Paragon : que vaut le MOBA d'Epic Games ? Nos impressions
Le succès immense rencontré par League of Legends et DOTA 2 a clairement inspiré de nombreux studios qui se sont lancés à l'aventure des Battle Arenas dans l'espoir de devenir aussi rentables que les deux tauliers du domaine. Aujourd'hui, c'est le studio Epic Games qui tente de se lancer sur ce créneau porteur, mais également très saturé, en misant sur plusieurs points forts. Le studio arrive ainsi avec son moteur graphique maison, l'Unreal Engine 4, une vue à la troisième personne et une certaine science des jeux multijoueurs. On ne reviendra pas sur le phénomène Unreal Tournament, mais clairement, les développeurs du studio Nord-Carolinien sont loin d'être des débutants en matière de jeux online. C'est pourquoi, nous nous sommes rendus à Londres afin de pouvoir essayer Paragon pendant quelques parties sur PC et PS4.
Avec un marché du MOBA aussi surchargé qu'il l'est à l'heure actuelle, où des dizaines de titres se bousculent au portillon, percer dans le genre devient de plus en plus compliqué. Epic Games compte pourtant y arriver grâce à Paragon, un tout nouvel arrivant dans l'univers des battle arenas. Concrètement, le jeu repose sur les même bases que tout bon MOBA qui se respecte. Deux équipes de 5 joueurs s'affrontent pour aller détruire le nexus adverse, ici appelé Core, en faisant tomber les tourelles qui le protègent. Pour ce faire, des vagues de bots (ou minions) partent de votre base vers celle de l'ennemi. Votre rôle consiste à les escorter, et de vous en servir ensuite comme chair à canon pour détruire les tourelles une par une, sur chacune des voies (lanes) offertes par la map. La carte aussi reste classique puisque vous disposez de trois voies pour arriver chez l'ennemi : la voie centrale, celle de droite ou le chemin de gauche (le jeu étant à la troisième personne, les concepts de upper lane ou de lower lane ne s'appliquent pas). Evidemment, certains passages vous permettent de passer de l'une à l'autre voie sans repasser pas votre base (les fameuses jungles) sachant que comme toujours, certaines bestioles y résident. Si vous les ignorez, la réciproque sera vraie, mais si vous décidez de les attaquer pour monter en level plus rapidement, il vous faudra des reins solides. Sorti de ces aspects communs au genre du MOBA , Paragon présente cependant quelques différences.
LE GEARS OF WAR DU MOBA ?
Pour réussir à imposer son jeu, Epic Games parie sur plusieurs aspects dont la technique. Là, force est de reconnaître que Paragon affiche une technique assez irréprochable, grâce principalement au moteur graphique maison du studio : l'Unreal Engine 4. Le jeu est réellement très joli sur PC avec un aliasing presque inexistant et une direction artistique assez colorée au rendu très réussi. Pas mal d'infos transitent à l'écran mais le joueur ne sera jamais agressé visuellement ; tout a été bien pensé. Evidemment, le rendu sur PS4 est inférieur, mais globalement, et compte-tenu de la concurrence existente, Paragon devrait pouvoir se targuer d'être le MOBA le plus impressionnant techniquement à ce jour. Autre point fort du jeu, ce dernier se joue en TPS (un peu comme SMITE) et non en vue isométrique comme un League of Legends ou un DOTA. Du coup, au niveau du gameplay, on va retrouver une prise en main basée sur le duo clavier/souris avec comme d'habitude les touches ZQSD pour les déplacements, et la caméra asservie à la souris.
