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Encore plus acide que son prédécesseur spirituel, Dark Souls retire les petites concessions faites sur Demon's Souls. Tout est limité, chèrement payé et vite perdu. L'aide ne se monnaie que par petites doses alors que la détresse s'étend sur l'ensemble de l'expérience de jeu. Véritable Survival-RPG sans aucune pause, le jeu de From Software se maintient subtilement entre la haine et la fascination, la balance pensant toutefois vers un côté un peu imbitable cette fois-ci. Très hardcore, Dark Souls laissera immédiatement derrière les joueurs simplement à la recherche d'un A-RPG un peu corsé. Il s'adresse davantage aux amateurs de manic shooter où la défaite est une source de motivation. Et en cela il est difficile de trouver plus motivant.
- Une atmosphère oppressante
- Une maîtrise du glauque
- Bande-son de Sakuraba parfaitement en accord
- Le level-design ingénieux
- Un concept très fort
- Chaque combat est une bataille
- Le côté monde-ouvert
- Direction artistique très soignée
- Des boss qui font peur
- Les freeze et le lag en ligne (bientôt patché ?)
- Le gameplay toujours un peu lourdingue
- Les collisions encore très spéciales
- Techniquement limité
- Le côté outrageusement punitif
- Tout de même très proche de Demon's Souls
Dans une atmosphère globale de titres tirant vers une certaine facilité, avec une mise au placard du pur challenge, où le simple dépassement de ses propres performances était déjà une sorte d'aboutissement en soi, Demon's Souls était une sorte de pic d'adrénaline. Un titre qui n'expliquait rien, se contentait de punir et malgré tout de donner suffisamment de clés pour pousser à la progression. Jamais gagnant, mais jamais perdant non plus, le joueur pouvait s'accrocher, parce qu'il pouvait voir une possibilité, même infime, de réussite. Un concept allié à des mécaniques de gameplay intelligentes qui réinventaient le online. Presque un spin-off, Dark Souls tente à nouveau d'imposer ce cahier des charges démoniaques. La mort est-elle à chaque page ? Verdict dans notre test.
Darker than Black
Véritable suite spirituelle, Dark Souls emprunte de nombreux éléments de Demon's Souls, comme les indices/pièges marqués au sol par les joueurs, la conservation des items après la mort, à défaut des âmes, qui elles vous attendront bien sagement à l'endroit de votre défaite. Il vous faudra revenir les chercher en essayant de ne pas vous faire décapiter entre-temps, ce qui causerait la perte définitive de votre pécule. Un rouage connu des amateurs donc, qui donne une raison de ne pas tout lâcher en hurlant après sa défaite. Une sorte de système de carotte au bout du bâton, dans lequel ce dernier servirait aussi bien à donner des coups dans le dos qu'à tenir la récompense à distance. Élément extrêmement important, les âmes sont la base de tout ce qui peut vous aider, vous permettant non seulement de monter en niveau mais également de réparer votre équipement ou simplement faire vos emplettes. Difficiles à gagner, s'engrangeant en petit nombre à chaque victoire contre un adversaire, elles sont surtout difficiles à conserver. Il faudra sans cesse choisir entre l'augmentation d'une caractéristique à chaque montée de niveau et l'amélioration de son duo arme/armure auprès de forgeron perdus dans la nature. C'est là l'une des grandes nouveautés de Dark Souls, un univers ouvert à fouiller de fond en comble pour trouver des possibilités habituellement à disposition directe du joueur. Alors que Demon's Souls offrait un sas de décompression avec le Nexus, hub sans aucune menace, Dark Souls s'acharne à créer une sensation de danger constante. Et ce malgré la présence de feux de camps qui ressemblent un peu à ceux présents dans The Witcher. Seule source de chaleur, ces endroits sont paradoxalement rassurants et base de la souffrance du joueur. S'asseoir au coin des braises est l'assurance de récupérer toute sa vie et, si votre console est connectée, d'apercevoir les images fugaces des autres joueurs également en repos. L'opportunité, pendant quelques instants, de quitter son aventure solitaire. La contrepartie étant que cette halte ranime tous les ennemis vaincus, mis à part les boss et les adversaires spéciaux Cette excellente idée crée immédiatement une inquiétude quant au choix de se restaurer avec le risque de devoir encore se battre férocement contre des hordes de bestioles grouillantes ou de continuer un rush le plus long possible afin d'avancer. Au risque de se faire éliminer et de ne revenir qu'au dernier feu de camp ravivé. Malgré tout, le piétinement s'impose vite comme une solution viable, tant la difficulté se montre intraitable. Vous êtes mort.
L'armée des ombres
Avec sa musique calme et son ambiance moins oppressante que tout ce qui l'entoure, un peu à l'image des forges de Vagrant Story, le feu est également l'endroit où vous pouvez redevenir humain, en sacrifiant un objet nommé humanité. Uniquement récupérables sur les boss, certains ennemis retors et dans des endroits très bien cachés, cet item est l'un des plus précieux de Dark Souls. Retrouver son enveloppe originelle ouvre bien davantage les pistes de jeu avec l'une des features les plus marquantes de l'expérience Demon's Souls, l'interaction entre les mondes. Il vous est possible soit d'envahir la partie d'un autre joueur dans le but de le tuer et ainsi lui soutirer une précieuse humanité, soit de crier un appel à l'aide en inscrivant un message au sol, équivalents respectifs du principe du Black et du Blue Phantom de Demon's Souls. La tension naturelle du jeu monte alors d'un cran en sachant qu'il peut arriver de se faire embrocher alors à peine remis d'un combat éprouvant. Encore une fois très exigeant, le système de combat implique des duels épiques, tant les ennemis tirent parti de la moindre faiblesse. Des situations qui se compliquent très rapidement, à cause d'une jauge de stamina qui se vide comme une mauvaise blessure au moindre coup paré et à chaque estocade donnée. Il est donc très fréquent de se retrouver démuni en cas de prise de confiance ce qui ne pardonne pas face aux boss complètement cheatés du jeu. Impressionnants, ils ont tous leur point faible et un pattern précis qu'il faut observer durant de longues minutes et se remémorer une fois mort, pendant tout le chemin nécessaire pour revenir à leur antre. Une progression par à-coups brutaux, qui énerve et fascine, qui donne envie d'avancer pour soulager son ego et se prouver que c'est possible. Le problème est que cette gymnastique peut vite devenir épuisante, From Software étant sans doute allé trop loin dans la souffrance. Malgré sa difficulté Demon's Souls donnait un petit espoir par fragments alors que Dark Souls enterre sans arrêt la motivation. Limitant drastiquement les sorts pour les magiciens, n'offrant que 5 bouteilles d'Estus pour se soigner – renouvelées auprès des feux – Dark Souls pousse au danger, oblige le corps-à-corps. Une entreprise de démolition ludique qui passe aussi par un lock toujours aussi lâche et surtout par des problèmes de collision parfois fatals. Terrible et addictif, Dark Souls risque à tout moment de faire lâcher prise au joueur par sa propension à l'absence de concession maladive et sa répétition. Accrocher à Dark Souls surtout est un choix en connaissance de cause. Vous êtes mort.