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Retrouvez plus bas la suite de notre test de Dark Souls 2
- Un challenge comme il n'y en a nulle part ailleurs
- Ambiance terriblement déprimante mais tellement réussie
- Bande-son qui accompagne parfaitement l'aventure
- Pousse à réfléchir et à gérer sa prise de risque
- Des boss en veux-tu en voilà
- Un certain sentiment d'achievement
- Visuellement et techniquement dépassé
- Maniabilité apathique
- Beaucoup trop punitif
- Épuisant pour les nerfs
- Manque de nouveautés côté gameplay
Est-il encore besoin de présenter la saga des Souls ? Demon's Souls et Dark Souls ont déjà fait pas mal de bruit dans le monde du jeu vidéo, et même certains joueurs de Just Dance ont entendu les histoires, les légendes de ces forcenés agonisant devant leur télévision pour arracher à ces RPG un moment de bonheur. Mais refaisons tout de même un point ici. Dark Souls 2 est donc l'héritier des deux jeux cités plus hauts, des A-RPG mélangeant pas mal d'influences occidentales avec un soupçon de culture nippone, et dont la particularité est une difficulté outrageusement élevée et l'absence de véritables garde-fous dans son gameplay. Rassurons déjà ceux qui veulent l'être : Dark Souls 2 repart sur les mêmes bases que ses aînés, et ce sur de nombreux points. On y incarne un pauvre hère, touché par "la Malédiction" qui ne trouve rien de mieux à faire que de se paumer au milieu du mystérieux royaume déchu de Drangleic pour essayer tant bien que mal d'enrayer ce sort funeste. Il semblerait en effet qu'il y ait un lien étroit entre la chute de Drangleic, la Malédiction et la nature même de l’Âme... Vous allez donc devoir mourir et mourir encore, récolter des âmes, et trouver les plus grandes d'entre elles pour percer ce secret.
depressifs s'abstenir
Tout comme ses prédécesseurs, Dark Souls 2 dispose de qualités indéniables, à commencer par sa direction artistique et son ambiance dépressive à souhait. Une fois le tutoriel (très sommaire, bien entendu) passé, on est très rapidement saisi par cette sensation de profonde solitude et cette impression de civilisation sur le déclin, portées par une bande-son tout ce qu'il y a de plus mélancolique, qui réussit à accompagner au mieux les différents passages du jeu. Le hameau de Majula, qui vous sert de havre de paix, de base de mission, bref l'héritier du Nexus, n'est ainsi qu'un assemblage de ruines perché sur une crête venteuse au milieu d'arbres morts, et habité par des êtres aussi loufoques que désespérés. Tous les environnements respirent cette déchéance, cette grandeur perdue, en même temps qu'un certain malaise face au dépérissement et à la perversion d'un monde. Oui, Dark Souls est sombre, très sombre et sa vision torturée, malsaine de l'heroic fantasy fait vraiment mouche, il faut bien l'avouer. Cela va d'ailleurs de pair avec une narration morcelée et induite : rien ne vous est vraiment donné tout cru dans le bec dans le jeu de FromSoftware, y compris en ce qui concerne l'histoire de Drangleic. Il vous faudra observer, deviner, supputer, faire parler les PNJ au-delà de ce qui vous paraît nécessaire pour obtenir de précieux éléments de réponse. A noter d'ailleurs le doublage particulièrement réussi, avec finalement assez peu d'interlocuteurs, mais des voix travaillées aux accents parfois surpenants.
Vous allez voir du pays
Mais pour trouver des réponses, vous allez devoir encore une fois vous prendre par la main et vous lancer dans un monde vaste, varié, constitué de zones interconnectées ; une sorte de Metroid du RPG, pour peu qu'on prenne des pincettes avec la comparaison. Le voyage est exotique et les surprises sont nombreuses. Les cartes, panneaux d'indication et autres menus de quêtes sont toujours exclus de l'aventure et on se retrouve contraint de se faire ses propres repères, d'avancer à tâtons pour savoir où aller, ce qui est plutôt pas mal dans la mesure où ce système pousse à l'exploration ET à la réflexion. Tomber sur des portes fermées ou des impasses n'est pas rare, mais il faut alors savoir se relancer ailleurs pour mieux revenir plus tard, via un système amélioré de feux de camp, qui, on le rappelle, vous permettent de voyager rapidement, de régénérer les fioles d'Estus, de gérer ses sorts et ses objets tranquillement et de sauvegarder. On croit parfois avoir trouvé un chemin important pour finalement aboutir dans un cul-de-sac ou inversement : c'est ce rollercoaster constant qui fait aussi le sel du jeu, sachant qu'on progresse évidemment sous la menace de se faire zigouiller à tout moment par un piège inévitable ou un adversaire bien trop costaud. Là encore, Dark Souls 2 ne revient pas vraiment en arrière, puisque la difficulté très élevée est toujours au rendez-vous, au grand dam des moins acharnés d'entre vous.
