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Test Alfred Hitchcock Vertigo : on a eu quelques sueurs froides sur PC

Test Alfred Hitchcock Vertigo : on a eu quelques sueurs froides
La Note
note Alfred Hitchcock Vertigo 13 20

Avec Vertigo, Pendulo Studios abandonne le genre du jeu d'aventures à énigmes pour glisser du côté des fictions légèrement interactives, façon Dontnod Entertainement. La promesse initiale était alléchante, mais les problèmes de rythme, le manque de réel gameplay et les bugs auront eu raison de notre enthousiasme. Même l'exploitation de la licence officielle Vertigo nous semble manquer de pertinence, car elle se limite à de simples clins d’œil au film d'Alfred Hitchcock. Le jeu conserve tout de même quelques atouts, notamment en matière de rebondissements scénaristiques, de direction artistique, et de caractérisation des personnages. Pas de quoi crier au génie toutefois, et il y a fort à parier que, contrairement au long-métrage du maître du suspense, le jeu de Pendulo Studios retombe vite dans les oubliettes.


Les plus
  • La direction artistique typique de Pendulo Studios fait toujours son petit effet
  • Les différents protagonistes ne manquent pas de personnalité
  • Les rebondissements scénaristiques sont nombreux, et inattendus pour la plupart
  • Une assez bonne durée de vie pour le genre (plutôt dix heures que cinq)
Les moins
  • De gros problèmes de rythme, dus à des longueurs inutiles et des séquences qu'on rejoue/revoie de trop nombreuses fois
  • Très peu de phases réellement interactives, et elles sont rarement passionnantes (ranger les courses, sérieusement ?)
  • Un bilan technique pas très glorieux, qui nous impose ralentissements et bugs
  • Des écrans de chargement trop longs et bien trop nombreux
  • Un titre quasiment mensonger, car le rapport avec le film d'Alfred Hitchcock est anecdotique


Le Test

Studio espagnol fondé en 1994 et spécialisé dans les jeux d'aventure, Pendulo a connu son heure de gloire dans les années 2000 grâce à la saga Runaway. Dans les années 2010, Yesterday et Yesterday Origins avaient également su nous convaincre. C'est donc pleinement confiants que nous avons lancé Vertigo, librement adapté du film culte d'Alfred Hitchcok. Mais n'essayons pas d'entretenir un suspense illusoire et annonçons-le d'emblée : le résultat n'est pas vraiment à la hauteur de nos attentes.


Alfred Hitchcock VertigoAvant tout, il nous semble important d'éclaircir un point crucial : malgré les apparences, son caractère officiel, et quoi qu'en disent les développeurs et les communiqués de presse, ce jeu Vertigo n'est en rien une adaptation du film éponyme d'Alfred Hitchcok, que les francophones connaissent mieux sous le nom de Sueurs froides. L'époque, les personnages et le scénario diffèrent totalement, et seuls quelques clins d’œil "méta" relient le long-métrage au jeu. Ainsi, l'un des personnages regarde Sueurs froides dans une salle de cinéma en début d'aventure, et en parle plus tard comme son film préféré au détour d'un dialogue anodin. Quant au fait que le héros cinématographique et son successeur vidéoludique souffrent tous les deux de vertiges, il s'agit là aussi d'une simple référence. Déterminante dans l’œuvre de 1958, cette phobie ne tient pas ici le même rôle et s'avère beaucoup plus anecdotique. L'aspect hitchcockien du jeu provient surtout de l'ambiance générale, qui rappelle également celle de la série Twin Peaks ou d'Alan Wake. D'ailleurs le protagoniste principal est ici aussi un écrivain fort troublé. La séquence d'introduction nous présente en effet Ed Miller qui se réveille près d'un pont, constate que sa voiture est tombée dans le ravin, en déduit que sa femme et sa fille sont mortes, puis voit son propre père se jeter du pont. Problème : son père est déjà mort il y a des années de cela, absolument aucun corps n'est retrouvé dans la carcasse du véhicule, et Ed est bien connu pour être un célibataire endurci depuis des années. Il y a là de quoi remettre en question la santé mentale de notre héros, qui va devoir collaborer avec la psychothérapeute Julia Lomas afin de démêler le vrai du faux, remettre dans de l'ordre dans ses souvenirs, et éclaircir de multiples zones d'ombre. Les deux personnage sont d'ailleurs jouables selon les séquences, ainsi que le Shérif Reyes qui enquête sur l'accident.

Alfred Hitchcock Vertigo

 

VERTIGE DU DÉSAMOUR

Alfred Hitchcock VertigoSi cette multiplicité des points de vue sert le scénario, elle n'a en revanche quasiment aucune influence sur le gameplay, qui reste minimal dans tous les cas. Quelques déplacements dans des lieux relativement clos, quelques objets à observer ici ou là, quelques choix de dialogues ayant trop rarement de véritables conséquences, et le tour est joué ! Sans oublier les incontournables "Quick Time Event" à la Quantic Dream ou Dontnod Entertainement, de type marteler A ou réaliser des arcs de cercle au stick pour simuler l'action présentée à l'écran. Ces vraies-fausses interactions sont d'autant plus décevantes que le fait de les réussir ou les rater n'a le plus souvent aucune importance. Il s'agit uniquement de stimuler le joueur de la manière la plus basique qui soit. Ce point est d'autant plus problématique que le jeu souffre de nombreuses longueurs, et échoue souvent à se montrer divertissant. Certaines actions sont tout simplement rébarbatives, comme ce passage où l'on incarne Ed Miller enfant et où l'on doit ranger les courses ! Déposer du papier absorbant dans une remise, mettre des légumes au frigo et placer du pain sur une table à l'aide de QTE élémentaires n'a évidemment absolument rien de palpitant ni d'intéressant. Les développeurs ont pourtant failli avoir un éclair de génie en nous permettant de pratiquer des séances d'hypnose sur Ed. L'idée est la suivante : revivre certains souvenirs altérés précédemment évoqués par le héros, et détecter les incohérences afin de rétablir la vérité.

Alfred Hitchcock Vertigo

Hélas, ces phases sont extrêmement linéaires et ne mettent jamais nos méninges au travail. Il suffit de se rendre à l'endroit de la ligne temporelle indiqué à l'écran (la possibilité de rembobiner l'action ou d'avancer rapidement ne sert donc en réalité à rien) et de cliquer sans réfléchir sur les différentes zones interactives présentes dans la scène pour que le jeu déroule tranquillement son intrigue. C'est d'ailleurs l'intrigue qui sauve le jeu de la catastrophe, car le scénario nous propose de multiples rebondissements, dont la plupart sont impossibles à voir venir (hormis l'ultime "plot twist", mais ce n'est pas bien grave). La direction artistique est également digne de louanges. On retrouve notamment les "gueules" typiques de Pendulo Studios, ce qui aide à se souvenir des différents protagonistes et à capter immédiatement et inconsciemment leur personnalité. D'ailleurs, l'aventure aurait gagné à nous être présentée comme un film d'animation plutôt que comme un jeu. Car il est bien difficile de faire fi des différents défauts ludiques. Ralentissements (alors même qu'absolument rien de magnifique n'est affiché à l'écran), bugs divers et variés (texte qui dépasse de l'écran, scène subitement plongée dans la pénombre, personnage qui devient invisible quelques instants…), et écrans de chargement beaucoup trop nombreux répondent ainsi à l'appel.



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