Test Borderlands 3 : l'efficacité au détriment de la nouveauté ? sur PC
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Après des années insoutenables d’attente et d’excitation, Borderlands 3 est enfin disponible et son contenu gargantuesque répond effectivement aux exigences d’une communauté passionnée. Dans à peu près toutes ses facettes, qu’elles concernent le gameplay, le level design ou l’aspect RPG, le jeu de Gearbox Software fait les choses un peu mieux, avec un peu plus de grandeur, un peu plus de profondeur : après tout, la formule était déjà diablement efficace en 2012 et il n’y a aucune raison pour que les bases de ce pilier du loot-shooter ne se soient effondrées. Cependant, force est de constater que le studio iconique a minimisé les risques avec, finalement, que très peu de changements concrets au profit d’une amélioration générale de bonne facture mais loin d’apporter l’innovation. Avec quelques fragilités techniques dommageables et une écriture moins talentueuse (mais toujours à souligner), Borderlands 3 est une expérience qui se repose certes sur ses lauriers mais définitivement fun, riche, artistiquement pointue et au charme unique. On vous l’assure.
- Un feeling vraiment excellent
- Un gameplay peaufiné
- Encore un peu plus de profondeur dans les arbres de compétences
- Des armes, toujours plus d'armes
- Une belle variété d'environnements
- Un cachet unique et séduisant
- Des punchlines et des personnages franchement cool
- Une coopération plus libre et toujours aussi efficace
- Une bien jolie direction artistique
- Tout est globalement approfondi
- Un humour absurde qui fait mouche...
- ... mais qui n'a pas autant de finesse qu'avant
- Les Jumeaux Calypso ne convainquent définitivement pas
- Une VF inégale
- De vrais problèmes d'optimisation sur PC comme sur consoles
- Une vraie répétitivé dans la structure et les objectifs
- Dommage qu'il n'y ait pas plus de prises de risque !
En 2009, Gearbox Software réussissait un coup d’éclat saisissant avec l’arrivée du premier Borderlands. Véritable mélange des genres à la croisée du FPS bourrin et du RPG méticuleux, il s’est appuyé sur la création aléatoire des armes et accessoires pour concevoir, sans le savoir à l’époque, l’une des mécaniques les plus à la mode des années 2010 : nous avons nommé, mesdames et messieurs… le loot shooter. Avec un excellent second opus deux ans plus tard, la saga de 2K Games s’est alors vite imposée comme l’une des références du domaine, étendant son univers apocalyptique séduisant dans le spin-off The Pre-Sequel en 2014 et même l’aventure narrative de Telltale, Tales From The Borderlands, la même année. Aujourd’hui, Borderlands est largement ancré dans la culture vidéoludique et même culturelle puisqu’elle cumule plus de 43 millions de jeux vendus, statuant alors comme l’une des sagas les plus rentables de la décennie. Après d’innombrables heures de jeux passées sur les précédents épisodes, c’est donc avec une sympathie sans commune mesure que nous accueillons, enfin, ce Borderlands 3ème du nom tant désiré. Neuf ans le séparent maintenant de Borderlands 2 dont il est la suite directe et l’excitation ambiante est colossale… Répond-il seulement dignement aux attentes ?
Le développement de Borderlands 3 ne date pas d’hier (fort heureusement, d’ailleurs). Après le succès du deuxième chapitre et la production de The Pre-Sequel (conçu par 2K Australia) et Tales from the Borderlands (par Telltale), le plan d’un tout nouveau jeu numéroté était déjà acté depuis belle lurette. C’est donc pendant les travaux opérés sur le vite oublié Battleborn que Gearbox s’est attelé, doucement mais sûrement, à la gestation de cette nouvelle chasse à l’Arche de grande ampleur : il aura finalement fallu attendre cette année pour une mise en lumière officielle, avec une sortie dans les bacs quelques mois plus tard seulement. Borderlands 3 est enfin disponible, s’est d’ores et déjà imposé comme le plus gros succès du studio américain et, effectivement, ne démérite pas sur bien des points. Explications.
