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Un peu sorti de nulle part, Batman : Arkham Asylum clôture les Grandes Vacances (ou commence la rentrée, c’est selon) de la plus belle manière qui soit. Grâce à sa réalisation haut de gamme, son gameplay riche et intuitif et son ambiance unique, le titre d’Eidos et de Rocksteady captive notre attention dès la première minute, en nous emmenant dans une aventure pleine de surprises et d’amusement. Nul doute que Batman : Arkham Asylum fait désormais partie des jeux incontournables qu’il faut posséder dans sa ludothèque pour ne pas passer pour le benêt de service.
- Réalisation exemplaire
- Gameplay riche, varié et justement équilibré
- Des combats virils et violents
- Des boss impressionnants
- Une ambiance de folie
- On ne s'ennuie jamais
- Doublage de qualité, VO comme VF
- Durée de vie convenable
- Un poil linéaire
- Manque de challenge évident
- Des boss trop faciles à abattre
- I.A. un peu décevante
- Aventure uniquement solo
Véritable porte-parole, pour ne pas dire icône, de la DC Comics, Batman a retrouvé toutes ses lettres de noblesse au cinéma grâce aux talents de Christopher Nolan, qui lui a indubitablement redonné une seconde vie sur péloche grâce aux épisodes Batman Begins et surtout The Dark Knight. En revanche, si le Chevalier Noir a toujours su se montrer plus ou moins à la hauteur en jeux vidéo, il n’est jamais parvenu à se hisser au Panthéon des titres les plus prestigieux de ce média. Avec Arkham Asylum, Rocksteady Studios répare cet affront et cristallise par la même occasion un vieux rêve de gosse : celui d’enfiler la cape de Batman dans un jeu de haute volée.
Bénéficiant d’une totale liberté dans le développement de Batman : Arkham Asylum, le studio Rocksteady s’est payé le luxe d’une histoire inédite à raconter. Et pour aider les développeurs à mettre en œuvre leur projet, Paul Dini, l’un des principaux scénaristes de la série animée (celle diffusée dans les années 90), a accepté de reprendre sa plume pour leur écrire un scénario béton. Celui-ci démarre d’ailleurs par l’arrestation musclée du Joker par un Batman boosté à l’EPO. Souhaitant à tout prix l’accompagner jusqu’à la cellule où il pense qu’il va séjourner pour le restant de sa vie, Batman se retrouve rapidement dans le rôle du héros piégé. Aidé par la délirante Harley Quinn, notre justicier masqué se retrouve coincé au sein de la prison d’Arkham Asylum où séjournent les plus dangereux voyous de Gotham City. Car si le Joker reste l’antagoniste principal de cette aventure, Batman devra se fritter avec d’autres adversaires, tous aussi coriaces. Pêle-mêle, on peut citer Poison Ivy, Killer Croc, Bane, l’Epouvantail (Scarecrow) ou bien encore l’Homme-Mystère (Mystery Man) qui seront autant de personnages secondaires qui compliqueront la tâche de notre Chevalier Noir. Ce dernier devra donc déjouer les plans de son Némésis de toujours qui aura, quoiqu’il arrive, toujours un train d’avance. Le tout est d’éviter de se faire distancer et de parvenir à remplir les défis qui sont imposés par le Joker. Si Arkham Asylum reste le principal terrain de jeu, Batman sera amené à visiter d’autres bâtiments qui jouxtent la prison. Le manoir, ses jardins, les égoûts ou bien encore la Batcave sont autant de lieux qui vont permettre de changer d’atmosphère, bien que celle-ci soit toujours plongé dans une certaine noirceur. Car si Batman : Arkham Asylum emprunte beaucoup des bandes dessinées, il s’inspire aussi des deux derniers longs-métrages en instaurant un côté dark des plus réjouissants.
Bat-trip total
D’ailleurs, pour que le joueur soit complètement immergé dans l’aventure, le studio Rocksteady a mis le paquet côté graphismes en faisant appel à l’Unreal Engine 3 d’Epic Games, qui a notamment servi à mettre sur pied l’une des références du jeu d’action : Gears of War 2. Les ressemblances avec ce dernier sautent d’ailleurs aux yeux, avec des textures assez similaires et un souci du détail vraiment poussé. Les perfectionnistes pourront, s’ils le souhaitent, zoomer au plus près des personnages et des éléments du décor pour voir à quel point les graphistes ont pris le soin de peaufiner chacune des textures qui composent le jeu. Du grain de la peau jusqu’à la plissure d’un vêtement, en passant par les ridules du visage ou la moindre cicatrice, tout a été travaillé avec une attention toute particulière, faisant d’Arkham Asylum l’un des plus beaux jeux du moment. Mieux encore, l’atmosphère – à la fois sombre et gothique – qui se dégage du titre prouve que la direction artistique n’a jamais été victime de mauvais goût, bien au contraire, même si l’on pourra, peut-être, reprocher une musculature un peu trop volumineuse de la part de notre héros masqué. Costume moulant et épousant la forme de ses muscles saillants, notre chauve-souris affiche un look assez brutal que les fans du comic-book ne renieront certainement pas.
Du grain de la peau jusqu’à la plissure d’un vêtement, en passant par les ridules du visage ou la moindre cicatrice, tout a été travaillé avec une attention toute particulière, faisant d’Arkham Asylum l’un des plus beaux jeux du moment."
