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Oui, Dead Rising est un brin répétitif. Oui, son système de progression et de sauvegarde est frustrant au possible. Mais bon sang que ce jeu est jouissif ! Véritable hommage au film culte de George A. Romero, le beat’em all de Capcom transcende le genre en le poussant dans une sphère émotionnelle que seule une console nouvelle génération pouvait nous y amener. Jamais pareille foule n’avait été aussi bien retranscrite dans un jeu vidéo, sans pour autant faire vaciller le frame-rate. Dead Rising joue la démesure, aussi bien verbale que physique dans le sens où le joueur risque bien d’être soufflé par cette expérience ludique inattendue. Etonnant les premières heures, frustrant par la suite, Dead Rising termine en apothéose tout en faisant monter crescendo notre adrénaline. Notre jeu de la rentrée !
- Un nombre de zombies hallucinant
- Une pléiade d’armes différentes
- La variété des actions
- Une technique qui assure
- Jouissif au possible
- Le système de customisation
- Le second degré permanent
- Ce côté gore qu'on adore
- Les clins d’œil au 7ème art
- Un système de sauvegarde frustrant
- Une progression et une narration en dent de scie
- Quelques boss trop simples à battre
- Devoir recommencer le jeu plusieurs fois
- Pas de mode multi
- Loadings un peu longuets
Capcom et les zombies, c’est une longue histoire d’amour. D’ores et déjà responsable de Resident Evil 4 - chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre - l’éditeur et développeur japonais nous plonge à nouveau dans l’univers chaotique des morts-vivants, celui engendré par un certain Romero. C’est aussi un monde débordant de superlatifs, aussi bien dans la forme que dans le fond qui parvient à hisser au sommet notre expérience ludique que seule une console next gen’ pouvait accomplir. Avec Dead Rising, Capcom nous garantit une grosse montée d’adrénaline.
Comme tous les journalistes, Franck West est curieux. Alors lorsqu’il apprend que le scoop du siècle l’attend à Willamette – une petite bourgade de 50 000 habitants située quelque part dans le Colorado – notre reporter s’empresse de sauter dans un hélico pour se rendre sur les lieux. Sur place, il découvre une ville infestée de zombies et d’ores et déjà quadrillée par l’armée américaine. Pris en chasse par trois hélicoptères de l’US Army, Frank West est parachuté en catastrophe sur le toit d’un centre commercial, qu’on appellera désormais mall (le nom anglais), histoire de se la raconter bilingue. Notre journaliste tout terrain va donc devoir attendre 72 heures avant que les secours ne viennent le chercher. Trois jours d’attente qui vont lui permettre de découvrir le pot aux roses et savoir ce qui se cache vraiment derrière cette montée en puissance des morts-vivants. Nul besoin d’être cinéphile pour comprendre que Capcom vient d’adapter en jeu vidéo le film culte de George A. Romeo : Zombie.
Mall of the dead
Dead Rising débute de manière plutôt atypique, puisqu’il est demandé au joueur de prendre quelques photos des environnements. Attention, pas n’importe lesquelles ! Des clichés dignes de figurer en première page des journaux à sensations. Il ne tient donc qu’à nous de saisir les moments forts (un homme qui se fait "chahuter" par des zombies, une femme chutant du toit d’un hangar, une station d’essence qui explose, un school bus pris d’assaut) qui seront récompensés par des points d’expérience. Sauver des innocents ou les laisser mourir pour obtenir l’image du siècle, voilà le choix cornélien qui se posera systématiquement tout au long du jeu. Cela fait d’ailleurs partie de l’une des grandes libertés qu’offre le gameplay de Dead Rising. Dans l’absolu, le jeu est construit un peu de la même manière qu’un GTA dans le sens où le joueur est libre de se déplacer où bon lui semble dans les décors, ici le mall en l’occurrence. A l’instar du titre Rockstar Games, certaines parties du centre commercial ne deviennent accessibles qu’au fil du jeu, soit en en déverrouillant certaines portes, soit en progressant naturellement. C’est à ce propos l’un des dangers de Dead Rising, à savoir que le temps nous est compté et que les différents objectifs qui se succèdent (principaux comme facultatifs) doivent être résolus selon un tempo imparti. Le joueur se retrouve donc rapidement dans une impasse qu’il ne comprend que tardivement, à savoir choisir le type d’objectifs qui ne cesse de s’afficher à l’écran dès lors qu’on ait décidé de répondre à Otis, l’opérateur téléphonique, un brin insistant et n’appréciant guère qu’on lui raccroche au nez.