BORDERLINES 3
La menace du Beau Jack éliminée, Lilith, tous nos précédents héros et autres protagonistes loufoques continuent leur petite vie sanglante sur la mythique planète Pandore, terres désolées en proie à des peuples carnassiers, violents et sans pitié. La routine, quoi. Mais quand un nouveau danger s’impose, il advient à nos bonhommes et, surtout, quatre nouveaux Chasseurs de l’Arche que l’on se chargera d’incarner, de s’allier une nouvelle fois pour repousser les problèmes. Désormais, terminé Hyperion ainsi que la mégalomanie folle de son président et place aux Jumeaux Calypso, frère et sœur sirènes en quête de pouvoirs cosmiques sans précédent. Cette fois-ci, ce duo de vilains n’est à la tête d’aucune entreprise interplanétaire si ce n’est des milliards de soldats dévoués grâce à leur statut… d’influenceurs galactiques. Littéralement, Tyreen Calypso, femme tyran et son frère Troy tout aussi violent sont des echoStreamers, soit les vedettes des réseaux sociaux de Borderlands. Fédérant des fidèles complètement zinzins grâce à l’exploitation de leurs crimes à travers des streams publics, ils sont à la recherche des fameuses Arches, ces portails extraterrestres mystérieux renfermant des trésors à la valeur inexplicable.
C’est donc à Zane, FL4K, Amara et Moze de contrecarrer leurs plans diaboliques, mettant tout l’univers en jeu : ces nouveaux personnages jouables savent en découdre et devront ainsi voguer de planète en planète pour ouvrir les Arches avant leurs opposants et, au passage, leur coller une bonne raclée. Mais les Jumeaux Calypso sont-ils les dignes successeurs du Beau Jack, littéralement la poutre porteuse des anciens épisodes, méchant adoré de la communauté ? Force est de constater que… pas vraiment. S’appuyant sur des codes très actuels de la société et ne faisant preuve de très peu de finesse dans leur écriture, ces clichés des streamers populaires rappellent diablement d’autres antagonistes faussement redoutables (quelqu’un a parlé des jumelles de Far Cry New Dawn ?) avec un caractère forcé qui échoue à un point crucial : là où Borderlands 2 avait réussi à nous attacher au Beau Jack, pourtant le mal principal de l’aventure, Borderlands 3 ne parvient pas à faire de ses méchants de vraies plus-value charismatiques. Autrement dit, on ne retiendra les Calypso que pour leur personnalité agaçante, truffée de crédos d’instagrammeurs dénonciateurs (« Likez, Partagez et Obéissez ») et, malheureusement, d’une VF qui dessert carrément le danger qu’ils sont sensés incarner.
QUAND ON PARLE DE LOOT, ON EN VOIT LE BOUT DE LA QUEUE
Sommes toutes assez classique avec néanmoins quelques rebondissements bien trouvés, le scénario de Borderlands 3 s’avère efficace et sert surtout aux multiples rencontres que l’on se devra d’effectuer à travers la galaxie. Des dizaines de personnages, déjà connus ou totalement inédits, auront la chance d’être traités à travers de bien nombreuses quêtes principales comme annexes et viennent approfondir encore davantage un background définitivement séduisant, toujours très drôle, mystique et propice aux spin-off. L’une des forces majeures des autres épisodes de la série résidait en leur écriture, présidée pour Borderlands 2 par Anthony Burch. Désormais, le talentueux scénariste a laissé sa place à d’autres bonhommes qui, eux aussi, ne s’en sortent pas trop mal mais sans jamais vraiment atteindre la folie humoristique atteinte précédemment. Toujours très vulgaire, complètement absurde et ne se prenant que rarement au sérieux, les personnages de Borderlands 3 sont truffés de punchlines que l’on se doit de souligner malgré un certain point noir, véridique, en la présence d’un humour pipi-caca parfois un peu inutile. Par exemple, les ennemis qui lâchent régulièrement un « RAH, JE ME SUIS CHIÉ DESSUUUS » une fois abattus, on essaie encore d’en comprendre la véritable pertinence, au contraire d’autres phrases pourtant bien trouvées et particulièrement fun. Rassurez-vous, il y a encore de quoi faire un véritable carnet de citations et, oui, Borderlands 3 fournit une quantité d’individus burlesques amusants tout à fait dans la veine de la saga. Et puis, Claptrap, quoi…
