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Si vous possédez un dispositif de réalité virtuelle, vous pouvez rajouter au moins deux points à la note d'ADR1FT, dont le concept "astronaute perdu dans l'espace" se prête particulièrement bien aux casques VR. Mais pour les joueurs ne disposant que d'un écran standard, il n'y a guère matière à s'enthousiasmer outre mesure. Certes, le jeu est beau et les sensations de solitude comme d'apesanteur sont très bien retranscrites. Mais voilà, il n'y a pas grand-chose à faire dans cette aventure bien plus narrative que ludique et qui, assez paradoxalement, apparaît à la fois courte et répétitive. ADR1FT ne rentre donc pas dans la catégorie des indispensables mais doit se contenter de celle des titres "à essayer à l'occasion". Et si possible, en réalité virtuelle donc !
- Très beau par moments
- La sensation de solitude
- L'absence de gravité
- Compatible VR
- Assez court
- Trop répétitif
- Déplacements laborieux
- Intérêt moindre sans VR
Souvenez-vous : en avril 2013, Adam Orth enflammait Internet en tentant de défendre la potentielle connexion permanente de la Xbox 720, qui deviendra plus tard la Xbox One et abandonnera finalement l'idée du tout en ligne. Après avoir créé la polémique, les tweets maladroits de ce directeur créatif de Microsoft Studios lui ont valu un limogeage en bonne et due forme. Le malheureux s'est alors senti seul, et abandonné de tous. Trois ans plus tard, il nous propose avec son studio Three One Zero, un jeu où l'on se retrouve seul et abandonné de tous. Mais dans l'espace, cette fois !
On pourrait très bien s'amuser à tracer de nombreux parallèles entre ADR1FT et l'expérience malheureuse vécue par Adam Orth, ou encore dénicher de multiples métaphores dans les événements racontés par le jeu. Mais à quoi bon ? Il ne s'agirait que de suppositions qui, même si elles s'avéraient juste, ne frapperont à aucun moment la plupart des joueurs, qui n'ont que faire des états d'âme d'un développeur contrarié. Laissons donc de côté l'aspect médiatique du titre, pour nous concentrer sur l'expérience de jeu en elle-même. Tout commence en 2037, à 462 kilomètres au dessus de la Terre. L'astronaute Alex Oshima reprend conscience au milieu de l'espace et de multiples débris, provenant de la station HAN-IV, certainement resplendissante autrefois. Seule survivante, Alex doit découvrir ce qu'il s'est passé et, surtout, tenter de rejoindre une capsule de sauvetage. Mais pour cela, elle devra auparavant réparer et redémarrer un certain nombre de mécanismes et de systèmes, certaines parties de la station spatiale étant heureusement à peu près intactes.
Réaliste et nullement fantaisiste, le jeu ne vous placera face à aucun extra-terrestre, aucune créature alien ni même aucun ennemi humain. Malgré la vue à la première personne, nous n'avons absolument pas affaire à un FPS, puisqu'aucune arme n'est présente dans le jeu. L'essentiel du gameplay consiste donc à se déplacer, et à appuyer sur des objets interactifs. Vous l'aurez compris, Adr1ft appartient à la catégorie des "Walking Simulator", très à la mode en ce moment (nous avons par exemple testé Firewatch il y a quelques semaines et le test de Everybody's Gone to the Rapture arrivera très bientôt). Un genre délicat, qui se doit impérativement de compenser le manque d'action par une bonne dose d'émotion. Dans Adr1ft, cette dernière provient notamment des sentiments de solitude et de vulnérabilité, renforcés par l'immensité de l'espace. Le jeu sait nous offrir de somptueux panoramas dès qu'on dirige nos yeux vers les étoiles, mais les intérieurs ne sont pas en reste, puisque leur propreté clinique évoque immanquablement 2001 : l'odyssée de l'espace.
DANS L'ESPACE INFINI, TU REJAILLIS À NOUVEAU !
C'est donc acquis : ADR1FT sait provoquer l'émotion visuelle. Les enregistrements audio et les emails que l'on récupère régulièrement dans la station permettent quant à eux d'en apprendre plus sur les différents membres de l'équipage dirigé par Alex. Ces derniers étant désormais tous décédés, leurs derniers mots possèdent une résonance particulière. C'est d'ailleurs par cet unique moyen que nous est conté le scénario, nulle cinématique ou rencontre ne venant troubler notre balade solitaire. Est-ce à dire qu'on s'ennuie ? Hé bien oui, un peu. On a beau pouvoir terminer le jeu en cinq heures, on ressent tout de même quelques répétitions dans la réparation des différents mécanismes, ainsi que quelques longueurs. Ce dernier point est dû à un système de déplacement qui souffle le chaud et le froid. L'absence de gravité est par exemple parfaitement bien rendue, et le jeu nous propose même des aides pour nous aider à retrouver nos marques (notamment une commande pour se retrouver en quelques secondes la tête en haut, lorsqu'on se trouve en intérieur). Mais afin d'insuffler un petit aspect survie au gameplay, les développeurs ont cru bon de lier les déplacements à la consommation d'oxygène nécessaire à la bonne santé de l'héroïne. Il faut donc savoir utiliser l'inertie des mouvements dans l'espace, et ne surtout pas appuyer continuellement dans la direction dans laquelle on souhaite aller. C'est assez réaliste, et la présence de canettes d'oxygène flottant dans les décors permet de refaire le plein régulièrement.
On a vraiment l'impression que la vitesse a été délibérément ralentie afin d'étendre artificiellement la durée de vie du jeu.
Seulement voilà, une fois les boosters de propulsion éteints, la vitesse de déplacement est un peu trop lente pour être réellement plaisante. Etant donné que les déplacements constituent la mécanique de gameplay principale d'un Walking Simulator, c'est plutôt gênant ! On a vraiment l'impression que la vitesse a été délibérément ralentie afin d'étendre artificiellement la durée de vie du jeu. De plus, l'indicateur d'objectif sur la mini-map 2D ne suffit pas à nous indiquer de manière réellement fiable où l'on doit se rendre, puisque les trois dimensions sont naturellement mises à profit dans un titre se déroulant en apesanteur. Et faire fausse route lorsqu'on se déplace à la vitesse d'un escargot et qu'on est quasiment à court d'oxygène, ce n'est guère formidable… En revanche, ADR1FT a réellement bien fait de repousser sa date de sortie afin qu'elle coïncide avec celle de l'Oculus Rift. Clairement pensé pour la réalité virtuelle, le jeu gagne immédiatement en intérêt et en effet "waouh" dès qu'on enfile un casque sur la tête. D'ailleurs, les développeurs viennent d'ajouter un mode libre, afin de pouvoir admirer l'espace et la station sans contrainte d'oxygène, tandis que le support du HTC Vive est prévu pour le mois prochain. Cette dichotomie entre l'expérience classique et l'expérience VR amène à une conclusion relativement simple : si vous êtes équipés en réalité virtuelle, n'hésitez surtout pas à vous procurer ADR1FT. Mais dans le cas contraire, inutile de vous précipiter dessus...