L.A. Noire : on a redécouvert le jeu de Rockstar sur Nintendo Switch et en VR avec le HTC Vive
Alors que tout le monde attend fébrilement que Rockstar Games daigne enfin nous partager les premières images de gameplay de Red Dead Redemption 2, dont la sortie est pourtant programmée pour le printemps 2018, l’éditeur américain préfère prendre tout le monde à contre-pied et nous convier à une matinée de démo sur le remaster de L.A. Noire à venir sur PC, PS4, Xbox One et Nintendo Switch, sans oublier l’expérience VR qui tournera uniquement sur les casques de réalité virtuelle HTC Vive. Préférant d’ailleurs miser sur les vraies nouveautés apportées à son jeu de détective en termes de gameplay, Rockstar nous a naturellement laissé approcher les versions Nintendo Switch et HTC Vive, qui offrent deux expériences totalement différentes, limite complémentaires. On vous explique pourquoi.
Sorti en 2011 sur PS3 et Xbox 360, L.A. Noire est avant tout l’œuvre du studio Team Bondi, malheureusement disparu après des tensions au sein de la société et des rapports conflictuels avec Rockstar qui ont fait la une des sites spécialisés à l’époque. Si le studio australien n’est plus, la licence reste la chasse gardée de Rockstar Games qui a donc décidé de lui accorder une seconde jeunesse en portant le jeu sur les consoles actuelles. Si le jeu est attendu pour le 14 novembre prochain, la version HTC Vive intitulée « The VR Case Files » a subitement été repoussée de quelques semaines, pour une sortie désormais programmée pour le mois de décembre prochain. S’il va falloir se montrer patient pour découvrir l’intégralité de cette expérience inédite, on peut en revanche d’ores et déjà vous en parler en détails, puisque c’est cette version que nous avons essayée lors de notre arrivée dans les locaux de Rockstar Games à Paris. L’éditeur avait d’ailleurs aménagé sa salle de démo habituelle pour accueillir le set-up nécessaire pour une immersion totale avec le casque VR de HTC, qui demande pas mal d’espace dans son installation pour ceux qui connaissent un peu le bidule.
LOS ANGELES COMME SI ON Y ÉTAIT !
Une fois le masque vissé devant les yeux, nous voilà donc catapultés dans l’univers atypique de L.A. Noire, ambiance Amérique des années 40 où les chapeaux à larges bords côtoient les Buick et autres Lincoln K. sur fond de musiques jazz entraînantes. En quelques secondes, on retrouve l’atmosphère atypique du jeu de Rockstar, d’autant que cette fois-ci, on incarne l’inspecteur Cole Phelps à travers ses yeux et son corps. Le titre étant compatible avec les manettes du HTC Vive, on peut en effet voir ses mains prendre vie dans la matrice, ce qui signifie que l’expérience ne sera en rien passive. D’ailleurs, les premiers pas dans le jeu se font dans le bureau de Phelps ; l’occasion de nous familiariser avec les commandes, notamment dans la façon d’interagir avec les objets qu’on peut trouver dans la pièce. On peut faire à peu près tout, de l’ouverture de tiroirs à l’essayage de chapeau devant un miroir, en passant par la possibilité de fumer son cigare ou bien encore de mettre un vinyle dans le tourne-disque situé à droite du bureau. Comme toujours avec le HTC Vive, les commandes sont instantanées et le jeu ne présente aucune latence, ce qui sera un avantage lors des séquences de baston à mains nues. Mais on y revient dans quelques minutes.
Après avoir passé ces formalités à travers ce petit tutoriel, nous voilà transporté au beau milieu d’une grande artère de Los Angeles où Phelps n’est encore qu’un simple agent de police avec son bel uniforme bleu pour le distinguer. Ce petit passage dans cet accoutrement est surtout le moment idéal de prendre ses repères dans l’espace, de regarder tout autour de nous, et surtout de se familiariser avec la présence d’autres personnages qui se dressent à nos côtés et dont la modélisation du visage fait immédiatement un effet bœuf. Car quand bien même L.A. Noire est un jeu paru en 2011, ce dernier parvient encore à nous surprendre grâce aux expressions incroyables qui se dégagent des différents protagonistes et autres PNJ du jeu. Grâce à sa technique du MotionScan, Team Bondi faisait partie des premiers studios à nous offrir des expressions faciales d’un réalisme époustouflant, lesquelles restent toujours d’actualité 6 ans après, parvenant d’ailleurs à faire mieux que certaines productions d’aujourd’hui. C’est dire à quel point le studio australien avait de l’avance sur toute l’industrie à l’époque. En VR, le résultat est d’autant plus épatant puisque les persos paraissent plus vrais que nature, et lors des phases d’interrogatoire, c’en est presque déroutant.
