Quantum Break : on y a enfin joué, une future bombe ?
Quand on parle de temps de gestation, certains studios savent être rapides, peut être trop parfois, donnant naissance à des jeux souvent mal finis. On ne va pas s'amuser à les citer aujourd'hui, mais vous savez à peu près de qui nous parlons. D'autres en revanche savent prendre leur temps pour échanger, brainstormer, modifier le scénario si besoin est, voire se faire une bouffe entre développeurs histoire de faire germer de nouvelles idées. Parmi ces gens-là, on retrouve Rockstar Games bien entendu, mais aussi les Finlandais de chez Remedy Entertainment, qu'on connaît pour les deux premiers épisodes de Max Payne et Alan Wake, dont les fans réclament une suite à tout prix. Quantum Break fait partie de ces titres au développement à longue durée, qu'on a déjà aperçu dans différents salons comme l'E3, mais qu'on n'avait jamais pu essayer jusqu'à la semaine dernière. On s'est en effet rendu à Londres pour découvrir enfin ce que la prochaine exclu Microsoft a enfin dans le ventre. Futur hit en puissance ou gros pétard mouillé ?
Dire que Quantum Break est attendu de pied ferme est un doux euphémisme. Il faut dire qu'avec son scénario écrit par un certain Sam Lake (Max Payne, Alan Wake), un développement géré par Remedy Entertainment et ce statut de killer app' qu'il a acquis depuis qu'il a été vendu comme une des plus grandes exclus de la Xbox One, la hype est monté à son plus niveau. Trois ans après sa prime annonce, pas mal de choses ont évolué, à commencer par son héros, Jack Aiden, qui est désormais incarné par l'acteur Shawn Ashmore, connu pour son rôle de Iceman dans la première trilogie X-Men. Quant au grand méchant, Aidan Gillen, il est interprété par Paul Serene que les fans de Games of Throne reconnaîtront sans mal, ce dernier incarnant Petyr Baelish. Ces deux antagonistes vont donc être au cœur d’un scénario très poussé et prometteur où – pour faire court et en limitant le spoil – suite à une expérience malheureuse, le temps s’effondre, ce qui entraînera la fin de toute chose à long terme. Concrètement, le jeu va s’articuler en quatre séquences de plusieurs heures de jeu durant lesquelles le joueur incarne le héros Jack Joyce, tandis que quatre inter-séquences courtes (d'environ 5 minutes) nous placent dans la peau de l’infâme Paul Serene pour effectuer certains choix qui auront un impact scénaristique. Cette répercussion sera réelle mais il ne faut pas non plus s’attendre à un scénario intégralement différent ; il s’agira davantage de petites différences, voire de nuances pour un total de 40 variations possibles sur tout le jeu. Une fois les choix effectués, on a alors droit à un intermède de 20 minutes pendant lequel une série en live-action où l'on retrouve tout le casting du jeu se lance. Ce mélange des genres est une bonne chose puisque non seulement il améliore la narration, mais aussi parce qu'il s’agit de l’un des rares exemples d’expérience cross-média plutôt réussie. On pense en effet au désastre que fut Defiance qui s'est aventuré sur des terres similaires il y a quelques années. Nos deux héros vont donc s’affronter avec des pouvoirs qui gravitent autour du contrôle du temps, réminiscence évidente des bullet-time de Max Payne et d’Alan Wake. Paul Serene, le grand méchant, a la faculté de voir le futur, lui permettant ainsi d'optimiser ses choix puisqu’il aura accès à leurs conséquences avant de se décider. Cela fait donc de lui un personnage extralucide, sorte de Biff Tannen dans Retour vers le Futur 2.
