HITMAN 2 : on y a joué 1h30, vraie suite ou simple DLC ?


HITMAN 2 : on y a joué 1h30, vraie suite ou simple DLC ?

L’Agent 47 commence définitivement à avoir de la bouteille. Depuis sa première apparition sur nos PC en 2000, le tueur à gages le plus discret - et, paradoxalement, le plus connu du jeu vidéo - ne compte plus ses exécutions et s’apprête à huiler de nouveau les chiens de ses célèbres pistolets pour quelques crimes supplémentaires. Ceux-ci interviendront deux ans après l’aventure épisodique que nous avait proposée IO Interactive, une saison tout à fait convaincante dont le modèle ne sera pas repris pour cette suite sobrement intitulée HITMAN 2 et qui prendra l’apparence d’une épopée classique, divisée en plusieurs chapitres. Nous avons justement pu nous essayer à quelques-uns d’entre eux. La formule est-elle toujours aussi létale ?


HITMAN 2C’est dans un lieu résolument atypique - un barbier faisant office de speakeasy aux couleurs des années  10 et de la prohibition - que nous avons pu nous glisser à nouveau dans la peau du chauve le moins sentimental du milieu vidéoludique. Comme chacun le sait, HITMAN 2 abandonnera la structure téléchargeable optée par son prédécesseur au profit d’un format solide et traditionnel ; en son sein, le squelette restera sectorisé en plusieurs chapitres distincts, chacun d’entre eux correspondant à un environnement précis. Lors de cette preview, nous avons tout d’abord posé la main sur un lieu récemment dévoilé : la Colombie et, plus précisément, son village de Santa Fortuna.

À BLEU OU SAIGNANT ?


HITMAN 2Placée en pleine jungle luxuriante, les petites bâtisses de Santa Fortuna ne paient pas de mine. Et il ne fait pas spécialement bon y vivre : le dangereux cartel Delgado le dirige d’une main de fer, s’attirant les faveurs de la population et exploitant ses ressources pour mener à bien un très gros trafic de drogue. Ses dirigeants, deux hommes et une femme, sont rarement tous les trois de passage dans les environs. Dans cette mission, c’est justement le cas et il revient à l’Agent 47 de s’en occuper comme il se doit. Dans HITMAN 2, l’assassinat est élevé au rang d’art et comme tout bon artiste, il est important de s’adonner avec cœur et maîtrise à la tâche. Si le but est bien entendu d’éliminer les trois cibles, il est important, voire primordial, de s’inscrire dans le silence le plus total.

HITMAN 2Une nouvelle fois, le jeu s’appuie sur des mécaniques d’infiltration ultra-poussées parfaitement desservies par un level design aux petits oignons : IO Interactive est indéniablement très talentueux pour créer des environnements fourmillant de détails dont tous peuvent être exploités à votre avantage. S’il est possible de tenter ses propres opérations librement, plusieurs « événements » sont disponibles depuis le menu pause pour vous guider au travers de méthodes prédéfinies. C’est d’ailleurs là que l’on s’aperçoit des multiples voies qu’il est possible d’emprunter : empoisonner un paquet de drogue après s’être fait passer pour un trafiquant, trafiquer la statue érigée en l’honneur de la cible par le village, faire tomber un lustre après un tir discret bien aligné… Les possibilités sont toujours aussi folles et témoignent d’une liberté – mais aussi d’une exigence, chaque mort d’innocent pénalisant votre score final – franchement jouissive. L’I.A. des ennemis n’est également pas à prendre à la légère, ces derniers vous traquant, vous repérant et doutant de façon crédible dans bien des situations.




RESQUIAT IN PACE


HITMAN 2De manière générale, et même sur la map déjà présentée du circuit automobile à Miami à laquelle nous avons pu également jouer, les niveaux et leur interactivité forcent le respect. En plus d’être franchement vastes, ceux-ci s’avèrent vivants, crédibles et pertinents. L’Agent 47 peut se morfondre partout, assommer un individu pour en prendre le costume, créer des courts-circuits mortels avec un tournevis et un peu de jugeote, empoisonner une bière lambda à la mort-aux-rats ou saboter le banc d’essai d’un garage. La rejouabilité de HITMAN 2 sera à coup sûr l’une de ses plus grandes forces, ça n’en fait aucun doute et ses multiples schémas de jeu précis obligent justement à fouiller les moindres recoins à la recherche du moindre item intéressant. En revanche, le jeu dispose de quelques petites coquilles que nous avons assez vite décelées.

HITMAN 2La première concerne le mode Ghost : sur le papier, le concept est tout à fait intéressant. Il s’agit d’un mode multijoueur compétitif où l’on se trouve confronté à un autre tueur à gage mais qui s’oriente exclusivement…sur le scoring. Ainsi, vous évoluerez tous deux dans le même niveau, en partant du même point, tout en vous voyant mutuellement évoluer dans votre propre réalité par le biais d’un silhouette blanchâtre (un « fantôme », donc). Le but étant d’assassiner la même cible le plus rapidement et, surtout, le plus discrètement possible avant de passer à la proie suivante. Des coffres avec des objets aléatoires sont ainsi disséminés dans les niveaux, vous donnant le choix de quelques armes et accessoires pour mener votre mission à bien et avant le joueur adverse. Une parfaite connaissance du lieu est ainsi demandée puisque le timing est généralement serré et ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. en réalité, c’est assez sympathique mais un peu brouillon, le potentiel ludique s’amenuisant un peu vite.

HITMAN 2Là où le bât blesse également, c’est d’un point de vue technique puisque le jeu commence réellement à dater. IO Interactive s’est pourtant donné pour retranscrire des décors fouillés et chapeau bas : en Colombie, la jungle est étonnamment touffue et en Floride, la foule dynamique et omniprésente. De nombreux éléments graphiques et sonores regorgent même à l’écran, des confettis aux dialogues en passant par les situations cocasses de PNJ et autres éléments de particule : non, c’est surtout du côté du framerate, des animations et de l’aliasing que le jeu pèche terriblement… Et en 2018, la sentence commence à être difficile à digérer. Le studio suédois va vraiment devoir mettre à niveau son moteur à l’avenir car présentement, le Glacier Engine 2 reste effectivement figé quelques années en arrière. Pour le reste, il faut avouer que HITMAN 2 n’innove franchement pas mais reste d’une efficacité absolue et d’une vraie intelligence de game design. On a forcément hâte d’en voir le résultat final.


Notre degré d’attente
On avait peur que HITMAN 2 se repose un peu trop sur ses lauriers, que sa réalisation commence à faire tâche et qu’il ne fasse office que de gros DLC. De plus, son mode multijoueur compétitif Ghost expose des mécaniques un peu maladroites dont le fun n’est pas évident à cerner. Et pourtant, nous faisons vraiment confiance au nouveau titre des développeurs suédois. Une nouvelle fois, IO interactive semble proposer un level design somptueux en s’appuyant sur des mécaniques d’infiltrations complexes dont les finalités, une fois atteintes avec brio, accouchent d’une véritable jouissance difficile à décrire. Ses environnements sont riches, merveilleusement interactifs et disposent d’une rejouabilité au poil : a prioi, rien de neuf à l’horizon mais bon sang, l’art de l’assassinat sera encore une fois exécuté avec une belle intelligence.

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