Test Astérix & Obélix XXXL Le Bélier d’Hibernie : retour au classicisme pour la série
12 20
Impossible de le nier, ce XXXL souffre de la comparaison avec le récent et excellent Baffez-les tous ! Pourtant, le retour à la 3D caractéristique de la série XXL se passe plutôt bien. Les graphismes restent fidèles à l'univers de nos deux gaulois préférés, tout comme les voix, le scénario, l'écriture, et l'ambiance en général. De ce point de vue, les jeunes joueurs et les fans de la BD ne seront donc pas déçus. La possibilité de jouer en coop jusqu'à quatre et le cœur de gameplay, qui nous propose de taper sur les romains avec tout ce qui nous tombe sous la main, sont également à porter au crédit de l'aventure. En revanche, Le Bélier d’Hibernie se montre un poil trop répétitif (malgré une durée de vie limitée à seulement cinq ou six heures) et classique pour déclencher un véritable enthousiasme. Il aurait fallu des niveaux plus variés, des énigmes plus originales et une IA alliée un peu plus ambitieuse pour que le titre d'Osome Studio puisse véritablement marquer les esprits.
- L'esprit de la BD est parfaitement respecté
- Les voix, anglaises comme françaises, correspondent bien aux personnages
- Les graphismes 3D tiennent la route
- Astérix et Obélix se jouent un peu différemment
- L'aventure peut être parcourue jusqu'à quatre en coop
- L'absence de saut est perturbante (au début seulement)
- Un jeu pensé davantage pour la coop que le solo
- Une IA alliée qui a des absences
- Des séquences de "boss" pas bien folichonnes
- Une action trop répétitive
Si le premier jeu vidéo Astérix remonte à 1983, sur Atari 2600, et que de nombreux titres vidéoludogaulois ont été développés depuis, la série des XXL reste certainement la plus connue du grand public. Et l'une des plus actuelles puisque XXL 3 est sorti en 2019, tandis que le remaster XXL Romastered a vu le jour en 2020. Mais avant de passer au quatrième épisode qui nous intéresse aujourd’hui, les deux gaulois ont fait en 2021 une incartade très réussie du côté du beat’em up 2D avec le mémorable Astérix et Obélix : Baffez-les tous ! De quoi faire de l'ombre à XXXL Le Bélier d'Hibernie qui, nous allons le voir, doit plutôt être classé dans la catégorie "sympa sans plus".
Nous sommes bien évidemment en 50 avant Jésus-Christ, et le petit village d'Astérix et Obélix n'est pas le seul à lutter contre l'envahisseur romain. En Hibernie, qu'on appellera plus tard l'Irlande, c'est le chef de tribu Irishcoffix qui fait figure de grand résistant malgré l'absence de potion magique sur ses terres. Son truc à lui, c'est un bélier porte-bonheur pourvu de cornes dorées. Mais voilà que le général romain Roulètrus kidnappe le pauvre animal, plongeant ainsi Irishcoffix dans la déprime. La fille de ce dernier décide alors d'aller chercher de l'aide de l'autre côté de la Manche, et de ramener Astérix et Obélix sur l'île d'Émeraude, afin que les deux gaulois entament leurs célèbres distributions de baffes. Simple et efficace, sans être particulièrement transcendant, ce scénario vaut bien celui de certains albums récents. L'une des principales qualités du jeu est d'ailleurs de respecter parfaitement l'univers créé par Uderzo et Goscinny. Propres et lisibles, les graphismes 3D sont cartoon juste ce qu'il faut, tandis que les deux héros gaulois, suivis en permanence par le discret mais bien présent Idéfix, restent parfaitement reconnaissables en vue de dessus. Du bras tournoyant d'Obélix jusqu’au soldat romain projeté en l'air tandis que ses sandales restent à terre, les animations reprennent celles rendues célèbres par les dessins animés et les bandes dessinées. Les voix, anglaises comme françaises, sont parfaitement cohérentes avec les différentes versions connues et ne heurtent jamais les oreilles. Enfin, la narration multiplie les jeux de mots et les références modernes, comme ont su si bien le faire les BD durant des décennies. Mention spéciale au chef Otofocus qui a un "objectif" et aime faire des "mises au point", ainsi qu'au chanteur Radiogagax, dont la tête et les lignes de textes sont respectivement inspirées par Freddie Mercury et les chansons de Queen.
BAFFEZ-LES TOUS !
