Psychonauts

Tout fan de jeu d’aventure ne peut que s’incliner devant Tim Schaffer, responsable de quelques unes des plus belles œuvres du genre avec les mythiques Full Throttle, Day of the Tentacle et Grim Fandango, témoignages de l’âge d’or de LucasArts dans ce domaine. Il participa également à la série cultissime (nda : pour une fois que ce terme n’est pas galvaudé…) des Monkey Island. Autant dire que le CV du monsieur a de quoi impressionner. C’est sans doute la raison pour laquelle Microsoft fut intéressé dans un premier temps par Psychonauts, la nouvelle œuvre de Tim Schaffer au sein de sa société nouvellement créée, Double Fine. Toutefois, le jeu ne possédant aucune fonctionnalité online, Microsoft ne daigna plus s’y intéresser une fois l’ère du Xbox Live arrivée. Heureusement pour nous, Majesco a sauvé le bébé de la noyade et c’est THQ qui lui vient en aide pour distribuer le jeu en Europe, quelques mois après sa sortie américaine. Au passage, le jeu s’est enrichi de versions PlayStation 2 et PC, de quoi contenter tout le monde.

L’aventure intérieure

A l’origine de Psychonauts, il y a la volonté de Double Fine de faire un jeu unique, se démarquant du reste de la production actuelle. Selon les mots mêmes de Tim Schaffer, identifier le jeu à son studio de développement serait synonyme de réussite totale. Inspiré à son créateur il y a près de 10 ans, pendant qu’il travaillait sur Full Throttle, Psychonauts est un jeu basé avant tout sur l’humour. Les références citées sont celles de Tim Burton ou encore les studios Pixar mais de nombreux clins d’œil semblent parsemer le jeu, certaines influences restant sans doute à découvrir lorsque l’on sait que Grim Fandango fut inspiré par le Casablanca de Michael Curtiz avec l’inoubliable duo Humphrey Bogart / Ingrid Bergman (nda : oui, je sais, ça surprend). Le scénario, décalé comme il se doit, vous permet donc d’incarner un jeune garçon, Razputin, aka Raz, cherchant à intégrer le groupe des Psychonauts, de jeunes médiums entraînés pour devenir des agents spéciaux, dans une colonie de vacances bien particulière. D’emblée, le ton est donné : personnages grotesques, répliques cinglantes, second degré omniprésent, on est bien dans un jeu de Tim Schaffer. Si le scénario n’est finalement que prétexte à rire, sachez toutefois qu’il va vous falloir déjouer un complot visant à transformer les cerveaux en armes de destruction massive tout au long des 13 niveaux que compte le jeu. Pour cela, Raz va devoir utiliser ses pouvoirs psychiques, lui, le surdoué en la matière. Mais tout d’abord, vous allez prendre connaissance de l’univers qui vous entoure. Cette colonie, en effet, compte bon nombre de personnages savoureux, à mi-chemin entre le freak et le camp de vacances des Valeurs de la famille Adams. Petit détail qui a son importance, vous pourrez discuter avec tous les persos que vous croiserez, le jeu ne se contentant d’infliger une enfilade de missions.

Ailleurs…

L’univers de Psychonauts se partage en deux : le monde réel et le monde de l’esprit. C’est dans ce dernier que vont se dérouler la majorité de vos aventures et nous avons pu en avoir un petit et alléchant aperçu pendant l’heure durant laquelle s’est déroulée la présentation de Psychonauts. En plongeant littéralement dans le cerveau de votre formateur, le coach Oleander, vous allez apprendre les bases du jeu. Comme dans tout bon jeu de plates-formes, vous allez pouvoir sauter et exécuter bon nombre de mouvements (glisser, monter à la corde, se déplacer latéralement,...) mais également attaquer vos ennemis. Pour cela, vous ferez appel à vos pouvoirs psychiques qui ne vont faire que croître au fil du jeu. En effet, en collectant les diverses bribes de mémoire (des symboles de souvenir du cerveau dans lequel vous errez), vous augmenterez les capacités de Raz qui se verra doté de nouveaux pouvoirs : télékinésie, invisibilité, pyro-kinésie,… Outre les quêtes principales, vous pourrez également tenter de remplir des missions secondaires pour faire progresser l’expérience de votre personnage. Le premier qu’il nous a été possible de voir consistait à chercher la poignée disparue d’un bagage… émotionnel, pleurant donc à chaudes larmes. Hormis ces passages très typés plates-formes, le jeu comprendra également quelques petites énigmes pas bien difficiles à résoudre ainsi que des phases d’exploration, d’action et d’aventure. Dans un niveau, par exemple, Raz est transformé en géant et dans un style proche d’un Rampage, s’amuse à détruire des immeubles. C’est également l’occasion d’un savoureux clin d’œil à Rocky que je ne vous dévoilerai pas. Multiple dans ses gameplay, le jeu l’est également dans se univers avec des partis pris radicaux tels que celui d’un univers inspiré par l’art cubiste et essentiellement en noir et blanc. Si Tim Schaffer cherchait à faire un jeu unique en son genre, nul doute qu’il est bien loin avec de tels choix de la production actuelle ! 

Echappant à l’avalanche de sorties de fin d’année, Psychonauts va tenter de prendre le contre-pied de l'air du temps à la fois en sortant du formatage dans lequel s’enferme actuellement le jeu vidéo mais aussi grâce à un prix plutôt sympa puisque le jeu sera proposé à 45 € dans sa version consoles lors de sa sortie le 27 janvier prochain. Un jeu original et drôle proposé à un petit prix ? Vous ne devriez avoir aucune excuse pour ne pas craquer l’année prochaine.