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Avec Disney Infinity, on savait que le géant américain du divertissement préparait un gros coup sur nos consoles. Sur un modèle prometteur et qui a déjà fait ses preuves, Disney Infinity reprend le concept de Skylanders à sa propre sauce : une boîte à jouets quasi-infinie au service de notre imagination, la possibilité de déambuler dans les univers de ses plus grandes franchises et un potentiel inépuisable de contenu additionnel grâce aux figurines. Malheureusement, cette expérience est gâchée par une réalisation médiocre à laquelle s'ajoute un gameplay bancal, des missions répétitives et une Toy Box pas du tout adapté aux enfants. A trop vouloir rattraper son retard sur Activision, Disney s'est pris les pieds dans le tapis. Dommage.
Retrouvez plus la bas la suite de notre test de Disney Infinity.
- Une belle collection de figurines
- Le doublage français
- Diversité des genres
- Fidèle aux licences Disney
- Graphiquement raté
- Gameplay bancal
- Missions archi répétitives
- Faible durée de vie des packs "Aventure"
- Mode création de la Toy Box trop complexe
- Il manque beaucoup de licences
- Mal adapté aux enfants
Après une scène d’introduction prometteuse et rondement bien menée (nous faisant brièvement traverser les franchises Disney les plus populaires), on a qu’une seule envie : se plonger dans le bain aussi vite que possible ! Dix minutes à peine après avoir démarré le jeu, nous voilà parachuté dans une sorte de monde ouvert au milieu duquel une plateforme prend place. C’est cette place qui sert de menu et qui permet d’accéder aux différents mondes et niveaux disponibles dans le jeu. On peut ainsi accéder au hall des héros, qui n'est ni plus ni moins qu'une vaste vitrine interactive. Dans cet espace sont disposées en cercle des dizaines de statues représentant tous les personnages Disney jouables dans le jeu et dont il faut acheter les figurines pour en profiter. En se rapprochant d'elles, on peut déclencher une vidéo nous permettant de voir le personnage en question en pleine action. On se souvient donc vite que Disney Infinity est un jeu dont les ambitions commerciales sont immenses puisque le but est de marcher sur les traces de Skylanders et de son milliard de dollars de chiffres d'affaires généré en 2012. D'ailleurs, le titre se distingue en deux parties bien visibles. À la manière de Skylanders, le jeu nous propose de placer les figurines Disney (fourni dans le pack de démarrage) sur un socle à trois places afin de scanner son modèle 3D qui va se retrouver dans le jeu. On accède également à un trophée "aventure" ou un power disc donnant droit à des avantages in-game. Concrètement, une statuette "aventure" débloque un pack "aventure" qui permet de jouer une petite campagne basée sur un univers Disney en particulier. Par exemple, il faudra placer le trophée "Pirate des Caraïbes" sur le socle pour commencer ou reprendre la campagne correspondante car les sauvegardes se font à travers l’objet lui-même. D’autre part, on pourra à tout moment changer de personnage durant une aventure en posant sur le socle la figurine appropriée. Ainsi, tout est prétexte à interagir avec le socle qui fait le lien entre le jeu et le joueur, histoire de simuler au maximum l’aspect "jouet".
Vers l'infini et rien au-delà ?
Toutes les idées que propose le mode solo de Disney Infinity sont pleines de promesses, qu'il s'agisse des aventures basées sur les franchises Disney avec leurs jouets travaillés, ou des charismatiques personnages à incarner, vilains comme héros. Bref, des arguments béton qui ont pour vocation de rendre accroc les jeunes joueurs qui s'échangeront aussi leurs figurines dans les cours de récré. Mais si sur le papier, Disney Infinity semble avoir toutes les cartes en mains pour faire aussi fort que Skylanders, une fois dans le jeu, les déceptions commencent à s'enchaîner. Graphiquement tout d'abord, le jeu est décevant, la faute principalement à des textures bien simplistes et indignes des consoles actuelles. On ne demande pas une claque graphique à la The Last of Us bien évidemment, mais la réalisation globale étant médiocre, difficile de s'immerger pleinement dans l'aventure. Le jeu de Disney cède en fait à la tentation de la plupart des titres destinés aux enfants, à savoir proposer des graphismes lisses et négligés pour se faciliter la tâche, comme si les jeunes gamers n'avaient pas le droit de bénéficier de jeux aux graphismes soignés. Mais ce n'est pas tout, car côté gameplay, ce n'est pas non plus la panacée.
En voulant à tout prix rattraper son retard face à Activision, Disney s'est un peu emmêlé les pinceaux en proposant une pâle copie de Skylanders."
