Oddworld Stranger's Wrath


Oddworld Stranger's Wrath

Passée de la PlayStation à la Xbox, puis de Microsoft à Electronic Arts, la série Oddworld aura connu bien des changements. Après un premier passage en 3D controversée, le quatrième volet a enfin pu nous être dévoilé lors d’une rencontre avec Lorne Lanning. Au programme, de nouveaux personnages, un changement d’orientation, des prouesses techniques et surtout beaucoup d’humour.


C’est en se rendant dans un grand hôtel de Paris que nous avons enfin pu poser nos mains sur Oddworld : La Fureur de l’Etranger. Si, dès les premières minutes on a accroché au nouvel univers du jeu, qui d’autre que son créateur pouvait le mieux nous en parler ? C’est donc le paddle en main que Lorne Lanning nous a parlé de sa dernière œuvre et dévoilé les subtilités du gameplay.

 

Bounty, un goût de paradis

 

Autant le dire de suite, Abe ou tout autre Mudokon ne figure pas au casting de ce nouveau Oddworld. Si aucun personnage des précédents volets ne fait ici de figuration (excepté les Fuzzles, ces boules de poils à la mâchoire redoutable dont on reparlera plus tard),  on retrouve néanmoins l’efficace character design qui fait le charme de la série. Fermement orientée vers l’action, La Fureur de l’Etranger marque donc un tournant, et à nouveau jeu, nouvel héros. Vous contrôlerez donc l’Etranger, un chasseur de primes au look clairement inspiré des personnages de Clint Eastwood, dans une ambiance très western spaghetti pour commencer. Lorne Lanning nous confie d’ailleurs être un grand fan de cinéma, et c’est sans surprise qu’on apprend que Sergio Leone est l’un de ses réalisateurs favoris. On retrouve alors dans le jeu, et même dans le trailer (disponible dans notre rubrique downloads) quelques clins d’oeil à ses films cultes, avec notamment un ‘The Good, The Bad & The Ugly’ (‘Le Bon, la Brute et le Truand’ dans sa version française) détourné pour l'occasion en ‘The Good, The Bad & The Odd’.

 

Le début du jeu prend donc place dans cet esprit très westernien, et c’est une fois arrivé dans la première ville que les premières subtilités apparaissent. On discute avec les habitants, des poulets au visage et à la dégaine loufoques, et, au moins pour essayer, on laisse filtrer quelques tendances sadiques à frapper ces êtres inoffensifs. La réaction ne se fait pas attendre, ça chambre à gogo et se regroupe pour se protéger. Jamais las des réactions verbales de cette nouvelle forme de volaille, un deuxième coup surgit, et là on constate l’affolement général dans la ville. Tout le monde rentre se barricader chez soi, vous voilà seul, détesté de tous dans une ville encore inconnue. Une voix surgit alors des hauts parleurs pour vous demander de vous calmer et vous informe que les citoyens ne ressortiront pas tant que vous ne serez pas un ‘brave gars’. Les répliques originales font mouches, l’humour d’Oddworld est toujours aussi efficace et on espère seulement que la traduction ne viendra pas entacher ce beau tableau. Pour ne jamais être perdu, en cas d’isolement social, l’Etranger peut alors se parler à lui-même et vous indiquera le prochain endroit où se rendre. Si l’idée n’est pas nouvelle, cela reste toujours un plaisir d’entendre les voix originales du jeu, surtout quand celles-ci ont notamment été réalisées par l’équipe, Lorne Lanning en tête, puisque au-delà de prêter sa voix à de nombreux personnages, il l’a surtout confié à l’Etranger lui-même. Si les personnages réagissent donc à votre comportement, La Fureur de l’Etranger ne tombe pas pour autant dans l’effet Fable, et les habitants d’Odd, non rancuniers, pratiquent le ‘Forgive & Forget’. Pour autant, l’immersion dans ce nouveau monde cherchera à vous impliquer, et donc à vous faire culpabiliser en cas d’excès de violence injustifiée, mais soyons francs, rien que pour bénéficier d’extraits cultes, il serait dommage de s’en priver.

