Star Citizen : développement chaotique, soupçon de détournement de fonds, une polémique frappe le jeu

Le magazine américain Forbes a récemment publié un inquiétant article qui annonce que le développement de Star Citizen serait chaotique au possible, et que le jeu court à la catastrophe à cause d'une gestion des finances complètement déplorable. Co-signé par Matt Perez (un ancien d'IGN, Polygon et PC Gamer) et Nathan Vardi (un ancien de la rédaction, spécialisé dans les fonds d'investissements et les activités boursières), l'article pointe sans concession tous les dysfonctionnements qui ont pu se faire jour dans le développement de Star Citizen, qu'il s'agisse de l'ambition démesurée de son créateur, de ses pratiques managériales inadaptées, ou plus grave, de soupçons de détournements de fonds. Bien que Star Citizen soit le financement participatif le plus réussi de l'histoire (avec 242 millions récoltés auprès de 1.1 million de fans) et que le jeu soit doté d'un budget de 288 millions de dollars, après sept ans de développement rien n'est encore vraiment jouable, si ce ne sont les diverses alphas au contenu limité, et à la stabilité discutable.

Pire, selon les auteurs, la plupart des fonds ont été utilisés, alors que le jeu est toujours loin d'être fini. Fin 2017, le compte en banque de Cloud Imperium Games (la société de Chris Roberts) n'affichait plus que 14 millions, même si l'annonce de nouveaux vaisseaux à ravivé la hype des fans, et leur velléité à se défaire de leurs économies. Alors que plus de 100 systèmes ont été vendus, pas un seul n'est aujourd'hui terminé, et il n'y a pour l'instant que deux planètes, neuf lunes et un astéroïde, ce qui fait léger quand on pense qu'il ne reste que 10% du budget. Selon des développeurs ayant quitté le projet, ou ayant travaillé dessus contractuellement, le management serait catastrophique, et avec 537 employés à temps plein, les budgets fondent très rapidement. À titre d'exemple, la publication cite le cas d'un ingénieur graphiste qui a du passer des mois à développer de très nombreuses versions de l'effet visuel des boucliers des vaisseaux, jusqu'à ce que le patron donne son aval. Il ne s'agit que d'un exemple, mais Chris Roberts semble s'impliquer autant sur chaque détail du jeu, ce qui ralentit fortement la production.

De même, David Jennison, Lead Character Artist jusqu'en 2015 a expliqué qu'il n'avait pu réaliser que cinq personnages en 17 mois de travail, là encore à cause de décision antagonistes venant de Chris Roberts. Cependant, malgré cette approche, le studio ne fait rien pour économiser les fonds, ce qui se voit au casting qui a été embauché pour la réalisation de Squadron 42. Le mode solo de l'aventure va inclure de nombreuses star du cinéma dont Mark Hamill, Gilian Anderson ou encore Gary Oldman, sachant que les cachets de ces stars sont plutôt élevés.

Pire, Forbes soupçonne même Chris Roberts d'enrichissement personnel, ce dernier ayant placé des proches aux postes-clef, dont sa femme (directrice du marketing) et son frère. Si aucune preuve ne vient étayer ces soupçons, la publication souligne qu'alors que Chris Roberts était locataire de sa maison jusqu'en 2017, il a fait l'acquisition d'une jolie demeure pour 4.7 millions de dollars avec sa femme. Ce dernier a cependant expliqué qu'il avait utilisé ses fonds propres pour l'achat. Roberts a en effet récupéré une petite fortune à la suite de la vente d'Origins à Electronic Arts (pour 37 millions en 1992) ainsi qu'avec son activité de production sur divers films dont le plus gros succès fut Lord of War avec Nicolas Cage (sorti en 2006).

Comme toujours, il semble difficile de savoir ce qu'il se passe réellement au sein des studios qui travaillent sur Star Citizen, mais deux choses sont certaines : le développement traîne en longueur, et Chris Roberts est un génie du marketing quand il s'agit de récupérer des fonds auprès de ses fans.