Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 : épique, touchant, violent, le retour du grand MCU


Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 : épique, touchant, violent, le retour du grand MCU

Les Gardiens de la Galaxie 3 est-il le meilleur film du MCU depuis Avengers Endgame ? James Gunn est-il parvenu à remettre le Marvel Cinematic Universe sur de bons rails ? Allez-vous pleurer devant le film ? Autant de questions auxquelles on va tenter de répondre dans cette critique complète. Et on va même vous parler de cinéma coréen, notamment d'un certain The Villainess qui a inspiré James Gunn pour Les Gardiens de la Galaxie 3. Et ouais !


Marvel Cinematic UniverseTrente-deuxième long-métrage du MCU, Les Gardiens de la Galaxie Volume 3 arrive en France ce 3 mai 2023, un peu comme le Messie qui viendrait briser cette malédiction qui frappe le monde des super-héros de Marvel depuis quelques années maintenant, depuis la fin de l’ère Thanos, et Avengers Endgame très exactement. Il est vrai que la Phase 4 a été compliquée à gérer pour Kevin Feige et ses équipes, et ces derniers temps, c’est un peu la soupe à la grimace. Même les fans les plus hardcores du Marvel Cinematic Universe ne se retrouvent plus vraiment dans la proposition des derniers long-métrages ciné, et encore moins dans les séries Disney+, complètement boudées voire fustigées. Entre des personnages comme She-Hulk et Kamala Khan qui n’intéressent pas grand-monde, le surplus d’humour malaisant de Thor Love & Thunder, la bouillie de CGI que fut Ant-Man 3 Quantumania et son affreux MODOK, le MCU connaît une véritable crise identitaire mais aussi financière. Disney a d’ailleurs procédé à quelques réajustements internes, en faisant revenir son ancien big boss, Robert Iger, à la place de Bob Chapek, licenciant également Victoria Alonso avec pertes et fracas, elle qui a été à la tête des effets spéciaux de chez Marvel pendant 17 ans (un accord à l’amiable de plusieurs millions a été trouvé entre les deux parties), mais aussi un changement de stratégie avec le choix de reporter plusieurs films pour laisser le temps aux artistes de travailler sur les effets visuels, sans oublier la réduction du nombre de séries Disney+ pour ne pas trop spammer (et lasser) le spectateur, c’est à un véritable séisme interne auquel on assiste depuis plusieurs mois au sein de l’empire Disney / Marvel.



GOODBYE MY LOVER

S’il y a bien une chose qui été claire depuis le début de ce projet Les Gardiens de la Galaxie Volume 3, c’est le besoin pour James Gunn de terminer une trilogie qu’il a démarré il y a presque 10 ans, en 2014. A cette époque, se lancer dans un tel projet était risqué, voire même casse-gueule, au point que Chris Pratt a douté du film avant que le public n’en tombe amoureux. Forcément, les personnages étaient méconnus du grand public, et Marvel osait mettre à l’écran des êtres humains aux côtés d’un arbre simplet mais sympathique, et un raton-laveur un peu beaucoup râleur. Et pourtant, la sauce a pris immédiatement, le public a été conquis, et 10 ans plus tard, ces mêmes gardiens-là sont devenus presque les garants de certaine qualité d’écriture et de mise en scène. Alors, on pourrait revenir sur le caractère très inégal du deuxième épisode, et des choix très douteux concernant le personnage de Drax, mais pour James Gunn, Les Gardiens de la Galaxie Volume 2 complète la quête de Peter Quill dans son identité. Dans le  premier épisode, il faisait face à la perte de sa mère, impuissant, alors que dans le 2ème, il se devait de tuer son père Ego, pour sauver le cosmos, mais aussi par vengeance. Et si James Gunn est revenu chez Marvel après avoir été viré en 2018, c’était pour faire ses adieux proprement, ce dernier étant devenu entre-temps le big boss de DC Studios, l’entreprise concurrente.

