Test Conan Unconquered : un jeu de stratégie barbare ou barbant ? sur PC
10 20
Excellent ce petit free-to-play en accès anticipé ! Certes, il lui manque encore beaucoup de modes de jeu, il commet quelques erreurs de jeunesse, et les graphismes sont un peu datés, mais on s'y amuse déjà pas mal. Et puis vu que c'est gratuit, on ne pas se plaind… ah, on me signale dans l'oreillette que Conan Unconquered est en réalité un jeu fini, vendu trente euros, et qu'il faut même en débourser quarante pour l'édition deluxe et son héros supplémentaire. Tout ça pour un unique mode de défense face à des vagues d'ennemis toujours plus agressives ? Franchement, on aurait encore préféré devoir débourser cinquante ou soixante euros, et avoir un RTS complet muni d'un mode "Unconquered" en bonus. En l'état et malgré les gros muscles de son héros, Conan Unconquered ne risque clairement pas de casser la baraque.
- Le jeu de mots Conan Unconquered / Command & Conquer
- La bande dessinée Conan accessible dans le jeu
- Une interface qui permet de tout gérer facilement (sauf le feu)
- La possibilité de jouer en coop
- Une difficulté bien corsée
- L'univers de Conan est sous-exploité
- Les "bestioles" n'attaquent pas les ennemis
- Eteindre le feu manuellement est une plaie
- Pas de campagne solo
- Pas de multi compétitif
- Un héros réservé à l'édition deluxe
- 30 ou 40€ pour ça ?
Détenteur de la licence Conan le barbare, l'éditeur Funcom nous a déjà proposé par le passé un MMORPG (Age of Conan) et un jeu de survie (Conan Exiles) basés sur le personnage et l'univers créés par Robert E. Howard en 1932. Aujourd'hui, c'est un RTS conçu par d'anciens développeurs de Command & Conquer qui se présente à nous. La proposition est alléchante, mais nous allons voir que Petroglyph Games n'a toujours pas retrouvé le mojo que possédait Westwood Studios il y a vingt ans...
Commençons l'examen de Conan Unconquered par un point positif assez inhabituel pour un jeu : son titre ! La référence phonétique avec Command & Conquer est extrêmement bien trouvée, cohérente avec l'univers et les principes de ce nouveau jeu, et pleinement justifiée puisque le studio Petroglyph Games est constitué d'anciens développeurs de Westwood ayant réellement travaillé sur la cultissime série de RTS. Pour autant, n'allez pas croire que leur dernière production en date est un jeu de stratégie temps réel au sens classique du terme. Certes, on retrouve une caméra aérienne, de la récolte de ressources, de la construction de bâtiments, de la production d'unités et des recherches technologiques. Mais ici, il ne s'agit pas d'aller attaquer la base d'un adversaire. Il faut uniquement défendre son territoire, harcelé par des vagues régulières d'ennemis. A mi-chemin entre un mode Horde et un Tower Defense, Conan Unconquered fait l'impasse sur tout affrontement multi et même sur une véritable campagne solo. En dehors de la cinématique d'intro et de quelques textes basiques extraits des livres, aucune scénarisation n'est réellement présente. La licence Conan se voit donc sous-exploitée, d'autant plus que les unités mises à la disposition du joueur n'ont rien de très original (épéistes, javelotiers, cavaliers, archers, piquiers, sorciers et prêtresses). Seul l'environnement oriental et certains ennemis (araignées, scorpions et serpents géants, seigneur des enfers ressuscité….) apportent une touche d'exotisme bienvenue. Concrètement, le jeu s'articule autour de cinq maps qui servent de didacticiel, et d'un unique mode libre où l'on peut paramétrer le nombre de vagues, la quantité de ressources, la densité de la carte, etc. Ajoutez à cela un mode coop pour gérer la base et affronter les vagues à deux, et... c'est tout ! On a vraiment l'impression d'avoir affaire à un jeu amputé plutôt que complet, surtout quand on est un habitué des jeux de stratégie temps réel classiques.
CONNARD LE BARBANT ?
A vrai dire, Petroglyph cherche clairement à réitérer le miracle des MOBA, qui à la base sont eux aussi des dérivés simplifiés des RTS, et à surfer sur le succès de They Are Billions, petit jeu indé disponible en accès anticipé sur Steam. Problème : Conan Unconquered est vendu trente euros, et il faut même en débourser quarante pour l'édition deluxe, nécessaire pour débloquer un troisième héros. L'édition standard ne donne en effet accès qu'à Conan le Cimmérien et à Valéria, une guerrière armée de deux épées jumelles. Quel que soit le héros retenu, il fera office d'unité surpuissante, dotée d'un coup spécial dévastateur et capable de porter jusqu'à deux artefacts lui octroyant des capacités supplémentaires. Il ne faut donc pas hésiter à l'envoyer explorer la carte, afin de découvrir des coffres remplis de ressources. Ces derniers sont généralement gardés par des monstres neutres... hélas pas si neutres que ça. Comprenez par là que ces "bestioles" ("critters" pour les anglophone) vous attaquent à vue mais ignorent totalement les vagues d'ennemis qui passeraient par là. Inutile donc de chercher à créer des embuscades. Le gameplay se limite à protéger au maximum votre base, et à faire en permanence le bon arbitrage entre la construction de murs, la recherche de nouvelles technologies et la production d'unités supplémentaires. Les ressources sont variées mais très rares, et le niveau de difficulté est donc très élevé. Vous ne risquez pas d'atteindre le fond de l'arbre technologique durant vos premières parties, et c'est tant mieux pour la durée de vie.
Même s'il ne propose rien d'extraordinaire, ce gameplay exigeant est plutôt agréable, et il profite d'une interface globalement bien fichue. On peut par exemple facilement entraîner de nouvelles unités, même lorsque la caméra se trouve loin de la base. Et la fonctionnalité de pause active permet de prendre son temps pour planifier au mieux notre stratégie de défense. En revanche, la gestion du feu est catastrophique. Que les ennemis envoient des flèches enflammées qui viennent brûler petit à petit nos constructions, c'est très bien. Mais pour éteindre un incendie, il faut réquisitionner une ou plusieurs unité (y compris Conan, dont l’héroïsme en prend un coup lorsqu'il se retrouve à balancer du sable sur les flammes) et micro-manager à l'extrême ces pompiers improvisés. En effet, une fois un pan de mur éteint, ces imbéciles ne cherchent pas du tout à éteindre le suivant et laissent le feu se propager à toute la ville. Des unités spécialisées et autonomes auraient été nettement préférables. D'une manière générale, l'intelligence artificielle de nos troupes comme celle des ennemis manque un peu de clairvoyance. Quant aux graphismes, sans être totalement désagréables ils ont bien cinq ans de retard. La bande dessinée Conan accessible en bonus depuis le menu principal est en revanche très agréable à l’œil. Mais ce point positif ne suffit à faire oublier le goût de trop peu (et de trop cher) que laisse le jeu.