Pour revenir au cœur du sujet, le jeu intègre dans chaque pack aventure un univers ouvert où il est libre de faire des missions dont la trame suit parfois vaguement l’histoire des films. Malheureusement, la grande majorité des missions proposées ont un intérêt plus que limité. On a l’impression qu’à défaut d’offrir des objectifs vraiment fun, le jeu se base surtout sur les acquis des franchises. Certes, on retrouve bien les personnages et quelques références aux films Disney, mais on a très rarement le sentiment de prendre du plaisir en accomplissant les quêtes. Ces dernières ont en sus le chic d'être très peu travaillées et beaucoup trop répétitives. Car se rendre d’un endroit à un autre, récolter des objets ou vaincre une poignée d’ennemis sans saveur, ça nous fait certes visiter du pays mais ça ne suffit pas à nous tenir en haleine des heures durant. D’ailleurs, la durée de vie de chaque aventure oscille entre 2 et 3 heures, et quand on sait que le pack de démarrage nous propose trois aventures, une dizaine d'heures suffiront pour survoler le jeu. Néanmoins, la diversité des univers proposé déteint aussi sur les genres représentés, ce qui semble être un bon point. Ainsi, l’univers de Cars est un mélange de Mario Kart lors des courses et de Tony Hawk pour les figures et cascades à exécuter par exemple. Par ailleurs, on passe du genre beat’em all des Indestructibles à certaines phases de plates-formes et batailles navales style Assassin’s Creed IV : Black Flag dans l’aventure Pirate des Caraïbes. Certes, l’expérience offerte se veut variée mais la réalisation médiocre ruine cette expérience, tandis que la caméra - souvent fougueuse - nous oblige constamment à la recentrer. La maniabilité très moyenne n’aide pas non plus et le jeu aurait gagné en fluidité si le système de lock avait été mieux travaillé. Même si le joueur est vraiment pris par la main grâce à des flèches qui indiquent les directions à emprunter ou aux multiples aides visuelles qui parsèment les niveaux, le gameplay offre une expérience trop superficielle pour réellement prendre son pied.
DU RÊVE AU CAUCHEMAR
N’oublions pas que le mode aventure de Disney Infinity est intimement lié à l’autre section importante du jeu : la Toy Box (boîte à jouets en français). Durant les aventures, il est possible de récolter des capsules débloquant objets et décorations de toutes sortes qui intégreront cette gigantesque boîte à outils. Tel un peintre, ce mode vous offre un terrain vierge sur lequel vous placerez comme bon vous semble les éléments constituant votre boîte à jouets. Les niveaux créés peuvent être mis en partage avec les autres joueurs, de quoi potentiellement élargir à l’infini la durée de vie du jeu. Cependant, la pratique ne s’avère pas aussi amusante que ça. La prise en main de l’éditeur de niveau est très pénible à cause d’un cruel manque d’ergonomie de l’interface de création. Ainsi, l’élaboration d’un niveau un tant soit peu potable s’avère extrêmement chronophage car on passe un temps fou à chercher des objets très mal classés et dont il est très difficile de les faire interagir entre eux pour obtenir le résultat escompté. Dans de telles conditions, on a du mal à concevoir comment un enfant pourrait créer lui-même un univers présentable et qui puisse divertir les autres joueurs sans passer par la case dépression. En fin de compte, on se dit que l’outil de création de la Toy Box aurait sans doute énormément gagné en ergonomie si elle avait été composée par les développeurs des Sims. Dans la pratique, pas sûr que beaucoup de joueurs passeront plus de temps sur la Toy Box que sur le mode "Aventure". En voulant à tout prix rattraper son retard face à Activision, Disney s'est un peu emmêlé les pinceaux en proposant une pâle copie de Skylanders. Le principe de ce dernier est repris mais le fun n'y est malheureusement pas, sans compter que le gameplay n'est pas adapté à la cible visée, à savoir les moins de 12 ans. Pire encore, on ne retrouve que les récentes licences de Disney puisque des classiques comme Peter Pan, le Roi Lion ou Aladdin sont abonnés aux absents. Avis aux parents donc : méfiez-vous de l'enrobage attractif de Disney Infinity car la qualité n'y est pas et il faudra certainement une suite pour corriger ces erreurs dues essentiellement à cette précipitation de sortir rapidement un jeu pour concurrencer la nouvelle poule aux oeufs d'or d'Activision. Quelle déception , surtout quand on voit toutes les merveilleuses franchises que Disney a entre les mains.