Test Fire Emblem Three Houses : le premier grand move tactique de la Nintendo Switch
17 20
Les adeptes de Fire Emblem peuvent être rassurés, cet épisode dédié à la Switch se montre parfaitement à la hauteur de la saga. Il s'agit même incontestablement d'un de ses épisodes les plus riches et les plus tactiques. Le contexte scolaire fonctionne parfaitement bien puisqu'il renforce l'attachement aux différents personnages, et donc le réel sentiment de perte que l'on ressent lorsque l'un d'entre eux décède au cours d'une bataille. De plus, les rebondissements scénaristiques et l'écriture de qualité viennent soutenir un système de combat extrêmement touffu et intéressant. Seules les limitations techniques de la console hybride de Nintendo viennent ternir le tableau. Mais peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse !
- Système de combats extrêmement tactique
- Contexte scolaire intéressant
- Durée de vie très importante
- Ecriture de qualité
- Cinématiques dignes d'un anime
- Pas bien joli, surtout pendant les batailles
- Héros muet, donc sans charisme
- Musiques pas assez variées
- Un peu confus par moments
Née en 1990, la saga Fire Emblem a traversé bien des époques et a connu des déclinaisons sur toutes les consoles de Nintendo. Il y a quelques semaines, seule la Switch manquait encore à son palmarès. Cette lacune est désormais comblée, puisque les joueurs du monde entier peuvent dorénavant se procurer Fire Emblem : Three Houses. Plus riche et plus tactique que jamais, cet épisode est un très grand cru, qui vous occupera pendant des dizaines et des dizaines d'heures.
Le premier contact avec le jeu est des plus sympathiques puisqu'il s'opère à travers une cinématique d'introduction digne d'un (bon) anime. D'autres scènes du même type et de la même qualité ponctueront d'ailleurs l'aventure par la suite, ce qui est toujours bon à prendre. Une fois cette mise en bouche passée, le joueur peut choisir le nom de son héros (il s'agit par défaut de Byleth), sa date de naissance, et son sexe. Si cette possibilité réjouira sûrement certains utilisateurs, elle n'est pas sans contrepartie puisque le héros se retrouve muet, certainement pour ne pas avoir à enregistrer deux fois ses lignes de dialogues. Cette lacune est d'autant plus étonnante et regrettable que les (nombreux) dialogues des (nombreux) autres personnages sont tous doublés. Le choix nous est d'ailleurs donné entre une version anglaise et une version japonaise, toutes deux étant naturellement sous-titrées en français. La qualité d'écriture est bien supérieure à ce qu'on trouve habituellement dans les JRPG, langage châtié et phrases joliment construites étant ici de mise.
D'un point de vue ludique, il est à noter que lors des questions à choix multiples, la réponse sélectionnée peut parfois avoir une influence sur le niveau d'affinité entre les deux interlocuteurs. Cette petite touche de gameplay est d'autant plus sympathique qu'on ne peut pas connaître à l'avance le résultat de notre choix. Le scénario nous place quant à lui dans une situation relativement originale, puisque Byleth, mercenaire de son état, se voit engagé(e) comme professeur dans une académie militaire. Elle doit alors choisir entre trois classes potentielles, qui correspondent aux trois forces en présence sur le continent de Fódlan. Ce dernier est en effet constitué de l'Empire d'Adrestia au sud, du Royaume de Faerghus au nord et de l'Alliance de Leicester à l'Est, représentées à l'école par la maison de l'Aigle de jais, celle du Lion de saphir, et celle du Cerf d'or. L'histoire réservant pas mal de rebondissements au joueur par la suite, nous n'en dirons pas plus afin de ne pas gâcher quelque surprise que ce soit.
BYLETH À L'ECOLE DES SORCIERS
On aurait pu craindre que ce contexte scolaire soit un peu barbant, mais il n'en est heureusement rien. Entre le réfectoire et les cours de jardinage, les élèves magiciens ou chevaliers, ou encore la présence de chevaux ailés dans l'enceinte de l'école, l'atmosphère rappelle quelque peu celle d'Harry Potter. N'allez pas croire pour autant que l'académie serve uniquement à poser l'ambiance du jeu. Elle abrite également tout un pan de gameplay. La majorité des interactions sociales et des composantes rôlistiques de l'aventure se déroulent dans l'école, qui permet notamment de faire progresser notre professeur et ses élèves. Un calendrier mensuel permet de choisir le programme de chaque semaine, qui peut constituer en un séminaire, une bataille, du repos ou une activité "quartier libre" nettement plus intéressante que les autres. Ce choix permet de se déplacer librement dans l'académie, de remplir des petites quêtes, de participer à un mini-jeu de pêche, de ramasser quelques objets utiles, de cultiver des plantes, de discuter avec les élèves afin de mieux les connaître, de cuisiner ou chanter avec eux afin de renforcer les liens d'amitié, de leur offrir des cadeaux, et plein d'autres choses encore.
