieux. Gérables en fonction du réticule de visée, tous ses partenaires peuvent également se rendre à un point précis de la ville en indiquant tout simplement la direction à prendre par la biais de la carte stratégique, de la même manière qu'un RTS. Bien utile pour repérer les points stratégiques.
Born as ghosts
A l’instar de la série Rainbow Six, le côté tactique de la franchise Ghost Recon a été relégué au second plan depuis Ghost Recon 2. Ceux qui avaient été déçus par cette approche plus grand public risquent de se retrouver dans le même cas de figure avec Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter, puisque son gameplay tranche encore un peu plus avec ses premiers émois. Faut-il pour autant cracher dans la soupe sans même y avoir trempé son quignon de pain ? Certainement pas ! Il est évident que la mise en scène et les choix de game design ont été étudiés afin de permettre aux réfractaires de la stratégie et de la tactique de découvrir la série sous un autre jour. Cela se traduit par exemple par l’apparition pléthorique d’informations à l’écran comme ces fameux losanges de couleur, permettant de distinguer les alliés aux ennemis, qu’ils soient à 10 ou à 100 mètres, à découvert ou planqués derrière un mur. Ceux qui préfèrent avoir un affichage clair et non pollué par toutes ces indications peuvent désactiver cette option. On notera également la présence d’une assistance à la visée un peu trop prononcée qui risque de provoquer une levée de boucliers chez les fans de la première heure. Mais ce choix correspond finalement un peu plus à ce qu’on peut attendre d’un jeu de shoot sur consoles, les sticks analogiques ne pouvant prétendre à l’efficacité du duo clavier / souris. Pour palier à ce qu’on peut appeler un manque, les développeurs ont renforcé l’acuité insufflé aux ennemis capables de nous loger une bastos entre les deux narines même à des centaines de mètres à la ronde. Une précision remarquable qui empêchera les partisans du frag massif à avancer comme dans un vulgaire FPS où dégommant tout ce qui bouge. Cette faculté de tir permet également de cacher quelques carences au niveau de l’intelligence artificielle du jeu. Très scriptés, les ennemis se contentent du strict minimum en allant se cacher par-ci par-là ou parfois fuyant le combat, mais la plupart du temps, une ou deux balles bien placées leur font mordre la poussière, la localisation des dégâts étant introduite. Et pour éviter de se retrouver les quatre fers en l’air trop rapidement, une bonne couverture conjuguée à un angle de tir parfait et un écran de fumée suffisent souvent de se sortir de situations délicates.
En comptant le mode "Entraînement", l'aventure en solo de Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter comporte un total de 12 missions. Cela peut paraître assez limité sur le papier mais chacune des maps a fait l’objet d’un level design soigné pour éviter de terminer le jeu en un claquement de doigt. Outre la taille démentielle de certaines cartes, la mise en scène et les situations qui nous attendent sur le terrain permettent au joueur de se plonger complètement dans cette guerre civile qui oppose l’armée américaine à des rebelles locaux. Assez classique, le scénario permet néanmoins quelques rebondissements inattendus qui obligent parfois nos hommes à avorter leur mission actuelle pour aller secourir un patriote ou un VIP en détress, grâce au flux d’informations arrivant en temps réel dans l’oreillette de Mitchell. Reconnaissance du terrain, assaut, protection de civils ou bien encore destruction de matériels ou de bâtiments, les objectifs sont suffisamment variés pour tenir le joueur en haleine. D’autant que certaines missions sont entrecoupées de scène de shoot pur et dur à bord d’un Black Hawk, une gatling entre les mains. On laisse le doigt appuyé sur la gâchette et on défouraille tous ceux qui s’opposent à la démocratie des Etats-Unis, aussi bien les rebelles au sol que les hélicoptères adverses. Plutôt défoulant, ces phases aériennes permettent de trancher avec les missions à pieds mais surtout de dévoiler le potentiel technique qu’ont mis en place les équipes de Red Storm, Tiwak et Ubisoft Montreuil. Avec plus de 200 personnes travaillant directement sur le projet, Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter est sans nul doute le jeu le plus impressionnant visuellement sur Xbox 360 à l'heure actuelle. Outre une modélisation des personnages d’une grande finesse, l’ensemble des environnements regorge de détails tout simplement hallucinant. A cela s’ajoute une pléiade d’effets pyrotechniques en tout genre tels que la levée de poussière et autres détritus lors de passages d’hélicoptères, un jeu d’ombre et lumière géré en temps réel (l’éblouissement du soleil est l’un des éléments forts de la réalisation), sans oublier la possibilité de faire exploser les véhicules dans un brouhaha infernal. La bande-son n’a pas été oubliée non plus avec une immersion totale grâce à la profusion d’éléments sonores qui plongent le joueur dans l’enfer de cette guerre civile. Visiblement piqué par le syndrome Call of Duty, il arrivera que certains grands moments du jeu (l’attaque de l’Ambassade américaine par les rebelles en particulier) soient accompagnés d’une musique patriotique ô possible, dramatisant la situation et plaçant sur un piédestal les soldats américains. Une chance que ce cliché ne soit pas encore passé de mode dans le jeu vidéo, à l’inverse du cinéma.