ACTION OU VÉRITÉ ?
Car si les développeurs se sont donnés la peine de reproduire fidèlement chacune des expressions pour n’importe quel individu rencontré dans le jeu, c’est aussi pour servir son gameplay. Un regard fuyant, une bouche qui se crispe, un sourcil un peu baissé, tous ces signes sont des indicateurs sur l’état d’esprit des témoins – ou suspects – qu’on peut remettre en question à travers les trois propositions offertes au joueur que sont la vérité, le mensonge ou le doute. Avec le HTC Vive, ces données sont évidemment amplifiées, sachant qu’il est possible de se rapprocher physiquement des PNJ pour déceler encore plus la part de vérité ou de mensonge dans leurs réponses. A ce propos, lors de ces phases d’interrogatoire, le carnet de Phelps devient alors interactif avec les mains. On peut ainsi feuilleter le notebook avec les doigts, utiliser le crayon pour rayer les mentions inutiles et même valider les choix de réponse avec. Mais L.A. Noire en réalité virtuelle ne s’arrête pas seulement aux phases de questionnement, il y a aussi toute la partie enquête, et notamment ces moments où Phelps doit trouver des indices sur la scène de crime. Qu’il s’agisse du cadavre en lui-même ou des éléments du décor aux alentours, il ne faut pas hésiter à ratisser le périmètre pour être sûr de ne rien manquer pour faire avancer l’enquête. Nous avons pu par exemple interagir avec le cadavre, en le retournant dans un premier temps puis en l’inspectant juste après, qu’il s’agisse d’observer ses plaies ou de le fouiller à la recherche d’indices précieux. Le jeu a d’ailleurs prévu des indicateurs sonores pour expliquer au joueur qu’il a trouvé l’ensemble des indices majeurs de la scène du crime, et qu’il peut donc la quitter le cas échéant.
Car quand bien même L.A. Noire est un jeu paru en 2011, ce dernier parvient encore à nous surprendre grâce aux expressions incroyables qui se dégagent des différents protagonistes et autres PNJ du jeu. Grâce à sa technique du MotionScan, Team Bondi faisait partie des premiers studios à nous offrir des expressions faciales d’un réalisme époustouflant, lesquelles restent toujours d’actualité 6 ans après, parvenant d’ailleurs à faire mieux que certaines productions d’aujourd’hui.
L.A. Noire The VR Case Files n’étant pas un jeu figé, le joueur peut alors se déplacer dans les zones prévues à cet effet. Il existe à ce propos deux façons de se mouvoir. La première consiste à simuler une course avec ses bras le long du corps, tandis que la seconde, plus pratique, nécessite de pointer un élément du décor avec son regard (ou plutôt sa tête, son casque), et si ce dernier apparaît en surbrillance, cela signifie que le joueur peut interagir avec. La plupart du temps, il s’agit de se déplacer d’un point A à un point B comme s’il s’agissait d’une téléportation, ce qui permet de gagner du temps, mais aussi d’éviter le motion sickness. Les sensations de nausée sont d’ailleurs complètement inexistantes dans le jeu, pour peu que vous ayez déjà joué à un jeu VR auparavant. Même les phases en véhicule ne présentent aucun souci, et la seule petite difficulté qu’on a rencontrée se situe au niveau de la prise en main du volant qui se montre un brin complexe lorsqu’on débute. Entre le volant à agripper avec les boutons sur les côtés des manettes, l’accélérateur et le frein à gérer avec les gâchettes, il y a de quoi être dérouté si l’on se montre un peu gauche. Rassurez-nous, tout est rentré dans l’ordre au bout de 3-4 minutes, preuve que les choses sont finalement assez bien fichues.
