Test Evil Dead The Game : le jeu est-il aussi culte que le film de Sam Raimi ?
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Si le fait de rejouer sans cesse le même type de parties online afin de faire progresser vos personnages (ce qui, avouons-le, est quand même le cas de la plupart des jeux multi…) ne vous effraie pas, alors Evil Dead : The Game ne vous décevra pas. Le gameplay est solide, les références aux films de la saga sont multiples, les graphismes n'ont rien de honteux, les créatures démoniaques et la bande-son sont bien flippantes, et les coups de grâce apportent une bonne dose de gore. Avec une vraie campagne solo nous aurions été encore plus enthousiastes, mais le titre de Saber Interactive a le mérite d'éviter totalement la case "bon film, mauvais jeu vidéo", ce qui est déjà beaucoup. Et il nous semble même meilleur que Dead by Daylight et Vendredi 13 : Le Jeu Vidéo, ses deux principaux concurrents.
- Du fan service à foison
- Un gameplay asymétrique qui fonctionne bien
- De bonnes sensations de combat
- Beaucoup de personnages à faire progresser
- Une ambiance sonore qui fait bien flipper
- Une gestion des collisions assez approximative
- Seulement deux (grandes) maps
- Un concept assez répétitif
- Pas de vrai mode solo
Film d'horreur culte s'il en est, Evil Dead a été réalisé en 1981 par Sam Raimi, qui s'occupera également des suites sorties en 1987 et 1992. Depuis, la trilogie est devenue une véritable franchise puisqu'un reboot cinématographique est sorti en 2013, un second reboot est prévu pour cette année, et la série télévisée Ash vs. Evil Dead a connu trois saisons entre 2015 et 2018. Mais du côté des jeux vidéo, nous n'avions pas grand-chose à nous mettre sous la dent depuis Evil Dead : Regeneration, sorti en 2005. Heureusement, Evil Dead : The Game vient aujourd'hui combler cette lacune.
Evil Dead : The Game a beau être un jeu essentiellement multijoueurs, et donc dénué de véritable scénario, il n'usurpe absolument pas sa filiation avec la célèbre saga cinématographique. Le fan service (dans le bon sens du terme) fonctionne à pleins tubes, que ce soit en termes de mise en scène, de menus, de lieux, de situations, d'objets, d'armes ou encore de musiques. Pour s'en convaincre définitivement, il suffit de jeter un œil à la liste des personnages jouables. Les cinéphiles auront ainsi le plaisir de retrouver et d'incarner, entre autres exemples, Annie Knowby, Cheryl Williams, Ed Getley ou encore Scotty. Sans oublier bien sûr l'incontournable Ash Williams, qui est même disponible en quatre déclinaisons différentes (correspondant aux versions issues de Evil Dead, Evil Dead 2, Evil Dead 3 et Ash vs Evil Dead). Au total, ce sont vingt-deux héros (et anti-héros en ce qui concerne les démons) qu'il est possible d'incarner. Chacun d'entre eux possède une compétence spéciale ainsi qu'un gros arbre d'améliorations déblocables, et appartient à une classe proposant une variation de gameplay spécifique. Chef, Guerrier, Chasseur et Soutien du côté des humains, Chef de Guerre, Marionnettiste et Nécromancien du côté des démons de Kandar. Tout cela promet de longues heures de jeu à ceux qui souhaiteraient faire évoluer tous les persos, même si la plupart des joueurs se contenteront certainement de maximiser leurs deux ou trois préférés. Pour cela, il convient naturellement d'amasser le plus de points d'expérience possible en remportant un maximum de parties, qui se jouent de manière asymétrique mais se déroulent selon un principe immuable.
