Final Fantasy XV : on a retourné la démo Platinum avec Noctis enfant et voici ce qu'on en pense
Difficile de ne pas relier cet évènement Final Fantasy XV à un profond sentiment de frustration. Après des années et des années d'arlésienne, après la reprise du projet, le premier trailer puis l'épisode Duscae, on espérait davantage de concret sur le jeu. A la place, on tire des enseignements sur la politique de Square Enix vis-à-vis de sa plus emblématique franchise.
PERCHÉ
D'un côté, il y a cette session de hands-on sur la fameuse démo Platinum, présentée en grandes pompes durant l'évènement Uncovered et probablement disponible quand vous lirez ces lignes. Une nouvelle expérience, gratuite donc, accessible à tous, mais qui ne fera absolument pas partie du jeu à sa sortie. Il s'agit d'un stand-alone de quelques dizaines de minutes, censé tenir le rôle de démo technique et de vague échantillon de gameplay. On y incarne un Noctis gamin, plongé dans un rêve étrange et guidé par une mystérieuse créature à travers une succession de lieux qui représentent son quotidien : une ravine, un lac, Lucis, le palais de son père. Alice au Pays des Merveilles et Kingdom Hearts ne sont pas loin, et la musique de Yoko Shimomura est là pour le souligner. La démo a un côté chelou assumé, dans sa nature et dans sa démarche. Elle propose de se transformer en monstre pendant quelques minutes. De découvrir quelques-unes des gigantesques invocations à travers de courtes apparitions oniriques. De se battre avec une épée en bois ou un marteau en plastique qui fait pouêt, de conduire une petite voiture dans une chambre d'enfant à l'échelle démesurée ; si une chose est bien sûre, c'est que l'équipe de Hajime Tabata veut nous faire regarder vers le ciel, nous confronter à des obstacles physiquement colossaux.
DUBITATIF
On découvre aussi et surtout quelques éléments tangibles mais pas toujours très convaincants sur le jeu. Malgré des effets de lumière, de brillance et de reflet très réussis, cette démo demeure visuellement assez inégale. Le framerate toussote, l'aliasing se fait sentir. On ne peut toujours pas aller dans l'eau à cause de murs invisibles et les interactions de Noctis avec son environnement ne sont pas franchement fluides, en dépit d'animations vraiment travaillées. On se retrouve ainsi obligé de sauter pour passer le moindre obstacle. Légèrement agaçant, mais pas autant que la caméra, véritable point noir de cette expérience. Beaucoup trop proche de l'action, elle devient folle au moindre obstacle ou environnement exigu. Et elle empêche totalement d'anticiper les attaques dans le dos… Le système de combat reste quant à lui fidèle à ce qu'on avait déjà pu découvrir dans Duscae : une maniabilité très proche de celle de Kingdom Hearts, basée sur un bouton d'attaque et un autre de défense/esquive. L'ensemble est agréable et dynamique, le switch entre les armes et les sorts s'effectuant sur le D-pad. La Warp Strike (la téléportation) s'annonce comme une feature assez géniale mais la caméra, les hitboxes assez floues ou encore l'absence de certaines fonctionnalités (comme le contre ou l'esquive subtile) au sein de la démo ont encore amoindri son utilité. Le fait est qu'à six mois de la sortie du jeu, on était en droit d'en attendre plus, histoire de gommer certains doutes qui finalement demeurent.
ENVOYER DU RÊVE
Et puis, à l'opposé de ce contact assez décevant avec une expérience tout de même assez particulière, il y a la conférence Final Fantasy XV Uncovered, ouverte aux fans et à la presse et destinée à dévoiler de nouvelles informations sur le jeu, parmi lesquelles sa date de sortie (le 30 septembre donc). Il faut le dire, Square Enix a rendu une très bonne copie sur cet exercice, avec un évènement aussi maîtrisé et percutant que la démo Platinum s'est avérée déroutante et décevante. Pendant près d'une heure, l'éditeur a enchaîné les vidéos et les annonces pour un résultat particulièrement bien équilibré. Nous y avons retrouvé les promesses épiques de l'E3 2013 à travers des morceaux de cinématiques, des combats aériens mettant en scène un Noctis qui se téléporte d'un vaisseau à un autre ou des invocations proprement monstrueuses (Titan, Rahmu, Leviathan). L'équipe de développement a également remis en avant la "bromance" du groupe de Noctis, tout comme l'importance du voyage dans l'aventure avec les trajets en voiture ou en chocobo. On a pu avoir un avant-goût des différents environnements que ce Final Fantasy XV nous amènera à traverser, avec toujours ce mélange de fantasy et de réalisme qui sied à merveille à cet épisode : des cités suspendues, des villes industrielles et humides à la Midgar, des déserts gelés ou arides, des villages aux inspirations cubaines ou vénitiennes… En bref, ça a l'air toujours aussi chouette, mais difficile d'en avoir le coeur net.
Ce qui est sûr cependant, c'est que Square veut remettre la série sur les rails du succès et toucher le large public que la licence a perdu avec le temps. Les cautions historiques que sont Hironobu Sakaguchi ou Nobuo Uematsu ont ainsi passé une tête pour exprimer leur soutien au jeu. En plus de la démo Platinum, l'éditeur lance également un mini-jeu, disponible durant l'aventure et sur mobile ainsi qu'une série de cinq animes (au dessin assez brouillon), centrée sur la relation entre les quatre héros du jeu. Mais le cross-média ne s'arrête pas là puisque nous aurons également droit à un long-métrage d'animation baptisé Final Fantasy XV : Kingsglaive. Véritable surprise du chef de la conférence, le trailer du film qui sera malheureusement proposé uniquement en téléchargement, a bluffé tout le monde avec un niveau visuel dingue et une noirceur dramatique. Il devrait en effet raconter le destin du père de Noctis, le roi Regis, et de sa garde durant la chute de Lucis, qui amènera l'héritier du trône à s'exiler. L'occasion de dévoiler un casting trois étoiles au doublage avec ni plus ni moins qu'Aaron Paul (Breaking B ad), Lena Headey et Sean Bean (Game of Thrones) en tête d'affiche.
Final Fantasy veut revenir à sa grandeur d'antan et s'en donne donc les moyens. On sent d'ailleurs que les enjeux économiques sont importants et que le risque existe avec cette arlésienne qui traîne depuis maintenant plus de dix ans. A ce titre, la démo Platinum n'est peut-être pas la meilleure clarification qui soit, le signal évident et attendu que la série va revenir très fort. Il s'agit simplement d'une expérience à part, un peu perchée qu'on ne peut que difficilement considérer comme un avant-goût du jeu, ce qui devrait troubler certains joueurs. Nous voici donc au point de départ, avec autant de doutes, d'attentes, de frustration, d'impatience qu'auparavant, si ce n'est plus. Quelques réponses, mais toujours autant de questions.