NiGHTS : Journey of Dreams
Retour au pays imaginaire avec le Peter Pan de Sega qui réapparaît après plus d'une décennie d'absence. Le développeur réalise ainsi le rêve de nombreux fans qui avaient fini par y renoncer. Tournera-t-il au cauchemar ? Premiers éléments de réponse.
Gameplay footage NiGHTS : Journey of Dreams (Wii)
Un jeudi après-midi pluvieux de novembre, dans un hôtel parisien de Saint Germain des Près. Non, ce n'est pas Frédéric Beigbeder que nous nous apprêtons à rencontrer, mais rien de moins que Takeshi Iizuka, le créateur de Nights. Si les plus jeunes d'entre vous se demandent peut-être de quoi il peut bien s'agir, les autres ont sans doute déjà des étincelles dans les yeux. Nights n'est autre qu'un jeu culte de la Saturn, console elle aussi culte, si l’on en croit les joueurs trentenaires. Ca fait beaucoup de culte, tout ça, mais difficile de ne pas se souvenir avec émotion de ce titre qui nous propulsait dans un monde onirique, dans la peau d'un étrange personnage capable de virevolter. Couleurs chatoyantes, character design loufoque, musiques envoûtantes... Une expérience pour le moins originale dont on se souvient davantage pour son ambiance que pour son gameplay qui laissait une liberté toute relative au joueur. Onze ans, c'est le temps qu'il aura fallu pour qu'une suite soit donnée à cette aventure. Une attente qui semble avoir été aussi longue aussi bien pour nous que pour Takeshi : "Cela fait longtemps que j'avais envie de développer une suite. Je l'avais d'ailleurs promis dans une interview ! Mais par la suite, j'ai du m'occuper de Sonic et je n'ai vraiment pas eu le temps de m'y atteler. Puis c'est aux équipes japonaises qu'a été confié le destin du hérisson, j'ai donc saisi ma chance et pu travailler sur le retour de Nights." En effet, le gaillard a été affecté à la Sonic Team USA à San Francisco en 1999, chargé notamment de Sonic Adventure 2, Sonic Heroes puis Shadow The Hedgehog.
Une suite ? Bah Wiimake
Et pour ce retour, c'est la Wii qui a été choisie. Etant donné l'univers visuel très riche de l'original, on aurait pu s'attendre à le voir transposé en haute définition sur une Xbox 360 ou une PS3, mais c'est le contrôleur de la console de Nintendo qui, selon Takeshi, a motivé ce choix. Pourtant, il faut reconnaître qu'après avoir pris le jeu en mains, on soupçonne cette explication de ne pas être la bonne, en tous cas pas la seule. En effet, là où on aurait pu espérer faire évoluer Nights dans les airs en toute liberté grâce à la Wiimote et son détecteur de mouvements, on retrouve une jouabilité très proche de l'original. Lors de ses escapades aériennes, notre héros suit en effet un trajet prédéterminé, le joueur se contentant d'agir sur la hauteur et la vitesse. Un choix pour le moins surprenant qui certes, nous rappelle immédiatemment les sensations ressenties il y a une décennie sur Saturn, mais qui déçoit quand on imagine les possibilités qu'une jouabilité moins liberticide aurait pu ouvrir. On pourra toutefois, selon les situations, enfiler un masque changeant le personnage en dauphin, fusée ou dragon pour franchir certains passages. Chaque rêve propose plusieurs missions. Il s'agit donc parfois de voler comme nous venons de le dire, avec créatures à capturer et bonus à ramasser, mais aussi de contrôler un Nights transformé en bateau ou wagon vivant, par exemple. Dans tous les cas, les niveaux ne durent jamais bien longtemps, et l'intérêt n'est pas tant de parvenir au bout, que de le faire avec le meilleur score possible. A l'inverse d'un jeu d'action ou de plates-formes classique, NiGHTS : Journey of Dreams joue donc à bloc sur la notion de high score plus que sur la difficulté à traverser des épreuves. On en arrive à l'explication, plus probable selon nous, de sa présence sur Wii. Ce gameplay très "simple", pour ne pas dire simpliste, semble idéal pour les casual gamers. Et quelle meilleure console pour viser ce public que la Wii ? Mais peut-être les joueurs de l'original sont-ils tout autant responsables ? C'est en tous cas une partie de l'explication si l'on en croit les paroles de Takeshi : "Depuis la version Saturn, nous avons eu énormément de feedback sur le jeu. Et la grande majorité voulait que nous gardions le gameplay original, le principe des chasses dans les airs... Vous savez que pour le premier Nights, j'ai d'abord pensé à la nage ? Je suis très à l'aise dans l'eau, et je voulais recréer dans les airs les sensations qu'on peut avoir en nageant."
Délire visuel
Vous direz que finalement, sur Saturn, c'était déjà la même chose. Seulement c'était il y a onze ans, et les gamers que nous sommes s'attendaient sûrement à plus de chamboulements. Cependant, s'il y a bien une chose qu'on ne peut retirer à NiGHTS : Journey of Dreams, c'est l'originalité de son design. "Pour concevoir Nights, nous avons évidemment pensé, entre autres, à Peter Pan", nous confie Takeshi. Une référence qui saute aux yeux, à la fois pour le côté infantile du héros, les séquences de vol et ses diverses poses. Croisez ça avec Arlequin, vous aurez une bonne idée de ce qu'est le personnage. Pour le reste, à savoir les décors et créatures, pensez à un rêve sous acides. Des couleurs dans tous les sens, des bestioles étranges, des boss étonnants ou encore des situations cocasses (Nights à quatre pattes sur des rails, faisant office de wagon !)... On ne sait pas ce qu'a pris l'équipe pour inventer tout ça... mais on veut la même chose ! Ce délire graphique apporte en tous cas un second degré bienvenu à un univers qui pourrait paraître un peu trop culcul la praline autrement. Ca, c'était pour le côté artistique. Techniquement, c'est un peu moins joyeux, car sans être laid, NiGHTS : Journey of Dreams s'avère décevant. Malgré le déluge d'effets et de couleurs, le jeu paraît bien moins impressionnant qu'un Sonic and The Secret Rings. Peut-être est-ce justement la profusion d'éléments à afficher qui rend le tout un peu trop confus ? Toujours est-il que cela reste en deçà de nos attentes. On espère toutefois que la version présentée aura le temps d'être peaufinée d'ici sa sortie...
Alors au final, que penser de ce nouveau Nights ? Deux choses. Pour les gamers, même fans de l'original comme votre serviteur, on est déçu de voir que finalement le jeu n'a pas tant évolué que ça, et que les changements qu'on attendait d'une suite depuis toutes ces années n'ont pas été opérés. Pour les autres, c'est déjà peut-être beaucoup plus intéressant, avec un concept simple à maîtriser et finalement très adapté à la majorité des possesseurs de Wii. L'ajout d'un mode permettant d'éléver et de voir évoluer ses créatures leur plaira sans doute également. Dans tous les cas, on reste baba devant un univers aussi tordu qui continuera probablement d'avoir autant de fans que de détracteurs !