« DIS À MES ENFANTS QUE J’AURAIS AIMÉ EN AVOIR »
Un des arguments principaux de Borderlands 3, largement mis en avant dans sa campagne marketing, est le fait d’avoir désormais plusieurs planètes à sa disposition. Ceux qui ont terminé le 2ème jeu savent qu’il n’y a pas des Arches sur Pandore uniquement, mais un peu partout dans la galaxie et c’est donc un excellent prétexte pour aller se balader au tréfonds des étoiles à leur recherche. Désormais, Sanctuary, le traditionnel QG de la saga, se trouve en orbite : il s’agit d’un immense vaisseau spatial qui fait office de HUB dans lequel réside la plupart des icônes comme Lilith, Claptrap, Moxxi, Marcus, Tannis et tous les autres. On y reviendra donc régulièrement pour accéder à diverses features comme la personnalisation de notre personnage (légèrement plus poussée), l’extension de nos sacoches de munitions, le magasin premium d’Earl, un stand de tir et l’on en passe. C’est aussi là que l’on pourra se diriger vers de nouvelles planètes au fur et à mesure de notre aventure : il y en a cinq au total, ainsi qu’un satellite qui n’est pas sans rappeler The Pre-Sequel, tous avec des biomes et des level design différents. Si l’on regrette que deux astres soient finalement un gros couloir assez linéaire, le reste tient plutôt ses promesses avec, pour chacun, plusieurs zones ouvertes assez massives reliées par des temps de chargements. Pandore reste fidèle à elle-même avec des zones arides post-apo ; Prométhée, elle, se cadre dans les bas-fonds d’une mégalopole futuriste labyrinthique ; Eden-6 propose en revanche des lieux marécageux s’entremêlant totalement… plus une dernière assez savoureuse que l’on vous laisse découvrir. Globalement, il est vrai que les maps sont plus un peu plus verticales et le terrain de jeu franchement vaste une fois toutes les régions découvertes, plus qu’à l’accoutumée. Les différences de faune, de flore et des populations y résidant viennent ajouter des personnalités propres aux différentes planètes, en plus d’une direction artistique franchement léchée. Pour autant, s’il fait les choses en plus grand, Borderlands 3 se contente surtout d’élargir au lieu de révolutionner : c’est un « problème » assez récurrent dans le jeu sur lequel nous reviendrons régulièrement, mais disons que les risques pris, en l’occurrence pour le level design, sont franchement minimes.
Désormais, en plus du traditionnel buggy et du 4x4 renforcé, un énorme monocycle - plus léger, agile et aussi fragile - est proposé afin de former un trio de véhicule qu’il sera possible de conduire dans les zones ouvertes. Cette fois-ci, les développeurs ont donné la possibilité de customiser son engin bien plus en profondeur mais, avant ça, il faudra voler les machines motorisées et les ramener au garage pour en assimiler les éléments. Il sera ainsi possible de changer le turbo, les armes, le parechoc, les pneus et d’autres items pour des conséquences directes sur le comportement ou la robustesse de la voiture. Une fonctionnalité plutôt agréable, pas aussi exploitée que l’on aurait voulu cependant, mais qui a le mérite d’exister et qui sera mis à profit lors de quelques missions.