War within a breath
Il faut compter une dizaine d’heures pour venir à bout des 12 niveaux que comporte le jeu. Montant crescendo au fil des niveaux, l’adrénaline tombe finalement à plat lors deux dernières missions. Peut-être parce que les Ghost Recon sont obligés de revenir sur des lieux déjà nettoyés de toute présence rebelle mais aussi parce que l’effet de surprise n’est plus d’actualité. On regrettera également une fin un peu précipitée, avec un Carlos Ontibero pas bien difficile à sniper. En tant que dernier personnage à abattre avant de voir la séquence finale du jeu, on aurait souhaité davantage de challenge venant de sa part. Le voir aux commandes d’un blindé ou plutôt d’un hélicoptère aurait pu conclure le jeu en apothéose. Certes, une fin pareille peut paraître cliché et Dieu sait le nombre de jeux qui ont d’ores et déjà usé de cet artifice mais celle proposée dans le jeu manque singulièrement de panache. On s’en remettra et le mode multijoueur permet aisément de faire passer la pilule. Peut-être un peu moins surprenant que le mode solo, les parties à plusieurs de Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter ont le mérite néanmoins d’essayer de sortir du carcan qui l’emprisonne. Sur le Live, en réseau ou bien via écran splitté, il est possible de choisir parmi 4 modes de jeu différents. Tous se jouent en équipe mais c'est avant tout le mode Campagne qui nous intéressera dans un premier temps. Et comme si l'aventure en solo ne suffisait pas, Ubisoft a mis en place une campagne totalement inédite en coopération. Pas moins de 16 personnes veute se connecter en réseau et par écran splitté pour visiter les rues de Mexico et du Nicaragua sous un nouvel angle. Véritable cerise sur un cake déjà bien gratiné, la campagne co-op permet d'étoffer encore plus la durée de vie déjà honorable du jeu.
Seul point noir dans le tableau : l'absence de certains mouvements qu'on aurait aimé retrouver également dans le multijoueur comme la possibilité de se jeter au sol ou tout simplement de se placer en mode couverture adossé à un élément du décor. Evidemment, l'orientation du jeu multi se doit d'être simple, efficace et fun immédiatement (d'où un déplacement des personnages bien plus véloce) et tous les superflus sont alors évincés. Cependant, nous sommes certains que ces ajouts n'auraient pas été du luxe au même titre que l'absence de bris de glace ou de véhicules à détruire pour éliminer rapidement tous ceux qui auraient tendance à camper sur leurs positions. Ensuite, on retrouvera les modes multi plus classiques comme l’incontournable Team Dathmatch, baptisé ici Elimination coop, la prise de territoire (Territoire coop) et un dernier mode qui sort de l’ordinaire où le but est de partir en reconnaissance pour repérer différents points de la carte sans alerter l’ennemi. Intitulé Objectif coop, il permettra aux véritables fans de la série de compenser l’absence de véritable stratégie dans le mode solo. Une occasion en or qu’ils ne peuvent en aucun cas manquer. Chacun de ces modes disposent de 10 maps différentes parmi lesquelles on retiendra "Vallon rocheux", "Cale sèche" et "Temple" pour leur beauté plastique tandis que "Trésorie", "Vieille ville" et "Cimetière" sera le théâtre de guerre des stratèges qui aiment les levels design bien faits. Le mode multijoueur de Tom Clancy's Ghost Recon Advanced Warfighter n'a nullement la prétention de transcender le genre mais a au moins le mérite de proposer un jeu à plusieurs accessible et solide sinon un peu bordélique quand on se retrouve à 16 sur une seule carte. Mais comme le dit si bien l'adage, plus on est de fous, plus on rit.