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A mi-chemin entre un Jet Set Radio et un Sonic, de Blob s’affranchit de ces illustres références pour offrir une expérience de jeu originale et amusante. Souffrant d’une caméra capricieuse et d’une prise en main pas toujours parfaite, notamment lors des phases de pure plate-forme, l’œuvre de Blue Tongue Entertainment développe néanmoins des mécaniques particulièrement ludiques. Porté par une bande-son d’enfer et des scènes cinématiques que ne renieraient pas les Lapins Crétins, ce titre d’action-aventure ouvre en grand ses vastes niveaux pleins de bonus à tous les amateurs de délires colorés mais réfléchis. Un jeu qui ravira tous les publics sans exception, et rejoint la liste des belles exclusivités de la Wii.
- Univers original
- Bande-son dynamique
- Bonus en pagaille
- Niveaux plus vastes qu'il n'y paraît
- Pour les petits et les plus grands !
- Caméra trop capricieuse
- Prise en main perfectible
- Assez répétitif
- Niveaux-bonus pas toujours palpitants
Il est toujours tentant de débuter le test d’un jeu Wii par une tirade sur cette console qui néglige les vrais joueurs, blabla, jeux de réflexion pour grands-mères, blablabla, Pokemon, blablabla concepts pour trentenaires ankylosés, etc. Fustiger la stratégie, lucrative, de Nintendo ne change toutefois rien à la situation. La Wii n’est pas destinée aux puristes, point. Pourtant, dans l’océan de titres de coaching physio-neurologique qui pullulent sur le lecteur DVD blanc, quelques créations originales méritent toute l’attention des gamers. De Blob est de celles-ci. Malgré quelques défauts formels, l’œuvre de Blue Tongue est une brillante surprise, à l’univers original et décalé.
Le paradis s’appelle Chroma City. Une ville chatoyante, peuplée d’individus épicuriens qui vivent d’art et d’eau fraîche et où le soleil brille toute l’année. Un tel bonheur finit forcément par susciter des jalousies, et l’infâme méga-corporation ENKR décide un beau matin d’envahir les lieux. Obsessionnel du noir et blanc, l’occupant aspire, à l’aide d’outils adaptés, toutes les couleurs de cette cité merveilleuse, et en réduit la population en esclavage. La résistance s’organise rapidement face à l’oppresseur, et bien que le groupe de défenseurs de la liberté soit extrêmement réduit, son efficacité est rapidement démontrée. Bras armé de la dissidence, de Blob compte bien redonner tout son éclat à la morne vie des travailleurs grisiens.
Arts et essais
Développé par des étudiants de l’Utrecht School of Arts, The Blob posait, en freeware et sur PC (le jeu est toujours disponible sur le réseau si vous cherchez un peu), les jalons de cette version Wii. Enthousiasmé par le concept, THQ s’est porté acquéreur des droits et a confié la conception du titre à Blue Tongue Entertainment. Une sacrée consécration pour un projet sympathique et qui démontre, s’il le fallait, le potentiel commercial des jeux imaginés dans les écoles spécialisées (ou non). En récupérant le bébé, le studio australien s’est toutefois empressé d’étoffer son background. Là où le volet original se contentait de propulser une créature rondouillarde dévoreuse de couleurs dans la ville d’Utrecht, qu’elle pouvait recolorer à sa guise, cette transposition sur console mise sur un univers original, au parti pris artistique plus radical. Boule colorée animée, de Blob évolue dans un monde en noir et blanc dans lequel il peut trouver des chromabots. En détruisant ces pots de peintures primaires (rouge, jaune ou bleu) sur pattes, Blob absorbe leur teinte et peut, en effleurant les objets alentours (un immeuble, un arbre, …) redonner des couleurs au monde. Votre héros fonctionne aussi comme une palette : mélanger deux couleurs, et vous en obtenez une troisième. Et si vous récupérez des bonus, les teintes dont s’orneront les éléments touchés ne seront plus uniformes, mais se pareront de jolis motifs.
Bubbleblob
De Blob n’est toutefois pas qu’un vaste jeu de coloriage. Vous évoluez dans différents niveaux, qui correspondent à des quartiers de la ville, et s’il vous faut systématiquement y manier les pigments pour récupérer un maximum de points et débloquer les portes qui vous mènent à la sortie, vous devez aussi y effectuer des missions légèrement différentes. Créatif mais également costaud, votre animal peut bondir sur les soldats d’Enkr afin de les éliminer. Originalité, attaquer les unités les plus avancées vous coûte des points de couleur. Contre une tourelle, vous devez ainsi disposer de cinquante points, peu importe la nuance. Si vous n’en possédez que trente, en sautant sur votre ennemi, vous allez perdre vos trente points, et vous retrouverez à vide. Si vous vous faites toucher avant d’avoir trouvé les vingt points manquants et achevé la bête, vous mourrez. Le héros bondissant peut également atteindre des hauteurs, en sautant de toits d’immeubles en passerelles surélevées, ou en utilisant des bumpers dispersés sur les cartes. Cette dimension plate-forme est d’ailleurs la moins convaincante du jeu, la faute à une caméra capricieuse et peu réactive. Le point de vue s’adapte trop lentement à vos déplacements, et il devient dès lors extrêmement délicat d’estimer les distances de saut. La physique même du personnage n’aide pas non plus à la tâche. Boule gluante, de Blob colle aux parois. Une adhérence insuffisante pour les escalader, mais qui permet de se laisser glisser mollement sur les surfaces. Rater un saut à cause d’un problème de caméra est déjà suffisamment agaçant, alors si en plus c’est pour se retrouver à dégouliner le long d’un immeuble que l’on ne visait pas, sans pouvoir réagir, on ne s’en sort plus. La gestion, perfectible et superficielle de la Wiimote n’arrange rien, puisque la seule action mimétique, le saut, échoue une fois sur deux.
Radio Crétin
A ces défauts formels vient s’ajouter une certaine répétitivité. L’objectif est toujours le même : se frotter à tous les bâtiments d’une carte afin d’obtenir le maximum de points. La difficulté augmente progressivement, les ennemis sont plus coriaces, les passages aériens plus délicats à négocier, mais le gameplay n’évolue pas fondamentalement. L’aventure n’en demeure pas moins très riche. Les cartes sont vastes, regorgent d’objectifs secondaires, et terminer un niveau à 100 % n’est pas à la portée de tout le monde. A ce titre, l’œuvre de Blue Tongue Entertainment pourra autant satisfaire les joueurs réguliers que les utilisateurs moins aguerris, qui n’exploseront peut-être pas les scores mais s’amuseront plutôt bien dans cet univers décalé. Empruntant autant à Sonic qu’à Jet Set Radio, ou même aux Lapins Crétins – dont les soldats d’Enkr semblent être les cousins en noir et blanc –, porté par une musique extrêmement entraînante et dynamique (pour chaque touche de couleur que vous ajoutez, un sample se fait entendre, qui s’accorde toujours avec le thème musical du niveau), De Blob est un titre décalé et vraiment amusant, qui déborde de bonus débiles.