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Final Fantasy Anniversary est l’exemple même du piège à fans qu’il faudra judicieusement contourner. Malgré sa refonte graphique appréciable, le titre offre une aventure bien trop archaïque, voire anarchique pour pouvoir prétendre être vendu comme tel. Bien que son système de jeu soit facile d’accès, les balbutiements du game design auront tôt fait de rebuter – à raison – les novices. Proposer un tel titre dans de telles conditions relève clairement de l’escroquerie. Sans aucun doute le remake de trop.
- Re-re-redécouvrir les origines d’un mythe
- Système de jeu simple d’accès
- Les sauvegardes n'importe où
- Toujours les quêtes inédites
- Refonte graphique appréciable
- Déjà vu sur Wonderswan
- Déjà vu sur PSone
- Déjà vu sur GBA
- En anglais
- Tarif prohibitif
- Déroulement archaïque
Le monde est plongé dans les ténèbres. Le vent s’essouffle… La mer s’épuise… La terre se meurt… Pourtant, les hommes sont convaincus qu’une prophétie est sur le point de s’accomplir. “Devant les ténèbres, quatre Guerriers de Lumière se dresseront.” Après un long périple, quatre jeunes aventuriers viennent justement d’arriver… tenant chacun un cristal à la main.
Les plus assidus l’auront sans doute noté, ce petit texte est extrait, au guillemet près, de l’introduction du tout premier épisode de la plus célèbre saga de RPG japonais à travers le monde. Non pas qu’il s’agit ici d’une entourloupe de ma part pour pallier à une quelconque fainéantise rédactionnelle, mais disons que cela vous permet de vous rendre un peu plus compte de la consistance du scénario. Bien que cet épisode ait eu droit à nombre de remakes, rappelons aux derniers arrivés que le script s’arrête bel et bien ici, et qu’il faut par conséquent oublier les Terra, Sephiroth, Squall et leur abyssal background respectif. Final Fantasy Anniversary revient aux prémices du genre, là où chaque mot de Role Playing Game prenait leur sens. Final Fantasy Anniversary est un jeu qui nous permet de jouer un rôle, et non pas de vivre (subir ?) celui tout tracé d’un jeune éphèbe androgyno-gothique à la coupe de cheveux incertaine, par exemple. Il faut dire que l’anachronique néant narratif laissait à l’époque une grande place à l’imaginaire de chacun, ce que nombreux s’accorderont à dire, est en voie de disparition. Ici, on conçoit entièrement sa team, en allant du nom de ses avatars, à leur classe, et donc leur look, ce qui influera évidemment sur leurs caractéristiques et leur évolution. Puis, on essaye de se laisser porter par l’hémisphère droit de notre cerveau. J’ai bien dit on essaye…
FF = Fraude Fiscale ?
Comme pour une majorité des jeux de sa génération, Final Fantasy Anniversary se montre rude aux premiers abords, et pourra décourager les moins avertis. Conséquence d’un game design et d’un déroulement on ne peut plus archaïque, il nous force au level up durant les premiers pas effectués, sous peine d’un trépas trop vite arrivé. En effet, c’est au joueur qu’incombe la tâche de traverser les donjons dans le “bon ordre”. Le monde, ouvert, est clairement segmenté par la difficulté. A l’ancienne, en somme. Il s’agit donc de ne pas se laisser piéger par celle-ci, pour pouvoir apprécier à sa juste valeur le challenge proposé. Mais encore faut-il définir à qui celui-ci s’adresse. Certainement trop déstabilisant pour la jeune génération, et ce malgré un système de jeu simple et classique, Final Fantasy Anniversary est une nouvelle manifestation du diktat économique qui régit Square Enix. Pour sa troisième apparition en Europe (après Final Fantasy Origins sur PSone, et Final Fantasy I & II : Dawn of Souls sur GBA), le patriarche se permet le luxe de se présenter seul, sans sa canne Final Fantasy II, épisode qui posa un grand nombre de codes propres à la série. Vendu à un petit prix, la pilule aurait pu passer, mais à 34,99€ l’unité, on en vient à se demander où Square Enix et son distributeur européen trouvent la force de contourner à ce point les lois de la bienséance. Une Porsche à acheter ? Le fisc aux trousses ? Nous ne le saurons jamais. Quoiqu’il en soit, autant être honnête, malgré toute la sympathie, voire l’amour que les joueurs peuvent porter à la série au double F, il faudra bien réfléchir avant de repasser à la caisse, d’autant plus que le jeu n’a pas eu les faveurs d’une traduction française (contrairement à l’opus GBA !). Et ce n’est pas la – certes jolie – couche de vernie appliquée sur cette vieille carcasse qui rend le résultat forcément plus rutilant.