Test également disponible sur : PS4

Test Concrete Genie : quand l'art plastique donne des couleurs à la PS4

Test Concrete Genie : quand l'art plastique donne des couleurs à la PS4
La Note
note Concrete Genie 14 20
Indéniablement, la grande force de Concrete Genie réside en sa direction artistique séduisante à laquelle il est possible de participer grandement : non seulement le jeu est étonnamment joli mais les nombreuses créations qu’il est possible de tracer plus ou moins librement lui donnent une âme singulière ravissante. Seulement voilà, cette idylle révèle assez vite ses faiblesses, justement sur tous les points qui en font un jeu vidéo plutôt qu’une expérience à part entière : du gameplay au level design en passant par la plate-forme et sa narration, l'ensemble s’avère trop fragile, trop classique pour nous prendre aux tripes tout du long, en ne sachant que peu se renouveler solidement. Sans tutoyer les sommets du jeu indépendant, Concrete Genie n’en reste pas moins une œuvre picturale attachante qui mérite le coup d’œil, pour peu que vous soyez amateurs de jolies images et insensibles à l’eau de rose.

Les plus
  • Un charme graphique et sonore indéniable
  • Une direction artistique à laquelle on peut participer directement
  • Graphiquement plutôt solide
  • Une aventure séduisante à l'âme prononcée
  • Le mode Photo est on ne peut plus adapté au genre
  • Une tentative de renouvellement vers la fin dans le gameplay...
Les moins
  • ... mais grossièrement fait et retiré aussitôt
  • Level-design trop classique
  • Plateforme ultra-linéaire
  • Des énigmes enfantines qui se répètent trop souvent
  • Un scénario cliché aux morales amenées maladroitement
  • Au final, c'est peut-être même un peu trop simple


Le Test

Dans un monde où la société s’avère un poil pessimiste sur bien des sujets, tous les gestes de positivisme sont plus que les bienvenus. Le jeu vidéo est évidement l’un des plus grands canaux pour dépeindre le monde qui nous entoure : parfois en s’appuyant sur un réalisme glaçant, parfois en prenant le parti pris de la poésie verdoyante… parfois en mixant habilement les deux. Concrete Genie essaie plutôt intelligemment d’officier dans cette dernière catégorie et Sony lui a, semble-t-il, donné à nouveau carte blanche après son très coloré Entwined. Une exclusivité PlayStation 4 plutôt discrète mais néanmoins pleine de bonnes intentions… Mais est-ce pour autant une valeur sûre en cette fin d’année chargée de blockbusters ?


Concrete GenieD’avance, Concrete Genie se présente comme un titre charmant. Réellement charmant. PixelOps, studio californien basé à San Mateo et fondé en 2014, a tout d’abord œuvré sur Entwined la même année : déjà, cet étrange jeu de rythme s’encrait dans une alchimie visuelle remarquable où les couleurs et les formes prenaient une place prépondérante dans l’aventure. Ici, la formule se voit diablement approfondie, passant du concept abstrait au véritable périple en 3D avec une histoire, des personnages, de la plate-forme et la petite dose d’action qui s’en suit. Une grammaire plus classique mais autrement plus difficile à manier, quelques soient les bonnes intentions qui forment la base du projet.

TOILE DE MAÎTRE

Concrete GenieConcrete Genie nous glisse dans la peau d’Ash, un jeune adolescent errant dans les rues de Denska. Ville autrefois affriolante, elle est aujourd’hui dénuée de ses habitants, les ténèbres ayant corrompues ses recoins et mis à mal sa réputation. Dans cet univers grisâtre fourmille également une petite bande de racailles, ennuyée par la vie morose de Denska et utilisant Ash comme tête de Turc. Pas cool. Notre cher bonhomme la fuit comme la peste, se réfugiant dans les innombrables créations qu’il dessine dans son petit carnet : il s’agit de son échappatoire, son petit refuge personnel dans lequel siègent des personnages tout droit sortis de son imagination. Evidemment, les méchantes fripouilles parviennent à mettre la main sur le dit-calepin qui vole immédiatement en éclats : toute la créativité d’Ash se retrouve alors éparpillée à travers la ville et il lui advient alors d’en récupérer la totalité. Toutefois, un détail pour le moins important vient très vite faire son apparition : il se trouve que l’imagination de notre héros prend vie – littéralement – et vient s’animer directement sur les murs au contact d’un pinceau magique, qu’il aura récupéré dans un mystérieux phare laissé à l’abandon. Dès lors, son but est relativement simple : Ash doit réanimer la ville en peignant sur les murs,  rallumant les ampoules disséminées là et là et récupérant les pages de son cahier aux quatre coins de la cité. Le tout, bien sûr, en esquivant au mieux les troublions qui tachent de lui barrer la route.

 

ART-DÉCO

 

Concrete GenieLe concept de Concrete Genie s’avère pour le moins intéressant puisque l’on doit peindre sur les murs pour allumer les lampes qui y sont accrochées : lorsque toutes les ampoules d’une zone ont retrouvé vigueur, la corruption des rues laisse alors sa place et ouvre la voie à d’autres régions que l’on devra purifier. Un schéma déjà connu du Dixième Art que l’on retrouve, par exemple, dans Sea of Solitude sorti plus tôt cette année ou le sympathique Saboteur de 2009 : tous partagent cette recoloration libératrice à l’exception qu’ici, dans Concrete Genie, on sera d’avantage acteur dans la direction artistique. En appuyant simplement sur R2 et en usant de la fonction gyroscopique de la manette – ou du stick droit, c’est selon -, on peut alors dessiner directement sur les murs le template préalablement choisi, récupéré et collectionné. Concrètement, cela se traduit par la possibilité de mettre un soleil, une lune, des fleurs, des nénuphars, des cascades d’eau, des totems et des dizaines d’autres éléments sectorisés par thèmes (eau, glace, jungle, etc.) pour constituer votre propre tableau selon votre propre interprétation. Ces motifs ont en plus la particularité d’être tous animés et parfois interactifs, revigorant littéralement n’importe quelle façade laissée à l’abandon.