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Donc, depuis le début du projet, Les Gardiens de la Galaxie Volume 3 est présenté comme la fin d’une saga commencée avec cette même équipe telle qu’on la connaît. Ce qui est officiel, et qui a d’ailleurs été dit dans de nombreuses interviews ces dernières semaines, mois et même annés (on se rappelle d’échanges de tweets en 2021), c’est que James Gunn quitte l’écurie Marvel pour la concurrence donc. Mais il n'est pas le seul à quitter le navire, Dave Bautista et Zoe Saldana également, qui pensent avoir fait le tour de leur personnage respectif. Dave Bautista, parce qu’il estime que Marvel n’a rien à offrir de mieux à son personnage de Drax, tourné en ridicule dans le MCU, devenu un peu le guignol de service, alors qu’il s’agit de l’un des personnages les plus brutaux dans les comics. Qui a pris la décision de faire de lui le clown sans cervelle de service ? James Gunn ? Kevin Feige ? La question mérite d’être posée. Quant à Gamora, sa mort dans Infinity War puis sa résurrection dans Endgame fait d’elle un personnage qui gravite désormais en retrait autour du groupe dans ces Gardiens de la Galaxie Volume 3. Que ce soit sur les affiches ou dans le film, la Gamora qu’on a connu n’est pas la même, il faut juste que ses coéquipiers l’acceptent et que le public aussi.

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RATON RÂLEUR

Mais pour James Gunn, terminer la trilogie des Gardiens, c’est avant tout raconter l’histoire, le passé de Rocket Raccoon, nous expliquer comment ce raton-laveur est doué de paroles et d’intelligence. Et forcément, quand on part dans cette direction, on est obligé d’évoquer le Maître de l’Evolution, ou High Evolutionary pour son nom original. Dans le film, il est incarné par l’acteur Chukwudi Iwuji, très peu connu du grand public, malgré sa participation dans John Wick 2 (mais il avait un tout petit rôle) et la série Peacemaker de DC, créée d’ailleurs par James Gunn également. Il est évident qu’après sa prestation dans Les Gardiens de la Galaxie Volume 3, Chukwudi Iwuji devrait avoir beaucoup plus de propositions, car ce dernier est non seulement convaincant dans le rôle du Maître de l’Evolution, mais on le trouve bien plus charismatique et effrayant qu’un Jonathan Majors dans le rôle de Kang par exemple. Son jeu est plus subtile, ses regardes plus inquiétants, sa folie plus palpable et surtout sa présence crève l’écran à chaque fois qu’il est là. Il est cruel, sans pitié et le fait qu’il soit aussi un scientifique, nous permet de nous rappeler que oui, les expériences scientifiques sur des animaux, il y en a énormément dans notre monde.

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HIGH EVOLUTIONARY > KANG

Son objectif au High Evolutionary, c’est de créer la société parfaite et pour lui, ça passe par la création de la race supérieure. Pour qu’une société soit meilleure, il faut que les citoyens qui la composent soit exempt de défauts. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a créé la Contre-Terre, une planète qui est l’exacte réplique de la Terre, mais composé d’animaux anthropomorphistes. On est d’ailleurs très comic-accurate, et ça fait bien plaisir quand c’est bien adapté. Donc dans cette folie créative, une question se pose : à quel point sommes-nous prêts à faire souffrir les animaux pour permettre à l’Humanité de vivre toujours plus longtemps ? C’est une question que James Gunn pose dans son film, sans aucun détour. Il y a de la souffrance animale dans ce film, de la torture visuelle et psychologique, et l’histoire de Rocket et de ses amis enfermés H24 dans des cages risquent de vous toucher. Le film prend à la gorge par moments, certains d’entre vous risquent de pleurer sans doute, et ce sont aussi ces émotions qui font que ce film Les Gardiens de la Galaxie Volume 3 touche en plein cœur.

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De manière générale, le film a changé de ton. Bien sûr, il y a toujours de l’humour, Drax est toujours aussi simplet, mais il a gagné en férocité et sérieux dans certaines scènes. Là où James Gunn évite les erreurs du 2ème opus, c’est la subtilité des vannes, mieux amenés, mieux écrites, moins malaisantes sans doute. Le film est de toutes les façons plus sérieux, forcément, avec cette origin story de Rocket, les enjeux et le danger installés par le Maître de l’Evolution, le film se devait d’être différent. Ce changement de ton est d’ailleurs appuyé par le choix des musiques, toujours aussi pertinentes de la part de James Gunn. Le cinéaste a toujours fait preuve de bon goût dans chacun de ses films, avec une ambiance 70’s dans le 1er épisode, 80’s dans le 2è et forcément 90’s dans ce troisième. Les musiques tapent juste à chaque fois, comme ce Creep acoustique de Radiohead en ouverture, ça pose d’emblée l’ambiance. De toutes les façons, chaque morceau a été choisi avec minutie, avec des paroles qui font écho à ce qui se passe à l’écran. Musicalement, James Gunn rivalise sans peine aucune avec Quentin Tarantino, et les deux ont sans doute le même rapport avec la musique dans le cinéma.

