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Nul doute que FUEL impressionne par la taille de sa carte qui atteint les 14 400 km², une performance saluée par le Guiness Book des Records, ce qui illustre parfaitement l'importance de l'événement dans le secteur du jeu vidéo. Mais une telle ambition a forcément un coût, et le titre d'Asobo Studio n'échappe pas à la règle avec une réalisation martyrisée par un clipping et un aliasing prononcés, sans oublier les chutes de framerate pendant les courses. Par ailleurs, la prise en main n'offre pas toutes les garanties que l'on est en droit d'attendre d'un titre aussi prometteur sur le papier, et les variations climatiques qui représentent l'un des points forts du jeu n'ont finalement aucun impact sur la conduite des véhicules. Si FUEL possède une durée de vie convaincante et un multijoueur qui permet de prolonger le plaisir malgré quelques défauts techniques, le manque de solidité de son gameplay l'empêche de rivaliser à armes égales avec les autres cadors du milieu. Juste moyen.
- Un terrain de chasse immense
- Les variations climatiques
- Un garage fourni
- Gameplay peu profond au final
- Une réalisation criblée de bugs
- De nombreux ralentissements
- Bruitages sommaires
Dévoilé lors de la Games Convention 2008 en behind closed doors, FUEL se présente à première vue comme un énième titre basé sur les courses off-road, ultra proche de ce que l'on a déjà vu chez la concurrence incarnée par MotorStorm et BAJA : Edge of Control pour ne citer que ces deux-là. Afin de répondre aux exigences des amateurs du genre et leur proposer du jamais vu, les développeurs d'Asobo Studio ont donc imaginé une carte dont la superficie atteint les quelque 14 400 km², un terrain de chasse gigantesque qui permet d'organiser des compétitions nerveuses sous un climat capricieux. Prometteur sur le papier, FUEL parvient-il à cristalliser toutes ces promesses au moment de prendre le départ ? Notre verdict.
L'autopsie de FUEL débute par deux miracles. Le premier concerne la présence d'un scénario, un facteur souvent ignoré par la majorité des titres de ce type. Le second touche l'intelligence de l'histoire qui colle parfaitement à l'une des principales préoccupations de la population mondiale, à savoir la dégradation écologique sur la planète et toutes les catastrophes naturelles qui peuvent en découler. Le storyline de FUEL propose un présent alternatif dans lequel le réchauffement climatique a détruit la majorité des régions des Etats-Unis. Il ne s'agit pas d'un univers post-apocalyptique, mais les développeurs d'Asobo Studio nous avaient clairement indiqué lors de la présentation officielle du jeu en Allemagne, que le décor planté par le titre ne relevait pas non plus de l'utopie. On peut donc supposer que FUEL est porteur d'un message, celui selon lequel laisser couler l'eau pendant que l'on fait la vaisselle et ne pas trier ses déchets au moment de sortir les poubelles, peut mener à ce genre de désastre. Ca va loin, on le concède, mais la rareté de l'initiative prise par Asobo Studio mérite d'être soulignée. Quoi qu'il en soit, l'épuisement quasi total des sources d'énergie naturelles a contraint la population à se tourner vers celles dites renouvelables. Malgré ces résolutions, quelques irréductibles ont décidé de claquer les derniers litres de Fuel disponibles dans le monde, pour organiser des courses où les saisons se succèdent à la vitesse la lumière. En effet, on passe de l'été à l'hiver en quelques secondes, ce qui a le mérite de venir chatouiller agréablement la rétine avec certains paysages séduisants. Si les variations climatiques sont incontestablement le point fort de FUEL, elles mettent paradoxalement en exergue le talon d'Achille du jeu, à savoir la conduite des véhicules qui n'offre aucune sensation, que l'on soit en buggy, en quad ou bien encore en moto. Même si l'oeuvre de Codemasters ne verse pas dans la simulation, le non-respect de certaines notions de base de la conduite est une aberration totale.
FUEL HD, 1080p
Avec plus de 70 véhicules dans le garage de FUEL, on s'attendait à ce que les développeurs d'Asobo Studio rendent particulièrement complexe le choix de sa monture. Ce n'est malheureusement pas le cas, puisque les critères qui définissent chaque engin comptent pour du beurre. Que ce soit au niveau de la vitesse, de l'adhérence, du freinage, de l'accélération ou bien encore de la fiabilité de la machine, on ne constate aucun changement de comportement notable lorsque l'on passe d'une catégorie à une autre. A la limite, on veut bien reconnaître qu'une voiture taillée pour le bitume aura beaucoup plus de mal à manger de l'herbe qu'un muscle car par exemple, mais c'est vraiment tout en termes de subtilité. Les virages, qu'ils soient en épingle ou pas, se négocient de la même façon, et il est difficile de trouver une trajectoire préférentielle pour faire la différence sur la piste. C'est même impossible, puisque chaque coup de frein, aussi dosé soit-il, fait perdre de l'adhérence au véhicule qui part immédiatement en sous-virage. Frustrant. Frustrant également le fait que les conditions météorologiques n'aient aucune incidence directe sur la conduite, ce qui du coup limite considérablement leur importance durant les courses. Par exemple, on aurait aimé que les rafales de vent puissent contraindre les joueurs à bord de véhicules légers de corriger constamment leur trajectoire, ou que les pluies diluviennes rendent les pistes beaucoup plus glissantes. Par ailleurs, il est assez spectaculaire de voir que l'on peut grimper des collines aussi verticales que des murs sans la moindre difficulté, une excellente occasion de gruger quelques places, surtout lorsque l'on joue à plusieurs. C'est assez aléatoire pour être honnête, puisque certaines tentatives sur des pentes nettement moins abruptes se solderont par un échec.
