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En raison d'un manuel papier peu utile, de fonctionnalités nombreuses et pas forcément très habituelles, d'un scénario qui passe à l'as, et du mélange même des genres, les premiers pas dans le touffu BattleForge sont assez confus, voire franchement désagréables. Mais en insistant un peu, on découvre avec bonheur l'efficacité des différents principes de jeu et la caractère addictif de l'ensemble. Original et très correctement réalisé, ce titre pas comme les autres mérite donc vraiment qu'on s'y intéresse. D'autant plus que, condamnable sur le principe, le système d'achat de cartes supplémentaires peut heureusement être contourné grâce aux points offerts avec le jeu et les outils intégrés d'échange de cartes.
- Mélange intéressant de genres
- Du "solo", du coop, du PvP...
- Constitution automatique des groupes d'unités
- Modèle économique raisonnable
- Bonne réalisation générale
- Temps de chargement très longs
- Perturbant au départ
- Scénario laissé-pour-compte
- Etre riche, c'est quand même mieux...
- Pas de fin ?
Les développeurs de Phenomic ont toujours été de fervents adeptes du mélange des genres. A l'époque des deux épisodes de SpellForce, il s'agissait de fusionner stratégie temps réel et jeu de rôles. Le résultat s'est d'ailleurs avéré très satisfaisant. Nos amis teutons, désormais chapeautés par Electronic Arts, poussent l'audace encore plus loin avec BattleForge. Cette fois, nous avons affaire à un mix entre stratégie temps réel et jeu de cartes à collectionner, parsemé de fonctionnalités dignes d'un MMORPG. Le tout se déroulant naturellement en ligne.
Etant donné le caractère relativement original du jeu, commençons par en détailler les principes fondamentaux. Basées sur des mécaniques classiques de stratégie temps réel, les parties s'affranchissent quasiment de toute construction de base. Des puits énergétiques sont disponibles à différents endroits de chaque map, il suffit donc de les capturer pour s'assurer un flot constant d'énergie. Même règle pour les monuments, qui permettent, eux, de créer des orbes appartenant à l'un ou l'autre des quatre éléments fondamentaux (feu, glace, nature, ombre). Chaque unité demande une certaine quantité d'énergie et un nombre donné d'orbes pour pouvoir être invoquées. Car oui, il ne s'agit pas d'entraîner ou de construire ses troupes, mais bel et bien de les faire apparaître instantanément sur le champ de bataille. Près d'un monument ou d'un puits, auquel cas elles sont directement en pleine forme, ou près d'une unité alliée où qu'elle soit sur la carte, le cas échéant, les nouvelles troupes souffrent du mal d'invocation qui limite leurs points de vie et leurs pouvoirs pendant quelques secondes. Forts de ces principes, les affrontements sont extrêmement dynamiques et BattleForge s'avère incontestablement plus nerveux et dynamique que le RTS moyen. La plupart du temps, les premiers affrontements avec les troupes adverses interviennent en moins d'une minute et ce, que l'on joue contre l'ordinateur ou contre un adversaire humain. Puisque BattleForge exige d'être connecté à un serveur en permanence, on évitera de parler de mode solo, même pour les maps qui se jouent seul. Nous utiliserons plutôt le terme PvE (joueur contre environnement), à mettre en rapport avec le célèbre PvP (joueurs contre joueurs) des MMORPG. Ici, le PvP prend la forme de duels (un contre un) ou de PvP par équipe (2 contre 2).
