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Petit encart nostalgique criant son hommage aux ténors des époques 8 et 16-bit jusque dans ses gros pixels, 3D Dot Game Heroes part d'une très bonne idée. Humoristique et parodique, le titre de Silicon Studio multiplie les clins d'œil tout en remettant au goût du jour un gameplay bien old school. Plagiat assumé et respectueux d'une sorte de mix entre le premier Zelda et l’épisode A Link to the Past, 3D Dot Game Heroes se montre solide dans son gameplay. Logique. Néanmoins, le jeu ne parvient jamais à aller plus loin qu'une imitation rigolote. Pire, il est la preuve que concevoir un bon level design et une histoire accrocheuse n'est pas un coup du destin. 3D Dot Game Heroes n'est pas un mauvais jeu, juste la matérialisation de l'envie que chacun a eu de revivre quelques bons moments du passé. Une envie qui n'est parfois pas du tout à la hauteur des souvenirs.
- Le trip nostalgique
- L'originalité graphique
- La bande-son rétro
- Les clins d'oeil bien vus et nombreux
- Possibilité de créer son personnage
- Le level design paresseux
- Manque de précision
- Durée de vie réduite
- Donjons sans caractère
- Plutôt redondant
Hommage évident à l'époque faste des Action-RPG aux pixels voyants, 3D Dot Game Heroes pousse le respect jusqu'à faire de ces mêmes pixels une partie de son concept. Châteaux, rois et princesses, chaque habitant du petit monde de Dotnia est un amas de cubes colorés contenant chacun une partie de l'imaginaire collectif de joueurs élevés aux Zelda, Dragon Quest, Légende de Thor et autres contes interactifs. Une utilisation de la nostalgie surfant sur une mode du revival qui se conclut souvent de deux manières : le clin d'œil réussi dans un contexte moderne ou une sorte de plagiat qui sent la naphtaline. 3D Dot Game Heroes tente en fait de jouer sur les deux tableaux.
Dans son intention de rendre hommage aux RPG et Action-RPG de façon générale, mais surtout à la série Zelda en particulier, 3D Dot Game Heroes reprend de manière pas vraiment détournée le scénario de Zelda : A Link to the Past. Après s'être débarrassé du grand démon Onyx grâce à son héros national et ses six sages, le royaume de Dotnia profitait d’une paix qui s'annonçait durable. Un bonheur qui n'est cependant pas du goût du roi, désespéré de voir les touristes délaisser ses contrées. Ce dernier émet alors le souhait de passer l'ensemble de ses terres en 3D afin de coller aux impératifs actuels. Mais les choses ne se passent pas si facilement car l'orbe détenant les pouvoirs maléfiques de l'ancien démon a été dérobé par Fuelle, un mage qui n'a rien à envier dans sa fourberie à Aghanim. L'occasion pour vous de reprendre le flambeau de votre ancêtre et de retrouver les six sages afin de mettre fin à cette nouvelle menace. Une entrée en matière à la fois loufoque et classique qui donne immédiatement les deux thèmes porteurs du jeu. Mais même recouvert d'une dose épaisse d'humour bien senti, le scénario de 3D Dot Game Heroes reste très prévisible et totalement soporifique. Une qualité sacrifiée sur l'autel de la parodie qui va un peu devenir un leitmotiv.
Lego et les couleurs
Une fois les gentils et les méchants bien distingués, le joueur peut débuter directement l'aventure en choisissant parmi un panel de héros très variés, allant du samouraï à Rikkimaru en passant par un requin ou un char d'assaut. Un délire qui n'attend que vous pour être poussé plus loin, le jeu intégrant un éditeur de personnages très complet, à défaut d'être pleinement accessible. Les amateurs du fameux logiciel RPG Maker ne seront pas étonnés de remarquer qu'il est nécessaire de créer non seulement son avatar mais également l'ensemble de ses animations principales. Le tout dans une composition inspirée du pixel-art ou les pixels sont ici des petits cubes. La difficulté est donc de jongler entre la vision d'une forme par points de couleur et la profondeur. D'autant que si l'outil présent se révèle intéressant et original, la prise en main reste raide et il faudra alors de nombreux essais avant de parvenir à réaliser un héros qui ressemble à autre chose qu'une sculpture abstraite avec une épée. Une fois fier de sa création ou après avoir abandonné tout espoir et s'être rabattu sur les protagonistes de base, le joueur peut se lancer dans l’aventure. Le jeu s'ouvre d’ailleurs sur un réveil un peu difficile pour le jeune héros. Une première expérience qui s'avère moins traumatisante pour le joueur. La réalisation de 3D Dot Game Heroes se montre en effet suffisamment réussie pour placer une direction artistique old school dans une certaine modernité. Outre les agrégations de cubes assez charmantes prenant la forme d'arbres, de rochers ou encore de maisonnettes, les décors bénéficient également d'effets visuels agréables, notamment au niveau de la gestion des sources de lumière. Certes, le jeu n'exploite pas vraiment les capacités de la PlayStation 3, mais la finalité n'était de toute façon pas dans la technique à proprement parler. C'est le concept qui prime ici. Une volonté qui passe facilement l'étape visuelle, mais qui bute quelque peu au niveau ludique.
