Test DodoGo !

Fondé en 2007 par un collaborateur honorable et honoré de Delphine Software (le cultisissime Flashback, Moto Racer, et on en passe) et d’Ubisoft, Alien After All n’aura pas mis bien longtemps à nous sortir un grand petit jeu. En apparence, le studio n’a pourtant guère plongé les mains dans le cambouis, se contentant de pondre un concept et de sous-traiter sa mise en images animées aux Montreuillois de Neko Entertainment. L’équipe de Denis Mercier n’a pourtant pas chômé et nous délivre avec DodoGo ! une belle leçon  de game design et une chouette collection de bonnes idées.

Au dodo !

Au Crétacé, un raz-de-marée dévaste une petite île sur laquelle s’épanouit une communauté de dodos. Scélérate, la vague a dispersé les œufs des pacifiques volatiles aux quatre coins du caillou, et il vous revient de tous les ramener au nid sous peine de mettre en péril la survie d’une espèce qui disparaîtra de toute façon quelques millions d’années plus tard. Vain dans l’absolu, le grand sauvetage se révèle pourtant immédiatement divertissant. La comparaison avec l’ancêtre Lemmings est inévitable, mais DodoGo ! adapte intelligemment la formule imaginée par David Jones (également créateur de GTA) sur DS. Conçue comme une succession d’innombrables petits tableaux, la création française vous permet de diriger des coquilles fragiles et assez peu débrouillardes. Les interactions avec les œufs, puisqu’il vous faut souvent en raccompagner plusieurs jusqu’à leur havre de brindilles sur un même tableau, sont néanmoins limitées. Vous pouvez leur demander d’avancer ou de s’arrêter, ordres que vous distribuez avec le stylet ou en commande vocale et, plus accessoirement, les câliner et les soigner lorsqu’ils tombent d’un peu trop haut ! Car dans des niveaux tout en côtes et en ravins et dans lesquels déambulent parfois de terribles ovivores, votre précieuse couvée, incapable de se défendre, risque continuellement de finir en omelette. La meilleure façon de protéger vos poussins en devenir consiste encore à interagir directement avec l’environnement, à aménager les décors de manière à ce que vos petits n’aient plus qu’à se laisser glisser vers le salut. Un précipice peut ainsi être recouvert d’une planche en bois, à moins que vous ne positionnez un ressort qui permettra aux œufs de le franchir d’un bond ; un coup de pelle ou une pierre comblent les trous plus modestes ; des mécanismes peuvent être reliés par des poulies pour débloquer la voie, etc.

La comparaison avec l’ancêtre Lemmings est inévitable, mais DodoGo ! adapte intelligemment sur DS la formule imaginée par David Jones..."

Vos ressources ne sont pas infinies : pour chaque niveau, vous ne disposez que de quelques bricoles (deux planches, une pierre, trois pelletées et deux ressorts, par exemple) et devez vous en contenter pour modifier le décor et conduire toutes vos troupes à bon port. Brillamment construit, DodoGo ! se complique progressivement en intégrant tous les trois ou quatre tableaux un nouvel élément, qu’il s’agisse d’un ennemi, d’un outil ou d’un élément interactif, comme du feu ou un buisson-camouflage. Cet enrichissement continu casse la monotonie généralement indissociable du genre. Il valorise également l’utilisateur, qui progresse sans peine mais pas sans un minimum de réflexion. Le principal challenge n’est néanmoins pas de gagner, mais de terminer les niveaux le plus rapidement possible afin d’obtenir un bon score et de débloquer des bonus stages à l’ancienne. Une tâche rendue un peu ardue par quelques défauts de prise en main. Pourtant habitué à développer sur DS, Neko Entertainment semble toujours en peine d’exploiter les spécificités de la machine. Au stylet, le contrôle de votre tribu ovoïde est délicat, et il est souvent nécessaire de s’y reprendre à plusieurs fois pour réussir certaines actions, en particulier lors des phases de terraformation. Le contrôle vocal, qui vous permet uniquement de faire avancer ou d’arrêter vos rejetons, ne vaut guère mieux, le jeu ne réagissant généralement pas à vos "Go" répétés et de plus en plus désespérés. Paradoxalement, pour peu que vous allumiez votre DSi dans un environnement bruyant, vos œufs deviendront chèvre, et vous aussi (pensez à couper le micro si vous jouez dans le métro) ! Mais avec leurs bonnes bouilles en pastel et leurs péripéties surréalistes, les doux dodos vous feront vite oublier les quelques faiblesses de leur aventure futée et délassante.