Test également disponible sur : Switch

Test Astral Chain : le nouveau PlatinumGames est-il vraiment à la hauteur de sa réputation ?

Test Astral Chain : le nouveau PlatinumGames est-il vraiment à la hauteur ?
La Note
note Astral Chain 15 20

Le potentiel de la peut-être future saga Astral Chain est énorme et, honnêtement, il ne faut pas aller bien loin pour s’en apercevoir. Fort d’un concept plutôt novateur, son univers séduit rapidement et ses combats frénétiques s’avèrent payants grâce à un gameplay profond qui s’étoffe de fil en aiguille et offrant une belle complexité. Malgré tout, on se demande si PlatinumGames n’essaie pas d’en faire trop d’un coup à proposer toutes ces phases de jeu bien différentes les unes des autres : si les enquêtes, les mini-jeux ou la plateforme permettent d’aérer évidemment le rythme, plusieurs couacs dans tous ces domaines empêchent, à notre sens, Astral Chain d’accéder à l’excellence même s’il est en l’état un véritable bon jeu. Son manque de visibilité dû à une surcharge graphique lors de nombreux combats le dessert assurément : son gameplay manque aussi parfois de précision et s’avère difficile à assimiler, peu intuitif, toujours après un bon moment. Son recyclage des environnements – pourtant parfois éblouissants – est également à souligner et son histoire, elle, est soit écrite avec les pieds soit à destination des enfants naïfs de 10 ans : fort heureusement, le titre propose d’innombrables autres arguments qui assurent une expérience réussie mais encore un peu perfectible. Rassurez-vous, Astral Chain reste une valeur sûre de Nintendo en cette année 2019 et l’on encourage plus que jamais ce genre d’initiatives.


Les plus
  • L'association Héros/Légions bien pensée et à souligner
  • Un gameplay original qui se développe sur la durée
  • Une action frénétique
  • Certains boss/ennemis qui valent le détour
  • Un univers qui prend vite aux tripes
  • Une jolie direction artistique qui, parfois, claque comme il faut
  • Plutôt long avec une très bonne rejouabilité
  • De la variété avec des enquêtes et des mini-jeux
  • Une expérience complète
Les moins
  • Un affichage souvent surchargé et illisible (encore pire quand la console est en mode Portable)
  • Des imprécisions de gameplay en combat et en plateforme
  • Une caméra capricieuse
  • Une histoire prévisible
  • Un héros muet...
  • Des options de dialogue inutile
  • Un gameplay tout de même peu intuitif
  • Des environnements (cool) mais vraiment redondants


Le Test

En une bonne décennie, PlatinumGames a su prouver maintes et maintes fois son savoir faire en matière de jeu d’action. En reprenant certaines franchises déjà renommées comme avec Metal Gear Rising ou NieR:Automata mais aussi en créant des sagas de toutes pièces : Bayonetta, Vanquish,  Anarchy Reigns, les noms ne manquent pas et le studio nippon a depuis bien longtemps acquis ses lettres de noblesse. Alors, forcément, quand il s’attelle à la production d’un tout nouveau titre au concept résolument novateur, on se doit d’y garder une attention toute particulière et c’est à nouveau du côté de Nintendo que cela se passe : voici Astral Chain, un Beat Them All à la croisée des genres aux bases résolument solides… en passe de devenir l’une des références des prochaines années ?


Astral ChainAstral Chain n’est pas vraiment un projet attendu de longue date : il fut annoncé en début d’année pour une sortie quelques mois plus tard seulement. Qu’importe, le talentueux Takahisa Taura, développeur emblématique de la firme, s’attèle ici à une aventure originale qui mérite le coup d’œil. Si Astral Chain est bel et bien un beat them all dans sa majorité, il imbrique également des facettes de RPG et d’enquête qui font de lui un jeu hybride séduisant – en tout cas, sur le papier. Nous voici plongés dans The Arc, ou l’Arche en français, en 2078, une mégalopole futuriste constituée de dizaines et de dizaines de régions plus ou moins développées. Si la vie y bat son plein, les ennuis commencent quand une mystérieuse invasion débute : des failles inter dimensionnelles s’ouvrent un peu partout et les Chimères, de redoutables créatures (invisibles car venant d’un univers inconnu) assoiffées de sang, commencent à contaminer la population, enlever les citoyens et, globalement, faire un bordel général assez détestable. Le joueur aura pourra donc le choix d'incarner un des jumeaux, fille ou garçon, qui serviront de protagonistes pour ce périple ultra-mouvementé. Et pour s’attaquer aux Chimères, quoi de mieux que d’en avoir soi-même sous la main ?

