Test Anno 1800 : le retour vers le passé qu'on attendait tous sur PC
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Anno 1800 est incontestablement une réussite, et sa filiation évidente avec Anno 1701 et Anno 1404 n'est pas étrangère à cet état de fait. En se basant sur un concept éprouvé et une recette diablement efficace, Ubisoft a joué la sécurité. Pour autant, il serait malvenu d'accuser la série d'immobilisme car pas mal de petites nouveautés répondent à l'appel, à commencer par les expéditions, la gestion de la propagande, ou l'accent mis sur le tourisme. Et ce ne sont pas les quelques bugs ou les lacunes en matière de combats qui vont nous faire bouder notre plaisir. L'Anno 1800 est un très bon cru, qui se destine aussi bien aux habitués de la saga qu'à ceux qui voudraient la découvrir. Dans les deux cas, ce sont des dizaines, voire des centaines d'heures de délicieuse gestion qui les attendent.
- Un retour vers le passé salutaire
- Un moteur graphique très solide
- Une durée de vie phénoménale
- Un concept toujours aussi efficace
- Pas mal de petites nouveautés
- Latence dans certains clics
- Validations de quêtes parfois confuses
- Combats navals assez sommaires
- Pas de combats terrestres
- Pas d'influence directe sur les revenus
Voilà déjà plus de vingt ans que la série de gestion Anno nous régale de son concept particulièrement addictif. Mais il faut reconnaître que les deux derniers épisodes (2070 et 2205) n'ont pas remporté la même adhésion que les précédents. La faute à un environnement futuriste qui manquait de charme par rapport aux époques passées, particulièrement propices à la découverte. Voilà pourquoi le sixième volet majeur de la saga se déroule en 1800, en pleine révolution industrielle. Et si le jeu lui-même ne se montre pas forcément révolutionnaire, il s'avère tout de même très réussi.
Comment profiter au mieux d'un Anno ? Pour beaucoup, ce sera en mode bac à sable. Mais certains préféreront suivre la campagne scénarisée. D'autres encore privilégieront le mode multijoueurs à quatre. Anno 1800 propose tout cela, et on nous promet même l'arrivée dans un futur proche d'un mode supplémentaire et gratuit dédié à la coopération. Le mot d'ordre semble donc de laisser un maximum de liberté aux joueurs, qui peuvent d'ailleurs personnaliser chaque partie à travers une grosse vingtaine de paramètres importants (taille du monde, somme de départ, fertilité des îles, nombre de rivaux, etc.). Et pas de panique, il n'est pas nécessaire d'être connecté en permanence pour profiter de la campagne solo. Cette dernière nous place dans la peau d'un homme chargé de laver l'honneur de son défunt père, accusé à tort d'avoir vendu à des rebelles une île appartenant à la reine. Pour ce faire, il lui faudra naturellement développer un véritable empire à partir d'une île quasiment vierge. La narration est découpée en quatre chapitres qui n'hésitent pas à afficher des petites scènes cinématiques à chaque étape importante du scénario. On peut alors profiter de portraits plutôt joliment animés et de dialogues entièrement doublés. Mais c'est bien durant la partie elle-même que le moteur graphique impressionne le plus. Il est capable d'afficher des centaines de bâtiments sans sourciller, et offre un niveau de détails très impressionnant. Zoomez sur une école, et vous verrez les enfants jouer dans la cour de récréation. Rapprochez-vous d'un défilé de carnaval et vous pourrez observer des musiciens en action, un acrobate sur des échasses et un cycliste sur un grand-bi. C'est un régal pour les yeux, et ce genre de raffinement n'est pas anodin dans un jeu de gestion qui, par nature, peut réserver quelques temps morts malgré la possibilité d’accélérer le temps. Cependant vous n'aurez guère l'occasion de flâner, car il y a énormément de choses à gérer dans ce nouvel Anno.
ANNO, MAIS OUI !
La boucle de gameplay de base consiste naturellement à placer quelques routes et bâtiments afin de transformer petit à petit une paisible campagne en ville surpeuplée. L'accent est mis particulièrement sur les chaînes de production, qui permettent de fabriquer différents biens nécessaires à la satisfaction du peuple. D'ailleurs, on peut noter une séparation nette entre les besoins et le bonheur. Amener suffisamment de biens appartenant à la première catégorie suffit pour faire évoluer une habitation donnée, les habitants pouvant successivement atteindre le statut de fermiers, ouvriers, artisans, ingénieurs et investisseurs. Mais il est important de répondre également aux demandes de confort, car du bonheur de vos ouailles dépendent leur nombre et donc le montant de l'impôt récolté. Il est également indispensable de ne pas faire évoluer tous vos habitants simultanément et d'en garder un nombre suffisant dans chaque catégorie, quitte à recréer sans cesse des habitations de base. En effet, le jeu fait désormais le distinguo permanent entre les catégories, chaque bâtiment n'employant qu'un type de travailleur donné. Les habitués de la série remarqueront également l'importance donnée aux entrepôts, qu'il faut disséminer au mieux sur la carte, afin que chaque industrie se trouve près de l'un d'eux, et qu'on peut équiper de quais de chargement supplémentaires afin de desservir simultanément un maximum de chaînes de production. Et bien sûr, toutes les îles ne disposant pas des mêmes ressources et fertilités, il faut assez rapidement penser à conquérir de nouvelles terres, à établir des routes commerciales, et à user du volet diplomatique afin de forger des alliances, des droits commerciaux, des traités de paix et des déclarations de guerre. Au bout d'un certain temps, on finira même par se sentir à l'étroit sur la carte principale et par jongler avec d'autres cartes, notamment celle du nouveau monde.