QUAND ON ARRIVE EVIL…
Du côté des quatre survivants, incarnés par quatre joueurs, il s'agit de retrouver trois morceaux de carte éparpillés sur une grande map ouverte et infestée de "cadavéreux". Cela permet ensuite d'accéder à l'emplacement des pages du Nécronomicon, ainsi qu'à celui de la dague de Kander. Une fois ces deux points défendus et capturés, il devient possible de bannir des créatures du mal situées en un point précis et de faire apparaître le Nécronomicon, qu'il faut alors défendre d'une ultime attaque adverse. Les démons de Kandar doivent tout faire pour empêcher la reconstitution du livre maudit, mais se jouent différemment. Il n'y a qu'un seul joueur aux manettes de ce côté-ci, et il contrôle initialement un démon sous forme spirituelle. Invisible pour le camp adverse et doté d'une très grande vitesse de déplacement, cet esprit doit récolter des orbes d'énergie infernale disséminées sur la carte, ce qui lui permet de préparer des pièges, de faire apparaître des créatures à travers des portails, et même de prendre possession d'un cadavéreux (pour attaquer directement les survivants), d'un véhicule (pour leur rouler dessus) ou encore d'un arbre (pour asséner un bon coup de branche au premier qui passera par là). Il est également possible de piéger les caisses de ravitaillement, afin d'effrayer, d'endommager ou de dépouiller ceux qui les ouvriront. A terme, le démon peut carrément prendre forme physique et participer directement aux combats. Se greffe sur ces grands principes un système de gestion de la peur pour chaque survivant. Elle augmente notamment lorsque le personnage se retrouve isolé ou dans la pénombre, ce qui permet au démon de le repérer plus facilement sur la carte et de le posséder.
L’ARMÉE DES TÉNÈBRES
Intéressant sur le papier, ce concept tient ses promesses dans la réalité. C'est en grande partie dû au gameplay des affrontements, qui n'a pas à rougir face à la concurrence. Simple et efficace, le combat rapproché cumule attaque rapide, attaque puissante et esquive, tandis que les armes à distance offrent une visée agréable et de bonnes sensations. Des armes de différents niveaux (commun, rare, épique et légendaire) sont là pour motiver la chasse aux coffres, tandis que récolter des bouteilles de "planant rose" permet d'améliorer les statistiques du personnage le temps de la partie. En tant que survivant, le jeu réussit l'exploit de nous faire sentir à la fois puissants (face aux cadavéreux de base) et vulnérables (face aux élites, aux cadavéreux en surnombre, aux pièges ou aux démons). Par ailleurs, les amateurs de sensations fortes et de gore peuvent compter sur les coups de grâce pour déclencher différentes animations particulièrement sanglantes lorsque la vie d'un ennemi approche de sa fin. Ce coup ultime à placer au bon moment rend le joueur invincible durant l'animation, augmente les chances que la victime laisse tomber un objet au sol, et nous gratifie de différentes réjouissances visuelles, du style tronçonneuse dans le bide ou coup de hache dans la tête. Entre les effusions de sang et les projections de vomi, le jeu est bien crado par moments, comme il se doit afin de respecter la licence.
L'ambiance de film d'horreur est d'ailleurs très réussie, du fait d'environnements inquiétants et d'un enrobage sonore aux petits oignons. L'un des pouvoirs des démons consiste même à faire apparaître un visuel très "jumpscare" sur l'écran des autres joueurs. Quant aux graphismes, s'ils ne sont pas forcément au top du top de la technique de 2022, ils restent très corrects et toujours agréables à l’œil. Il n'y a que la gestion des collisions qui nous semble imparfaite. Certains éléments de décor nous bloquent alors qu'on pense pouvoir passer au-dessus, les regroupements de plusieurs joueurs autour d'une même victime paraissent un peu brouillons, et évoluer dans certains intérieurs exigus n'est pas toujours simple. Rien de bien méchant, et la finition globale reste bonne puisque nous n'avons rencontré aucun bug majeur. Même le matchmaking, qui a le bon goût d'être cross-plateformes, trouve des compagnons de lutte rapidement ! Enfin, notons que le jeu propose également cinq missions à parcourir en solo. De bonne facture et d'une difficulté relativement élevée, ces missions indépendantes les unes des autres seront considérées par certains comme un sympathique bonus toujours bon à prendre, et par d'autres comme un pis-aller qui peine à cacher l'absence d'une véritable campagne solo.