PS5 vs Xbox Series X : tout savoir sur la guerre du stockage entre les deux consoles
Maintenant que Sony et Microsoft nous en ont dit plus sur la PS5 et la Xbox Series X, nous pouvons nous intéresser à la guerre du stockage que vont se livrer les deux consoles. Il faut dire que les machines actuelles n'en ont jamais fait une priorité, avec une solution simple, éprouvée et identique aussi bien sur Xbox One que sur PS4. Désormais, place au SSD qui succédera donc au disque dur classique 2.5 pouces auquel nous étions habitués jusqu'à présent.
Avant d'expliquer ce qui distingue la PS5 de la Xbox Series X en matière de stockage, revenons quelques instants sur le principe du SSD. Si vous êtes déjà au fait des différences avec le disque dur classique (HDD), vous pouvez vous rendre directement plus bas. Concrètement, dans un HDD comme celui de la PS4 ou de la Xbox One, la boîte renferme plusieurs disques magnétiques qui tournent autour d'un axe, tandis que des têtes de lecture se promènent sur leur surface - d'où ce bruit si caractéristique de "grattement" que l'on peut entendre.
En matière de technologie, le principe est exactement le même que sur une cassette audio ou une VHS. On aimante, positivement ou négativement, une surface, ce qui permet de coder l'information. L'avantage étant que le champ magnétique ne s'estompe pas une fois le courant coupé, ce qui est le problème de la mémoire à accès direct comme la RAM. C'est pour cette raison que si vous arrachez la prise de courant de votre machine au milieu de votre partie, vous perdrez votre sauvegarde, les données étant dans la RAM et non sur le disque.
Peu coûteux car issus d'une technologie maîtrisée depuis des lustres, les HDD sont très abordables et offrent de grosses capacités, ce qui en fait un choix évident pour ceux voulant disposer d'un maximum d'espace pour un minimum d'euros. Néanmoins, ce type de stockage présente plusieurs inconvénients. Tout d'abord, la vitesse d'accès est limitée. En effet, les têtes de lecture doivent aller "chercher" les données, ce qui implique d'aligner physiquement la tête avec le bon endroit du disque avant de commencer la lecture, comme lorsque vous cherchez votre passage préféré sur une VHS.
Ensuite, il faut lire la donnée (là encore, en faisant tourner les disques et en déplaçant les têtes de lecture) dont le signal magnétique est changé en un signal électrique que le processeur peut traiter. Les données seront ensuite généralement stockées soit dans la RAM, soit dans la mémoire graphique VRAM pour le cas d'un PC. Les prochaines consoles ne disposant que d'une mémoire graphique, tout ira donc dans la VRAM (la fameuse GDDR6).
OLD & SLOW
Comme vous pouvez le constater, il faut un sacré nombre d'opérations pour faire transiter les données depuis le stockage jusqu'à la mémoire, ce qui prend forcément du temps. Pire, les HDD sont équipés de moteurs électriques (pour déplacer les têtes et faire tourner les disques : ces derniers sont gourmands en électricité, chauffent, et mettent du temps à accélérer. Lorsque le disque ne tourne pas, il faut donc encore perdre du temps pour le faire passer de 0 tours/minutes aux 5400 ou 7200 tours nécéssaires à la lecture. Résultat : une perte de temps précieux, plus un ralentissement de l'accès aux données.
En sus, les HDD sont sujets à ce qu'on appelle la fragmentation. En clair, lorsque le disque est neuf et qu'il est "rempli" pour la première fois, les fichiers sont tous écrits les uns au bout des autres, et on dispose alors des performances maximales, puisque la tête de lecture fait un trajet continu pour lire l'intégralité de la donnée. Mais à force d'effacements et de réécritures, le disque ne va plus réussir à trouver de "trou" libre sur le disque pour écrire des fichiers à un seul endroit, et va donc devoir morceler la donnée (la fragmentation). Ceci va démultiplier le parcours que devront faire les têtes de lecture sur le disque et augmenter encore le temps de lecture, puisqu'il faudra aller chercher les divers morceaux de données à droite et à gauche - imaginez que l'on mélange les scènes d'un film sur une VHS, et qu'il faille jouer de l'avance rapide et du retour rapide pour le voir dans l'ordre.
