Dead Space 2
Cette fois, nulle intervention divine n’aura été nécessaire. Isaac a échappé au martyre par la grâce d’un accueil critique remarquable doublé d’un succès commercial finalement appréciable. Electronic Arts n’a pas mis son héros au prénom biblique au rebut, mais le sort qui attend la star de Dead Space n’en est pas enviable pour autant. Trois ans après avoir connu un bel avant-goût de l’Enfer sur le vaisseau extracteur USG Ishimura, l’ingénieur au cutter plasma se retrouve de nouveau confronté au péril nécromorphe.
Quels mystérieux secrets se cachent sous l’épaisse couche de brume orangée qui nimbe Titan ? Alors que les exobiologistes s’intéressent déjà de près aux conditions prébiotiques, préalables à l’apparition de systèmes vivants, qui règnent sur le satellite de Saturne, les conglomérats industriels de demain se pencheront peut-être sur le cas de ce caillou plus vaste que Mercure. Puits géant d’hydrocarbure, avec ses centaines de lacs de – supposé – méthane, la lune découverte par Christiaan Huygens en 1655 pourrait satisfaire un temps l’appétit énergétique de l’humanité et accueillir une base avancée pour l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles des géantes gazeuses et de leur périphérie. Dead Space 2 anticipe cette situation. Débarqué dans The Sprawl, une vaste base minière installée sur Titan, Isaac Clarke y découvre que l’humanité, en s’asseyant une nouvelle fois assis sur le principe de précaution, a mis à jour un mal ancien qui se répand rapidement dans les couloirs métalliques de la station.
On prend les mêmes…
Pas de repos pour les braves ! De retour au bercail, ou tout du moins dans un lieu pas trop éloigné de la mère-planète, le brave Isaac se retrouve donc de nouveau confronté aux nécromorphes, ces ignobles créatures nées de l’infection d’êtres vivants par un agent pathogène. Sorti miraculeusement indemne de sa triste expédition sur l’USG Ishimura, l’homme au masque de fer poursuit implacablement sa chasse aux horreurs et tombe le casque pour l’occasion. Autrefois anonyme et silencieux, le héros a désormais un visage (et une langue), comme vous le découvrirez tout au long de cet épisode un peu plus joli et résolument orienté action. Steve Papoutsis, executive producer, a eu beau s’en défendre tout au long de sa présentation londonienne, son dernier projet fleure bon la baston continue. Certes, les deux brèves séquences dévoilées, du pur shooting à la troisième personne, n’étaient pas nécessairement représentatives de l’ensemble du jeu, mais le rythme un peu lent et carrément angoissant du premier épisode semble avoir laissé la place à une frénésie meurtrière bien gore. Les mécaniques de jeu ont d’ailleurs été "affinées" en ce sens. La télékinésie a été repensée, et le rythme de déplacement des objets contrôlés par ce biais est autrement plus rapide. La stase a également été améliorée, et lorsqu’un ennemi balance un projectile fatal à la figure du noble technicien, ce dernier peut le bloquer et lui renvoyer à grande vitesse le plus simplement du monde. Plus interactifs, les environnements fournissent également quelques outils naturels pour faire le ménage. Isaac pourra notamment faire tomber un plafonnier massif et le balancer sur ses opposants, se servir d’une poutrelle acérée dépassant d’un mur comme d’un croc auquel pendre un nécromorphe, voire électrocuter les monstres. Visceral Games tente par ce biais de lui épargner la solitude du chargeur vide, où ces quelques moments, bien connus des joueurs imprécis du premier épisode, durant lesquels il se retrouve seul et désarmé en territoire hostile. Désormais, il dispose non seulement d’un arsenal enrichi d’une poignée de nouvelles armes, dont un javelin gun du meilleur goût, mais même à cours de munitions, il aura toutes les chances de survivre !
… et on tue tout le monde !
Invincible Isaac ? Pas si sûr ! L’improbable guerrier a beau être mieux équipé, il doit parallèlement faire face à des ennemis plus nombreux (ça déferlait même un peu trop durant la démo), parmi lesquels vous découvrirez quelques nouvelles monstrueuses têtes. Quatre d’entre elles nous ont été présentées. Créature lâche et vive, le Stalker se planque maladroitement, tentant ainsi de vous attirer pendant que ses potes vous prennent à revers. Plus drôle que flippante, et bien que le démonstrateur ait pris cher, la chasse tenait un peu de la partie de cache-cache avec des partenaires maladroits. Ces curieux machins ne sont pas les seuls à se planquer, comme le prouvent les Cysts, amas gluants collés un peu partout mais généralement visibles uniquement lorsqu’il est trop tard, qui abritent de curieuses mines organiques. Moins vicieux mais tout aussi dangereux, les deux autres bestioles inédites ont heurté le sens moral de l’un des journalistes présents, choqué de voir EA intégrer des bébés dans son survival-horror. Nourrisson au ventre explosif démesurément gonflé, le Crawler est effectivement assez répugnant et n’encourage guère à la procréation, pas plus que le Pack, une horde d’enfants zombies qui foncent sur vous toutes dents dehors. Privilégiant la tension permanente par l’action au détriment des effets de surprise chers à son prédécesseur, ce nouvel épisode devrait vous laisser quelques secondes entre le moment où vous apercevrez les petits monstres et celui où ils se repaîtront de vos chairs. Un temps qui vous permettra de vous interroger sur le bien-fondé de votre démarche d’élimination aveugle de ces pauvres êtres dont l’humanité n’a pu résisté aux assauts d’un impitoyable virus. Un temps qui vous permettra également de leur pulvériser les jambes ou de les passer au lance-flammes. Moins surprenant et plus rentre-dedans que son prédécesseur, Dead Space 2 n’en conserve pas moins l’une de ses grandes qualités : la finesse. Personne ne s’en plaindra. Début du carnage en 2011, sur PC, PlayStation 3 et Xbox 360.