ATTRAPEZ-LES TOUS

Astral ChainC’est effectivement tout le génie du gameplay et le concept même d’Astral Chain : disposer de véritables monstres à sa solde et s’en servir directement en combat. Policier d’élite fraîchement intégré dans la super division Neuron, le héros (ou l’héroïne, nous le répétons) est alors l’un des très rares à être mis en corrélation directe avec des Chimères contrôlées par une technologie. Littéralement, ces sales bestioles sont enchaînées directement à vous, aussitôt synchronisées avec votre esprit pour devenir purement et simplement les extensions de votre bras, appelée alors « Légions ». Cette fusion avec l’ennemi vous permet donc de voir toutes traces de l’invasion adverse, qui ne peuvent normalement pas être perçues à l’œil nu, et cela fait évidemment de vous un flic absolument hors-pair. Comme si cela ne suffisait pas, vous êtes également un combattant expérimenté doté d’une technologie très avancée : vous voilà donc parti pour stopper l’envahisseur et sauver l’humanité. Normal, quoi.

LIBÉRÉES, DÉLIVRÉES

Astral ChainC’est véritablement une fois plongé dans le jeu que l’on comprend toute la dimension assez innovante d’Astral Chain : en même temps que l’on attaque nos ennemis « normalement », c’est-à-dire grâce à notre superbe matraque/épée/pistolet, notre Légion en fait de même pour un lattage de tronche salvateur. Une fois libérée de sa prison astrale, qui réside dans une sorte de deck fixé au poignet, ce nouveau pote s’en prend donc aux ennemis de vos choix automatiquement et, surtout, il est possible de synchroniser les mouvements à des moments opportuns – une lumière bleue équivoque qui apparaîtra à la fin d’un combo, juste après une esquive, etc. – pour des combos dévastateurs. Autre move prépondérant : la capacité d’enchaîner les ennemis avec notre chaîne astrale en faisant tourner manuellement la Légion autour d’eux, offrant alors une ouverture d’attaque efficace. Une localisation des dégâts est également présente avec plus de dommages infligés, par exemple, dans le dos des adversaires ou directement en plein dans leur caboche. En fait, le système de combat d’Astral Chain regorge de spécificités qui gagnent en profondeur au fur et à mesure de l’aventure : il serait même difficile de détailler précisément tout ce qui en fait son envergure tant PlatinumGames a voulu proposer quelque chose d’à la fois neuf et plutôt pertinent.

LE COUTEAU-SUISSE DU FUTUR

Astral ChainOn acquerra par exemple plusieurs Légions disposant chacune d’aptitudes uniques - l’Épée tranche dans le vif et soigne les gens ; l’Arc peut tirer à distance ; Poings est capable de soulever et balancer des éléments du décors ; la Bête peut être montée et déterre des objets ; le Hache protège le joueur dans une solide bulle – auxquelles il sera possible d’attribuer des mouvements, des bonus et autres montées en niveaux d’expérience plus que primordiales. Et, d’ailleurs, c’est là qu’arrive une première et réelle difficulté qui vient desservir Astral Chain : sa jouabilité est en fait assez difficile à appréhender. Evidemment, de nombreux Beat Them All disposent de cette particularité mais le titre japonais souffre d’une assimilation ardue de son gameplay, la faute, notamment, à un mapping un peu trop complet et pas des plus logiques. Les combinaisons de touche ne sont, de base, pas très instinctives et l’expérience s’enrichissant considérablement au fil du temps, on nous sert alors une quantité d’informations presque indigeste qui peut véritablement repousser certains joueurs. Heureusement, le tout se laisse dompter mais cette éducation se fait un peu par la force et trop sur la durée, malgré l’intégration d’un mode d’entraînement qui a le mérite d’exister. Aussi, l’action manque parfois d’un réel manque de précision qu’il semble essentiel de souligner : les problèmes de caméra sont récurrents, ceux de collision empêchent d’effectuer correctement l’action souhaitée, les phases de plateformes sont maladroites, voire imprécises. Il n’est pas évident d’instaurer un contrôle équilibré dans tous les domaines quand on souhaite fabriquer une aventure aussi riche que celle d’Astral Chain, et dieu sait que le studio a ici vu les choses en grand.

JIMMY NEURON

Astral ChainSi le combat peut donc s’appuyer sur des idées vraiment intéressantes et bien réalisées en dépit de ces problèmes de conception évidents, le reste de l’aventure peut se targuer de proposer d’autres choses à des années-lumière de la pure baston précédemment expliquée. En effet, parce que l’on incarne un.e policier.e, on se doit également de mener l’enquête quelques fois tout au long de notre parcours. Grâce à notre Légion, au système de vision IRIS et notre bonne vieille tchatche, il est alors possible d’analyser des scènes de crime, de remonter des pistes ou encore d’interroger des passants pour collecter des informations et trouver le pourquoi du comment. Jolies bouffées d’air frais au milieu d’affrontements survoltés, ces phases à la Hercule Poirot 2.0 s’avèrent correctement réalisées, certainement pas difficiles, et plutôt sympathiques malgré quelques fragilités au tableau. On pense par exemple à un level design parfois si linéaire que l’on se demande pourquoi l’enquête est nécessaire alors qu’il s’agit d’aller simplement tout droit pour trouver le coupable ou à un système de recoupement d’indices pas très pertinent ni bien écrit. Rien d’alarmant néanmoins et ce côté policier complètement assumé permet de respirer aux côtés de nombreuses petites quêtes secondaires, souvent truffées de mini-jeux. Aider ses collègues à déblayer la rue, ramener à un chat à sa propriétaire, arrêter un pickpocket : souvent, les buts ne sont pas très recherchés, ni gratifiants et s’inscrivent dans les clichés mais ont le mérite de se traduire par des petites énigmes, des puzzles ou des défis d’adresse désaltérants.