LA MÉMOIRE FLASH (GORDON)
Depuis le début des années 90, les industriels ont donc travaillé au développement de la mémoire flash, afin de résoudre les nombreux problèmes posés par le HDD. Ce type de mémoire, qui a commencé à apparaître dans le commerce dans les années 2000 avant de se démocratiser la décénnie suivante, offre un fonctionnement bien différent. Ici, les données sont directement contenues dans des puces mémoire au principe similaire (dans les grandes lignes) à celui de la RAM ; mais la où ces dernières perdent les données quand elles cessent d'être alimentées, les mémoires flash peuvent les conserver.
Aujourd'hui, on retrouve ces puces partout, de votre smartphone, aux cartouches de la Switch, en passant par n'importe quelle carte mémoire SD. Ici, la donnée est "rangée" dans un tiroir qui est accessible à tout moment ; il n'y a donc pas besoin d'aller la chercher comme sur un HDD. Aucune pièce n'est mobile, et la puce mémoire est capable d'envoyer la donnée directement sous la forme d'un signal électrique. Il n'est pas nécessaire de convertir un signal magnétique comme sur un HDD. Mieux, la fragmentation n'est plus un problème puisque le fait d'aller chercher les divers bouts de données à différents endroits ne prend pas plus de temps. Bref, vous avez saisi : grâce à ce type de mémoire on gagne un temps fou.
Concrètement, cela va permettre d'installer les jeux plus vite, de les lire tout aussi rapidement, et de pouvoir remplir et vider la RAM de votre machine à un rythme dingue. Cela permet aussi de limiter la quantité de RAM dont on a besoin. En effet, avec un HDD, il faut charger dans la RAM tout ce dont on a besoin, puisque ce qui reste sur le stockage est difficile d'accès. Avec la mémoire flash, ce problème disparaît en partie puisqu'il est bien plus facile et rapide d'aller chercher les données nécéssaires. On comprend donc aisément pourquoi les grands consoliers ont choisi ce type de stockage pour leurs consoles, malgré son coût largement plus élevé. Néanmoins, leurs approches sont différentes entre constructeurs, et différentes de ce qui était fait sur la génération précédente.
QUID DU SSD SUR XBOX SERIES X ET PS5 ?
Sur PS4 et Xbox One, Sony et Microsoft se sont contentés d'acheter des disque durs directement disponibles sur le marché. Une solution facile, peu onéreuse et qui permet de réduire drastiquement les coûts de développement et de fabrication de leurs consoles. Il aurait pu en être de même avec la PS5 et la Xbox Series X, puisque de très nombreux fabricants vendent des SSD très performants. Mais non, pour maximiser les performances, les deux constructeurs ont opté pour une solution spécifique à leur machine, en plaçant les puces mémoire directement sur la carte-mère (le circuit imprimé qui regroupe tous les composants). Ceci offre plusieurs avantages, dont des gains de vitesse. En effet, plus les mémoires sont proches du SoC (la puce qui regroupe CPU et chipset graphique sur une console), moins il y a de distance à parcourir pour la donnée, et plus on gagne du temps.
Autre avantage, dont la PS5 tire particulièrement profit, cette implantation permet de relier le stockage au SoC de manière plus directe, sans passer par une interface. Imaginez que l'on remplace une nationale par une autoroute sans péage. C'est d'ailleurs l'un des sujets sur lequel Mark Cerny s'est étendu lors de la conférence d'hier, en précisant qu'il y aurait un PCIe 4 lanes dédié. En clair, le stockage sera relié directement au processeur par quatre gros tubes bien larges (les lanes), capables de faire passer un maximum de données. À titre de comparaison, une carte graphique PC est reliée à un CPU par un PCIE 16 lanes (mais il y a bien plus d'informations à faire passer). Si la Series X offre des vitesses d'accès plus lentes, c'est probablement dû à cette question d'interface et au fait que son stockage ne dispose peut-être pas de ces lanes PCIe dédiées.
Chez Microsoft, l'interface est moins soignée, le SSD est donc moins performant, mais la firme de Redmond dispose de plusieurs atouts dans sa manche. Tout d'abord, les économies réalisées permettent d'augmenter l'espace proposé aux joueurs, de 825Go à 1 To, ce qui n'est pas négligeable. Et cet espace en rab va bien servir grâce à l'utilisation de la mémoire virtuelle. Les anciens s'en souviennent : lorsqu'on n'avait plus assez de RAM, on pouvait dédier une partie du HDD à ce rôle, au prix de performances minables. Cette technique va être employée sur la Series X, mais avec un SSD hyper rapide, les performances devraient se maintenir.
