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Test Dark Messiah of Might and Magic

Test Dark Messiah of Might and Magic
Les Notes
note Dark Messiah of Might and Magic 17 20 note multi-utilisateurs Dark Messiah of Might and Magic 4 5

En cette période de disette pour les amateurs de FPS, Dark Messiah of Might & Magic n’aurait pu être qu’un simple palliatif, un titre jetable, agréable mais incapable d’offrir une expérience de jeu suffisamment riche pour marquer les esprits. C’est tout l’inverse. Réalisé avec beaucoup de goût par des développeurs ambitieux, ce fruit improbable des amours contrariés entre action et rôle, est une très belle réussite. Son ambiance apocalyptique, sa violence froide, ses décors écrasants en rebuteront peut-être certains, adeptes de gunfights dans des villes animées. Mais force est de reconnaître qu’en transposant l’action à la première personne dans un contexte médiéval-fantastique à la fois grandiose et oppressant et en la parant d’un système d’évolution du personnages bien pensé, les Lyonnais parviennent, avec talent, à faire évoluer le genre. Et si nous n’irons pas jusqu’à prononcer le nom de Deus Ex (ah, raté !), référence ultime en matière de conjugaison de gameplay, l’ombre du titre mythique de Ion Storm plane définitivement sur le jeu d’Arkane Studios. Un gage de qualité…


Les plus
  • Ambiance incroyable
  • Combats dantesques
  • Héros évolutif
  • Level design brillant
  • Bande-son imparable
  • Quelques niveaux monumentaux
  • Combats sophistiqués
Les moins
  • L’inertie des armes est parfois excessive
  • Une ou deux maps de plus auraient été bienvenues
  • Temps de chargement un peu longs
  • Des ralentissements
  • Baisse de régime dans les chapitres centraux


Le Test

Quel est le point commun entre Doom III, Far Cry et Half-Life 2 ? Ce sont des jeux d’action en vue subjective, soit. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est leur date de sortie. Tous sont du même millésime : 2004. Alors que le FPS reste l’un des genres les plus prisés, des joueurs comme des éditeurs, les grandes années comme celle-ci se comptent sur les doigts propres de Maxime lorsqu’il déjeune au restaurant mauricien du coin de la rue. Et 2006 ne fait définitivement pas partie du lot. Malgré quelques tentatives de rafraîchir le genre, en y intégrant des innovations spatiales (Prey), en lui faisant explorer des contrées inhabituelles (Call of Juarez) ou en l’enrichissant d’une tripotée de bimbos souffrant d’éléphantiasis mammaire (Sin Episodes : Emergence), les maniaques de la gâchette n’ont, jusqu’à ce mois d’octobre, pas eu grand-chose à se mettre dans le chargeur. Et voilà que débarque, épée au clair, Dark Messiah of Might & Magic, la nouvelle production d’Arkane Studios. Un vrai-faux FPS qui fait vraiment mal à la concurrence.


Les prophéties ont de l’avenir. Si dans la vie réelle, ces prévisions du climat planétaire à très long terme ont tendance à ne jamais se vérifier – et ce quel qu’en soit leur auteur, charlatan illustre ou couturier à l’ouest –, il en va différemment dans les jeux vidéo. Quand de mystérieux oracles prédisent la venue dans quatre millénaires d’un élu qui sauvera le monde du chaos, ledit héros est toujours parfaitement à l’heure et, comble du bonheur, il s’agit souvent du personnage que vous incarnez.

Prophétie et fin des temps sont au rendez-vous de ce Dark Messiah of Might & Magic dont le scénario ne manque toutefois pas d’un brin de finesse retorse. Grands amateurs d’heroïc-fantasy devant l’éternel, les développeurs lyonnais, s’ils n’évitent pas bien des lieux communs, parviennent à préserver la dimension épique d’une aventure remarquable. Les premières minutes de jeu, qui vous voient, disciple d’un maître magicien, vagabonder dans un donjon à la recherche d’un mystérieux cristal, se posent là question ambiance. Pierres suintantes, ossements épars, décor écrasants, chez Arkane Studios, on s’y connaît en souterrains poisseux. Les dix niveaux du jeu confirment cette bonne impression, vous baladant dans des lieux à la fois exotiques et malsains, déshumanisés et mal fréquentés. Car Dark Messiah of Might & Magic est avant tout une boucherie, à la première personne qui plus est, un chouette carnage qui laisse des traces de sang sur des murs dévorés par la mousse. Orcs et gobelins, nécromanciens et dragons, cyclopes et autres abominations dressent leurs armes ébréchées et leurs pattes poilues entre vous et l’artefact légendaire que vous convoitez. Un FPS donc… mais pas seulement.

 

Half-Oblivion

 

Diriger un personnage à la première personne, trouver de nouvelles armes plus puissantes au fil des cartes pour charcuter plus élégamment des ennemis chaque fois un peu plus puissants, voilà qui est assez convenu. Transposer l’exercice dans l’univers de Might and Magic, l’initiative ne manque pas d’intérêt, mais là encore, le médiéval-fantastique, on commence à connaître. Pour se distinguer de la masse des pulvérisateurs de cervelle, ce plus ou moins successeur d’Arx Fatalis se pare d’un beau système d’évolution du héros. Chaque objectif atteint (et la construction des niveaux est telle que vous les remplirez presque tous) vous permet ainsi de récupérer quelques points d’expérience, à distribuer intelligemment dans un arbre de compétences. Celui-ci est divisé en trois parties : les compétences de combat, les compétences de magie, et une troisième catégorie intelligemment nommée : compétences diverses. Au fil de vos choix, votre héros se spécialise. Les vrais fourbes opteront ainsi pour des aptitudes de discrétion, d’archerie et d’attaque en traître ; les barbares mettront le paquet dans le maniement des armes et dans la résistance physique ; quant aux férus de pyrotechnie, ils apprendront quelques sorts explosifs. Les profils bâtards peuvent également participer à la fête, et rien ne vous empêchera, dans la limite de votre contingent de points, de créer un sorcier-voleur ou un mage guerrier.

