Test A Total War Saga Troy : un épisode à la hauteur du mythe ? sur PC
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Si Troy n'est pas forcément le meilleur Total War ayant jamais vu le jour, il s'agit en revanche d'un Total War Saga très convaincant. L'Iliade d'Homère est un contexte intéressant, et est traitée très correctement par le studio. La direction artistique colle parfaitement au thème, tandis que le concept de "vérité derrière le mythe" permet aux joueurs de contrôler des unités mythiques... mais pas trop farfelues. En revanche, malgré la présence d'un tout nouveau système de ressources, cet épisode ne parvient pas à renouveler suffisamment la recette Total War, que les habitués commencent à connaître par cœur, ni à se montrer particulièrement accessible pour les nouveaux joueurs. Le bilan global reste tout de même largement positif !
- Le contexte de l'Iliade est plaisant
- La direction artistique est réussie
- Les unités "mythologiques réalistes"", c'est habile
- Un nouveau système de ressources
- Plus fluide et optimisé que jamais
- Pas très accueillant pour les débutants
- Une IA pas toujours brillante
- La recette commence à s'user
- Le multi arrive seulement en novembre
- La valse des DLC à venir...
Très prolifique, la série des Total War compte presque autant d'épisodes que d'années d'existence. Sachant que Shogun : Total War est sorti en l'an 2000, on commence à bien connaître le concept. Ce dix-huitième volet appartient plus exactement à la sous-famille des Total War Saga, qui délaissent les grandes périodes historiques pour se concentrer sur des événements plus ramassés, que ce soit temporellement ou géographiquement. Le sujet du jour est donc la guerre de Troie, et le jeu puise tout naturellement son inspiration dans l'Iliade d'Homère.
Il serait présomptueux de vouloir résumer ici l’œuvre du poète grec, mais on peut tout de même décrire le point de départ de ce Total War de la manière suivante : Pâris, prince de Troie, s'enfuit de Sparte avec la belle Hélène, déclenchant le courroux bien compréhensible du mari de celle-ci, le roi Ménélas. Il n'en faudra pas plus pour déclencher une guerre entre les Danéens et les Troyens. En tant que joueur, vous pouvez rejoindre l'un ou l'autre de ces deux camps et même choisir le héros que vous désirez incarner. Dans le premier cas vous pouvez mettre à profit le talent d'Achille, prendre le contrôle du malmené Ménélas, vous immiscer dans Mycènes grâce à son frère Agamemnon, ou encore vous écrier "Ulysse revient !" (et c'est un bien long chemin, puisqu'il s'agit d'une campagne estampillée "difficile"...). Dans le second cas, vous pouvez parier sur Pâris, choisir l'allié Enée, chercher le pardon grâce au roi Sarpédon, ou tenter de prouver que Troie n'a pas tort grâce au prince Hector, Ce choix est loin d'être anodin puisqu'il détermine votre situation géographique de départ (et donc la difficulté de la partie), vous octroie différents bonus et malus de faction, et vous donne accès à certaines unités plutôt que d'autres, ce qui influe directement sur le style de jeu recommandé. Un joueur passionné pourra donc effectuer huit fois la campagne solo sans trop ressentir de lassitude. De plus, il existe deux manières de remporter la victoire finale à chaque fois. Soit en remplissant les conditions de victoire dites "Total War" (basées essentiellement sur le nombre de colonies conquises), soit en visant la victoire Homérique (qui demande de remplir une série de missions spécifiques à chaque héros). La suite, vous la connaissez forcément si vous vous êtes un tant soit peu intéressés à la franchise Total War durant ces vingt dernières années : des phases de gestion stratégique au tour par tour sur une carte divisée en différents territoires, et des batailles tactiques en temps réel mettant en scène de très nombreuses unités.