L'intérêt de cette technique est de pouvoir utiliser directement les données depuis la puce de stockage, sans avoir besoin de les faire passer dans la RAM. On élimine une étape, on gagne donc du temps. Pour illustrer tout ça, Microsoft a réalisé l'incroyable démo où les jeux s'enchaînent en quelques secondes à peine, avec des chargements éclairs. C'est également ce qui permet le fameux Quick Resume où le joueur replonge immédiatement au coeur de l'action lorsqu'il relance son jeu.
Est-ce que Sony a fait le meilleur choix pour autant ? Difficile à dire. Honnêtement, les débits sont très élevés de part et d'autre, et la PS5 offre moins de capacité, probablement pour équilibrer le surcoût de son interface ultra-rapide. Si l'on se doute que les jeux first-party en tireront largement profit, encore une fois, les titres multiplateforme risquent d'être nivelés par le bas, et donc de s'adapter aux performances inférieures de la Series X. Ce raisonnement est d'ailleurs aussi valable pour la puissance de calcul disponible, là ou la machine de Microsoft a plusieurs longueurs d'avance sur la PS5. Quoi qu'il en soit, c'est le fait d'intégrer directement le stockage sur la carte-mère qui garantit des vitesses d'accès de folie, bien supérieures à ce qu'on peut trouver sur PC. C'est aussi une technologie qui va coûter bien plus cher, et complexifier la fabrication des machines. Néanmoins, on se rejouit de voir un tel procédé mis en oeuvre, puisque sur ce point, les consoles seront en avance sur les PC, et donc un peu "future-proof".
PEUT-ON CHANGER LE DISQUE DUR SUR LA PS5 ET LA SERIES X ?
Alors qu'il est tout à fait possible de changer le disque dur de la PS4 et de la Xbox One X pour des modèles plus gros et plus performants, les consoles next-gen ne proposeront pas cette option. En effet, le stockage est soudé directement, impossible donc de l'enlever. Toutefois, les fabricants se sont dit que certains joueurs désireraient une plus grande capacité de stockage ; chaque marque a opté pour une stratégie différente.
Chez Sony, la PS5 disposera d'une prise M2 pour que l'on y place un SSD NVME de PC. Problème, on va devoir ici passer par une interface, et on ne profitera plus des fameuses lanes PCIe dédiées. Du coup, pour compenser, il faudra un SSD bien plus rapide. Selon Sony, certains modèles de SSD PCIe 4.0 seront compatibles, mais à l'heure actuelle, même les modèles les plus performants dépassent difficilement les 5Go/s, soit assez loin des 5,5Go/s de la PS5. On pense que d'ici fin 2020, des nouveaux modèles devraient être disponibles afin d'augmenter le stockage de votre PS5, mais à quel prix ?
Pour éviter de perdre ses clients dans la jungle du matériel PC, Sony a promis un système de certification, ce qui veut dire que l'on devrait pouvoir trouver quelque part une liste des SSD dont les performances auront été validées par le géant nippon. Il faut dire que le choix sera compliqué à cause des dimentions (oubliez un SSD avec un dissipateur thermique), mais aussi des températures - votre M.2 devra être rapide comme l'éclair, et froid comme la glace.
Chez Microsoft, l'option retenue est plus simple. La firme de Redmond s'est alliée à Seagate (l'un des leaders sur le marché du disque dur) afin de créer des cartouches d'extension dédiées. Ici, plus question de se prendre la tête sur la matériel à acheter, tandis que l'installation devrait s'avérer nettement plus simple. Cette façon de faire permet à la firme de Redmond de conserver la main sur l'interface (qui sera propriétaire, mais optimisée), et de garantir les performances puisque chaque cartouche disposera d'un système de refroidissement efficace. Les puces mémoires, quant à elles, seront placées au frais sur l'arrière de la machine, là ou le SSD M.2 sera en plein coeur de la PS5, au milieu de la fournaise. Reste à voir le prix de ces cartouches propriétaire.
Vous l'avez vu, bien qu'ayant adopté le SSD de part et d'autre, les choix faits par Sony et Microsoft sont assez différents, mais comme toujours, il va falloir attendre les jeux et les prix avant de pouvoir avoir un vision globale de l'offre de chaque firme. Vivement la fin de l'année 2020 qui va être passionnante à n'en pas douter.
Vous l'avez vu, bien qu'ayant adopté le SSD de part et d'autre, les choix faits par Sony et Microsoft sont assez différents, mais comme toujours, il va falloir attendre les jeux et les prix avant de pouvoir avoir un vision globale de l'offre de chaque firme. Vivement la fin de l'année 2020 qui va être passionnante à n'en pas douter.
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