Test également disponible sur : PC - Xbox One - PS4

Test Biomutant : de belles idées, mais pas toujours bien fignolées

Test Biomutant : de belles idées, mais pas toujours bien fignolées
La Note
note BIOMUTANT 15 20

Telle la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf, Biomutant est un AA qui cherche à cocher toutes les cases d'un AAA. Louable dans l'absolu, cette ambition a tout de même amené les développeurs à avoir les yeux plus gros que le ventre. En conséquence, les mécaniques de jeu sont nombreuses, variées, mais parfois mal maîtrisées. Heureusement, la direction artistique colorée et l'univers "postapoanimaux" s'avèrent suffisamment séduisants pour inciter à la clémence et la persévérance. Le chemin est un peu cahoteux mais le voyage reste intéressant. Pour en profiter au maximum, il ne faut d'ailleurs pas hésiter à optimiser l'artisanat et à étudier attentivement les subtilités du système de combats. Bref, voilà un jeu attachant mais perfectible !

 


Les plus
  • L'univers post-apocalyptique anthropomorphique
  • Une direction artistique plaisante
  • Une création de personnage bien fichue
  • Un gameplay assez riche
  • La voix française du narrateur
Les moins
  • Procédé narratif vite lassant
  • Un open world assez mal maîtrisé
  • Caméra souvent mal placée durant les dialogues
  • Des quêtes très inégales
  • Trop de passages dans les menus
  • Bilan technique en demi-teinte
  • Le level scaling, très discutable...


Le Test

Ces dernières semaines la hype n'a cessé de monter en ce qui concerne Biomutant. A tel point qu'il y a quelques jours, le studio Experiment 101 et l'éditeur THQ Nordic ont tenu à préciser sur Twitter que le jeu "n'est pas un AAA et le studio n'est constitué que de vingt personnes". Calmer les ardeurs des fans juste avant la sortie d'un produit n'est vraiment pas banal, mais cette sortie médiatique prend tout son sens lorsqu'on décortique Biomutant, qui souffle le chaud et le froid selon ce qu'on attend de lui. Nous avons en effet affaire à une production qui n'est pas à la hauteur des open world AAA, mais qui se montre tout de même bien plus ambitieuse que la plupart des titres indés ou AA.


BIOMUTANTDe manière assez habituelle, la cinématique pré-calculée qui a servi à promouvoir Biomutant ces dernières semaines (celle où le héros affronte un bon gros monstre et finit par trancher son arme en deux) est affichée en introduction de l'aventure. Mais le jeu a la bonne idée de la recréer ensuite à l'identique en temps réel et de manière interactive durant la phase de didacticiel. Voilà un bon moyen d'assurer une transition en douceur entre les graphismes fantasmés et l'affichage concret. Cette sympathique entrée en matière est doublée d'une phase de création de personnage complète et bien fichue. On peut choisir parmi plusieurs espèces animales fictives (qui semblent toutes tenir du rongeur) et plusieurs classes (franc-tireur, commando, psionik, saboteur, sentinelle), tout en personnalisant nos couleurs secondaires et primaires, ainsi que le motif de notre fourrure.

BIOMUTANT

Mais le plus plaisant provient de la mutation génétique, qui nous permet de faire varier nos statistiques de force, agilité, vitalité, charisme et intelligence sur un cercle. Ce procédé est plus intuitif qu'une simple répartition de chiffres, et s'accompagne en plus d'une modification en temps réel de la taille et de la corpulence de notre héros en fonction de la position du curseur. Tout cela augure du meilleur, surtout que l'univers ne manque pas de charme. Certes, il s'agit d'une classique histoire post-apocalyptique où les humains ont ruiné la nature à force de pollution chimique et nucléaire. Mais Biomutant rebondit de manière intelligente et efficace sur ces prémisses habituels pour nous proposer un monde peuplé d'animaux mutants et anthropomorphiques. Voir des pseudos-rongeurs se battre à coup d'épées et de flingues, ou uriner sur des panneaux indicateurs pour débloquer des points de voyage rapide, ça le fait ! Et ça le fait d'autant plus que la direction artistique s'avère plutôt séduisante. Vive et colorée, elle retranscrit avec brio un monde autrefois urbain et désormais envahi par la végétation. La présence de zones contaminées, irradiées, asphyxiantes ou polaires offre également de jolis panoramas. Nous avons également apprécié l'effet d'onomatopées qui s'affichent à l'écran lors des combats, à la manière d'une bande dessinée. Si jamais ces ka-boum, slam, blaf, pof, krosh et autres whoomf vous agacent, sachez qu'il est possible de les désactiver dans les options.