Mariage sans Dot
Suivant la série Zelda comme son ombre, 3D Dot Game Heroes en profite pour lui emprunter son gameplay et son schéma de progression, sans oublier d'y ajouter toutefois quelques subtilités. La première d'entre elle se révèle être la gestion de l'épée, élément central du jeu et petite touche spectaculaire dans un titre assez mollasson. Couvrant souvent la moitié de l'écran de jeu, la lame peut être élargie, allongée ou bénéficier d'une augmentation de puissance en échange de quelques dizaines de pièces d'or chez le forgeron. De même, au gré de la découverte des "small blocks" lors d'explorations de donjons ou via l'une des quelques quêtes annexes, vous aurez la possibilité d'obtenir directement de nouvelles épées autrement plus efficaces que votre outil de travail de base. Une prise en compte de l'équipement qui passe également par l'achat d'objets, passage important dans un titre qui prend bien moins le joueur par la main que la série de Nintendo. En effet, pénétrer dans un donjon sans torche ou sans potion de soin peut rapidement vous obliger à revenir sur vos pas et faire un détour un peu honteux au village du coin pour effectuer quelques emplettes. Cependant très onéreux, les divers objets disponibles obligent souvent à recourir uniquement à ses capacités ludiques personnelles. L'apport d'un certain challenge équilibré et salvateur, qui permet de se prendre au jeu sans ressentir de frustration et de conserver donc un intérêt ludique certain. Ce qui n'empêche pas ce dernier d'être régulièrement mis à mal.
Tranquille dans sa protection parodique, s'amusant avec respect de Dragon Quest, Zelda, Demon's Souls, voire de lui-même avec de nombreuses références à son développement, 3D Dot Game Heroes en oublie de donner assez de substance au joueur pour éviter l'ennui et la répétition."
Tranquille dans sa protection parodique, s'amusant avec respect de Dragon Quest, Zelda, Demon's Souls, voire de lui-même avec de nombreuses références à son développement, 3D Dot Game Heroes en oublie de donner assez de substance au joueur pour éviter l'ennui et la répétition. Si les diverses quêtes annexes et le renouvellement régulier des possibilités de gameplay par l'obtention de nouvelles armes parviennent à éponger par à-coups la lassitude, la construction du jeu s'avère terriblement artificielle et presque mise en boucle. Notamment au niveau des donjons, qui par leur absence totale de cachet, donnent simplement l'impression d'enchaîner des zones similaires dotées d'un skin différent. Dans le même ordre d'idée, le cheminement est entièrement basé sur la complexité des routes menant à un endroit particulier, ce qui implique un aspect labyrinthique rapidement redondant. Il est évidemment possible de tenter la technique du raccourci au fil des objets récupérés – surtout avec le grappin et la course rapide – mais le level design souffre d'une vétusté qui fera même bailler les fans du tout premier Zelda. Rien n'est fait pour accrocher le joueur. Là où les inspirations de ce 3D Dot Game Heroes agrémentaient la progression de moments emblématiques, d'une sorte de rite de passage ludique, le jeu de SouthPeak Interactive se contente d'aligner les zones, les donjons et les boss sans vraie passion. Sorte de Action-RPG arcade, dans le sens rapide et un peu sec, ce dernier se termine d'ailleurs en une dizaine d'heures. C'est sans doute ce que désirait l'éditeur japonais : jouer sur l'humour sans se prendre la tête, adapter l'immédiateté moderne à un concept vieux de 20 ans. En ce sens, 3D Dot Game Heroes permet de passer quelques bons moments. Juste le temps pour le trip nostalgique de s'émousser et de laisser exsangue un titre qui ne ressortira plus du placard. A la différence de ses maîtres.