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Riche, carré et passionnant pour les adeptes de customisation et de leveling, Disgaea 2 : Dark Hero Days est un bon titre dans l'absolu. Néanmoins, il fait preuve d'un immobilisme très dommageable et de problèmes bien trop récurrents depuis le premier opus pour être acceptables. Il serait temps que Nippon Ichi Software revoit sa copie et propose enfin un épisode de sa série phare vraiment innovant. Surtout sur une PSP plutôt agréable pour ce type de jeu.
- Une richesse impressionnante
- Une ambiance délirante attachante
- Des attaques disproportionnées
- Une durée de vie ahurissante
- Une bande-son originale et très diversifiée
- Une compatibilité avec la sauvegarde du premier
- Un scénario inédit dédié à Axel
- Des ajouts sympathiques...
- …qui n'empêchent pas un manque d'innovation
- Graphiquement très limité
- Scénario en retrait face aux épisodes 1 et 3
- Problèmes de caméra récurrents
- L'obligation du leveling à outrance
- Difficulté pouvant être rédhibitoire
- Plus de mode multijoueur
Arrivant plus de trois ans après le portage du premier épisode de la série décalée de Nippon Ichi Software, Disgaea 2 : Dark Hero Days est l'adaptation sur PSP du second épisode. Après un petit apéritif/spin-off plutôt original portant le nom de Prinny : Can I Really Be the Hero ?, la série revient donc à sa chronologie principale. Se trouvant déjà difficilement une vraie légitimité après les évolutions qu'avaient été Phantom Brave et Makai Kingdom, la version PS2 de Disgaea 2 paraissait à l'époque un peu morne. Ce portage sur PSP va-t-il suffire à lui rendre sa méchanceté perdue ?
Habituée à mettre en scène des personnages dont la principale occupation reste la misanthropie, la série de Nippon Ichi Software met un point d'honneur à ce que le Mal soit à la base de toute action, exception faite de ce Disgaea 2 : Dark Hero Days qui inaugure un héros assez moral et plutôt cliché, et donc nettement moins intéressant à suivre que Laharl ou Mao. Même la fourbe Rozalin s'empêtre dans des situations et des dialogues au goût de déjà-vu. Le casting "secondaire" s'avère en revanche nettement mieux fourni avec des personnages complètement barrés, comme Tink la grenouille démoniaque aux deux visages, Yukimaru ou encore Axel, l'auto-proclamé Dark Hero qui sert ici de base à l'une des principales nouveautés du jeu. En effet, outre la trame originale suivant les traces d'Adell dans sa lutte contre l'Overlord Zenon, Disgaea 2 : Dark Hero Days s'attarde également, comme son nom l'indique, sur Axel. Prenant la forme d'une courte aventure de quatre chapitres, le récit des exactions de la star déchue permet de contrebalancer quelque peu la trame principale en incarnant un anti-héros assez pâlichon mais plus convaincant qu'Adell. D'autant que ce n'est qu'une fois que vous aurez terminé ce pan inédit de Disgaea 2 : Dark Hero Days que vous débloquerez enfin les nouvelles possibilités offertes par cette adaptation. Sachant qu'il n'est disponible qu'une fois le scénario original bouclé, le sentiment du copier-coller sans vergogne demeure un bon bout de temps. La frustration qui va avec également.
Disgaea 1.5 ou 2.5 ?