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Autre élément très fort dans le film, ce sont les scènes d’action, assez nombreuses, plus brutales surtout et qui m’ont rappelé certains moments épiques d’Avengers Infinity War, à l’époque où les enjeux étaient forts. Rien que la première scène de combat face à Adam Warlock est assez surprenante. C’est brutal, c’est puissant et ça va droit au but. En quelques minutes, on arrive à comprendre que nos Gardiens sont de vrais déconneurs, mais quand il s’agit de se battre, ils ne rigolent plus. Gros gros coup de cœur pour Nebula d’ailleurs qui a step up de fou malade, avec son nouveau bras bionique, mécanique, appelez ça comme vous le voulez, composé de nano particules qui lui permet d’évoluer comme elle l’entend. Elle peut en effet le transformer en arme blanche ou carrément en canon ultra puissant. Sans compter qu’elle est quasiment indestructible, avec cette faculté à se démembrer et à se recomposer de manière instantanée. Vrai coup de cœur que ce personnage, qui a aussi gagné en émotions également.



WARLOCK L'ENFANT

En revanche, c’est le traitement d’Adam Warlock qui risque d’en décontenancer plus d’un. Le personnage est clairement raté, on va pas se mentir. James Gunn a pris un parti-pris qui risque de faire jaser, avec cette approche très puéril du personnage, qui rappelle un peu ce qui a été fait avec Drax. Dans les comics, Adam Warlock est intimement lié à la Pierre de l’Âme, est capable de porter le gant de Thanos easy et fait partie des êtres les plus puissants de Marvel. Forcément, son côté cosmique ne peut s’adapter au monde plus terre à terre des autres super-héros. Captain Marvel en a fait les frais et c’est pour cette raison que James Gunn a décidé de réécrire le personnage. Il est puissant, mais il a été downgradé avec une pirouette scénaristique intéressante, mais je suis quand même persuadé qu’on n’était pas obligé de l’infantiliser pour autant... C’est dommage, mais avec deux antagonistes dans un même film, c’était sûr qu’il y en avait un qui allait pâtir...

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CHORÉ DU SUD

En parlant des scènes d’action, c’est le moment d'évoquer The Villainess, sorti en 2017 et réalisé par Jeong Byeong-gil qui s’est fait remarquer par ses scènes de combat filmées en vue subjective, façon jeu vidéo. Ce n'est évidemment pas le premier cinéste à le faire, mais l'exécution de Jeong Byeong-gil dans Villainess reste au-dessus des autres. James Gunn s’est clairement inspiré de ce film pour une scène d’action en particulier, à savoir ce moment où toute l’équipe des Gardiens se bat ensemble dans une pièce bondé d’ennemis. Tout est filmé en plan-séquence vue première personne, et surtout, on passe d’un personnage à un autre avec un sens de la mise en scène qui nous a rappelé la scène de combat dans la forêt des Trois Mousquetaires, dans cette approche de passer d’un personnage à un autre sans la moindre coupure. En tout cas, James Gunn est tellement fan du travail de Jeong Byeong-gil qu’il a demandé à le voir quand toute l’équipe était en Corée du Sud, juste avant de venir sur Paris. Dans tous les cas, avoir une telle scène dans un Marvel, c’était assez inattendu je trouve et c’est la preuve qu’il y a encore beaucoup de place pour se réinventer et sortir de la formule MCU qu’on connaît par cœur. De manière générale, si Les Gardiens de la Galaxie 3 plaît autant, c’est aussi par la mise en scène de James Gunn, qui a eu carte blanche de la part de Kevin Feige pour terminer sa trilogie. Le film dure 2h30, il est ultra bien rythmé, il est généreux, il est explosif, il est émotionnel, on sent vraiment que James Gunn voulait terminer sa trilogie au seins du MCU de la plus belle des manières...=

NOTRE NOTE : 8/10

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