Fort heureusement, déclencher le timer d’une mission proposée par notre ami de l’autre bout du fil n’a pas de grandes répercussions sur la trame scénaristique. Il n’en demeure pas moins que la narration de Dead Rising est en dent de scie, entre-coupée parfois de temps mort assez longs ou ne laissant parfois que quelques minutes pour traverser le mall d’un bout à l’autre. C’est assez fastidieux et c’est bien là le véritable problème de Dead Rising. Personne n’y échappe et il est certain que n’importe quel joueur devra recommencer le jeu depuis le début pour terminer le jeu comme il l’entend. Car les embranchement scénaristiques sont nombreux et comprendre qu’il faut à un moment T cesser de vagabonder dans les magasins du centre commercial, à la recherche de la dernière fripe en vogue ou de l’arme la plus efficace, est un détail qu’il va vite falloir oublié. Dans l’absolu, il faut même avoir le configuration des lieux et du scénario pour terminer le jeu d’une traite sans fausse note ni faux pas. Ainsi, Capcom s’assure une durée de vie faussement augmentée mais permet en contre-partie d’intensifier la dramaturgie de nos actions. Défaut ou qualité ? Chacun y va de son opinion.
Aussi téléphoné soit-il, le scénario de Dead Rising dispose de quelques rebondissements sympathiques qui tiendront le joueur en haleine. En effet, quand bien même le jeu affiche des quantités hallucinantes de zombies, quelques survivants se chargeront également de faire la conversation à Franck West, bien décidé à élucider le mystère qui plane au-dessus de Willamette. S’il passe son temps à décaper du zombie, Franck se retrouve régulièrement en face d’êtres humains encore plus barrés que ces légumes déambulant à 2 km/h. Ces personnages saugrenues font généralement office de Boss, plus ou moins puissant les uns les autres mais qui dispose chacun de leur histoire personnelle. Steven et son chariot truffées de lames aiguisées protègera son magasin jusqu’à la dernière goutte de sang tandis que Cliff reconstituera sa vision de la Guerre du Vietnam chez Castorama. Sans oublier Cletus à la gâchette facile qui empêchera Franck de lui soutirer une arme à feu et Adam, un clown en fin de carrière qui a décidé de pimenté avec se baladant avec deux tronçonneuses à la main. Les Boss sont relativement nombreux et restent dans le jeu des moments d’affrontements assez anthologiques.
Blood Factor
Si Dead Rising emprunte quelques ingrédients à GTA, le jeu lorgne davantage vers le beat’em all massif, comparable à un Dynasty Warriors, et le nombre de morts-vivants n’a pas à rougir face au titre signé KOEI puisque le surclasse haut la main. La Xbox 360 sort ses tripes pour nous afficher à l’écran une quantité de personnages qui dépasse parfois l’entendement, surtout lorsqu’on se déplace en véhicule et que le système de pop-ups a été intégré au jeu de manière très subtil. . Un nombre qui ne fait que croître en fonction de l’avancée dans le jeu. Heureusement, Franck dispose d’un arsenal plutôt conséquent pour se débarrasser de ces zombies et n’hésitera d’ailleurs pas à utiliser tout ce qui lui passe entre les mains pour se frayer un chemin. Poubelle, chaise, banc, batte de base-ball, pot de fleurs, les premiers objets qu’il utilisera au début restent très classiques. Il faudra jouer quelques heures et fouiller dans les moindres recoins avant de passer à la catégorie supérieure, celle qui permet de faire grimper notre sentiment de puissance d’un cran. Tondeuse à gazon, faucille, marteau, hache de pompier, katana, épée, tronçonneuse, fusil à pompe, uzi, machette, il y a de quoi faire de gros bobos chez nos amis les zombies. Ca tombe bien, ils sont de nature assez fragiles et il ne sera donc pas rare de leur arracher un bras, une jambe ou, mieux encore, une tête.