UNE VÉRITABLE FAIM DE LOOT
Ce petit approfondissement du système des véhicules fait évidemment partie des efforts généraux de Gearbox à densifier Borderlands sur tous ses aspects. On en vient donc à l’un de ses rouages principaux, celui qui a largement participé à la popularisation de la franchise il y a dix ans et qui, pour ce nouveau titre, pousse le bouchon encore plus loin : les armes aléatoires. Désormais, et c’est un chiffre officiel, le nombre de pétoires a dépassé l’entendement avec plus d’un milliard de combinaisons possibles. Tout simplement. Pour autant, les bases ne se voient que très légèrement changées puisque tous ces instruments de la mort ne répondront toujours qu’aux mêmes formes : les pistolets, les mitraillettes, les fusils d’assaut, les fusils de sniper, les fusils à pompe et les lance-roquette. Quel dommage de ne pas avoir de nouveaux types ou bien le retour des armes éridiennes ! Au lieu de ça, Gearbox a inclus une nouvelle mécanique en l’option de tir secondaire, disponible sur certains objets seulement : il est ainsi possible, par exemple, de passer d’un mode semi-automatique à un tir en rafales, de balles normales à des balles explosives, du feu à la glace, ou d’une lunette de précision à une visée à la poitrine. Les voies sont multiples et peuvent, pour certains flingues, véritablement changer la donne. Bien entendu, chaque arme peut bénéficier d’atouts précis et uniques – il y en a des milliers ! – ainsi que les traditionnels points de dégâts, temps de recharge, cadence de tir ou précision. Rajoutez à ça les effets élémentaires classiques – la corrosion, l’électricité, le feu et la glace, le slag n’étant plus au programme – et les bonus liés à la rareté de l’objet et vous obtenez une variété quasi-infinie d’objets qu’il est possible de récupérer absolument partout. Encore une fois, il parait dommageable qu’il n’y ait pas plus de créations originales car, si tout est fait très bien et s’avère savoureux, il n’y a pas grand-chose de neuf à l’horizon. Même les flingues avec des jambes, pourtant vantés dans les trailers, ont visiblement disparu du jeu final…
Fort heureusement, Gearbox a œuvré pour moderniser le gameplay et, ainsi, pouvoir faire profiter dignement de ces millions d’armes. Indéniablement, la jouabilité a connu une sympathique cure de jouvence et se voit sacrément bien huilée avec de nouvelles animations particulièrement jouissives. Il est maintenant possible de faire des glissades, d’enjamber des obstacles ou encore de s’accrocher à des rebords, le tout pour des déplacements fluidifiés et des combats plus nerveux. Le feeling relève, dès les premières secondes, d’une plaisance à toute épreuve qui prend aux tripes et qui n’annonce que du bon pour la suite : bien sûr, c’était sans compter sur tout cet arsenal, que l’on se devra de changer pour faire correspondre à la difficulté croissante, qui permet ainsi un gameplay souvent renouvelé. Non, vraiment, avec ces quelques facettes qui le rapprocheraient presque du Fast-FPS, gore attitude en prime, les développeurs sont parvenus à proposer quelque chose de très solide sur la durée et qui différera en plus selon les personnages choisis. Car, oui, il ne faut pas oublier que quatre protagonistes sont mis à disposition, tous avec des spécificités très précises qui ajoutent énormément à la qualité de jeu.
« VOUS LA TROUVEZ COMMENT, MA MOUSTACHE ? »
Comme pour chaque Borderlands, Gearbox a conçu minutieusement quatre nouveaux Chasseurs de l’Arche. Il y a tout d’abord Amara, la sirène, qui dispose de pouvoirs astraux comme Lilith ou Maya avant elle. Véritable thug, la demoiselle est dotée de multiples poings bleutés, peut suspendre ses ennemis dans les airs ou bien envoyer une copie d’elle-même vers ses adversaires. Elle est rejointe par un autre compère féminin, Moze, dit « l’artilleuse ». Cette femme soldat au caractère bien trempé peut s’appuyer sur son énorme mécha, l’Ourse de fer, auquel elle peut attacher des missiles, des miniguns, des lance-grenades ou encore des poings pneumatiques. Côté testostérone masculine, nous avons l’agent spécial Zane, un tueur à gage muni d’un drone, d’un bouclier et d’un digiclone pour détourner l’attention. Enfin, le robot FL4K, surnommé « le Roi des Bêtes », est constamment accompagné d’un de ses trois familiers, à savoir un skag, une hyménoptère ou un jacassos. Il peut également soit lancer de Rakks, soir provoquer des explosions gamma, soit disparaître temporairement pour faire prendre ses ennemis à revers. Si nous avons essayé l’ensemble de ces personnages, nous avons à JeuxActu choisi FL4K pour l’ensemble de l’aventure : il paraissait bon de le préciser.