Je vais te tuer plusieurs fois de suite
Comme dans les précédents opus, la mort vous attend partout et sous toutes les formes. Tous vos adversaires sont létaux, les pièges sont légion et votre barre de vie se vide à une vitesse impressionnante. Les habitués de la série le savent : la mort est inévitable, et plutôt deux fois qu'une. Au fur et à mesure de l'aventure, vous allez apprendre à devenir prudent et à jouer sous tension. Chaque fois que vous passez l'arme à gauche, vous ressuscitez au dernier feu de camp rencontré, en mort-vivant : vous gardez vos objets (alléluia), mais perdez votre Humanité, ce qui affaiblit certaines caractéristiques ainsi que votre jauge de vie maximale, qui continuera de chuter jusqu'à 50% si vous enchaînez les décès. Mais surtout, chaque mort vous prive des précieuses Âmes que vous avez récoltées en abattant vos adversaires. Ces dernières vous permettent d'acheter de l'équipement et des objets mais aussi de faire progresser vos stats. Autant dire qu'elles constituent la base de votre succès et que vous allez essayer de les récupérer à tout prix, à l'endroit précis où vous avez chuté. Seulement voilà : si vous mourez en chemin, elles seront perdues une fois pour toutes. Une bonne partie du challenge dans Dark Souls 2 est donc de mourir « stratégiquement », de gérer au mieux ses prises de risque, ses Âmes et son Humanité. On peut en effet se permettre de mourir un certain nombre de fois en mort-vivant avant que cela ne devienne vraiment très tendu, et qu'on ne soit contraint d'utiliser une des très rares Effigies Humaines dont on dispose pour retrouver son état normal.
Se faire buter dans un escalier en colimaçon parce que la caméra est devenue folle et qu'en donnant un coup, l'épée a cogné dans un mur, laissant son personnage se prendre des avoines parce qu'il a le temps de réaction d'un éléphant sous sédatif, non, ce n'est pas juste du challenge."
Dark Souls 2 est donc une question de dosage : faire en sorte de concocter un challenge assez conséquent pour avoir un vrai sentiment de puissance une fois qu'on a surmonté un obstacle sur lequel on a buté de nombreuses fois avant de l'avoir cerné, sans pour autant dégoûter le joueur. Et malheureusement, le côté répétitif et punitif prend bien trop souvent le dessus, d'autant que la difficulté du titre est parfois dure à encaisser. En effet, ce troisième épisode est visuellement et techniquement assez proche de ce qu'était Dark Souls premier du nom, c'est-à-dire à la ramasse. Sans parler de l'aspect esthétique du soft, qui a quelque chose comme 10 ans de retard mais qui est rattrapé par la direction artistique exceptionnelle, le côté technique est une vraie plaie pour la progression. Les collisions sont flinguées, les animations et le gameplay sont apathiques, les hitboxes des objets et des personnages sont approximatives au possible, et tout cela (entre autres) nuit considérablement à la résolution des affrontements. Et NON, mille fois non : se faire buter dans un escalier en colimaçon parce que la caméra est devenue folle et qu'en donnant un coup, l'épée a cogné dans un mur, laissant son personnage se prendre des avoines parce qu'il a le temps de réaction d'un éléphant sous sédatif, non, ce n'est pas juste du challenge ! Le jeu réclame une précision et une exigence hors du commun, alors qu'il ne l'offre même pas dans ses contrôles et c'est là, la grosse dichotomie du jeu. La parade est ainsi quasiment inutilisable, à moins de dizaines d'heures de maîtrise (et encore). Le problème, c'est que la maniabilité est plus qu'agaçante et qu'être sur les nerfs est le meilleur moyen de ne plus faire attention et donc de s'en manger une sur le coin de la tronche, ou de déraper dans un trou en voulant aller trop vite.
La connexion au jeu en ligne étant encore très aléatoire au moment de notre test, nous préférerons garder notre réserve sur ce point mais Dark Souls 2 ne semble pas chambouler la donne dans ce domaine. Vous pourrez toujours laisser et lire des inscriptions sur le sol pour aider, prévenir ou piéger les autres joueurs, ou même carrément vous inviter dans leur partie pour les aider durant un combat, récompenses à la clé. Évidemment, les invasions des parties des autres sont toujours au programme, même si From Software a promis de sévir avec les joueurs malveillants grâce à un niveau de pêché qui peut faire descendre la vie max en-dessous de cinquante pour cents.