A ces armes déjà bien nombreuses viennent s’ajouter les véhicules (moto, voiture, camion, tank) qui permettront à notre reporter d’avancer plus rapidement, mais surtout de faire grimper son score et donc ses points s’expérience de manière plus efficace. Une jouissance assez primaire, tout comme le système de sauvetage des innocents que Franck est amené à escorter jusqu’au QG, dernier bastion humain de ce mall zombifié. L’astuce pour les amener à bon port est simple couchée sur le papier mais diablement corsée une fois sur le terrain. L’interaction entre Franck et ses acolytes est limitée. "Follow me", "stay there", ce sont les seules actions que peut exiger notre reporter. Toutefois, il arrive par moments qu’il faille les aider physiquement dans le sens où Franck peut très bien les porter dans le dos, en cas de cheville foulée. Dans le cas présent, notre héros ne pourra pas se défendre et choisir la voie de la fuite semble être une bonne solution. Un détail plutôt bienvenu et qui permet ainsi d’augmenter un peu plus la pression.
Frankie goes to Hollywood
Beat’em all par nature, Dead Rising emprunte néanmoins quelques ingrédients aux, permettant à notre héros photographe d’évoluer durant ces 72 heures de combat acharné. Franck peut ainsi débloquer des compétences qu’il n’avait pas au départ, comme ses techniques de combat au corps à corps qui lui permettront de se sortir de situations périlleuses. Des techniques qui défilent lors des nombreuses pages de chargement, un brin longuets, mais qui permettent d’avoir un aperçu rapide des différentes compétences à débloquer ou à échanger en fonction du nombre de points d’expérience acquis. Des Sims, Dead Rising a aussi emprunté le système de shopping. Souvent, pour passer le temps, il est possible de se rendre dans un magasin de fripes pour changer de tenue. Franck peut ainsi aussi bien enfiler une tenue pour enfant que faire le bellâtre habillé en costume trois pièces, avec une petite coupe fashion, que de se travestir des talons aiguilles aux pieds. Grisant tout comme ce second degré permanent qui permet au joueur averti de prendre du recul face à cette recrudescence de violence, pourtant nécessaire à la contribution du succès du jeu de Capcom. Un succès plutôt mitigé si l’on se met à évoquer la construction globale du jeu.
La progression de Dead Rising a été étudiée avec minutie, c’est évident, et le système de sauvegarde assez frustrant par la même occasion. Il existe seulement deux points de sauvegarde : les toilettes et la chambre de sécurité (QG), le point de départ du jeu. Seulement voilà, après avoir battu un Boss par exemple, il nous est souvent demandé de retraverser une galerie toute entière infestée de zombies pour pouvoir sauvegarder la progression. Chose un peu compliquée lorsqu’il ne reste que deux ou trois carrés de vie et que les armes se font rares (à l’inverse des diamants, elles ne sont jamais éternelles). Une frustration qui se fait également sentir au niveau du nombre de missions à effectuer simultanément et qui, en cas d’échec, nous oblige à zapper certaines séquences intéressantes du jeu. Il n’y a rien de plus frustrant que de devoir recommencer le jeu depuis le début et quand bien même l’évolution de son personnage est sauvegardé, ce sont des heures de jeu qu’il va falloir s’enquiller à nouveau.
Pour continuer à énumérer les défauts de Dead Rising, de mauvaises langues se chargeront également de clamer que le gameplay est répétitif dans le sens où l’on passe la plupart du temps à éclater du zombie. Certes, mais n’oublions pas que nous sommes en face d’un beat’em all qui, par définition, nous oblige à tapoter sur la manette de manière permanente. Il y a certes une certaine répétitivité dans les actions, mais elles concordent parfaitement avec le concept élaboré par Capcom, qui en reprenant le système de survie d’un homme entouré de zombies dans un centre commercial, s’exposait à une certaine répétition. Malgré ces défauts fictifs, Dead Rising fait partie de ces jeux au fun immédiat qui procure une sensation de puissance et de jouissance assez rare pour être soulignée. Un mérite qu’on retrouve également au niveau de la technique, grâce à un ensemble graphique très réussi, affichant un frame-rate qui ne bronche pas d’un cil et ce, malgré un nombre de zombies à l’écran tout bonnement hallucinant. Bref, pas d’inquiétude à se faire, Dead Rising assure le spectacle de longues heures durant.