TIME SPLITTER
Mais rassurez-vous, Quantum Break ne partage que peu de points communs avec le jeu de Trion Worlds, si ce n’est pour commencer une maniabilité façon third person shooter. Pas de panique également puisqu'ici, l’expérience est d'un autre niveau avec des animations de bonne qualité. Jack Joyce pourra donc se battre avec un arsenal conséquent et varié, allant du pistolet au fusil d’assaut, en passant par le pompe et le fusil automatique. Aucun moyen d’en découdre à mains nues cependant, pas même une attaque de mêlée lorsque les choses tournent mal, visiblement Monsieur Joyce n’aime pas se salir les mains. Pour compenser, Jack est capable de se servir de certains pouvoirs de distorsion du temps, comme le time rush qui permet au héros de sprinter, le time shield qui permet de stopper les balles façon Neo dans Matrix, le time stop qui arrête le temps dans une sphère aux proportions restreintes, ou encore le time dodge qui permet d’envoyer les ennemis valdinguer aux quatre coins de la pièce. Très utilisés lors des scènes de gunfights assez récurrentes, les pouvoirs de contrôle temporel seront aussi mis à profit lors de plus rares séquences de plateforme où Jack Joyce devra geler le temps pour passer sur une passerelle qui s’effondre, ou encore profiter d’une faille temporelle pour utiliser des éléments présents dans le lieu à une autre époque. Plutôt bien pensées, ces séances de grimpette sont malheureusement trop rares à notre goût, car si les pouvoirs sont mis à contribution, leur recours reste toutefois trop anecdotique pour réellement proposer un challenge intéressant. Pas de quoi rivaliser avec la série Tomb Raider par exemple, ce qui signifie que Lara Croft ne perdra pas sa couronne sur ce point. D’ailleurs, sachez qu'on ne sera jamais vraiment mis en difficulté par la progression puisque les niveaux sont très linéaires. Pas d’open world ou de semi open world ici, on retrouve les bonnes vieilles mécaniques inhérentes aux salles suivies de couloirs, même si, soulignons-le, la taille des lieux visités n'est pas trop étriquée. Ce qu'il faut savoir, c'est que la grande majorité du jeu se déroule dans un environnement très similaire puisque l’histoire se déroule sur un laps de temps assez réduit. Quantum Break vous fera donc majoritairement visiter des entrepôts et des infrastructures portuaires, et là encore, Lara Croft s'en sort nettement mieux dans sa dernière aventure, grâce à la variété de ses décors.
LE CUL ENTRE DEUX CHAISES
Techniquement, Quantum Break est impressionnant, notammenr sur trois points précis. Tout d'abord, il y a la modélisation des visages qui est sans conteste la plus grosse réussite, grâce notamment aux émotions qui sont fidèlement retranscrites avec les mouvements faciaux. Cela représente sans conteste un cas d’école en termes de technique au service de la narration. Autre point fort : les éclairages qui parviennent parfaitement à créer différentes atmosphères et autres ambiances, là aussi avec un résultat de haute volée. Enfin, les effets spéciaux utilisés pour illustrer le contrôle du temps et les fractures temporelles sont également très réussis, notamment cette image qui se brise en fragments exactement comme du verre (ou comme les ennemis tués dans SuperHot) pour illustrer le temps qui se déchire. Passé ces considérations, le jeu n’est pas réellement impressionnant avec notamment un framerate toussotant lors des scènes les plus chargées en effets, une vérité encore pire sur PC. Pour se défendre, les développeurs nous ont précisé que la démo sur PC n’était pas encore au point, avec un affichage bloqué à 30fps et certains problèmes posés par les options graphiques les plus exigeantes. Toujours sur le plan technique, il faut mentionner le système implémenté par Remedy dans le jeu, et qui permettra aux joueurs Xbox One (qui reçoivent une copie PC du jeu gratuitement à la précommande) de pouvoir transférer leur sauvegarde sur Windows 10 et ainsi jouer de manière indistincte d’une plateforme à l’autre, en retrouvant sur leur ordinateur les features du Xbox Live comme le game DVR et leur gamerscore.
Globalement, Quantum Break s’annonce comme un bon jeu, même s’il s’adresse davantage en priorité aux joueurs à la recherche d’une histoire très poussée qu’aux amateurs à la recherche d’un gameplay novateur. Le scénario et l’alternance jeu/série live action sont vraiment immersifs, tandis que la possibilité d’altérer un peu l’histoire en fonction de vos choix ajoute forcément une certaine replay-value. On peut néanmoins rester de marbre face au gameplay pur qui ne propose finalement qu’une suite de niveaux sans vraiment d’inventivité avec des phases de plateforme sans réel challenge, et des phases de gunfight où le joueur sera cantonné au rôle de celui qui explose tout comme un bourrin. Le manque de possibilités d’infiltration, de corps-à-corps, et des affrontements qu’on sent venir bien à l’avance grâce au level design pouvant toutefois finir par émousser l’excitation du joueur.