Même si la carte de FUEL s'étend sur 14 400 km², la progression dans le jeu n'en demeure pas moins classique. Le titre dispose ainsi d'un mode Carrière dans lequel il va falloir collectionner un certain nombre étoiles pour défricher la totalité de la carte. Chaque Campement - que l'on peut comparer à une sorte de bivouac où tous les participants se retrouvent - abrite plusieurs courses qui permettent d'avancer dans le jeu, mais également des défis rémunérateurs en Fuel. Les compétitions officielles du mode Carrière se déroulent selon des règles bien établies, et imposent par ailleurs l'utilisation d'un type de véhicule précis. Force est de constater que les développeurs d'Asobo Studio ont rondement mené leur affaire, et ce pour deux raisons essentielles. La première c'est que les étoiles ne tombent pas du ciel et qu'il faut mettre toute sa santé pour les récupérer. Le nombre d'étoiles requis pour accéder à un nouveau Campement est suffisamment dissuasif pour obliger le joueur à accomplir toutes les courses d'un même point de ralliement, ce qui est plutôt bien vu. La seconde raison relève de la même logique, avec une catégorie de machine désignée pour chaque course et/ou compétition. En agissant ainsi, Asobo Studio et Codemasters s'assurent une demande conséquente en Fuel - la devise du jeu - qui permet de se procurer ensuite lesdites machines. Les défis tentent de varier les plaisirs en tentant toujours de s'appuyer sur le caractère open de FUEL. On pense notamment à la Chasse à l'hélico qui consiste à suivre la trajectoire d'un hélicoptère sans le perdre de vue, et en tâchant d'arriver avant lui au point de chute par n'importe quel chemin. Le Chrono-Stock-Car, quant à lui, représente l'occasion de démolir ses adversaires dans le temps imparti, tandis que dans Course Chrono il faudra tout simplement aller d'un point A à un point B, en empruntant le chemin de son choix naturellement, toujours dans une épreuve chronométrée.
A la recherche de l'or noir
Si le GPS est un allié de taille dans FUEL, on peut bien évidemment choisir de s'enfoncer dans l'inconnu afin de découvrir de nouveaux raccourcis, sachant que le GPS se chargera de recalculer en permanence l'itinéraire idéal. Comme souvent dans pareil cas, il n'est pas indispensable de se risquer à faire du hors piste lorsque l'on affronte les adversaires en Débutant ou en Expert. Les choses sérieuses débutent véritablement en Légende, avec des concurrents qui se mettent à dénicher des shortcuts invisibles jusqu'alors. Et puisque toutes les courses de FUEL se déroulent dans un environnement ouvert, chaque concurrent n'emprunte pas le même raccourci. Il arrive même parfois que certains pilotes se plantent en cours de route, et optent finalement pour un itinéraire nettement plus classique. L'I.A. n'est pas infaillible, c'est vrai, mais on apprécie de ne pas avoir affaire à des adversaires scriptés. En tout cas, FUEL ouvre un terrain de jeu qui flirte facilement avec l'infini. Red Dead Redemption - qui offrira la plus grande aire de jeu jamais créée dans un titre Rockstar Games - ne sortira que l'année prochaine, mais même s'il sera beaucoup plus vaste que Grand Theft Auto : San Andreas, il devrait être néanmoins moins immense que l'univers de FUEL. Les développeurs d'Asobo Studio nous avaient prévenus à plusieurs reprises : le disque du jeu est un condensé des environnements que l'on croise dans les différentes régions des Etats-Unis. Le choc visuel est aussi terrible que lorsque l'on débarque à Madison - dans le Wisconsin - après avoir passé quelques jours en compagnie du soleil californien à Los Angeles. Le tout se fait progressivement, en douceur, et on a vraiment le temps d'admirer le changement climatique. Cela dit, de méchants bugs viennent écorcher la réalisation du titre, comme la flore qui se met à clignoter bizarrement en pleine course, ou bien encore une roue qui s'enfonce étrangement dans le sol alors que l'on roule à vive allure. La gestion des collisions se montre par moments catastrophique, de même que le clipping que l'on croyait disparu à tout jamais sur les consoles nouvelle-génération. Mention très bien en revanche pour la gestion climatique qui claque la rétine, surtout lorsque les courses se déroulent sur un fabuleux coucher de soleil. Idem pour les pluies torentielles qui s'abattent sur la piste, et les quelques tornades que l'on croise en chemin. Asobo Studio a vraiment fait du bon boulot à ce niveau-là, ce qui permet d'éviter de trop s'attarder sur la modélisation des véhicules pas vraiment au top. Les carrosseries se salissent, mais SEGA Rally est déjà passé par là. Enfin, pour ce qui est de l'ambiance sonore du jeu, on regrettera des bruitages un peu trop sommaires, voire répétitifs. Les musiques, quant à elle, versent dans le rock. Les amateurs du genre apprécieront.