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Dragon Quest Swords : The Masked Queen and the Tower of Mirrors fait partie de cette vaste catégorie de jeux dédiés aux fans. Et bien que la qualité du titre soit tout à fait honnête au regard de la du catalogue actuelle de la Wii, on ne peut s’empêcher de penser qu’un second retard – le titre faisant parti à l’origine du line up de la machine – aurait décuplé son potentiel. Entre un aspect visuel pas vraiment chiadé, et un concept tout aussi approximatif, difficile de parler de bon jeu. Cependant, certains sauront sans doute apprécier cette sorte de concrétisation de vieux rêve de gosse.
- On se pique au jeu
- Toriyama et Sugiyama, comme toujours
- Situations de jeu variées
- Arrive en France
- Système de déplacement incroyablement mal pensé
- Reconnaissance limitée de la Wiimote
- Aurait pu être plus long et plus beau
L’inconscient collectif des joueurs a beau taxer la saga Dragon Quest d’être ultra conservatrice, celle-ci n’en demeure pas moins assez ouverte lorsqu’il s’agit de se décliner à toutes les sauces. Après de multiples Dungeon-RPG, Action-RPG, Pokémon-like, voire de similis Monopoli, une des licences nippones les plus juteuses s’attaque à un tout autre genre. Aujourd’hui, Square Enix inaugure pour la série un concept encore inédit sur console : le jeu d’action/aventure à la première personne.
Mise à jour de notre test import japonais réalisé le 5 février 2008
Si le concept de ce Dragon Quest Swords : La Reine Masquée et la Tour des Mirroirs peut vous sembler quelque peu exotique, il faut savoir qu’il s’agit-là de l’aboutissement d’un concept né avec un jouet en 2003. Une ROM intégrée dans un bouclier en plastique à brancher au téléviseur, accompagnée de l’épée qui va avec - Kenshin Dragon Quest : Yomigaerishi Densetsu no Ken - avaient posé les rudiments du tranchage de slimes en vue subjective. Vous l’aurez compris, il n’était évidemment pas question ici de lancer la production d’accessoires uniquement dédiés à ce seul titre. C’est en toute logique qu’après The Legend of Zelda : Twilight Princess, la désormais démocratisée épée / Wiimote profite de ses capacités afin de prendre le relais pour tenter de nous immerger dans les péripéties qui agitent le Royaume d’Alsword. Alors que celui-ci s’apprête à fêter une demi-décennie de paix, une succession d’événements pour le moins étranges secouent la paisible terre de notre jeune héros (qu’il faudra évidemment baptiser, comme le veut la coutume). Sur le point de fêter ses seize printemps dans la plus pure tradition du pays, c'est-à-dire par un examen qui le consacrera comme chevalier, notre jeune garçon va voir sa journée gâchée par l’absence mystérieuse de la personne chargée d’entériner son premier fait d’arme, la Reine. Il ne tient alors qu’à lui de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé, ainsi que sur le rôle d’un mystérieux masque.
Balle masquée
Au risque de se répéter, rappelons que Dragon Quest Swords n’est pas un RPG conventionnel, même s’il en reprend certaines mécaniques, dont la plus évidente reste le système de progression par point d’expériences. Ceux qui ont découvert la série sur une base de plusieurs dizaines, voire centaines d’heures de bonheur risquent de déchanter s’ils s’arrêtent juste au nom Dragon Quest, sans tenir compte du fait que cet épisode est avant tout un spin off. Pour couper court à toutes comparaisons malvenues, précisons que le titre n’offre pas de phases d’exploration à proprement parler. En dehors des allées et venues dans le village, le jeu nous impose des déplacements sur rails, ponctués d’affrontements bien scriptés. Impossible de gambader, on se contente d’avancer pour trancher du monstre. Simplicité et efficacité ? Pas tout à fait, car malgré un gameplay aussi dépouillé, cette grosse machine à fans s’offre le luxe de ne pas être parfaitement huilée ; au contraire, elle nous inflige une raideur anachronique. Entre le mode de déplacement attribué à la croix directionnelle et à la gâchette B, ou l’ouverture du menu des attaques spéciales par une pression de la touche 2, on se demande encore quelle mouche a bien pu piquer Square Enix pour ne pas nous proposer au moins une configuration alternative incluant le Nunchuk. On avance linéairement et un peu péniblement donc, jusqu’à ce qu’on tombe sur une brochette d’ennemis. C’est à ce moment là que la seconde tare de Dragon Quest Swords nous explose en pleine face : la reconnaissance de mouvements de la Wiimote est approximative. D’ailleurs, le tutorial à accomplir en compagnie de Nadj, le maître d’armes, en début de partie révèle assez vite les limites du concept. La Wiimote ne permet toujours pas de mouliner notre lame au gré de notre volonté, il faut la tenir à plat, et pas autrement. Et même lorsque l’on suit cette instruction à la lettre, le sensor bar est susceptible de nous faire quelques misères confondant un mouvement vertical avec une attaque en diagonale, ou en ne déclenchant pas notre salvatrice attaque spéciale (qui demande d’ailleurs une gestuelle unique et spécifique à chacune d’entre elles). Toujours dans le même ordre d’idée, il est n’est pas facile d’ajuster ses coups de lame dans l’axe dans lequel se trouve les ennemis. Fort heureusement, et contrairement au système de déplacement, les développeurs ne nous ont pas lâché en pleine nature. Un système de lock plutôt efficace atténue assez vite les mauvaises impressions.
Le jeu dont vous êtes le héros
Une fois ces désagréments assimilés, le titre nous offre heureusement un peu plus matière à nous réjouir. Si la qualité globale n’est pas à la hauteur du formidable travail artistique opéré par Kôichi Sugiyama et Akira Toriyama (qui a d’ailleurs fait preuve de renouveau, pour une fois), on appréciera tout de même la relative variété que les développeurs ont tenté d’insuffler au titre. Tout d’abord, il ne s’agit pas ici de gesticuler devant son écran comme un pantin désarticulé, mais bien de s’adapter aux adversaires qui nous font face. Ces derniers multipliant les artifices pour ne pas se faire trancher ; certains d’entre eux ne sont pas vulnérables à l’épée de notre héros, car trop éloignée pour être à sa portée, d’autres esquives demandent à être contrées d’une certaine manière, notamment. Et c’est sans compter sur les boss, qui demanderont évidemment un round d’observation afin de déterminer la stratégie adéquate à employer. Autant dire que le titre ne laisse pas de place à l’ennui. Au contraire d’ailleurs, car même accompagné d’un des trois frères d’armes qui nous sont proposés – Dean, l’ami d’enfance, Setia la guérisseuse, ou Boud, le dévoué paternel –, Dragon Quest Swords demande un maximum d’implication, ce qui pourra se révéler un poil usant d’un point de vue physique. D’ailleurs pour ne pas trop nous acculer, ces derniers seront, par défaut, pris en charge par l’I.A., via un classique système d’ordres présélectionnés. Si le constat global fait au final ressortir un titre assez fun malgré ses lacunes, précisons tout de même qu’à l’heure de la haute-définition, certains auront toujours du mal avec la sobriété visuel propre à la série. Même sil faut bien avouer que le hardware n’est pas mis au supplice. Assez linéaire de part son concept, Dragon Quest Swords : La Reine Masquée et la Tour des Mirroirs se boucle aisément en une dizaine heures environ. Heureusement, les plus accros auront quelques friandises à se mettre sous la dent, comme la quête de toutes les épées et de leur furie spécifique par exemple.