 

La grande idée du titre consiste à offrir un level design adapté à tous ces profils. Quelle que soit votre approche, vous parviendrez à assouvir toutes vos pulsions. La conception parfaite des cartes permet à la fois aux furieux de foncer dans le tas aveuglément, et aux sournois d’éviter tout le monde, en jouant notamment de la construction verticale de bien des niveaux. La barbarie la plus franche n’est toutefois pas recommandée. A la différence de bien des FPS, Dark Messiah offre un vrai challenge. L’inertie des armes est importante et les affrontements au corps à corps n’ont pas la vélocité d’un règlement de compte à l’automatique. Ici, vous devez peser, et penser, chacune de vos attaque, viser soigneusement, esquiver constamment. Le nombre d’ennemis par carte se révèle finalement assez restreint, mais tous sauront vous donner du fil à retordre. Et pour peu que vous vous retrouviez au milieu de quatre bestioles enragées, vous avez intérêt à disposer de quelques fioles de santé sous peine de succomber rapidement, et ce particulièrement s’il s’agit de créatures rampantes, souvent délicates à atteindre. Exigeant donc, mais pas difficile pour autant. La progression se fait avec une remarquable fluidité, et votre quête ne sera ralentie que par un ou deux affrontements particulièrement éprouvants… et quelques errances dans des souterrains à la signalisation parfois sommaire. Ces quelques moments d’égarement sont largement compensés par la remarquable intensité de l’aventure.

 

Dark Messiah, c’est fort et magique

 

Malgré une baisse de rythme vers le milieu du jeu, avec un cinquième niveau trop vaste et une sixième carte assez rébarbative, une tension permanente habite le titre d’Arkane Studios, qui jongle avec brio entre séquences spectaculaires et passages apaisés. Le ton est donné dès le second niveau, lors d’une mémorable attaque de forteresse par un cyclope zombie (eh oui !), auquel vous devez échapper, avant de trouver un moyen de l’anéantir. Une course-poursuite est évidemment hautement scriptée, mais la mise en scène brillante, servie par une ambiance sonore parfaite, garantit une immersion totale. Les affrontements dantesques (dragons, araignée titanesque, ver géant) de ce genre se multiplient par la suite, tous plus chargés en adrénaline les uns que les autres. Dark Messiah of Might & Magic n’a néanmoins pas besoin de monstres monumentaux pour donner la chair de poule. Les environnements impeccables, véritables leçons de direction artistique, n’en finissent pas d’éblouir. Ainsi des dernières cartes souterraines, l’antre des nécromanciens et le donjon final, oppressantes à souhait. Cathédrales abyssales, hantées par les ombres, vaguement éclairées par une lumière sépulcrale, ces deux écrasantes merveilles semblent prêtes à refermer leurs lourdes portes sur un joueur assommé par leur démesure. Là encore, les apparences sont trompeuses puisque vous ne pourrez visiter tous les recoins qui se dessinent vaguement dans les ténèbres, mais le sentiment de progresser, au bord de l’asphyxie, dans un labyrinthe de pierre, est saisissant. Les séquences de plates-formes, particulièrement rébarbatives dans d’autres FPS, tirent parti de cette architecture vertigineuse. Toujours sur le fil, votre héros bondit de planches branlantes en improbables corniches. La prise en main très correcte et l’alternance parfaite entre scènes d’action et passages aériens rendent ces quelques acrobaties plaisantes, malgré les quelques ratages que tous, même les plus habiles, connaîtront.

 

Le plaisir à la source

 

La réalisation classieuse achève de convaincre de l’intérêt de Dark Messiah. Le Source Engine, que les Américains de Valve Software, adeptes d’Arx Fatalis, ont spontanément mis à la disposition du studio français, démontre ici, si besoin était, qu’il n’a rien à envier à quelques-uns de ses plus splendides concurrents. Les amateurs de Half-Life 2 retrouveront ici la mise en scène très cinématographique et l’énorme travail sur les expressions faciales qui caractérisent le jeu de chevet de Léo. Techniquement, c’est loin d’être ce qui se fait de mieux, mais textures et modèles, témoignent, à défaut d’une maestria du code, d’un bon goût très sûr. La gestion inégalée de la physique sert également largement le propos du jeu, qui use avec bonheur de la semi-destructibilité de certains décors et multiplie les interactions possibles entre vos sorts et les environnements (une boule de glace projetée sur le sol, et hop, vos ennemis glissent).

 

Joli et bien fait, Dark Messiah of Might & Magic souffre toutefois d’un certain nombre de ralentissements et de quelques temps de chargement excessifs. Pas de quoi fouetter un gobelin, mais quelques heures de travail supplémentaires auraient sans doute permis d’optimiser davantage un titre qui se laisse rejouer avec d’autant plus de plaisir qu’il offre des expériences de jeu bien différentes selon le profil adopté. Et la conclusion un peu abrupte de cette belle aventure ne retire rien au bonheur d’explorer un univers merveilleux, auquel il manque peut-être deux ou trois niveaux en extérieur et une interface d’inventaire moins lourdingue pour marquer au fer rouge une communauté avide de jeux d’action différents. Quelques lacunes vite pardonnées au regard de la qualité intrinsèque du produit qui s’impose comme le meilleur FPS sorti depuis bien longtemps.




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