Haze
Totalement surexcités, les Britanniques de Free Radical Design ont tenté de créer l’événement lors des Ubidays avec la première démonstration de Haze depuis… l’E3 2006. Adepte du culte du secret, la troupe gueularde n’avait pourtant pas grand-chose d’intéressant à montrer, se contentant de se livrer, à huit mains, à une partie de cinq minutes à peine. Tout ça pour ça ?
La planète est aujourd’hui aux mains des grandes corporations, et c’est certainement mieux pour tout le monde. La guerre est enfin un événement géré de façon rationnel à grands coups de dollars par des gens beaucoup plus compétents que les généraux d’Etat ou la chair à canon conscrite. Désormais, les conflits se règlent entre guérilleros bouseux rejetant le nouvel ordre et les gentlemen salariés de ces corporations tentaculaires. Héros moderne, vous appartenez à Mantel Global Industries, mastodonte qui produit notamment le breuvage préféré des guerriers : le Nectar. Ce stimulant incorporé à votre combinaison de combat modifie votre perception de l’environnement et vous permet, si vous l’absorbez directement, de développer un sixième sens. Préscience du danger, force dévastatrice au corps-à corps, capacité de concentration accrue, l’unité sous Nectar est quasiment invincible. Sauf que le produit est dangereux, et si vous en abusez, vous risquez l’overdose. Et là, envolée l’assistance à la visée, disparus les indicateurs divers projetés sur votre casque : vous vous retrouvez à moitié fou furieux, tirant au hasard, incapable de distinguer vos ennemis de vos alliés. La combinaison reboote au bout de quelques instants, mais ces quelques secondes de folie peuvent suffire à commettre l’irréparable.
Un Nectar un peu fade
Mystérieux, trop, sur la trame de Haze, les développeurs ont toutefois clairement laissé entendre que ces défaillances chroniques de votre combinaison joueront un rôle dans l’évolution du scénario. Voyant le monde dans des couleurs fausses, incapable de percevoir les gerbes de sang, les cadavres qui jonchent votre route, vous redécouvrez la réalité de la guerre à chaque bug. De là à envisager une prise de conscience brutale de votre héros… L’équipe est en tous cas suffisamment fière de son pitch pour déclarer que les voix anglaises seront assurées par des acteurs de la Royal Academy et de la Royal Shakespeare Company, et souligner, non sans humour il est vrai, que ces habitués des planches portent habituellement assez peu d’intérêt au monde du jeu vidéo.
Mais si les théâtreux se sont montrés enthousiastes devant Haze, on réservera notre avis en attendant d’en savoir plus. Le bref niveau présenté ne manquait pas d’efficacité, mais souffrait d’un sérieux déficit de personnalité. Autant la phase de shoot pédestre que la séquence de course-poursuite en buggy dans un corridor rocheux rappelaient les Far Cry sur consoles, qui ne sont pas précisément des références ultimes dans le domaine du FPS. Le titre semble plutôt nerveux et le Nectar offre de chouettes possibilités de gameplay, mais le sentiment de n’avoir à faire qu’à un – beau – jeu de shoot de plus n’a pas cessé de nous hanter durant cette présentation. Mais gardons-nous des jugements hâtifs : les Anglais sont des êtres surprenants, surtout les spécimens qui ont œuvré sur la série des TimeSplitters…