 

DES CLIP, CRAP, DES BANG, DES VLOP ET DES ZIP

BIOMUTANTLe scénario s'avère relativement classique puisqu'il nous demande de sauver un arbre de vie qui dépérit et de vaincre quatre gros boss. Mais le vocabulaire employé sort, lui, de l'ordinaire. Ainsi, il va falloir se servir d'un Mekton, d'un Octopod, d'un Chioval et d'un Glop-ski pour venir à bout d'un Gigapouf, d'un Tortipouf, d'un Lapipouf et d'un Porkipouf ! Périclavardeurs, réflexitron, mokagloub, goulgoul-raoul, parkatchou, morks, grongeurs, puttlepops, salinades, chanvrecrêpes, pépindomptés, boustikoko, scouipes et bien d'autres encore sont également de la partie. Certains de ces termes sont rigolos et bien trouvés, tandis que d'autres s'avère trop abscons et entraînent une certaine confusion. Au final, nous sommes prêts à parier que certains joueurs apprécieront ce langage fictif tandis que d'autres s'en trouveront agacés. La narration sort également des sentiers battus puisqu'elle se fait de manière totalement indirecte. Comprenez par là qu'un narrateur commente vos actions et "raconte" les dialogues (façon "il dit qu'il est content de vous voir"). Au départ, ce procédé nous a charmé par son originalité et par la qualité de la voix française, dont les intonations sonnent parfaitement justes. Mais à la longue, tout cela tourne vite à la fausse bonne idée. Cette façon de faire alourdit le déroulement des dialogues, complique leur compréhension, et s'avère même régulièrement incohérente. Parfois le narrateur introduit sa "traduction" par un "il dit que" et d'autres fois il commence sa phrase directement par "dit que", le nom du personnage concerné étant affiché à l'écran mais non prononcé. On sent tout de même que cela part d'une bonne volonté de la part des développeurs, même si la sauce ne prend pas. Le studio n'a également pas ménagé ses efforts en ce qui concerne le gameplay, particulièrement riche.

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Les combats mêlent corps-à-corps, armes à distance, pouvoirs magiques, esquive, parade, saut, double saut, combos généraux, combos selon les armes et bien d'autres subtilités encore. A la manière d'un Fable ou d'un Black & White, le jeu nous propose également un score d'aura en fonction de nos choix. Pencher du côté lumineux ou ténébreux, qui sont représentés comme il se doit par un ange et un diablotin, donne alors accès à certaines aptitudes et en bloque d'autres. Tout un pan "butin et artisanat" est également présent, grâce auquel on peut améliorer et créer différentes armes et pièces d'équipement. Biomutant nous propose également un automate à améliorer, ce dernier prenant la forme d'une sauterelles électronique multi-fonction, des avants-postes à capturer, des tribus à rallier, des petits casse-têtes à résoudre, des montures mécaniques et animales, et tout un système de "wung-fu", qui mixe arts martiaux et maîtrises d'armes. Attaques spéciales, traits, compétences, mutations et autres résistances se débloquent à coups de points d'améliorations, biopoints et autres points psi.

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UN MENU TROP RICHE

BIOMUTANTEn contrepartie de cette richesse, on se retrouve parfois perdus dans les différents concepts. D'ailleurs, le jeu nous inonde de messages de didacticiels pendant des heures et des heures ! Autre problème : l'open world est globalement assez mal maîtrisé, les différentes quêtes marchant souvent sur les plates-bandes les unes des autres. D'ailleurs, certaines quêtes étiquetées comme principales se résolvent littéralement en 5 secondes et se résument à appuyer sur un bouton, tandis que des missions annexes nous trimballent artificiellement à travers tout le pays pour activer une vingtaine d'objectifs répétitifs. De plus, le jeu délaisse parfois la narration pour faire du tomber du ciel certaines missions, à la manière d'un mauvais MMORPG. Le tout s'avère d'autant plus fouillis que le journal de quêtes est perdu dans des menus bien trop nombreux. Débordés par leurs propres idées, les développeurs n'ont pas réussi à simplifier suffisamment l'interface et nous imposent donc de trop longues et trop régulières séances de "menuing". Le bilan technique est également en demi-teinte. Si certaines animations de course et de combats ne manquent ni de souplesse ni de classe, d'autres s'avèrent bien moins réussies.

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Durant les phases de dialogues, la caméra semble par ailleurs se poser au petit bonheur la chance, et il arrive donc que tout le monde nous tourne le dos, ou qu'un personnage soit dissimulé par un autre. Des bugs plus sporadiques sont également de la partie, comme un boss qui se retrouve bloqué par un élément de décor, ou encore des collisions mal gérées qui affichent un personnage à moitié rentré dans une montagne. Nous avons même eu droit au bouton d'esquive qui a subitement cessé de fonctionner sans aucune raison (recharger la dernière sauvegarde a heureusement résolu le problème). Enfin, le jeu utilise la technique du level scaling, qui n'est pas du goût de tout le monde... Cette manière de faire monter les niveaux des ennemis en fonction de celui du héros permet certes de voyager où on veut quand on veut, mais elle réduit grandement l'intérêt même de la montée en puissance. A quoi bon devenir plus fort si les adversaires deviennent également plus forts en parallèle ? Ce système permet par ailleurs de zapper la majorité des quêtes et d'aller droit au but, quitte à louper une bonne partie de l'univers et des mécaniques de jeu concoctées par les développeurs. Ainsi, l'aventure vous occupera une douzaine d'heures ou une soixantaine, selon que vous la parcourrez en ligne droite ou essaierez d'en profiter au maximum.



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