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Comme vous avez pu le lire dans notre test de Batman : Arkham City, cette suite est sensiblement identique à son prédécesseur dans ses fondations, qui offrait une aventure plus fermée. Perdant une certaine efficacité du fait de son environnement ouvert qui concentre moins le joueur sur l'histoire, le jeu de Rocksteady cherche davantage à se rapprocher de l'imaginaire propre à Batman : se rendre de crime en crime afin d'imposer la justice à coup de batarang. Une liberté d'action qui offre des phases de gameplay et des expériences variées, tout en privilégiant l'aspect grisant du vol au-dessus de la ville. Maîtrisé et doté d'une direction artistique exceptionnelle, Batman : Arkham City pèche simplement par la conservation d'anciens travers, comme le côté un peu mécanique des phases de prédation et le système de combat pas assez "free" justement. Enfin, il est pénible de devoir passer par le PlayStation Network ou le Xbox LIVE pour pouvoir jouer avec Catwoman, ce qui n'a logiquement pas été possible sans la présence du précieux code. Une pirouette marketing que n'autait pas apprécié le pourfendeur du crime.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Batman Arkham City
- Direction artistique exceptionnelle
- Une réalisation qui en impose
- L'ambiance !
- La ville ouverte bien utilisée
- Bande-son discrète mais très efficace
- Des boss bien classes
- Le doublage français (sauf Batman)
- De vrais moments forts
- Des nouveaux gadgets bien vus
- Des quêtes annexes agréables bien que courtes
- Une bonne durée de vie
- Les combats brutaux...
- ...mais encore trop dirigés
- Le scénario décevant
- Vision détective encore trop en avant
- Les phases prédateurs un peu trop similaires
- Le boss final pas terrible
- Catwoman en DLC en occasion...
Plus ou moins sombre suivant les auteurs, Batman fonde tout de même sa légende sur l'obscurité et la crainte. Deux composantes qui fonctionnent sur les petites frappes de Gotham, mais qui s'étaient avérées inutiles contre les grandes figures du crime internées dans l'asile d'Arkham. Une confiance qui n'avait pas suffi à les tirer des bat-griffes de l'homme masqué, dont la motivation est finalement l'aspect le plus effrayant de sa personnalité. Un échec pour les freaks qui n'a servi de leçon à personne. Et à l'air libre, avec plus de moyens, le crime peut presque payer. Une menace sur laquelle plane sans grand souci un Batman qui a ouvert ses ailes et, surtout, son monde dans Batman : Arkham City.
L'ombre et la proie
Divisée entre l'ensemble des camps présents, l'histoire de Batman : Arkham City conduit à arpenter la zone criminelle de long en large, que ce soit dans les airs ou en pénétrant dans les divers bâtiments municipaux aux mains de tel ou tel fou furieux. Souvent très étendus et construits sur plusieurs niveaux, ces QG requièrent à chaque fois une bonne connaissance des gadgets pour pouvoir avancer au gré des différents pièges et "énigmes" relativement simples à contourner. Avec un minimum de recherches et d'observation. Bien conçus, ces niveaux, agissant comme des sortes de donjons, se montrent habilement tortueux. Une impression de complexité qui passe par un cheminement fondé sur des détours dissimulés, et le fait d'être orienté en pensant explorer. Il est simplement dommage que la structure reste souvent identique avec le passage obligé par une ou plusieurs phases en mode prédateur, avant la conclusion incarnée par un boss. Un schéma un peu trop systématique qui se montre donc prévisible, sans pour autant casser les effets de surprise et les revirements astucieux mis en place par Rocksteady. Un constat dû en grande partie à un souci du détail ahurissant, qui fait de chaque lieu visité un témoin vivant des cicatrices de la cité. Que ce soit le musée de Gotham, repris à son compte par le Pingouin, l'ancienne ville ou bien encore le commissariat de police, tous ces endroits poussent à la découverte tant ils imposent un univers fort. Subtil mélange entre les différents films de Burton, oscillant entre le malsain, le burlesque et l'ambiance froide de polar désespéré du Dark Knight griffé Miller, la direction artistique de Batman : Arkham City se montre encore plus convaincante que dans le précédent épisode. Les atmosphères sont multiples, cohérentes et forment un tout d'une puissance visuelle étonnante, rendant en quelque sorte hommage à ce qu'est Batman ; avec cet aspect de citadelle abandonnée qui légitime immédiatement le personnage. Un respect qui passe également par le rythme du jeu, plutôt posé, et collant bien à la manière de procéder du héros. Ce dernier se fait tout de même régulièrement maraver tout en continuant à avancer coûte que coûte, doucement mais sûrement, avec un aplomb titanesque. Le jeu n'est pas pour autant privé de moments de bravoure intenses, bien au contraire, notamment lors de la traque de l'un des adversaires les plus résistants de Wayne. Des ennemis qui ne sont d'ailleurs pas loin de voler la vedette à ce dernier, tant dans leur excellent doublage français que dans leur intégration au sein de l'histoire.
Je suis la vengeance, je suis la nuit
Le casting des personnages qui en veulent de près ou de loin à Batman est d'une richesse étonnante. Il comprend non seulement les vilains classiques et réguliers style Edouard Nigma ou Bane, mais également des têtes moins récurrentes comme Deadshot, le Veilleur, voire le Chapelier Fou. Plus ou moins développés, ces derniers sont toutefois tous au centre d'une petite histoire qui s'intègre dans un ensemble de quêtes annexes loin du simple "amène tel objet à telle personne". Elles prennent la forme d'une course contre la montre, d'enquêtes avec recherche de preuves, le tout avec une vraie conclusion qui ne se résume pas à l'obtention d'un Succès/Trophée. Les très nombreuses énigmes de l'Homme Mystère font aussi partie des activités secondaires, avec pour principale nouveauté l'existence d'hommes de main d'E.Nigma qu'il est possible d'interroger pour activer l'affichage desdites énigmes sur la carte. Des à-côtés qui donnent également accès à des nouveaux gadgets et, surtout, à des points d'expérience bien pratiques pour améliorer certains coups/items de Batman, mais aussi la résistance de son armure aux balles ou aux coups directs. Un système d'évolution très classique qui a pour simple mérite d'éviter les game over face à des groupes d'ennemis parfois très nombreux. Reprenant le système de combat FreeFlow, Batman : Arkham City laisse un peu plus de largesses au joueur, avec l'utilisation rapide de gadgets qui temporisent un peu plus les affrontements et surtout un côté davantage acrobatique. Une évolution timide qui passe aussi par la présence d'ennemis à l'agressivité revue à la hausse, qui hésitent moins à se servir de ce qui traîne et surtout d'armes tranchantes obligeant à des esquives multiples à gérer au stick. Même si ce principe demeure perfectible avec toujours un automatisme qui retire une certaine liberté au joueur, les combats victorieux à un contre dix conservent leur puissance et le côté jouissif qui se dégage de la vision des adversaires gisant ça et là. Ne cherchant pas la révolution, Rocksteady s'est contenté d'améliorer l'excellente recette mise en place dans le premier épisode, perdant en surprise et, en un sens, en efficacité pour privilégier une expérience dense, maîtrisée et surtout un retour aux racines de Batman. Cette ouverture ne risque pas d'amener un nouveau public, mais permet de se rendre compte que Batman : Arkham Asylum n'était décidément pas un coup de chance.