BELLE DE LOIN, LOIN D’ÊTRE BELLE ?

Astral ChainIl est indéniable qu’Astral Chain possède un potentiel énorme qui devrait servir grandement au futur de la saga, du moins si les ventes sont satisfaisantes comme l’espère légitimement PlatinumGames. Et comme belle corde à son arc, on peut noter aisément une direction artistique léchée et franchement réussie. Bien sûr, le cel-shading est un cache-misère formidable et parfait pour masquer la puissance modérée de la Switch : la société s’est notamment aidée de Masakazu Katsura, artiste reconnu pour son travail sur des mangas comme Wing-Man ou Shadow Lady, et de Hajime Kimura, jeune réalisateur japonais, pour former une esthétique qui fait mouche, presque toujours dans des tons futuristes cohérents. Presque, oui, car si certains ennemis s’avèrent absolument magnifiques et des boss réellement impressionnants – on sent qu’il y a un fort passif sur Bayonetta ! – d’autres surprennent avec un chara-design un peu hors-sujet. Heureusement, ceux-ci sont assez rares et n’entachent pas trop le reste. Hormis certaines zones impressionnantes, de nombreux lieux s’avèrent tout à fait banals (des égouts, des usines et autres joyeusetés) mais sauvés par cet aspect graphique appréciable. En revanche, là où le bât blesse, c’est que le titre propose beaucoup trop de fois les mêmes environnements, pourtant impressionnants au début mais qui, à force, sentent fort le recyclé et atténuent surtout totalement la surprise. Cette répétition géographique vient donc instaurer une certaine lassitude malgré les bonnes idées – ça nous rappelle un certain gros beat them all de Capcom sorti plus tôt dans l’année, tiens – et c’est forcément dommage. Autre gros point négatif venant ternir le tableau : l’action manque d’une visibilité souvent évidente. Il est dans la direction artistique d’accentuer les lumières, les scintillements, les effets de particule et cela rend bien la plupart du temps ; en revanche, lors d’affrontements massifs avec plusieurs individus, la bouillie de pixels est indécente. Bien souvent, on se retrouve alors à se référer uniquement aux vibrations de la manette ou au sound design car l’on a tout simplement perdu notre personnage et notre Légion de vue dans cette ama survenue de visuels et de lumières ! Couplé à une caméra capricieuse, l’affichage est alors vite surchargé et, encore, nous vous disons ça après avoir joué sur un écran de grande taille. Car en mode portable, Astral Chain demande de plisser les yeux pour y voir quelque chose et frôle l’illisibilité lors des grandes batailles. Il paraît donc évident de privilégier le dock de la Switch, tenez-le-vous pour dit.

UN BEL ARC-EN-CIEL

Astral ChainS’il y a bien une chose que l’on peut ne peut reprocher à Astral Chain, c’est son expérience réellement complète et touche à tout. Composée de dix missions, l’aventure s’enchaîne relativement bien et suinte la rejouabilité. Tout d’abord, il y a un fort aspect scoring avec une note attribuée à chaque fin de chapitres et sous-chapitres ; il y a aussi les nombreux mini-jeux cités plus haut ainsi que plusieurs niveaux de difficulté appréciables. En mode Normal, sachez que nous sommes venus à bout du boss de fin (non pas sans gouttes de sueur d’ailleurs, au contraire du reste de la campagne qui se fait très correctement) au bout d’une grosse quinzaine d’heures de jeu, sans nous attarder sur nos scores et en ne faisant pas la totalité des side quests. Par contre, quel dommage que l’histoire ne suive qu’aussi peu ! Avec une écriture simplette, des personnages ultra-prévisibles, un personnage principal muet (en 2019, ça commence à faire long pour un jeu truffé de cinématiques) et des options de dialogue inutiles – presque à chaque fois, on nous demande de choisir pour deux réponses au sens identique mais formulées différemment – on ne peut s’empêcher de regretter ce manque de soin scénaristique. Pourtant, l’univers d’Astral Chain est vraiment plaisant, son ambiance futuriste truffée de néons et de technologies happe vite et se voit épaulée par une bande-son à la fois orchestrale et Rock réussie : on espère vraiment que PlatinumGames saura gommer ces imperfections pour libérer à juste titre tout la très chouette capacité de cette nouvelle franchise.  


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