Test Ape Out : ce gorille dans la brute, version Devolver
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Grisant dès les premiers instants, Ape Out se prend en main en quelques secondes et procure un plaisir immédiat, grâce à un gameplay simple et efficace comme un bourre-pif. La bande-son dynamique, qui souligne chacune de nos actions d'un tonitruant coup de cymbales ou d'un roulement de tambour, vient ajouter à la réussite de l'ensemble. Mais voilà, avec une durée de vie qui tourne autour des deux heures, le jeu nous laisse clairement sur notre faim. On aurait aimé profiter de cette expérience plus longtemps, dans des modes de jeu plus nombreux et plus variés. Si vous n'êtes pas à quinze euros près, vous pouvez vous ruer sur Ape Out sans aucune hésitation. Dans le cas contraire, à vous de voir si l'investissement vous semble réellement raisonnable.
- Gameplay nerveux et viscéral
- Aucun temps mort
- Musique dynamique et jazzy
- Le style graphique fonctionne très bien
- Un poil répétitif
- Trop court
- Manque de contenu
- Quinze euros les deux heures...
Musique expérimentale jazzy et gorille sauvage peuvent-ils faire bon ménage ? La question parait incongrue, mais c'est pourtant celle à laquelle ont décidé de répondre l'éditeur Devolver Digital et un trio de développeurs réunis pour l'occasion (Gabe Cuzzillo, Bennett Foddy et Matt Boch). Préparez-vous à rentrer dans la peau d'un grand singe bien décidé à retrouver le chemin de la liberté, et qui n'hésitera pas à exploser le crâne de tous les êtres humains qui se trouveront sur son passage.
Entièrement muette et environnementale, la narration de Ape Out ne s'embarrasse d'aucun dialogue ni d'aucun texte, à l'exception des titres de chapitres et de quelques fugaces inscriptions didacticielles. Il faut dire que le scénario comme le gameplay ne nécessitent pas de longues explications. L'un comme l'autre se saisissent en quelques instants : vous êtes un gorille en cage et devez vous échapper à tout prix, quitte à massacrer un bon paquet d'êtres humains au passage. Le jeu nous propose une vue de dessus, qui rappellera naturellement de bon souvenirs aux fanatiques de Hotline Miami. Mais en tant que gorille, votre palette d'action reste très limitée. Vous pouvez pousser les ennemis grâce à la gâchette droite, afin de les éclater contre un mur ou un autre garde, ou les attraper d'un coup de gâchette gauche, afin de vous en servir comme bouclier humain et de profiter de leur tir incontrôlé pour coller une balle perdue à leurs collègues. Et…. c'est à peu près tout ! Aucune autre mécanique de jeu ne vient enrichir le gameplay, en dehors de la possibilité de briser des vitres et d'arracher une ou deux portes en de très rares occasions. Cette simplicité a des conséquences positives, comme une prise en main immédiate et une absence totale de temps morts dans l'action. On s'amuse tout de suite, et les sensations sont extrêmement bonnes. Malgré sa faible résistance aux balles, le gorille nous offre une très bonne sensation de puissance, et le plaisir primitif de fracasser de fragiles êtes humains à la chaîne est renforcé par l'affichage à l'écran de grosses gerbes de sang. Simple, et efficace. En contrepartie, il faut reconnaître que l'action manque quelque peu de variété, et qu'une certaine répétitivité se dégage du jeu. Heureusement, les développeurs ont prévu de nombreuses astuces pour limiter au maximum ce petit défaut.
GARE AU GORILLE
Ainsi, l'aventure est découpée en différent petits niveaux et symbolisée par des vinyles musicaux dotés d'une face A et d'une face B, ce qui permet de jouer facilement par petites sessions. Avec quatre albums et environ quatre "morceaux" par face, on a donc droit à une trentaine de niveaux qui sont autant de checkpoints. Chaque mort nous replace en effet en début de niveau, mais cet aspect "die & retry" n'est jamais pénalisant. Non seulement il y a rarement beaucoup de chemin à se retaper, mais la génération aléatoire de l'architecture et du placement des ennemis aide également à faire passer la pilule. De plus, chaque album aborde un thème particulier. On doit ainsi s'échapper dans un premier temps d'un laboratoire, puis d'un gratte-ciel, d'un camp militaire ensuite, et enfin d'un bateau. Les décors évoluent sensiblement à chaque fois et proposent parfois quelques subtilités. On aura par exemple droit à quelques coupures de courant dans le labo, ce qui forcera les gardes à utiliser des lampes de poche. Le building permet de jeter les ennemis dans le vide et oblige à faire face à des unités qui débarquent en rappel. S'échapper du camp militaire obligera à éviter des ennemis munis de lance-flammes et des barils explosifs. Enfin, on pourra se cacher brièvement dans les containers disposés sur le bateau et le port du dernier album. L'intelligence artificielle est plutôt bien simulée, puisque les adversaires ont tendance à prendre la confiance quand ils sont plusieurs et bien armés (fusil à pompe, lance-roquettes...), tandis qu'un garde isolé et muni d'un simple pistolet privilégiera généralement la fuite.
Aucune autre mécanique de jeu ne vient enrichir le gameplay, en dehors de la possibilité de briser des vitres et d'arracher une ou deux portes en de très rares occasions.
Bon point également pour les traînées de sang laissées par votre personnage blessé. Non seulement leur taille donne une indication visuelle sur l'état de santé du gorille, mais en plus elles permettent aux gardes les plus attentifs de suivre votre piste. Malgré son style graphique très particulier, fait de filtres granuleux et d'aplats de couleurs criardes, le jeu reste en permanence extrêmement lisible et, étonnamment, assez agréable à l’œil. Même constat d'efficacité pour la musique, minimaliste et quasiment constituée entièrement de percussions. Malgré son aspect expérimental et jazzy, la bande-son accompagne parfaitement le gameplay. Il faut dire qu'elle utilise un système de génération procédurale, qui lui permet d'évoluer en fonction de l'action représentée à l'écran. Coup de cymbales à chaque ennemi frappé, et autres accélérations de rythme quand vous enchaînez les exécutions, viennent renforcer le plaisir de jeu. Mais celui-ci est hélas de courte durée. Il ne faut en effet que deux heures pour arriver au générique final. Cela permet certes de débloquer un mode de difficulté supplémentaire ainsi qu'un mode arcade (qui gratifie le joueur d'un score en fonction du nombre d'ennemis tués et du temps mis pour terminer chaque niveau) mais, incontestablement, Ape Out laisse derrière lui un goût de trop peu.