Le jeu est d'une richesse folle, et cela concerne également le système de combat. Les batailles, qui se déroulent naturellement au tour par tour, font intervenir de multiples paramètres.
En parallèle de ces balades facultatives mais vivement conseillées, il faut gérer l'activité de professeur à proprement parler. Cela peut se faire automatiquement, mais là aussi il est préférable de prendre les choses en main, afin d'optimiser au mieux les caractéristiques de nos compagnons d'aventure. Leur donner des leçons, choisir quels talents ils doivent développer, augmenter leur motivation en répondant correctement à leurs questions, définir leur objectif à long terme en fonction de leurs intérêts et domaines de prédilection, leur assigner des corvées permettant de renforcer leurs affinités, ou encore leur permettre d'obtenir des certificats d'aptitude nécessaires pour changer de classe (au sens ludique et non scolaire du terme) font partie des missions de Byleth. Les élèves étant nombreux, il est parfois difficile de se souvenir précisément de chacun d'entre eux. Mais heureusement, la plupart ont un physique immédiatement reconnaissable et une personnalité forte, la qualité de l'écriture jouant une nouvelle fois un rôle important. Entre le dragueur, la timide, le rat de bibliothèque ou encore l'étrangère qui maîtrise mal la langue commune, il y a de quoi faire. Tout professeur qu'il est, notre héros peut également gagner des niveaux d'enseignement en se formant auprès des autres professeurs et en faisant correctement son métier, ce qui lui permet par la suite de recruter des élèves des autres maisons ou de participer à plus d'activités lors des quartiers libres.
PLUS TACTIQUE, TU MEURS
Toutes ces possibilités vous paraissent très nombreuses ? Sachez que nous ne les avons pas toutes évoquées, et encore moins détaillées. Le jeu est d'une richesse folle, et cela concerne également le système de combat. Les batailles, qui se déroulent naturellement au tour par tour, font intervenir de multiples paramètres. On pourrait parler pendant des heures de la durabilité des armes, des double frappes, des capacités, des techniques, des tactiques d'escouades, des effets du terrain, de l'efficacité des armes les unes par rapport aux autres, des attaques en chaîne et des bonus tactiques, des différents types de magie, des emblèmes, des reliques de héros ou encore de l'importance du positionnement des unités. Les combats sont d'une très grande richesse, et c'est donc avec précision et passion qu'on les dirige. En contrepartie, l'avalanche de possibilités entraîne une certaine confusion lors des premières heures, surtout que l'interface n'est pas toujours d'une clarté exemplaire. Quelques explications supplémentaires ou la suppression d'un ou deux concepts quasiment redondants n'auraient pas fait de mal. Cependant, il faut reconnaître que le jeu sait paradoxalement se montrer très accessible sur certains points. Il est ainsi possible de jouer sans la traditionnelle mort définitive des combattants. On vous déconseille toutefois cette option, car l'attachement qu'on développe envers les différents personnages et la perte éventuelle de l'un d'entre eux donnent du relief à l'expérience. De plus, le jeu a prévu une mécanique permettant de remonter le temps lors d'un combat. Disponible en quantité limitée lors de chaque bataille, cette "impulsion divine" doit notamment être dégainée lorsqu'un de nos personnages meurt. On peut alors revenir à une étape du combat antérieure et ainsi lui sauver la vie.
S'il s'agit incontestablement d'un des meilleurs JRPG du moment, il souffre tout de même du manque de puissance de la Switch. Ainsi, il faut régulièrement faire avec des couleurs ternes, des décors vides, un aliasing prononcé et un cel-shading qui sert plus de cache-misère que de baume aux yeux.
Ce désir d'accessibilité est accompagné de quelques options améliorant la "quality of life" comme on dit dans les milieux autorisés. On peut par exemple accéder à un historique des dialogues lors de chaque conversation, tandis que les temps de chargement sont légèrement interactifs afin de nous faire mieux patienter. Dès lors, on pourrait croire que Fire Emblem : Three Houses est le jeu de l'année, voire le jeu du siècle. S'il s'agit incontestablement d'un des meilleurs JRPG du moment, il souffre tout de même du manque de puissance de la Switch. Ainsi, il faut régulièrement faire avec des couleurs ternes, des décors vides, un aliasing prononcé et un cel-shading qui sert plus de cache-misère que de baume aux yeux. C'est particulièrement criant lors des batailles, les passages dans l'académie étant tout de même un peu plus esthétiques. On pourra également ergoter sur la bande-son, globalement très bonne mais dont les boucles musicales ont tendance à un peu trop se répéter. Il faut dire que la durée de vie se comptent en nombreuses dizaines d'heures... voire centaines si jamais vous décidez de faire l'aventure trois fois, histoire de prendre successivement la tête de chacune des fameuses trois maisons !