Concrete GenieUne idée de game design et de gameplay qui séduit très, très vite et tout particulièrement si vous avez la fibre artistique. Rapidement émerveillé, on se retrouve alors à passer un temps infini sur chaque surface vierge pour expérimenter de nouvelles idées et donner un peu plus de dynamisme à cette ville meurtrie. Il est également possible de peindre des Génies, attribuer à ces créatures en 2D intelligentes,  selon plein de critères à disposition – des oreilles, des cornes, des queues, des chapeaux et l’on en passe, qui sont à récupérer à travers les niveaux. Ces personnages sympathiques évoluent sur les murs et filent des coups de main pour avancer dans les zones, souvent bouchées par des éléments divers comme un interrupteur en panne, une caisse bloquant la sortie ou une voiturette mal garée. Appelés en renfort, ces génies de feu, d’électricité ou de vent peuvent ainsi interagir avec ces obstacles pour vous aider dans votre progression ; parfois, il est aussi demandé de leur faire des dessins avec des éléments précis. Des énigmes, littéralement, qui s’avèrent toutefois simplissimes, d’autant plus que les indices pointent (un peu trop) vite le bout de leur nez. Sur son ensemble, on sent que Concrete Genie est aussi très adapté au jeune public avec une difficulté enfantine évidente : il en est de même pour les « affrontements » avec les autres adolescents où l’on se devra simplement de fuir en grimpant sur les toits. Les game over de Concrete Genie n’en sont d’ailleurs pas vraiment puisque l’on réapparaît simplement sans aucune incidence sur notre progression : on ne sent donc pas vraiment challengé par l’aventure.

LE DIXIÈME ART

 

Concrete GenieNon, le parti pris du soft est avant tout, comme vous l’avez compris, créatif et artistique… et surtout si vous avez des atomes crochus avec les matières en question.  En soi, il est tout à fait possible de purifier les zones en passant un simple coup de pinceau de quelques secondes et d’enchaîner les secteurs mais là n’est pas le but : Concrete Genie donne la possibilité aux amateurs de culture d’exprimer leurs envies ou, du moins, de s’essayer à l’imagerie par un système vulgarisé et allégé. S’il fait assez vite ses preuves et que l’on récupère, fort heureusement, de nouveaux templates au long de l’aventure permettant de varier nos chefs d’œuvres, force est de constater que les mécaniques révèlent très rapidement tout leur potentiel et donnent ainsi lieu à une certaine répétitivité. Il semble nécessaire d’avoir donc, d’emblée, une âme d’enfant facilement sensible au concept pour retarder son épuisement : en dehors de sa peinture, force est de constater que Concrete Genie repose sur des idées extrêmement basiques, de la légèreté de ses phases de plate-forme au classicisme de son level design sans oublier, malheureusement, une certaine pauvreté dans le gameplay. Dans son dernier quart, pourtant, Concrete Genie surprend en instaurant de véritables éléments de combats : une petite bouffée d’air frais qui révèle précipitamment ses limites, la rigidité de ses combats et leur imprécision trahissant un certain manque de temps ou de moyen des développeurs. De même, l’histoire s’appuie une écriture assez faiblarde et des thématiques grossièrement traitées, aux dénouements prévisibles et aux morales bienveillantes… mais tellement mièvres qu’elles entachent quelque peu les messages véhiculés.

 

Concrete GenieEn revanche, là où Concrete Genie s’applique encore et toujours, c’est encore une fois dans la beauté artistique qu’elle fabrique : étonnamment joli et disposant d’effets de lumières plus qu’agréables et de particules nombreuses, le titre de PixelOpus est un petit bonheur graphique auquel on ne s’attendait pas. Ses couleurs chatoyantes parfaitement maîtrisées permettent de souligner agilement chacune de nos créations picturales, d’en faire ressortir la beauté alors même que l’on s’est attelé indignement à une bouillie de pixels hétérogènes et difformes : on regrettera juste un framerate de 30fps pas toujours très stable sur PS4 Pro qui, heureusement, se voit rehaussé par une résolution en 4K plus que bienfaitrice pour ce genre de jeu. Côté bande-son, les développeurs s’en sortent également très bien  avec un soin tout particulier apporté à l’OST, douce et scintillante, à laquelle il est possible de participer directement puisque des notes interactives sortiront à chaque coup de pinceau aligné. Au final, il est difficile d’estimer une durée de vie précise pour Concrete Genie puisque celle-ci dépendra surtout de votre volonté à passer plus ou moins de temps à peindre les murs : en ligne droite, le tout peut être ainsi bouclé en plus ou moins six heures, et deux heures de plus - ou davantage – pour les joueurs attentionnés. C’est court, certes, surtout que le end game n’apporte absolument rien mais il faut bien avouer que les mécaniques de jeu n’avaient pas grand-chose de plus à apporter. Pour moins de trente euros, l’expérience reste honnête et originale.


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