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Après les séduisantes Chroniques de Sadwick, le studio Daedalic Entertainment nous confirme qu'il est capable de créer des jeux d'aventure qui tiennent la route et qui n'ont pas trop à rougir face aux mastodontes du genre. Deponia présente ainsi un capital sympathie très élevé, même si on est encore loin de la perfection. La difficulté parfois rebutante des énigmes et quelques maladresses dans la construction des personnages et du scénario le privent ainsi du statut de hit. Heureusement, le prix raisonnable et l'inclusion de la bande originale sous forme de CD audio font que les amateurs de jeux d'aventure ne pourront dans tous les cas pas trop regretter leur achat.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Deponia
- Interface efficace
- Ambiance humoristique
- Voix anglaises de qualité
- Prix raisonnable
- Bande originale incluse
- Certaines énigmes trop tordues
- Quelques personnages sous-exploités
- Fin un peu décevante
- Pas le meilleur titre du studio
- On ne quitte pas Deponia...
Spécialisé dans les jeux d'aventures, le studio allemand Daedalic Entertainment oscille entre les productions à l'ancienne, telles les sympathiques Chroniques de Sadwick, et les créations plus grand public, basées sur la simple recherche d'objets cachés. Deponia appartient fort heureusement à la première catégorie, et mérite donc un test en bonne et due forme. D'autant plus qu'après la version dématérialisée sortie cet été, une version physique est désormais disponible en magasin.
Evoquons d'ailleurs tout de suite des questions d'édition, puisque cette version boîte possède plusieurs atouts spécifiques. Vendue à moins de trente euros, elle intègre non seulement le jeu mais également un CD audio de la bande originale. Elle est également la seule à être accessible aux anglophobes, puisque la version dématérialisée ne propose que des sous-titres anglais. Ici, nous avons bel et bien droit à un sous-titrage en français. Les voix demeurent tout de même dans la langue de Shakespeare, mais il n'y a vraiment pas matière à s'en plaindre car elles sont fort convaincantes. Un médiocre doublage en français n'aurait vraiment pas servi l'aventure. Cette dernière joue sur le registre de l'humour et nous place dans la peau du roublard Rufus, malheureux habitant de la non moins sinistre planète Deponia. Véritable décharge à ciel ouvert, cette planète est essentiellement constituée de montagnes de déchets parcourues par des rivières boueuses. Dès lors, il n'est guère étonnant que Rufus passe son temps à élaborer des plans farfelus pour réussir à quitter sa terre natale. Son but ultime ? Atteindre la riche planète Elysium ! Le destin va d'ailleurs lui faire croiser une charmante élysienne, qui se retrouve malencontreusement coincée sur Deponia après une terrible chute. Pour la sortir du coma, il va falloir déployer des trésors d'ingéniosité car le jeu propose des énigmes assez relevées. Dans certains cas, on ne peut que s'en féliciter car elles nous rappellent les bons moments passés au siècle dernier sur les Monkey Island. Dans d'autres, on peste violemment car leur logique tordue nous échappe totalement. La balade n'est donc pas de tout repos, et on ne vient à bout de l'aventure qu'au prix d'une réflexion et d'une patience extrêmes... ou d'un coup d’œil sur les solutions disponibles en ligne. De votre comportement dépendra donc la durée de vie du titre, qu'on peut tout de même évaluer à une dizaine d'heures en moyenne pour ceux qui ne trichent pas et ne zappent pas les dialogues.
Tu pointes ou tu cliques ?
Quelques aides sont tout de même disponibles pour faciliter la progression des joueurs. Ainsi, les puzzles au sens plus ou moins strict du terme peuvent être passés si on le souhaite, c'est à dire résolus automatiquement. La touche espace permet par ailleurs d'afficher à l'écran l'emplacement des différentes zones interactives. En revanche, il n'y a pas de système d'indice pour vous mettre sur la voie des associations d'objets à effectuer pour débloquer telle ou telle situation. Tout juste peut-on compter sur les dialogues avec les différents personnages pour nous donner quelques rares et discrets indices. D'ailleurs, parlons-en des personnages : certains sont franchement désopilants ou attachants, tandis que d'autres manquent de profondeur et sont clairement sous-exploités. C'est en réalité une constante du jeu que de souffler le chaud et le froid. Aux superbes décors peints à la main s'opposent par exemple des animations pas toujours suffisamment détaillées. Quant au scénario, intéressant dans l'absolu, il brise quelques espoirs en raison d'un manque de développement. Autant vous le dire d'emblée : alors que toutes les actions de Rufus ne visent qu'à atteindre la planète Elysium, qu'on imagine luxuriante et qu'on a hâte de découvrir, notre héros ne mettra finalement pas les pieds en dehors de Deponia. Une petite punition et une sacrée déception, pour lui comme pour le joueur. En revanche, aucun reproche à faire en ce qui concerne l'interface ! Elle sait se faire discrète la plupart du temps, afin de nous faire profiter au mieux des décors ; les deux boutons de la souris suffisent à réaliser toutes les actions ; et elle intègre même une petite innovation qui sera certainement reprise à l'avenir par de nombreux titres du genre : un simple coup de mollette suffit à ouvrir l'inventaire. C'est bien plus pratique que de devoir cliquer sur une icône, même si un tel système reste activable dans les options pour les plus réfractaires à la nouveauté. Quand on fait la somme des défauts et des qualités du jeu, il apparaît au final que Deponia est un titre sympathique plutôt qu'indispensable. C'est déjà pas mal !