Interview Louis Leterrier (Dead Space 2)


Interview Louis Leterrier (Dead Space 2)Cinéaste français qui a fait ses armes à l'école Luc Besson, Louis Leterrier est aujourd'hui un metteur en scène qui compte à Hollywood. Après le reboot de l'Incroyable Hulk, le remake Le Choc des Titans et son nouveau projet, Leterrier a pris le temps de suivre le développement de Dead Space 2 dans les studios de Visceral Games à San Francisco. Passionné également de jeux vidéo et joueur à ses heures perdues, il a souhaité faire un petit comparatif entre le cinéma et le jeu vidéo côté production. De passage à Paris il y a quelques jours, nous avons pu lui poser toutes les questions qui nous passaient par la tête.

Pour cette interview en compagnie de Louis Leterrier, réalisateur de Danny the Dog, l'Incroyable Hulk ou bien encore Le Choc des Titans, nous vous proposons deux choix de lecture : l'interview écrite classique ou l'interview vidéo. Durée de la vidéo : 6"03 minutes. Faites votre sélection. A noter que la vidéo est accessible en streaming via le lecteur flash, en téléchargement aux formats SD et HD 720p, mais aussi aux formats iPod et PSP pour les spectateurs nomades.

 


JEUXACTU : Comment es-tu venu à faire partie d'un documentaire autour de Dead Space 2 ?

Louis Leterrier : Tout a commencé par une gentille invitation lancée par Noémie Lefort qui a réalisé et produit un petit documentaire de 26 minutes autour de la conception du jeu. Elle m’a demandé si j’aimais les jeux vidéo et je lui ai répondu que oui. S’en est suivi un second mail dans lequel elle voulait savoir si je connaissais Dead Space, auquel j'ai répondu "évidemment". Pour moi, Dead Space est le premier jeu qui m’a réellement fait peur, se situant bien au-delà des précédents classiques du genre auxquels je jouais comme Silent Hill ou Resident Evil. Ils m’avaient moins fait peur, sûrement à cause d’une carence technique. La première fois que j’ai joué à Dead Space, j’ai été captivé par le côté "claustro" et la sobriété du jeu. Le casque, le fait que le personnage ne parle jamais, tout ça me plaisait. C’était vraiment simple de se mettre dans la peau du personnage car je pouvais m’imaginer derrière le masque. Je lui ai donné mon accord assez vite quand elle m’a proposé de faire partie de l’aventure. Noémie m’a proposé de venir dans les bureaux d’Electronic Arts pour rencontrer les créateurs et les producteurs afin que je puisse leur poser toutes mes questions. C’était le but de mon documentaire.

 

JEUXACTU : Toi qui vient du cinéma, comment perçois-tu l'industrie du jeu vidéo ?

Louis Leterrier : J’ai toujours rêvé de créer et de réaliser un jeu vidéo. Quand je suis arrivé chez Electronic Arts, je me suis rendu compte que le poste de "réalisateur" n’existait pas vraiment. Au cinéma, la création d'un film est différente et prend la forme d'une organisation pyramidale, depuis laquelle je culmine en tant que réalisateur. C'est-à-dire que je donne des idées, qui, par la force des choses, deviennent des ordres. Je dois décider de ce qu’il faut faire et être en perpétuelle interactivité avec tous les postes et plus particulièrement avec les comédiens. Chez Electronic Arts, c’est totalement différent. Il y a deux personnes qui se trouvent aux extrémités du spectre. Et cette organisation crée un siphon d’idées. Ce n’est plus une organisation pyramidale mais un cercle. Les idées circulent et il faut s’adapter aux envies de chacun. J’entends par-là que lorsque l’idée naît, elle passe par plusieurs stades. Ils voulaient faire un jeu d’horreur dans l’espace mais ils ont dû éviter la ressemblance avec des jeux existants, tels que Doom qui met en scène aussi un space marine. L’addition des idées de chacun a créé un effet boule de neige, puis une avalanche pour que le jeu se démarque par la suite. Les créateurs de Dead Space 2 ont su s’adapter et prendre en considération les remarques des joueurs aguerris du premier Dead Space, qui faisaient part de leur avis sur le premier opus. Dead Space 2 est la suite logique d’une interactivité entre les créateurs et les joueurs, comme le sera Dead Space 3. La création d’un jeu vidéo est une démocratie contrairement au cinéma qu’on peut qualifier de tyrannie. J’ai trouvé cette approche très intéressante. A cet instant, j’ai compris que si je voulais un jour réaliser un jeu vidéo, il faudra convaincre beaucoup de personnes, car j’aimerais beaucoup faire partie d’un organisme tel que Electronic Arts.

 

JEUXACTU : Le concept de producteur est tout de même commun au cinéma ?

Louis Leterrier : Tout diffère dans le monde du jeu vidéo. Un producteur de jeux vidéo n’a pas la même fonction qu'un producteur cinématographique ou télévisuel. Dans une filiale de jeux vidéo il n’y a pas de script par exemple.

 

JEUXACTU : Qu’as-tu remarqué de précis en réalisant le documentaire chez Electronic Arts ?

Louis Leterrier : Je me suis rendu compte qu’il fallait que je retourne à l’école si je voulais réaliser un jeu vidéo. Dans mon documentaire, je fais part de la beauté du métier. Je pensais avoir le plus beau métier du monde, mais en réalité, c’est eux qu’ils l’ont. Ce qu’ils font est formidable. Il y a une sorte de combinaison entre l’écrivain, le scénariste et le réalisateur. L’écrivain n’a pour seul limite que son talent. Il crée son univers gigantesque fait de fresques écrites. Il n’a pas de limite budgétaire ou d’expression. Par contre, c'est un peu plus compliqué car il faut tenir compte des interactivités visuelles, il faut gérer les matrices, le son et tout cela coûte plus cher. Ce sont des contraintes qu’il faut constamment gérer. J’ai appris beaucoup de choses et je me suis rendu compte que ce métier d’avenir était formidable.

 

JEUXACTU : As-tu trouvé des divergences de moyens techniques entre le monde du cinéma et celui du jeu vidéo ?

Louis Leterrier : Les moyens techniques du cinéma sont impressionnants. Au même titre que le jeu vidéo, nous utilisons la motion capture, ou encore les matrices de son mais il est vrai que leur approche de l’utilisation de ces technologies diffèrent comme par exemple le stockage sur Blu-ray ou DVD.  C’était intéressant de voir évoluer ces choses-là. Et en tant que nerd, je me suis intéressé à ces évolutions qui font partie intégrante de ma vie et de mon métier. J’ai essayé de comprendre de belles choses telles que l’automix, une technologie fascinante...

Propos recueillis par Arnaud Calistri




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