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Très joli et accompagné de pistes musicales convaincantes, Blue Dragon Plus laissait espérer de grandes choses, d'autant que les RTS sur DS ne sont pas légion. Un univers enchanteur, des personnages attachants et disposant déjà d'un bon background, mais malheureusement plombé par un gameplay horripilant. Voilà comment l'on pourrait résumer Blue Dragon Plus. S'il permet de passer quelques moments sympathiques à court terme, il vous sera difficile d'enchaîner les heures de jeu avec de telles lacunes. Et ce même en étant un fan inconditionnel du jeu d'origine. Dommage.
- Graphiquement fort joli
- Des mélodies de bonne qualité
- Une progression originale
- Un scénario qui se laisse suivre
- Certaines idées de gameplay
- Les cases invisibles nuisant à la stratégie
- Un pathfinding horrible
- Des décors peu variés
- La confusion globale des batailles
Première tentative de Mistwalker dans le monde cruel du RPG japonais sur consoles de salon actuelles, Blue Dragon est apparu à beaucoup comme un titre sympathique, sans grande envergure mais agréable. Surfant davantage sur la notoriété de son chara-designer, Akira Toriyama, que sur ses réelles qualités ludiques, le titre s'est vu adapter en série animée avant de poursuivre sa nouvelle carrière de VRP aujourd'hui sur DS. Baptisée Blue Dragon Plus, cette itération portable disperse les ombres du passé. Mais parfois, mieux vaut rester caché.
Autant prévenir tout de suite les amateurs du Blue Dragon original, Blue Dragon Plus n'est définitivement plus un RPG classique aux effluves old school, mais un RTS en bonne et due forme, ce qui est déjà plus surprenant. Suivant la voie de Heroes of Mana et de Final Fantasy XII : Revenant Wings, le soft développé par Brownie Brown et FeelPlus se déroule immédiatement après la fin de Blue Dragon et la chute de qui vous savez. Sans révéler l'issue de ce dernier, vous retrouvez l'intégralité du casting accompagné de nouveaux protagonistes jouables tels que le fameux roi Jibral, Fushira alias le grand-père de Shu ou encore Szabo, plus ou moins sympathique général des Mécarobos. Dotés d'une Ombre personnelle pour l'occasion (et sans vraiment d'explication plus poussée sur le pourquoi du comment de cette soudaine maîtrise de la lumière du cœur), ces personnages viendront grossir vos rangs dans le but de rechercher qui peut bien envoyer ces gigantesques mechas détruire le monde que Shu et ses compagnons tentent de reconstruire. Loin des décors variés et bucoliques de Blue Dragon, Blue Dragon Plus vous entraîne dans une enquête sous-terraine, dans les méandres d'un cube qui abriterait la source de tous vos problèmes. Adieu l'évasion et bienvenue dans un dédale de couloirs stériles au sein d'un jeu de l'oie tactique.
Une case en moins
Assez originale, la progression de Blue Dragon Plus se base sur une sorte de cheminement entre étages, à la manière d'un jeu de société. Dans les grandes lignes, vous avancez de zones en zones en choisissant de vous déplacer en haut, en bas, à gauche ou à droite, suivant les routes à votre portée. Toujours occupée, soit par un ennemi (ce qui vous vaudra un combat sans appel), ar un magasin, soit par une ville, soit par une usine de mécarobos, chaque zone vous donne la possibilité de construire vos propres sbires mécaniques afin d'étoffer votre armée ne comptant au final que peu d'unités. Les villes, quant à elles, seront propices à l'obtention de quêtes annexes et les magasins vous permettront évidemment de vous ravitailler en objets de soin et équipements divers. Vous avez également l'opportunité de choisir de fouiller des cases adjacentes dans l'espoir d'y découvrir des trésors bien enfouis. Attention toutefois à ne pas stagner trop longuement à un même endroit, les ennemis se déplaçant de zones en zones à votre image. Sorte de mélange intéressant entre le Dungeon-RPG et le jeu de l'oie, ce choix ludique correspond parfaitement au genre RTS dans lequel les batailles se succèdent habituellement sans phase d'exploration. En revanche la prise en main des affrontements – en cherchant aussi le compromis – termine sa course dans un mur d'incompréhension.
Si Heroes of Mana et Final Fantasy XII : Revenant Wings avaient à peu près réussi le pari de proposer du simili-RTS sur DS, Blue Dragon Plus échoue totalement."
Si Heroes of Mana et Final Fantasy XII : Revenant Wings avaient à peu près réussi le pari de proposer du simili-RTS sur DS, Blue Dragon Plus échoue totalement. En effet, alors que le déplacement des troupes est la base même de la stratégie d'un RTS, le titre de Brownie Brown semble penser différemment et tente un mix improbable entre Tactical-RPG et RTS. Dans les faits, cela se traduit par des mouvements en temps réel sur un terrain découpé en cases. Vos guerriers n'ont donc pas d'autres choix que de se positionner précisément et ne peuvent en aucun cas se trouver en dehors de l'une de ces cases. Un concept qui, bien que réduisant nettement les capacités de déploiement, ne serait pas inintéressant si seulement il était possible de voir les cases. Il est donc très complexe de placer ses combattants a des endroits définis, car si ces derniers ne sont pas sur l'une de ces cases invisibles, l'ordre de déplacement ne s'effectue pas. Ou pire, votre personnage peut tout bonnement se retrouver à un endroit stratégiquement risqué, simplement parce que vous avez cliqué sur la mauvaise zone. Des lacunes incroyables pour un titre tout de même axé sur un sens tactique, qui sont sublimées par un pathfinding d'une redoutable inefficacité. Il n'est d'ailleurs pas rare que vos guerriers fassent tout le tour d'une zone pour vous rejoindre alors que vous êtes à deux pas d'eux, ou encore que ces derniers tournent littéralement sur eux-mêmes une ou deux fois comme les aiguilles affolées d'une boussole mal réglée. Le must restant tout de même la confusion totale régnant dans vos rangs dès que plusieurs unités se font face, tentant vainement de se contourner. Habile technique de désorientation de l'adversaire ou gameplay mal réglé ? La réponse est dans la question. Malgré tout, la gestion des techniques spéciales, disponibles à l'infini mais nécessitant un temps de recharge, ou encore la spécialisation des personnages restent de bonnes idées et permettent dans une certaine mesure de rendre au titre une stratégie perdue. Mais ce n'est qu'un petit arbre sain dans une forêt bien maigrelette, pourtant assez jolie.
Beau dragon
Si l'on peut trouver un point très positif dans ce Blue Dragon Plus, c'est bien sa réalisation. Doté de sprites fins et très détaillés, il étonne aussi par la grande qualité de ces scènes cinématiques, survenant à intervalles très réguliers et dotées d'une mise en scène convaincante. Si cela n'aide pas forcément à mieux faire passer la pilule, il est facile de s'attacher à ces personnages "kawai". Mais le plus probant dans le titre de Brownie Brown reste l'ambiance globale de l'aventure, dotée d'un petit côté apocalyptique et désespéré assez prenant. D'autant que mis à part l'apparition soudaine de la manipulation des ombres chez certains protagonistes, la scénario s'avère bien rythmé et compose une suite crédible au Blue Dragon d'origine. Il est de ce fait facile de s'y plonger, tout du moins si l'on a parcouru au préalable la première aventure de Shu. Musicalement également bien loti, Blue Dragon Plus aurait sans nul doute pu créer la surprise si seulement ces graves erreurs de gameplay n'étaient pas venues vicier profondément un terreau fertile. Quand l'ombre prend le pas sur son hôte, il l'y a que l'obscurité qui reste.