La période historique retenue étant particulièrement reculée, la cavalerie n'est guère présente dans ce volet, ce qui risque de perturber certains joueurs dans un premier temps. Pas de panique, on peut considérer qu'on y gagne au change, puisque le contexte mythologique nous donne accès à des unités vraiment pas banales (Géants, Corybantes, Harpies…). Pourtant, il ne s'agit pas du tout de créatures surnaturelles. Les développeurs ont choisi de révéler ce qu'ils 'appellent "la vérité derrière le mythe", et donc de rendre ces unités mythiques à peu près crédibles. Ainsi, le Minotaure n'est pas un hybride improbable mais un fort guerrier portant un crâne de taureau en guise de casque. Même principe pour le Cyclope qui, lui, privilégie un crâne d'éléphanteau muni d'une ouverture unique au niveau des yeux. Les Centaures sont tout simplement des cavaliers inséparables de leurs chevaux. Quant aux sirènes, il s'agit de jeunes guerrières relativement fragiles, mais capables d'attirer l'attention d'une unité ennemie vers elles pendant quarante-cinq secondes !
Cette interprétation à mi-chemin entre le réalisme et la fantaisie nous semble extrêmement pertinente, même si certains joueurs "extrémistes" auraient certainement préféré que les développeurs suivent plus franchement l'un ou l'autre de ces deux voies. Mais après tout, les uns ont déjà de très nombreux Total War à leur disposition, tandis que les autres ont plutôt été gâtés récemment avec les deux Total War : Warhammer. Troy cherche en permanence l'équilibre, comme le prouve la présence de héros surpuissants mais bien humains dans les batailles, et de dieux à prier dans les phases de gestion. Par ailleurs, le système de ressources de ces dernières a été revu par rapport au standard de la saga, puisqu'il s'articule désormais autour de cinq ressources principales (nourriture, bois, pierre, bronze et or), les bâtiments et unités les plus avancés nécessitant bien entendu les ressources les plus précieuses. Pas de quoi réellement révolutionner la recette Total War toutefois. Les joueurs habitués qui sentaient déjà poindre la lassitude avec les derniers épisodes risquent de ressentir la même chose ici.
TALENT D'ACHILLE ?
Paradoxalement, le jeu nous semble encore un peu difficile d'accès pour les nouveaux joueurs, malgré la présence d'un conseiller stratégique et de didacticiels de batailles. Au chapitre des défauts, on pourra également citer l'intelligence artificielle, qui agit parfois en dépit du bon sens. Ou encore regretter l'enfilade de contenus téléchargeables à venir, dont le scandaleux DLC payant typique de la série, qui se contente de rajouter du sang et des effets gore dans les batailles. Celui de Troy s'intitulera "Blood & Glory" et sortira en octobre. Vous aurez également l'occasion d'ouvrir votre portefeuille en septembre pour vous procurer la faction "Amazons" ou en fin d'année pour "Ajax & Diomedes". Dans leur grande bonté, les développeurs nous promettent tout de même deux DLC gratuits, qui rajouteront les divinités Artémis en septembre et Héphaïstos en décembre. Le mois de novembre sera quant à lui consacré à l'arrivée du multijoueurs, qui est hélas absent du jeu pour le moment ! Terminons sur une note positive, en abordant la question des graphismes et de la technique. Si les unités jouent un peu trop "l'attaque des clones", elles restent suffisamment détaillées quand on zoome au maximum. Et surtout, le jeu est capable d'en afficher plusieurs milliers simultanément à l'écran. La direction artistique est quant à elle très plaisante, notamment sur la carte stratégique. Les effets de lumière, d'ombres et de crépuscule sont particulièrement convaincants, tandis que l'arrière-plan montagneux et nuageux qui entoure la carte évoque avec élégance les illustrations noires et dorées que l'on peut retrouver sur les vases de l'Antiquité. Enfin, il convient de saluer le travail d'optimisation réalisé par Creative Assembly Sofia, qui nous livre un volet de Total War dénué de bug majeur et parfaitement fluide sur une configuration moyenne. Les habitués de la série savent qu'il n'en a pas toujours été ainsi !