Naturellement, le gameplay fait quant à lui la part belle à la castagne. Mais s'il reste possible de frapper les romains à mains nues, il est cette fois vivement conseillé d'attraper l'un des multiples objets mis à notre disposition dans les décors afin de renforcer la puissance de nos attaques. Pas avare en armes officielles ou de fortune, le jeu nous permet ainsi de donner des coups de bâtons, de planches, de tabourets, de bancs, de lances, de marteaux, de pelles, de boucliers, de poissons, de romains préalablement assommés, ou encore de menhirs. Cette dernière possibilité reste toutefois réservée à Obélix, qui est le seul à pouvoir manipuler les objets les plus lourds. La présence du gaulois "juste un peu enveloppé" est également nécessaire pour actionner certaines plaques de pression, tandis que son frêle compagnon est le seul à pouvoir tenir sur certaines plateformes fragiles. Les deux héros se jouent donc un peu différemment, ce qui s'avère évidemment bienvenu. D'ailleurs s'il possèdent tous les deux un mouvement de ruée, Astérix se sert de ce dernier pour esquiver les romains tandis qu'Obélix l'utilise pour les bousculer. Cette ruée peut être courte ou longue, de même que les attaques peuvent être légères ou lourdes. Le système de combats s'enrichit également d’une attaque ultime possédant différents niveaux de puissance, et dont la jauge crantée se remplit au fil des coups distribués. Le gros des troupes ennemies est constitué de soldats de base, d'unités équipées d'armes puissantes, de romains protégés par des boucliers nécessitant un marteau pour être délogés, de centurions boostant les autres combattants, et… c'est à peu près tout. On touche là l'un des problèmes du jeu, qui fait preuve d'une certaine répétitivité. Il y a d'ailleurs quelques occasions ratées à ce sujet, à l'image de cette traversée de la Manche simplement résumée en cinématique, et qui aurait pu donner lieu à une rencontre jouable avec les fameux pirates de la bande dessinée. Cette lacune est d'autant plus étonnante que des bastons sur bateaux (amarrés, certes) sont bien présentes à un moment donné.
SACRÉE GAULE
A l'image des autres épisodes de la série, XXXL tente tout de même de varier les plaisirs avec quelques énigmes qu'il est nécessaire de résoudre pour débloquer le chemin. Mais ces dernières peinent à sortir du triptyque interrupteurs à actionner, rochers à pousser, plateformes à déplacer. Il y a bien quelques séquences de répétition musicale à effectuer lors d'un niveau précis (sur le principe du "Simon"), mais tout cela reste extrêmement classique. L'absence de saut gênera également certains joueurs, surtout en début d'aventure. La ruée compense partiellement ce manque, mais il est toujours perturbant de ne pas du tout pouvoir sauter dans un jeu de plateformes. Heureusement, on s'y habitue relativement vite et, après tout, il est assez logique de ne pas voir Obélix effectuer des cabrioles. Ce qui est moins logique en revanche, c'est de voir Astérix ou Obélix se téléporter régulièrement près de l'autre compagnon. En solo, il est en effet possible de changer de personnage à volonté, ce qui s'avère même indispensable pour résoudre certaines énigmes. Mais certaines d'entre elles sont clairement pensées pour la coop, et nécessitent de faire passer d'abord un personnage, puis l'autre. Cela reste réalisable en solo mais, une fois un premier héros passé, il est plus simple et rapide de continuer avec lui un petit moment, jusqu'à ce que l'autre le rejoigne comme par magie. Par ailleurs, si l'IA se montre convenable lors des combats de base, elle a d'étranges absences lors des phases de "boss". Les guillemets sont de rigueur tellement ces affrontements manquent d'envergure. Le plus gênant reste tout de même de voir le gaulois que l'on ne contrôle pas se faire rouler dessus par des vagues de romains sans réagir (sans que cela ne lui retire des points de vie, heureusement). Le Bélier d’Hibernie s'apprécie donc mieux à deux, voire à quatre (suspension d'incrédulité exigée dans ce dernier cas, car deux Astérix et deux Obélix se retrouvent alors à l'écran). Terminons par un mot sur la durée de vie, qui ne dépasse guère les cinq heures. C'est un peu court, et le seul moyen de prolonger l'aventure consiste à retrouver des casques cachés dans les décors, et à tenter de remporter des médailles (temps, score, vie, spécial) dans les camps de fins de niveaux.