Côté prise en main, Paragon se montre efficace en reprenant tous les codes du TPS. On pourra ainsi sprinter pour se déplacer plus rapidement, même si une sorte de cooldown a été mis en place afin d'éviter qu'il soit trop facile de fuir un face-à-face qui tourne mal. On pourra également sauter avec la touche Espace, tandis que les attaques et compétences seront attribuées aux clics de la souris et aux boutons A, E, R et T. Sur PS4, la maniabilité reste excellente et permettra aux habitués des TPS de se sentir là encore comme à la maison après quelques instants de jeu à peine. Car oui, Paragon va bien être l'un des premiers MOBA à arriver sur console de salon, le tout en free-to-play en plus, faisant ainsi face à une concurrence inexistante, SMITE n'étant sorti que sur Xbox One. Enfin, si comme dans tous les battle arenas, on fait évoluer son héros, Paragon repose sur un système un peu particulier fonctionnant avec des decks de cartes, un peu comme Paladins : Champions of The Realm de chez Hi-Rez Studio. Concrètement, pour chaque héros, vous pouvez créer un deck personnalisé dans lequel vous allez attribuer jusqu'à 40 cartes qui vont pouvoir être atribuées à votre héros une fois la partie lancée.
EPIC JOUE CARTES SUR TABLE
Au fur et à mesure des matchs et de vos frags, vous allez obtenir des points qui vont vous permettre d'équiper des cartes à chaque passage à votre point de respawn. Chaque carte coûte un certain nombre de points, et plus les bonus accordés sont importants, plus la carte coûtera cher et demandera donc de jouer longtemps avant d'être équipée. Certaines cartes donnent un bonus unique, tandis que d'autres sont équipées de slots sur lesquelles vous pouvez rajouter d'autres cartes afin de mélanger les bonus et d'obtenir des boosts encore plus puissants. Tout l'art devient donc de créer les bons decks de cartes pour les héros que vous contrôlez, afin de disposer de cartes peu chères pour le début de partie, de cartes surpuissantes disposant de nombreux slots pour le milieu, et enfin de cartes booster pour remplir les slots des précédentes. Un système un peu compliqué de prime abord mais qui s'apprivoise sans peine après quelques parties et qui permet surtout de modifier les compétences de votre personnage à la volée. Marre de vous faire gank par l'équipe adverse ? Equipez toutes vos cartes orientées DPS et allez donc zigouiller les joueurs ennemis pour les calmer. Vous manquez de vie ? Pas de souci, chargez les cartes adéquates et devenez plus résistant qu'un tank. Bref, une approche très libre qui permet au joueur de s'affranchir dans une certaine mesure des capacités propres au personnage qu'il a choisies.
D'ailleurs, si Paragon utilise lui aussi des personnages, il n'est pas question ici de proposer des millions de héros en DLC. Sur notre version de démo, 13 personnages étaient disponibles avec leurs pré-dispositions propres (mais que vous pouvez influer grâce aux cartes). On a ainsi pu jouer DPS avec TwinBlast, un gros balèze équipé d'une paire de flingues qui peut envoyer des volées de roquettes dévastatrices lorsqu'il est fâché. Pour les adeptes du co-ps-à corps, l'assassin Kallari permet lui aussi de faire un maximum de dégats, avec en prime une vitesse de déplacement bien élevée. Si vous préférez protéger vos potes, il faudra opter pour le lourd et très massif Steel, qui peut déployer des boucliers d'énergie pour mettre tout le monde à l'abri. Globalement, on retrouve toutes les classes classiques de ce genre de jeux sauf une : le healer. Personne ne pourra vous soigner. Il faudra alors utiliser la capacité de téléportation, disponible pour tous les personnages, qui vous ramènera au point de respawn afin de reprendre de la vie et de dépenser vos points en équipant de nouvelles cartes. Globalement, Paragon s'annonce comme un bon MOBA, avec de chouettes arguments même si le jeu reste très proche des standards du genre. La maniabilité en vue à la troisième personne est très accrocheuse et permet des combats plus immersifs, tandis que le tout est sublimé par un Unreal Engine 4 au meilleur de sa forme. Si l'on doute que les joueurs PC déjà bien accaparés par une avalanche de titres similaires ne s'y intéressent beaucoup, on parie que le marché des joueurs PS4 devrait suffire à assurer de beaux jours à Paragon. Reste à Epic Games de confirmer ces bonnes impressions dans la version finale, et à rassurer les joueurs sur le modèle économique qui devrait être basé sur la vente d'items cosmétiques d'après les premiers bruits de couloir...