Adaptation oblige, Disgaea 2 : Dark Hero Days comporte les mêmes défauts que son ancêtre sur PS2, à savoir un manque cruel d'innovations comparé au premier opus. Dès les premières batailles, voire la découverte des divers menus, le joueur reprend immédiatement ses marques. Au point même de se demander s'il n'est pas devant un simple dérivé dans lequel les sprites des protagonistes auraient simplement été échangés. Un confort de jeu appréciable dans le fond effectivement mais qui retire toute notion de surprise et qui donne à réfléchir sur l'intérêt de son achat. D'autant qu'aucune évolution graphique n'est à signaler. Pire, les problèmes de visibilité sur plusieurs cartes, dus à une caméra trop rigide et un manque de points de vue pratiques, sont toujours présents. Une mauvaise habitude prise par le studio japonais dans la conception de sa série qui subsiste dans cette déclinaison portable. Malgré tout, la richesse inhérente à cette même série parvient à faire ressurgir l'intérêt hors des limitations d'inspiration de Nippon Ichi Software. En effet, outre l'aventure principale s'étalant sur plus d'une quarantaine d'heures en ligne droite, Disgaea 2 : Dark Hero Days propose le désormais classique mais toujours intriguant Item World. Dans les faits, ce monde surréaliste existe dans chacun des objets de l'inventaire. Ces derniers, à l'image des divers personnages, possèdent un niveau que vous pouvez faire progresser en avançant au travers des divers stages qui les composent.
Dès les premières batailles, voire la découverte des divers menus, le joueur reprend immédiatement ses marques. Au point même de se demander s'il n'est pas devant un simple dérivé dans lequel les sprites des protagonistes auraient simplement été échangés."
Abritant des challenges relativement corsés par rapport aux zones en rapport avec le scénario, l'Item World est la zone idéale pour augmenter le niveau de ses guerriers. Il est aussi le passage obligé pour la maîtrise des Géo-Stones. Sorte de pierres magiques, elles comportent des spécificités, comme une augmentation de l'expérience, un empoisonnement immédiat ou encore une baisse de 50% de la défense, mais aussi d’autres modifications de statuts. Disposées sur des cases de couleurs, ces pierres appliquent leurs "capacités" à toutes les autres cases d'une même teinte. Un système très intelligent, faisant de chaque combat une espèce de partie d'échec durant laquelle le joueur peut influer sur son déroulement en jetant des Géo-Stones intéressantes pour son équipe sur les zones colorées qui lui sont favorables. Le tout en gardant à l'esprit le fait qu'une pierre d'une couleur précise détruite et placée sur une case d'une certaine nuance, va détruire toutes les autres cases similaires. Au joueur donc de bien préparer son action pour provoquer des réactions en chaînes dévastatrices. Un principe rapidement addictif qui fonctionne de pair avec une religion de la customisation et de la création, vous donnant accès au fameux niveau 9999 et à un nombre de classes et de personnages impressionnant. Mais la simple reprise d'un système de jeu de grande qualité ne fait pas automatiquement du jeu cible un titre d'exception. Et ce malgré l'arrivée très tardive (une fois l'histoire d'Axel terminée) du principe du Magimorph, hérité de Disgaea 3 : Absence of Justice, de nouveaux compagnons de jeu et d'objets inédits.
Le retour de trop ?
Exhaustif, carré et particulièrement profond, Disgaea 2 : Dark Hero Days possède une autre qualité, celle de bien correspondre à sa console-hôte. Adapté avec soin sur PSP, tout du moins du point de vue graphique, le titre de Nippon Ichi Software affiche des sprites non déformés par l'écran 16/9 et se révèle très agréable à jouer de manière nomade sur de petites sessions. Néanmoins, toutes ces qualités n'empêchent pas le jeu d'accuser un sévère retard graphique du haut de ses trois ans d'existence et de souffrir de problèmes récurrents depuis cette même époque. Disgaea 3 : Absence of Justice commençait déjà à tourner en rond, surtout face à un Phantom Brave et un Makai Kingdom pourtant sortis il y a plus de quatre ans, mais bien plus propices à l'innovation dans le monde du T-RPG. Cette réédition de Disgaea 2 : Cursed Memories remonte à la surface des défauts de conception et une imagination ludique quelque peu en berne, ce qui lui confère le rôle de l'épisode de trop. Un aspect excessif à peine caché par des ajouts nombreux mais qui ne corrigent pas foncièrement la redondance de son concept. Reste que si cet épisode est votre première expérience avec la série, vous découvrirez un jeu profond, délirant et attachant. Si vous n'êtes pas allergique à une difficulté rebutante et à un culte du leveling. Car de ce point de vue là, Disgaea 2 : Dark Hero Days abrite bel et bien la part maléfique qu'il manque à son héros.