Ainsi, tous disposent de trois arbres de compétences dédiés à des aspects bien précis et uniques, composés de multiples capacités passives qu’il sera possible d’acheter avec des points d’expérience, accumulés à chaque niveau d’xp franchi. Jusque-là, c’est du Borderlands tout ce qu’il y a de plus classique, bien construit et permettant une évolution logique et pertinente de notre personnage. Le studio américain s’est également plu à intégrer une nouvelle composante dans les skills trees avec les améliorations de compétence d’action, soit les capacités spéciales dont disposent les Chasseurs de l’Arche. Par exemple, il sera possible d’intégrer telle ou telle arme sur le robot tueur de Moze et les faire réagir différemment ; d’opter pour des réactions précises pour chacun des outils de Zane (celui-ci est d’ailleurs le seul à avoir deux capacités spéciales, dont une qu’il troquera contre la capacité de jeter des grenades) ; de choisir et d’optimiser spécialement un des pouvoirs d’Amara ou, pour FL4K, de paramétrer précisément son animal avant de l’avoir préalablement choisi. Très clairement, les possibilités sont plus vastes qu’auparavant et demandent même un petit temps d’adaptation avant d’être assimilées correctement : plus que jamais, vos investissements dans ces arbres de compétences détermineront une façon de jouer bien précise, basé sur l’agressivité, la défense, la furtivité, etc. avec une liberté élargie. Ce pan RPG est donc creusé davantage et devrait ravir les adorateurs de Borderlands. D’ailleurs, Randy Pitchford, patron de Gearbox Software, n’a pas exclu la possibilité d’inclure une quatrième branche à l’avenir au lieu d’un cinquième protagoniste : nous, on vote pour avoir les deux dans le season pass. Comme ça, tout le monde est content.
« JE VOUS TROUVE TRÈS DÉSAGRÉABLE. »
Une nouvelle fois, ces quatre Chasseurs de l’Arche se complètent merveilleusement bien – on notera qu’ils ne sont pas muets et parlent encore plus qu’auparavant, répondant à leurs interlocuteurs : certaines punchlines sont d’ailleurs assez savoureuses, à l’image FL4K qui rappelle diablement le ton nonchalamment poétique de Zer0 ! Comme vous le savez certainement, Borderlands 3 est pensée comme une expérience coop qu’il est possible d’opérer jusqu’à quatre, avec même une option pour l’écran scindé. On ne le répétera jamais assez mais, si vous en avez la possibilité, jouez avec un ou des amis pour magnifier l’aventure qui s’avère, sur la forme, très répétitive. Du shoot et du loot, telle est la formule constamment répétée sur les 30/35 heures de jeu demandées pour terminer l’histoire et même beaucoup plus pour compléter l’ensemble des missions secondaires, épaulées de dizaines de contrats à exécuter et autres bonus. Donc, tout seul, oui, Borderlands 3 peut imposer une certaine lassitude d’autant plus que son level design ne renouvelle pas vraiment les phases de combats avec un enchaînement d’arènes et de mobs à exterminer dans la majorité des cas (un mode multijoueur séparé permet même d’affronter des vagues croissantes d’ennemis dans une arène). Du Borderlands tout craché, en soi. À plusieurs, ce périple sanglant s’annonce bien plus plaisant, d’autant plus que les concepteurs ont donné la possibilité d’opter pour deux modes de coopération : le premier, qui est inédit, donne la possibilité aux joueurs d’une même partie d’égaliser leurs performances pour un niveau de jeu équitable. Ainsi, une personne de niveau 5 et l’autre de niveau 40 pourront œuvrer ensemble sans peur d’avoir un déséquilibre total qui pourrait ruiner l’expérience. De même, le loot est alors commun et, quand l’un ouvrira et videra un coffre de son loot, l’autre pourra tout de même récupérer son contenu, qui sera différent de son côté et adapté à son niveau. Que les gamers old-school se rassurent, il est possible de choisir pour le mode traditionnel qui conserve les écarts de levels et le loot partagé, afin de pouvoir piquer le matos d’un contenant juste devant les yeux convulsés de son coéquipier. Une bien bonne initiative de proposer ces deux facettes mais attention cependant : il ne semble pas possible de switcher de l’une à l’autre en cours de partie et il est donc obligatoire de créer un nouveau personnage pour sélectionner le mode désiré. Tenez-le vous pour dit.