Malgré les contraintes liées à la VR, Rockstar Games n’a pas fléchi un seul instant en nous proposant ces séquences de conduite, qui participent un peu plus à ce sentiment de générosité en termes de gameplay. D’ailleurs, cerise sur le gâteau, The VR Case Files permet aussi de varier les plaisirs avec les phases dédiées à la baston à mains nues. Jab, crochet, uppercut ou coup dans les flancs, tout a été fait pour que le joueur puisse ressentir cette sensation de participer à une baston virtuelle, avec en prime la possibilité de se protéger en plaçant les deux mains devant son visage. L’immersion est immédiate et assez réussie, même si nos premiers adversaires n’ont pas vraiment montré d’opposition dès lors qu’on a compris leur pattern. Cela dit, Rockstar nous a assuré qu’au fil de l’aventure et de l’enquête, les ennemis se montreront plus coriaces avec des mouvements moins évidents à anticiper. On ne demande que ça.
SWITCH Ô MA SWITCH
Outre l’expérience VR, Rockstar Games avait également prévu de nous faire tester la version Switch de L.A. Noire, très attendue par les joueurs pour de nombreuses raisons, techniques tout d’abord. Et pour ceux qui se demandent si la console de Nintendo arrive à tenir la distance avec les autres versions, sachez que le rendu se révèle être propre avec un affichage en 1080p lorsqu’on joue avec la machine branchée sur son dock et en 720p lorsqu’on passe en mode nomade. L’un comme l’autre, le jeu se montre réhaussé par rapport au jeu d’origine sorti sur PS3 et Xbox 360, même s’il faut bien admettre que les phases en voiture nous permettent de constater la présence d'aliasing et de clipping, deux défauts qu’on ne trouvait pourtant pas dans les versions datant de 2011. On peut donc pointer du doigt le manque de puissance de la Nintendo Switch qui nous a montré à plusieurs reprises ses difficultés à proposer une distance d’affichage convenable. C’était déjà le cas sur Zelda Breath of the Wild et Super Mario Odyssey, ça paraissait évident sur L.A. Noire.
Mais c’est en version nomade que L.A. Noire sur Switch dévoile son véritable intérêt, puisque le joueur peut alors faire appel à l’écran tactile pour se simplifier la tâche. Il est en effet possible de déplacer la caméra à sa guise rien qu’en balayant l’écran de son doigt, tout comme on peut zoomer (ou dézoomer) sur un élément précis à l’aide de l’index et du pouce comme sur smartphone.
Pour atténuer ces quelques défauts techniques, Rockstar a misé à fond sur le gameplay, complètement repensé pour la console de Nintendo, afin de mettre à profit ses fonctionnalités. En mode TV, il est évidemment possible de jouer de manière classique, c'est-à-dire de la même façon que les versions PC, PS4 et Xbox One, avec les deux Joy-Con attachés ensemble. Si le joueur décide de séparer les deux appendices, il peut alors jouir de la gyroscopie, à condition de l’activer dans les options. Cela permet ainsi de déplacer la caméra en effectuant de simples gestes, ce qui est plutôt pratique lorsqu’on se retrouve dans les phases d’enquête où il faut balayer toute la scène d’un crime pour ne laisser aucun indice nous échapper. Mais c’est en version nomade que L.A. Noire sur Switch dévoile son véritable intérêt, puisque le joueur peut alors faire appel à l’écran tactile pour se simplifier la tâche. Il est en effet possible de déplacer la caméra à sa guise rien qu’en balayant l’écran de son doigt, tout comme on peut zoomer (ou dézoomer) sur un élément précis à l’aide de l’index et du pouce comme sur smartphone. Bien évidemment, les fonctionnalités tactiles sont également mises à contribution dès lors que notre inspecteur sort son carnet de notes, et là encore, on peut tout gérer avec la force de son index. Mieux, Cole Phelps peut être contrôlé entièrement à l’écran tactile en pointant la direction avec son doigt, le jeu se transformant alors en une espèce de point & click, genre avec lequel L.A. Noire affiche quelques ressemblances. C’est donc une autre façon de jouer qui nous est proposée sur Nintendo Switch et une chouette occasion de redécouvrir le jeu sous un nouvel angle. C’est d’ailleurs ce qu’on vous précisait en début d’article, L.A. Noire proposera une expérience étendue voire différente pour peu que vous décidiez d’opter soit pour la version Nintendo Switch, soit pour l’option VR avec le HTC Vive. L’un comme l’autre, on est bien parti pour se laisser happer par les enquêtes du détective Cole Phelps.