Mais il fallait au moins ces quelques séances de gonflette pour justifier la force de Batman qui n’a jamais autant distribuer de mandales de toute sa carrière. Grâce à l’instauration du Free Flow Combat, les concepteurs ont mis en place un système de combat à la fois simple et abouti, permettant au joueur d’enchaîner les combos et les contres avec une certaine classe. Qu’il doit faire face à 3 ou 15 malfrats en même temps, Batman est capable de les attaquer simultanément et ce de tous les fronts possibles. Si une seule touche est nécessaire pour enchaîner les attaques, le joueur est libre de passer d’un ennemi à un autre en faisant usage du stick analogique. En cas d’attaque surprise, on est aussitôt alerté par deux icônes contextuelles qui nous permettent aussitôt de riposter. Si le timing est bon, alors Batman fera étal de ses arts martiaux pour mettre au tapis ses adversaires. D’ailleurs, afin de s’assurer qu’ils ne se relèveront plus, il est chaudement conseillé de les achever au sol par une attaque fulgurante. Facile d’accès pour les novices, le Free Flow Combat offre un certain challenge pour que les amateurs de combos un peu plus complexes ne soient pas lésés par l’expérience. C’est d’autant plus vrai que de nouvelles techniques de combat se débloquent au fil de l’aventure, grâce aux points glanés lors de ces rixes bien virils. Un point qui concerne également les armes que notre Dark Knight n’hésitera pas à utiliser pour déjouer les plans du Joker.
Reboot complet
Car on le sait bien, Batman est le seul super-héros à être totalement dénué de pouvoirs, devant ainsi compter sur son physique et sa faculté à créer des gadgets high-tech. Sa superbe cape par exemple lui permet de planer un court instant dans les airs, lui donnant accès à des plates-formes éloignées ou d’atterrir en douceur après une chute. Son batarang (à usage illimité) lui permet d’assommer ses ennemis ou de briser certains mécanismes inaccessibles. Assez pratique. Il y a aussi le pistolet à gel explosif, idéal pour faire sauter des murs friables et se frayer un nouveau chemin. N’oublions pas le grappin, l’arme ultime pour se hisser sur le toit d’une bâtisse et fuir le regard des mercenaires, prêts à se jeter sur notre héros à la moindre alerte. En ajoutant toute ces gamme d’objets divers et variés, les développeurs assurent un gameplay suffisamment varié pour ne pas lassé le joueur. Car si foncer tête baissée sur un groupe d’ennemis peut être une fin en soi, le jeu nous propose – et nous impose parfois – de les approcher de manière plus fine, plus discrète. A l’image d’un Sam Fisher, Batman peut marcher sur la pointe des points et attaquer ses ennemis sournoisement par derrière. D’ailleurs, pour mieux repérer ses ennemis, Batman peut faire appel à une vue spéciale, utilisant des rayons X, ce qui lui permet de mettre en exergue les éléments importants et de repérer les ennemis, et ce même à travers les murs. Assez pratique lorsqu’on se retrouve dans des dédales un peu exigus ou de grandes salles bardées de sbires du Joker. Ces phases d’infiltration, souvent bien utilisées, se développent au fil de la progression grâce à l’extension de manœuvres offertes à notre héros. S’agripper à une gargouille, tête vers le bas pour capturer un ennemi par surprise, ou tomber dessus telle une masse, voilà le genre de possibilités qui nous est offert dans Arkham Asylum.
Ces phases d’infiltration, souvent bien utilisées, se développent au fil de la progression grâce à l’extension de manœuvres offertes à notre héros."
Si Rocksteady a pris le soin de varier le gameplay de son jeu, le studio est surtout parvenu à trouver un équilibre juste, laissant libre cours au joueur lors de ses choix de progression. Rien n’est vraiment imposé, ce qui est plutôt rare de nos jours. On se délecte ainsi de passer du simple beat’em all au jeu de cache-cache, tout en permettant de faire joujou avec des accessoires. Toutefois, à côté de toutes ces qualités indéniables, on trouve quelques faiblesses qui empêchent Batman : Arkham Asylum d’atteindre les sommets de la perfection, à commencer par un manque de challenge évident. Bien que le jeu offre trois modes de difficulté différents, il est assez rare de rester bloqué dans le jeu. Non seulement, les checkpoints sont légions, mais en plus, le jeu a pour vocation de guider constamment le joueur. Perdu dans un niveau ? Il suffit de faire appel à la carte interactive pour trouver immédiatement son chemin. De même, l’intervention du Joker au haut-parleur, mais aussi par le biais d’indices sur la route, évite aussi de se perdre. Les combats, même face aux différents boss, ne sont jamais bien difficiles à surmonter, à notre grand désarroi. C’est d’autant plus vrai que l’I.A. des ennemis n’est guère vaillante, ce qui comblera de bonheur les amateurs d’infiltration à outrance. On remarque aussi qu’une certaine linéarité s’installe progressivement dans l’aventure, avec des mécaniques de jeu qui ont tendance à se répéter. Cela dit, avec une petite quinzaine d’heures de jeu pour terminer le titre, la durée de vie de Batman : Arkham Asylum reste raisonnable. En revanche, pas de mode multi pour prolonger l’expérience, juste quelques modes Défis qui combleront les amateurs de free fight et d’infiltration à petites doses. Quoiqu’il en soit, ces défauts restent mineurs pour véritablement gâcher l’expérience qui vaut vraiment la peine d’être vécue. En toute objectivité.