 

Accord de Genève oublié

 

Après cette parenthèse ludique avec nos charmants hôtes, direction le Bounty Store, le bureau où l’on vous indiquera les têtes recherchées à chasser. Une fois votre mission choisie, vous voilà parti sur le terrain, prêt à baptiser votre arbalète biologique et à faire crisser par la même occasion le dentier de Brigitte Bardot. En effet, vos munitions sont toutes vivantes, et si les Zap-Mouches formeront votre arme par défaut (et donc des munitions illimitées), elles vous serviront surtout à ‘chasser’ d’autres formes de munitions, toujours aussi vivantes mais plus efficaces. Au programme, pas moins de huit êtres pourront constituer votre bestiaire personnel. Les Zap-Mouches, tout juste évoquées, pourront être chargées plus longtemps pour déclencher des chocs électriques, les Fuzzles (seuls êtres récurrents aux premiers volets) constitueront d’excellentes mines de proximités ne manquant pas de mordant et les Thud Slugs profiteront de leur solide carapace pour assommer les ennemis. Au delà de ces animaux exotiques, on retrouve également des êtres un peu plus familiers dans nos contrées, comme le Chip-Punks, un écureuil tellement bavard que c’est un régal de le balancer pour attirer l’adversaire qui viendra allégrement le piétiner, le Putois, véritable vomitif qui paralysera alors la crapule de l’ouest, les Guêpes qui à l’image des essaims prennent toute leur efficacité quant elles sont mitraillées en groupe, les Spider Bombes, des araignées qui enrouleront l’ennemi dans leur toile pour les immobilier, ou encore les Boom Bat, des chauves souris aussi explosives qu’une grenade. Chaque espèce dispose également d’upgrades. Notre rongeur à la langue bien pendue pourra se greffer par exemple des mégaphones sur la tête pour alerter plus de gardes alors que le putois placera un masque à gaz sur sa truffe tellement sa propre odeur (pouvant générer un effet d’aspiration) l’insupporte. Des améliorations souvent efficaces donc, et qui se traduisent par un délire graphique toujours réussi.

 

Une fois vos cartouchières animalières bien remplies, votre précieuse arbalète pourra accueillir deux races de munitions différentes, et on trouvera alors autant de stratégie que de combinaisons possibles, de la plus discrète à la plus violente. Chaque situation pourra être abordée soit de manière bourrine, soit plus en finesse en prenant le soin d’analyser la zone et de profiter des interactions avec le décor. Un pylône mal fixé constituera par exemple un pont de fortune une fois tombé pour éviter une entrée principale trop bien gardée. L’I.A. semble prometteuse, les troupes ennemies n’hésitant pas à se regrouper, se cacher, ou encore vous encercler, et chaque boss aura, au-delà d’une escorte bien fournie, un point faible particulier à trouver pour le ramener, mort ou vif et ainsi toucher une prime fièrement acquise. Et de l’argent, il va vous en falloir. Sans en connaître encore les raisons, notre héros a besoin d’un sacré pactole pour arriver à la fin de sa quête. Pouvant agrandir vos cartouchières ou encore upgrader vos charmantes munitions, le moindre sou sera alors précieux. Et quant on sait qu’une tête d’affiche ramenée vivante rapporte deux fois plus qu’un simple corps, on prend soin d’en garder un maximum en vie et surtout entier. Si jeter un ennemi dans un hachoir est purement efficace, il ne vous restera malheureusement pas grand chose d’identifiable à présenter pour toucher la prime. Ainsi, si le jeu fait la part belle à l’action, la discrétion semble être toujours mieux récompensée.

 

Oddworld et le cinéma

 

Les vidéos présentées lors de cette rencontre nous ont permis d’admirer des décors moins sablonneux que le Far West. Si on a pu apercevoir des sommets neigeux, Lorne Lanning nous confie que le troisième chapitre du jeu s’éloigne du Western Spaghetti-like, et quand il nous a évoqué Le Seigneur des Anneaux parmi ses références, on se laisse déjà à imaginer quelques batailles épiques. Vous l’aurez compris, entre Sergio Leone, Clint Eastwood et les films de Peter Jackson, le cinéma prend une place importante dans la vie de Mister Lanning, et il se peut que celui-ci ne reste pas définitivement unilatéral. Lorsqu’on demande l’éventualité d’un film (d’animations bien entendu) sur Oddworld, celui-ci nous confie qu’il a déjà eu plusieurs demandes, mais qu’il lui tenait à cœur que l’équipe le produise elle-même, et qu’il préfère donc pour cela monter un studio numérique. En attendant une telle sortie sur nos écrans, La Fureur de l’Etranger devrait sortir dès janvier sur les consoles américaines, et on l’espère très rapidement ensuite dans nos contrées européennes.




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Laurent Moreaux

le lundi 13 décembre 2004, 16:40




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