Des maps et des cartes
Comme vous vous en doutez certainement après les explications précédentes, les matchs sont sans pitié et les parties tiennent plus du rush que de l'enlisement interminable. Naturellement, les cartes PvE sont plus scénarisées et les objectifs à remplir font qu'on y passe parfois jusqu'à une heure. Il faut dire que le titre de Phenomic propose non seulement du PvE seul, mais également du PvE coopératif à deux, quatre et même douze joueurs ! Il ne s'agit pas dans ce dernier cas d'avoir tous les joueurs sur une même map, mais de les répartir sur trois cartes différentes, les objectifs de l'une ayant généralement des répercussions sur les autres. Ce principe rafraîchissant fonctionne très bien et procure de bons moments lorsqu'on tombe sur des équipes motivées. En revanche, il n'est pas rare de voir un joueur se déconnecter en plein milieu de la partie et l'on doit même parfois supporter des problèmes de synchronisation qui déconnectent tout le monde sans prévenir... Arrivé à ce stade du test, il est temps d'aborder l'aspect "jeu de cartes à collectionner" de BattleForge. En effet, à la manière d'un Magic ou d'un Yu-Gi-Oh, chaque unité est représentée par une carte qui permet de l'invoquer, dès lors qu'on possède suffisamment d'énergie et d'orbes pour cela. A l'heure actuelle, il existe plus de 200 cartes différentes, qui représentent soit des unités mobiles, soit des éléments de défense (tour à canon, puits de soin...), soit des sorts. Et il y a fort à parier que de nouvelles cartes voient régulièrement le jour. Sachant que pour chaque partie, le deck du joueur ne peut contenir qu'au maximum 20 cartes, il est important de réfléchir avant de se lancer dans la bataille et de constituer un set le plus performant possible. On pensera notamment à privilégier les unités boostées avec les cartes d'améliorations que l'on remporte après chaque victoire.
Money, money, money
Qui dit jeu de cartes façon Magic, dit achat de "booster packs". Ces derniers ont beau être virtuels, il reste possible de les acquérir contre de l'argent réel, par le truchement des points BattleForge qui constituent la devise du jeu. Electronic Arts propose d'acheter cette monnaie en ligne pour environ 20€ les 2 000 points. Sur le principe, c'est assez choquant, voire inacceptable puisque les joueurs les plus riches pourront dépenser sans compter afin d'obtenir les meilleures cartes. Mais il convient de relativiser ce point. Tout d'abord, ce principe est courant dans le monde des jeux de cartes à collectionner. Mais surtout, le modèle économique de BattleForge reste extrêmement raisonnable. En effet, l'achat du jeu donne droit à 64 cartes standards et à un pactole de 3 000 points BattleForge, ce qui représente l'achat de 12 booster packs supplémentaires. Sachant que chacun d'entre eux est constitué de cinq cartes communes, dont deux peu communes, et d'une rare ou ultra-rare, on peut tout à faire se constituer un deck de haut niveau sans débourser plus que le prix d'achat du jeu. Par ailleurs, tout est prévu pour pouvoir échanger ses cartes en ligne avec d'autres joueurs. On dispose même d'un système d'enchères, parfait pour dégoter une carte spécifique sans devoir acheter frénétiquement des dizaines de booster packs dans l'espoir de tomber dessus. Le jeu propose également une messagerie qui autorise l'envoi de cartes en pièces jointes, un lobby plutôt bien réalisé, un système de matchmaking pour trouver facilement un adversaire à son niveau, et même une fonctionnalité de replay qui permet de revoir après coup l'intégralité de chaque partie. Le système de distribution des récompenses dans le groupe s'inspire des MMO puisqu'on peut choisir entre une distribution aléatoire ou un principe de besoin/cupidité. Dans l'ensemble, BattleForge est donc très correctement réalisé. Y compris graphiquement, puisque le moteur affiche de très beaux effets et gère sans trop ramer des affrontements parfois franchement massifs. Et si le design des unités rappelle immanquablement celui de Warcraft III, il n'en reste pas moins très agréable à l'œil. Pratique, l'interface permet de gérer la constitution des groupes d'unités à la souris, aidée en cela par un système très malin de présélection automatique. Comprenez par là qu'en invoquant une unité près de quelques autres, la petite nouvelle portera automatiquement le numéro de groupe de ses voisines. Un souci du détail qui, hélas, tranche avec un manque d'optimisation flagrant en ce qui concerne les temps de chargement. Il sont extrêmement longs et s'accompagnent même de temps de déchargement en fin de partie. Joueurs pressés, passez votre chemin ! Plus embêtant encore : le jeu fait l'impasse sur toute scène cinématique, et ne présente son scénario que par une bête lecture facultative de simples pages de texte à l'écran. C'est franchement pas très immersif et on finit tout naturellement par enchaîner les parties sans se préoccuper le moins du monde de l'histoire. Les développeurs semblent d'ailleurs avoir fait de même, puisque terminer toutes les cartes PvE ne donne lieu à aucune animation spécifique. A l'heure actuelle, on se demande encore si on a fait le tour du jeu ou non...