MAYHEM IS COMING
Une fois le jeu terminé, il est possible de recommencer l’aventure en new game + avec une difficulté revue à la hausse pour plus de loot et de points d’xp : un passage obligatoire dans les Borderlands et, d’ailleurs, l’end-game se voit accueillir quelques babioles franchement appréciables. Tout d’abord, les jetons de brutasse de l’opus numéro 2 font leur retour, nommés alors jetons de Gardien : ceux-ci s’accumulent une fois la campagne bouclée et permettent d’améliorer le pourcentage de ses statistiques (dégâts des armes, résistance, effets des grenades et un gros paquet d’autres éléments), point par point. Il est également possible d’accumuler des jetons pour acheter de véritables capacités passives supplémentaires ou des skins, de façon à compléter encore plus son personnage. Gearbox s’est également adonné au mode Chaos, déblocable après la fin du jeu, qui n’est autre qu’un mode de difficulté composé de trois paliers, activables depuis Sanctuary. L’intérêt, c’est que ceux-ci ont beau doubler voire tripler la difficulté en question sur plein de points précis, ils augmentent de façon exponentielle les points d’expérience et la rareté du butin. Une façon assez incroyable – presque cheatée ! – d’atteindre le niveau maximum et de se constituer une garderie ultra-dense d’armes légendaires à n’en plus pouvoir. Après l’effort, le réconfort, nous dit-on souvent.
LOOTEY TUNES
À défaut d’inventer beaucoup de choses, le contenu de Borderlands 3 est clairement au rendez-vous… mais qu’en est-il de sa réalisation technique, huit ans après son grand frère ? On le sait, le cel-shading, énorme marque de fabrique de la marque, est un formidable cache-misère qui a servi de nombreuses fois par le passé. Alors oui, assurément, cette nouvelle itération est bien plus belle que la précédente : les textures sont beaucoup plus nombreuses, plus fines, les décors plus fouillés, la modélisation plus aboutie et les effets de lumière mieux maîtrisés. Malheureusement, d’autres bavures viennent entacher quelque peu le tableau : tout d’abord, il y a toujours ces animations rigides concernant les PNJ lors des interactions qui nous ramènent directement en 2009 (cela fait peine à voir, mais c’est presque la marque de fabrique des Borderlands, en réalité). S’en suivent aussi et surtout des soucis d’optimisation évidents, à la fois sur consoles et PC. Sur cette dernière plateforme, des plantages récurrents sous Directx12 obligent par exemple de repasser sous Directx11 (un patch est à venir) et sur PS4 Pro, l’aliasing est bel et bien présent en plus de fâcheux problèmes de framerate. Le soft propose d’ailleurs deux modes : l’un adapté à une meilleure résolution et l’autre aux performances. Là où le bât blesse, c’est que le premier affiche une fluidité douloureuse avec 25FPS annoncés comme 30 et le second oscille entre 40 et 60, au lieu d’être fixe à 60 images par secondes. La peste ou le choléra ? Peut-être pas à ce point-là mais c’est clairement dommageable, surtout que Borderlands 3 est une petite pépite artistique. Les différentes planètes et régions offrent parfois des panoramas et intérieurs qui claquent sévèrement tandis que certains boss s’avèrent réellement impressionnants, tant dans leur gestuelle que pour leur arène ou leur pur chara-design. Pour le prochain épisode, désormais, il faudrait vraiment élever la technique à un autre niveau que tous ces points soient dignement exécutés une fois manette en mains.
Terminons sur une partie sonore en dents de scie, notamment du côté du doublage puisque la VF s’avère mi-figue mi-raisin en fonction des situations. Hormis les voix, à notre sens, hors-propos des Jumeaux Calypso, celles des autres personnages sont franchement réussies avec un ton cartoonesque, délirant et plutôt drôle pour bien des bonhommes. Malheureusement, les cinématiques sont quelque peu desservies avec une synchronisation labiale dans les choux et, parfois, des punchlines qui tombent carrément à l’eau (d’autant plus que les animations faciales sommaires n’aident pas beaucoup). On se rabattra ainsi sur une bande-son discrète mais efficace et plutôt pertinente, à l’instar des autres volets : une phrase qui résume presque fondamentalement Borderlands 3, un jeu primant sur l’efficacité plutôt que sur l’innovation, au risque de brusquer sa communauté. Un bon jeu ? Absolument. Surprenant ? Absolument… pas.