NOUVEAU MONDE ET NOUVELLES FONCTIONNALITÉS
Si le jeu propose une esthétique très européenne, il sait varier les plaisir en proposant au joueur de s'installer également en Amérique du sud. Le changement est à la fois d'ordre esthétique et fonctionnel. Au lieu de cultiver du blé, d'élever des moutons et de fabriquer des saucisses et de la bière, on se retrouve à produire des bananes, du café, de la canne à sucre, du rhum, des tortillas et des ponchos en laine d'alpagas. Le jeu prend alors des faux-airs de Tropico, la dictature en moins. Si cette variation est forcément sympathique, elle n'est pas la seule touche de nouveauté apportée par Anno 1800. Tout d'abord, le contexte de la révolution industrielle donne l'occasion de gérer des bâtiments jamais vus dans la série, et même de jouer avec l'électricité ou le pétrole. Par ailleurs, les citoyens nous proposent régulièrement des petites quêtes toutes simples (accepter un cadeau, retrouver des chiens errants sur la map, prendre tel bâtiment ou événement en photo…), et les autres explorateurs en font parfois de même (détruite un navire, en escorter un autre, ou livrer telle ou telle marchandise). Les récompenses prennent la forme d'objets ou de personnages, susceptibles d'apporter différents bonus une fois placés dans le bon bâtiment. A propos des bâtiments, précisons qu'il est désormais possible de les "pré-construire" sans dépenser aucune ressource, une silhouette éthérée venant alors prendre la place de la future construction. Cela permet notamment de mieux planifier l'architecture générale de notre ville. Autre nouveauté : la parution régulière du journal "Les Chroniques d'Anno", qui met automatiquement à la une les derniers événements marquants, ce qui pourra influer positivement ou négativement sur la consommation et le bonheur des habitants. Heureusement, qui dit média de masse dit propagande, et il est possible de modifier les articles mis en avant afin de bénéficier uniquement de bonus. Attention toutefois à ne pas vous attirer la foudre des rivaux les plus intègres.
Le jeu nous propose également des expéditions, qui réquisitionnent l'un de nos navires et fonctionnent grosso modo comme des aventures textuelles à choix multiples. Il est tout à fait possible d'échouer et d'y laisser des plumes, mais également d'en revenir avec une belle récompense à la clé, par exemple sous la forme d'un animal sauvage ou d'une relique archéologique. On aura alors tôt fait de placer le premier dans un zoo et la seconde dans un musée, ces deux types de bâtiments culturels faisant une apparition remarquée dans la saga. Il faut dire qu'Anno 1800 met particulièrement l'accent sur le tourisme, et on aura donc tout intérêt à maximiser le score d'attrait de la ville (calculé à partir des scores de culture, nature et festivités d'un côté, et de pollution, vulgarité et instabilité de l'autre), afin de profiter de rentrées d'argent importantes. Le jeu innove donc par petites touches, sans jamais bouleverser son concept de base, diablement efficace. D'ailleurs, on retrouve quelques défauts typiques de la série, comme des combats navals guère passionnants. Les combats terrestres sont quant à eux carrément passés à la trappe car, de leur propre aveu, les développeurs n'ont pas réussi à obtenir quelque chose de satisfaisant. On pourra aussi regretter le peu de leviers que possède le joueur sur l'aspect monétaire. Il est par exemple impossible de régler finement les taxes ou d'emprunter une somme d'argent à une banque. Du côté des problèmes techniques, on notera une forme de latence lors de certains clics, qui ne semblent pas être pris en compte correctement, ainsi que des quêtes qui mettent un peu de temps à se valider automatiquement, ou ne sont pas suffisamment explicites sur la manière de les valider. On peut également observer des infos-bulles qui sortent partiellement de l'écran lorsque l'élément survolé est trop bas. Ces petits défauts seront certainement corrigés dans un prochain patch et, dans tous les cas, pèsent peu face à la très bonne tenue générale du jeu !